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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 8 janvier 2002

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  Bienvenue à l'euro techno...
Le 1er janvier marquait le passage à la monnaie commune pour 300 millions d'Européens et Européennes, l'euro.  Si on a constaté certains accrocs dans l'exercice, avouons qu'ils ont été mineurs considérant l'ampleur de la tâche, et comme titrait Libération jeudi dernier, «Plus vite on s'y met, mieux c'est».

Si le problème de la conversion est rapidement contourné par l'utilisation de calculettes de poche ou de convertisseurs de devises en ligne, un autre problème se pose pour les utilisateurs et utilisatrices de systèmes informatiques, les webmestres, les responsables de conception de pages Web, etc., c'est celui de l'affichage du symbole de l'euro, soit le €.  Le caractère précédant le point est un carré, un symbole inconnu, ou du moins autre chose qu'un E dont la particule médiane est traversée de deux traits parallèles? Il y a donc problème d'affichage sur le système que vous utilisez.

Petit cours d'euro techno 101.

D'abord, il vous faut trouver le symbole de l'euro sur votre clavier, ce qui risque de s'avérer ardu.  Mais vous n'êtes pas seul.  Selon une enquête menée par le fabricant d'accessoires et périphériques Logitech (résultats rapportés par Reuters/ZDNet), deux utilisateurs européens sur trois sont incapables de saisir le symbole au clavier.  Sur les claviers en configuration UK, il suffirait semble-t-il de taper CTRL+ALT+4, moins évident sur les autres configurations.  D'après Logitech, 84 % des entreprises étaient prêtes au passage à l'an 2000 et au changement des dates, mais la saisie et l'affichage du symbole euro ont été largement ignorés jusqu'à présent par les équipementiers.

Une fois réglé le problème de saisie au clavier, pour afficher correctement le symbole €, vous devez disposer de polices de caractères qui contiennent ce symbole.  La plupart des fabricants de polices de caractères avaient prévu l'introduction de l'euro depuis quelques années et intégré le symbole à leurs jeux de caractères.  Si ce n'est pas le cas sur le système que vous utilisez, je vous invite à consulter l'excellente référence de l'Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (IRISA) sur les aspects informatiques du symbole de l'euro.  Vous y trouverez les solutions pour systèmes Windows, Mac et Unix/Linux et pour toutes les polices du fabricant Adobe.

Pour ce qui est du code HTML pour le symbole de l'euro, bien que la référence d'entité &euro (suivi d'un point virgule) soit généralement bien interprété par les logiciels fureteurs, les concepteurs auront intérêt à utiliser la référence de caractère numérique € (évidemment suivi du point virgule) pour assurer une plus grande universalité d'affichage, quel que soit le système.  L'utilisation d'un symbole graphique est toujours possible, sauf que la taille du graphique ne s'ajuste pas à la taille des caractères affichés selon les paramètres du fureteur, donc à déconseiller.

Et dans les textes? L'Union bancaire française nous propose un texte de référence sur les différentes façons d'écrire l'euro.  On y précise que le mot «euro» est un nom masculin de la langue française, et qu'il prend la marque du pluriel (des euros, des cents [les centièmes d'euros]), bien que le Code monétaire et financier français a choisi le mot «centime» comme appellation française légale du «cent».  Comme pour le mot «franc», «euro» ne prend pas de majuscule s'il n'est pas en début de phrase.  On écrira donc un euro, 100 euros, l'euro, les euros, etc.  L'abréviation officielle de l'euro est EUR.  Dernière précision, du moins en ce qui nous concerne, les unités se mettent toujours après les chiffres, comme le recommande le système métrique international.  Il faut donc écrire 100 € et non pas € 100.

Et voilà, bon euro à tous et toutes.

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  ...  mais l'euro sera-t-il mouchard?
C'est la perspective que laisse entrevoir le service d'information EE Times citant des sources confidentielles à la Banque centrale européenne (BCE).  Les autorités monétaires européennes envisageraient de doter, d'ici 2005, chaque billet de 200 euros et plus d'un identifiant électronique par radiofréquence (radio frequency identification).  Un porte-parole de la BCE à Francfort aurait, sous le couvert de l'anonymat, confirmé cette information sans révéler de détails sur la technologie qui serait utilisée.  Au moins deux fabricants de semi-conducteurs (Philips, Infineon) ont confié être au courant des projets de la BCE, mais se sont dit astreints au silence en vertu de règles de non divulgation.

Il suffirait d'incorporer aux billets un semi conducteur flexible émettant un signal en radio fréquence, du type de ceux utilisés dans les magasins pour éviter le vol à l'étalage (livres, disques compacts, DVD et bandes vidéo).  Le semi-conducteur contiendrait un numéro de série et d'autres informations captées par divers dispositifs «récepteurs», mais on évoque la possibilité qu'il soit réinscriptible, sans que l'on sache quelles autres informations ou données il pourrait contenir.

Produit en masse, un tel dispositif ajouterait environ 0,25 € au coût de fabrication des billets, raison pour laquelle on en réserverait l'utilisation aux coupures de 200 euros et plus. 

Les billets «émetteurs» réduiraient de beaucoup les risques de contrefaçon.  De plus, des «compte billets» électroniques (récepteurs, calculateurs) pourraient contrôler le nombre exact de billets dans une liasse sans intervention mécanique ou humaine, ou encore exécuter en temps réel un bilan caisse.  Il deviendrait impossible à des ravisseurs d'exiger une rançon en billets aux numéros de série non consécutifs et non marqués sans que les billets qu'ils reçoivent ne puissent être rapidement retracés.  On pourrait également suivre à la trace le produit de transactions illégales, et ce à l'échelle internationale.

Mais, car il y a un grand mais en cette ère de surveillance tous azimuts, il serait également possible de contrôler abusivement les dépenses et échanges de comptant, de savoir que le billet de323b3f51147e91c0b56f42b15 que je retire aujourd'hui d'un guichet automatique à Paris se retrouve le lendemain à Amsterdam dans une transaction douteuse, et qu'on vienne me demander si, par hasard...

Et surtout ne croyons pas que ce projet de billet de banque mouchard se limitera à l'euro.  Il pourrait se réaliser plus tôt que l'on pense dans d'autres dénominations...  Ne restera plus qu'à faire contre mauvaise fortune bon coeur.

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  Le Conseil de presse du Québec, et le Net «sans foi ni loi»
Le Conseil de presse du Québec, «organisme privé, à but non lucratif, dont la raison d'être est de protéger la liberté de la presse et de défendre le droit du public à une information exacte, complète et de qualité» (extrait de son énoncé de mission) vient de publier un avis public dans lequel il annonce qu'il s'intéressera désormais de près au journalisme qui se pratique sur le Net. 

Le texte de l'avis (communiqué de presse CNW, non disponible sur le site Web même du CPQ au moment d'écrire ces lignes) précise : «Le Conseil a l'intention d'assumer pleinement son rôle de protecteur du citoyen en matière d'information non seulement à l'égard des médias traditionnels, mais également vis-à-vis des journaux et magazines électroniques qui ont fleuri, au cours des dernières années, sur le Net.  Dans cette optique, tout éventuel examen du tribunal d'honneur de la presse québécoise concernera exclusivement les sites Internet diffusant des informations à caractère journalistique, conformément à son champ de juridiction.»

Le 13 février 2001, le Conseil de presse déposait un mémoire devant la Commission de la culture et des Communications qui se penchait alors sur le phénomène de concentration de la presse au Québec (Mémoire, format Word, sur le site de Cyberpresse, non disponible sur le site du CPQ).  On pouvait lire dans le mémoire, au chapitre des recommandations (numéro 5) : «Que le gouvernement du Québec commande sans tarder une étude sur le domaine sans foi ni loi du “cyberjournalisme”, de manière à voir à l'établissement et au respect de balises déontologiques pour les nouveaux médias de l'autoroute de l'information.» En commission parlementaire, lors du dépôt oral du mémoire, le président du Conseil, M.  Michel Roy, négligeait de reformuler cette recommandation, déclarant juste avant d'y arriver (dans le texte) : «Alors, je m'arrête là.  Les autres recommandations [...] il y en a une ou deux encore [...] se trouvent dans le texte.»

Jugeait-on la recommandation hors contexte? Estimait-on l'expression «sans foi ni loi» un peu forte? Nous le faisions dans notre chronique du 14 février et souhaitions avoir quelques précisions qui ne sont jamais venues, pas plus que les détails sur une étude que voulait mener le CPQ sur ce «territoire sur lequel il lui apparaît urgent de proposer et d'implanter des balises déontologiques, dans l'intérêt de l'ensemble des usagers québécois de l'information.» On relevait toutefois que le texte du mémoire, document de 16 pages (3 269 mots) contenait trois fois l'expression «autoroute de l'information», deux fois le mot «cyberjournalisme», une fois l'expression «nouveaux médias», mais pas une seule fois les mots «Internet» ou «Web».  L'argument semblait mince.  Il l'est toujours. 

On ne peut être contre la vertu, mais on se demande si le Conseil n'insiste pas sur des évidences en affirmant que «le "cyberjournalisme" ne diffère pas, quant à sa substance et à sa raison d'être, d'un journalisme plus traditionnel, que celui-ci tienne du mode écrit, radiophonique ou télévisuel.  En fait, aux yeux du Conseil, seul le support technologique a changé» et «les balises déontologiques à partir desquelles le Conseil de presse examinera les grandeurs et misères du journalisme en ligne seront à peu de choses près identiques à celles qui président, depuis près de 30 ans, à l'examen des dossiers soumis à son attention.»

Ce qui est moins évident est l'exclusion du «champ de juridiction» du Conseil, qu'on appellera son champ de compétence, «des services de discussion ou de courrier en ligne qui ne sauraient être assimilés à de l'information journalistique».  C'est que bien souvent, dans l'information en ligne, il y a «convergence des genres» (confusion pour certains) et qu'il sera difficile d'établir le distinguo entre les différentes formes de diffusion d'information.

Là où, à notre avis, le Conseil dérape c'est lorsqu'on lit dans l'avis qu'il «note par ailleurs une surutilisation "d'hyperliens" dans les textes sur le Net et s'interroge sur leur pertinence, comme sur la pertinence de résumés fort succincts et de "titres_chocs".»

Abordons d'abord le second point : les médias en ligne (certains) sont-ils les seuls à utiliser des formules accrocheuses ou concises? Pupitreurs de journaux, éditeurs sur Web, rédacteurs de sommaires sont tous et toutes aux prises avec la nécessité de faire court.  La manchette est un art.  Comme l'explique le théoricien de la communication sur le Web Jakob Nielsen, titres et manchettes sont des «microcontenus» qui se doivent d'être clairs et non ambigus sur l'objet de la communication, lui appelé le «macrocontenu».  La nécessité de clarté et de concision vient de ce que les titres de macrocontenus se présentent souvent sans qu'un contexte soit bien campé.  Nielsen estime que la longueur idéale d'un microcontenu se situe entre 40 et 60 caractères; s'il ne transmet pas fidèlement ce que contient l'article, le lecteur ou le destinataire risque de se sentir floué.  Ainsi, ceux qui pêchent par l'excès seraient punis par désaffection de leur lectorat, un point, c'est tout.

Ce qui est plus étrange c'est lorsque le Conseil note «une surutilisation "d'hyperliens" dans les textes sur le Net et s'interroge sur leur pertinence».  Le lien hypertexte est inhérent au Web et à sa structure.  D'Agostina Remelli (1588) à Vannevar Bush et son MEMEX (1945), puis de Douglas Engelbart (1960) jusqu'à Tim Berners-Lee (1990), on est passé du linéaire au spatial.  On verra bientôt le conceptuel avec le Web sémantique.

Et le Conseil s'interroge sur la pertinence du lien hypertexte? Songerait-il à reprocher à un reporter télé d'utiliser trop de plans de coupe dans un montage? À un reporter radio une ambiance sonore trop présente? À un journaliste de l'écrit des paragraphes trop courts?

On ne niera pas qu'il y ait eu des errances sur le Web, au Québec et ailleurs, tout comme il y en a périodiquement dans l'ensemble des médias.  Pas plus que l'on ne contestera le besoin de normes professionnelles.  Mais reconnaissons que les éditeurs, diffuseurs et journalistes qui exercent sur le Web respectent des normes qu'ils se sont imposés, et qu'ils s'autoréglementent fort bien sans l'intervention d'un «tribunal d'honneur».  Pour eux, et nous en sommes, le seul juge est le public à qui on prête suffisamment confiance pour savoir discerner ce qu'est une bonne information.  Et c'est la seule manière de fidéliser un lectorat, et de se maintenir.

Les sites dérivés de médias traditionnels sont déjà inclus dans la compétence du Conseil de presse.  L'élément nouveau de l'avis du Conseil est qu'il cherche à inclure les médias en ligne, les médias «pur Web».  Or, sait-il au moins combien il en existe, et combien de journalistes y travaillent?

En terminant, suggérons à Léger & Léger un sondage grand public : «Qu'est-ce que le Conseil de presse?»

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  Ordinateurs de haute puissance : feu vert aux exportations
L'administration Bush II a annoncé le 2 janvier dernier d'importantes modifications aux normes régissant l'exportation d'ordinateurs de haute puissance (OHP), modifications qui devront toutefois obtenir l'aval du Congrès avant d'entrer officiellement en vigueur.  En vertu de ces normes, l'exportation des OHP vers certains pays (dont Israël, la Russie, l'Inde, le Pakistan, la Chine) nécessite une autorisation spéciale pour tout ordinateur d'une puissance supérieure à 85 000 millions d'opérations théoriques par seconde (MTOPS).  La nouvelle mesure prévoit doubler ce seuil, le portant à 190 000 MTOPS.

Dissipons un peu ces abstractions.  Selon les fiches techniques du fabricant Intel, un processeur Celeron cadencé à 400 Mhz a une puissance de traitement équivalente à 466 MTOPS.  Les tout nouveaux processeurs Intel Pentium IV, cadencés à 2 Ghz, atteignent un rendement de 5 300 MTOPS, soit entre deux et trois pour cent de la puissance des OHP visés par l'élargissement des restrictions d'exportation.

Pour expliquer son geste, l'administration Bush II cite sans la nommer la Loi de Moore sur l'augmentation de la puissance de traitement des processeurs : «Ces changements sont rendus nécessaires par les changements rapides que connaît le secteur de l'informatique.  Les processeurs autonomes disponibles aujourd'hui par commande postale ou sur Internet sont 25 fois plus puissants que les OHP construits au début des années quatre-vingt-dix.  La puissance de traitement qui, autrefois, coûtait des millions de dollars est maintenant accessible dans des systèmes à prix abordables qu'on retrouve dans les foyers, les écoles et les entreprises, et qui sont fabriqués un peu partout dans le monde.»

La Maison Blanche dit espérer aider les fabricants étasuniens à «innover et soutenir la concurrence» sur les marchés, et sa décision a évidemment été bien accueillie par l'industrie, mais contestée dans certains milieux.  C'est que l'on estime que les OHP peuvent servir au développement d'armes nucléaires, à l'évaluation théorique de trajectoires de missiles, au chiffrement de communications militaires et aux activités de surveillance.  À preuve, disent les critiques, les clients actuels des fabricants d'OHP aux États-Unis sont la National Security Agency (NSA), le Pentagone (ministère de la Défense) et les laboratoires de recherche en défense et armements.

Il s'agit de la sixième augmentation du seuil limite MTOPS imposé à l'exportation d'ordinateurs par les fabricants étasuniens depuis 1993.

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  Médias : Vanessa Leggett libérée
Après plus de cinq mois de détention dans un pénitencier fédéral à Houston (Texas), peine imposée pour avoir refusé de divulguer des informations provenant d'une source confidentielle (voir nos chroniques du 21 août et 28 août 2001), l'auteure et revendicatrice du statut de journaliste Vanessa Leggett a été libérée vendredi dernier.  C'est que le mandat du grand jury qui exigeait qu'elle remette des informations aux enquêteurs prenait fin, et qu'en vertu du droit applicable aux États-Unis, elle ne pouvait donc être détenue plus longtemps.

Son avocat, Mike DeGeurin, avait récemment déposé une demande de libération devant la Cour suprême, mais il a déclaré au Houston Chronicle qu'il entend maintenir la procédure car il craint que les enquêteurs ne puissent déposer un autre sub poena pour exiger que Leggett leur remette les informations.

Résumons l'affaire.  Le 16 avril 1997, une personnalité bien en vue de Houston est assassinée.  On arrête son conjoint, et le frère de celui-ci.  Ce dernier, juste avant de subir son procès, se suicide.  Il laisse derrière lui une note disculpant son frère, le mari de la victime (qui sera plus tard reconnu non coupable du meurtre), et avouant le crime.  Dans les jours qui ont précédé sa mort, il s'était confié à Vanessa Leggett qui avait entrepris d'écrire un livre sur l'affaire qui rassemblait (et maintenant encore plus) tous les éléments d'un bon polar. 

Mais ça semble trop simple pour le ministère public qui ne retient pas les aveux du suicidé, remet en cause l'acquittement de son frère, et croit toujours qu'il y a eu connivence entre les deux dans l'assassinat.  Les confidences du disparu prennent donc de la valeur.  Sous menace d'arrestation pour entrave à la justice, Leggett livre les bandes audio de son entrevue.  Insatisfaits, les procureurs exigent alors tous les documents, notes, brouillons du livre en chantier et autres informations que détient Leggett.  Cette dernière refuse alors catégoriquement et, le 20 juillet dernier, elle se voit emprisonnée à la demande du ministère public.

Tout au long de sa détention, Leggett a reçu l'appui de nombreuses association de journalistes, comme le Committee for the Protection of Journalists, le Reporters Committee for Freedom of the Press et la Society of Professional Journalists, qui estimaient que son emprisonnement constituait un dangereux précédent pour les journalistes.  Le ministère public faisait valoir que les documents de recherche de Leggett n'étaient pas protégés par la Constitution parce qu'elle est écrivaine et non journaliste, et que de surcroît elle n'avait jamais publié d'article ni de livre. 

Durant ses 168 jours de détention, elle s'est vue interdite à plusieurs reprises la visite de son conjoint, de même que la possibilité de disposer du matériel nécessaire à l'écriture.  Maintenant libre, elle entend se remettre à l'écriture de son livre sur l'assassinat.

En décembre dernier, le journaliste Skip Hollandsworth écrivait dans le périodique Texas Monthly : «Pourquoi Vanessa Leggett est-elle emprisonnée depuis plus longtemps que tout autre journaliste dans l'histoire des États-Unis? N'est-ce pas là le véritable crime?»

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  Suivis : feu vert aux espions de clavier; la reconnaissance faciale ne passe pas le test; l'inflation des statistiques sur le terrorisme
L'affaire des espions de claviers, ces dispositifs qui permettent d'épier à distance toutes les touches activées sur un clavier d'ordinateur (voir notre chronique du 14 août 2001), connaît un dénouement.  Le juge Nicholas Politan d'un tribunal fédéral de Newark (New Jersey) a statué qu'il était légitime sur le plan constitutionnel que le FBI ait installé dans l'ordinateur ce dispositif de surveillance pour intercepter le code d'accès aux documents électroniques d'un prévenu.  Dans sa décision, le juge Politan a de plus débouté les procureurs de Nicodemo Scarfo, la cible de surveillance du FBI, qui cherchait à savoir exactement, outre le mot de passe, le contenu de l'information interceptée.  Le juge a déclaré que le gouvernement avait prouvé que ces informations relevaient de la «sécurité nationale» et n'était pas tenu de les divulguer.  Scarfo, qui protégeait tous ses fichiers et son courrier électronique à l'aide du logiciel de chiffrement Pretty Good Privacy (PGP), est accusé d'activités de prêt usuraire et de paris illégaux.  Sécurité nationale? Quoi qu'il en soit, cette décision sur le fond dans l'affaire Scarfo ouvre la voie à l'utilisation du système de surveillance «Lanterne magique» par la police fédérale des États-Unis (voir notre chronique du 4 décembre 2001).

On se souvient de la tentative de repérer des criminels en fuite lors du «SnooperBowl» à Tampa (Floride) en février 2001 à l'aide de caméras de surveillance et de techniques de reconnaissance faciale (notre chronique du 6 mars 2001).  Puis, toujours à Tampa, l'installation de systèmes semblables dans un centre commercial, le Centro Ybor, pour comparer les caractéristiques faciales des visiteurs à celles de 30 000 individus stockées dans une base de données.  Les autorités maintiennent qu'il s'agit de photographies de criminels recherchés et de personnes reconnues coupables d'agressions sexuelles (notre chronique du 10 juillet 2001).  En vertu de la loi sur la transparence administrative, la American Civil Liberties Union (ACLU) a obtenu les rapports de cette dernière activité de surveillance : résultat nul, système déficient, erreurs d'identification, aucune arrestation.  À ce point que le service de police de Tampa a abandonné le projet.  L'ACLU signale que ce sont des systèmes identiques à celui de Tampa que l'on installe dans la plupart des aéroports pour le dépistage de terroristes potentiels.

Le Miami Herald révélait que bien avant le 11 septembre, le ministère de la Justice des États-Unis gonflait artificiellement les statistiques relatives aux incidents de terrorisme présentées au Congrès pour justifier l'octroi de budgets toujours plus importants.  Des cas de désordres ou d'incidents provoqués par des personnes atteintes de maladie mentale, sous l'influence de l'alcool ou de drogues, de détenus qui protestent contre la qualité de la nourriture servie dans les pénitenciers, et bien d'autres encore, reçoivent l'étiquette «terrorisme intérieur», sans pour autant être liés à de véritables menaces pour la sécurité nationale.  En fait, selon l'enquête du Miami Herald, il y aurait eu au cours de l'exercice financier 2000 plus de 200 incidents terroristes si l'on en croit les statistiques du ministère de la Justice.

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  En bref : le Pakistan quitte la Silicon Valley; le «Grok» devient «Unspun»; baisse du nombre de noms de domaines
Ouvert en juin 2001, le bureau consulaire général pakistanais pour le développement de la haute technologie à Palo Alto (Californie) fermera ses portes à la fin du mois.  Le Mercury News rapporte que la décision a été prise à la fin octobre 2001 par le gouvernement d'Islamabad, motivée par les pertes subies par le secteur technologique pakistanais depuis le déclenchement des opérations que l'on connaît (estimées entre deux et trois milliards de dollars), et par le climat de morosité du secteur technologique aux États-Unis.  C'est un sérieux revers de fortune pour l'industrie techno pakistanaise : il y a un an, le secrétariat au Commerce des États-Unis estimait son taux de croissance annuel à 300 %.  En ouvrant un bureau consacré aux échanges commerciaux en Silicon Valley, Islamabad espérait nouer des alliances stratégiques et obtenir des marchés de sous-traitance, en plus de jouer le rôle de délégation consulaire pour les 7 000 travailleurs d'origine pakistanaise de la région.  Les liens d'affaires ne sont cependant pas totalement rompus, c'est un organisme privé, le Organization of Pakistani Entrepreneurs of North America, qui prendra la relève.

La lettre d'information par courriel «Media Grok» qui était publiée par feu le Industry Standard (notre chronique du 21 août 2001) revient sous le titre de «Media Unspun».  Même équipe éditoriale, même contenu analytique, publication hebdomadaire (le Grok était publié cinq fois par semaine) et sans frais jusqu'au 8 mars.  Par la suite, Unspun reviendra à une formule de cinq publications par semaine, et le prix de l'abonnement annuel est fixé à 50 $.  L'équipe a fait parvenir la première édition de Unspun (certainement un objet de collection numérique) vendredi dernier (4 janvier) à 8 000 personnes qui avaient communiqué avec l'équipe du Grok après sa fermeture.  Le rédacteur en chef, Jimmy Guterman, déclare ne pas avoir accès à la liste des 100 000 abonnés du Grok toujours détenue par International Data Group, société détentrice des actifs (et du passif) du Industry Standard.  Les personnes désireuses d'appuyer la nouvelle publication peuvent se prévaloir du tarif de 39,95 $ s'ils s'acquittent des frais maintenant.  Décidément, l'équipe n'a rien perdu de son sens de l'humour.  Dans son laïus de présentation, s'offre une petite foire aux questions.  Extrait :

- Pourquoi payer maintenant?
- Parce que parmi les 50 premières personnes qui paieront, je vais tirer un nom au hasard et offrir de nettoyer leur maison ou leur bureau.
- Vraiment?
- Tout à fait.
- Avez-vous d'autres techniques de racolage comme celle-là qui sont prévues?
- Restez à l'écoute.

La société Netcraft qui effectue un suivi du nombre de noms de domaines actifs depuis août 1995 a enregistré une baisse du nombre total de noms de domaines en décembre, la deuxième baisse depuis qu'elle tient de telles statistiques.  Les analystes de Netcraft avaient constaté en août dernier un fléchissement du nombre de sites actifs, mais avaient attribué le phénomène au virus/ver Code Red qui avait paralysé un grand nombre de sites.  On explique la baisse par l'éclatement de la bulle spéculative sur les noms de domaines qui avait pris naissance en 1999 et aux nombreuses restructurations ou faillites d'entreprises depuis les derniers mois.  Le passage aux nouveaux noms de domaines comme .info et .biz entraînera des mouvementS additionnels, de même que la remontée en popularité des entités nationales comme .ca, .fr, .ch, etc.  Sur le plan technique, pour les serveurs, la plate-forme Apache continue de dominer (56,50 % des sites), suivie de Microsoft (30,75 %), iPlanet (3,59 %) et Zeus (2,18 %).  Malgré la déconvenue pour certains sites, bonne nouvelle pour le commerce électronique : le nombre de certificats SSL permettant les transactions financières a augmenté de 37 % en 2001 selon les données de Netcraft.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

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