ACCUEIL | ARCHIVES | RECHERCHE S'ABONNER | NOUS ÉCRIRE
Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 21 août 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  Le Standard ferme boutique, et Salon se renfloue, mais critique les médias
L'hebdomadaire imprimé The Industry Standard qui exploitait également un site Web sous la même bannière cesse de publier.  La fermeture implique le licenciement de 180 employés, seulement une douzaine conserveront leur poste pour assurer provisoirement la poursuite des activités du site Web.  La société mère, Standard Media International, demandera la protection prévue en vertu de la loi sur les faillites.

Face à une baisse constante des revenus, et à l'impossibilité de lever dix millions de dollars à court terme pour éponger les pertes du Standard, l'actionnaire principal International Data Group (IDG) et les autres actionnaires ont décidé de cesser la publication.

Lancé le 27 avril 1998, à l'époque faste de l'économie pointcom, le Standard s'était donné pour mission de devenir la publication phare de ce secteur.  Un peu plus de trois ans après, la récession qui frappe le secteur de la technologie a eu raison de l'hebdomadaire, le Standard ayant vu ses recettes publicitaires fondre à vue d'oeil.  Si au printemps 2000, un numéro du Standard pouvait contenir jusqu'à 360 pages de publicité vendues à 12 000 $ dollars pièce, le dernier numéro paru n'en affichait que 90.  En un an, les recettes publicitaires du Standard, principalement générées par des annonceurs du secteur technologique, ont chuté de 75 %.  De plus, 40 % du tirage de 200 000 exemplaires par numéro était en «diffusion contrôlée», c'est-à-dire en abonnements gratuits à des clientèles ciblées.

Le sort du Standard était étroitement lié aux entreprises et au secteur qu'il couvrait.  Lors de son lancement, en avril 1998, l'indice NASDAQ était à 1820.  À l'époque du sommet des recettes publicitaires pour l'hedomadaire, il atteignait 5048.  La semaine dernière, au moment de l'annonce de cessation d'activités, et comme pour boucler la boucle, le NASDAQ oscillait sous la barre des 1900.

La disparition du Standard, même si elle n'entraîne pas immédiatement la fermeture du site Web, signifie toutefois l'arrêt de diffusion de bulletins par courriel qui étaient fort prisés des journalistes et acteurs du secteur de la technologie, dont le célèbre «Media Grok», revue de presse quotidienne en trois ou quatre points saillants.  Le responsable de la rédaction du Grok, Jimmy Guterman, laissait sous-entendre dans le dernier numéro reçu vendredi dernier qu'il pourrait reprendre à son compte ce bulletin par courriel.  À surveiller sur son site Web.

Ironiquement pour le personnel licencié du Standard, la publication avait été la première à faire un suivi étroit des mises à pied dans le secteur techno avec son «Layoff Tracker».  Consolation pour ces nouveaux chômeurs : ils pourront garder leurs ordinateurs et téléphones portables fournis gracieusement au moment de leur embauche.

Par ailleurs, le netmag Salon.Com s'est renfloué avec une injection de 2,5 millions de dollars en capital frais, bien qu'il ait de nouveau élagué dans son personnel en supprimant 14 postes.  Parmi les investisseurs privés qui ont ouvert les cordons de leurs bourses, William Hambrecht, président et premier dirigeant de la banque d'investissement WR Hambrecht, et John Warnock, ex-premier dirigeant et co-fondateur du fabricant de logiciels Adobe.

L'annonce de cette injection de capital a été faite quelques heures avant que Salon ne publie ses résultats financiers pour le trimestre se terminant en juillet.  Malgré des pertes pro forma de 1,56 million de dollars, comparativement à 3,76 millions pour la période correspondante de 2000, les administrateurs prévoient l'équilibre financier pour 2002.

La formule de contenus payants, Salon Premium, n'est pas étrangère à l'optimisme qu'affiche Salon.  Déjà 11 000 personnes se sont abonnées aux services exclusifs (30 $ par année) et on prévoit atteindre la cible de 50 000 abonnés d'ici l'an prochain.  La formule payante représente déjà 19 % des revenus de Salon.

Par contre, comme toutes les publications en ligne, Salon doit composer avec la baisse des recettes publicitaires, et également avec l'effondrement de ses actions en bourse qui ne valent plus que 0,44 $.  Le NASDAQ a menacé de retirer le titre de sa place d'échange en raison de son cours inférieur à un dollar pour une période prolongée, comme le stipule le règlement, mais Salon a porté la cause en appel.  Une proposition de fractionnement inversé du capital action, en vertu duquel dix actions seraient consolidées en une seule, décuplant ainsi le cours, aurait reçu un bon accueil.

MSNBC rapporte qu'au cours de l'appel conférence pour annoncer les résultats financiers, le premier dirigeant Michael O'Donnell s'est plaint de l'attitude négative des médias à l'endroit de Salon, déclarant que les nombreuses spéculations sur la survie du netmag avait rendu bon nombre d'investisseurs et annonceurs méfiants.

Faux, de dire l'observateur des médias Ken «Citizen» Layne du Online Journalism Review qui n'a vraiment pas apprécié les commentaires de O'Donnell.  Layne écrit : «Salon a été l'enfant chéri de l'establishment journalistique qu'il tentait de secouer.  Faites une recherche dans les textes qui ont été écrits à son sujet, et vous trouverez les mêmes vieux adjectifs : “respecté”, “provocant”, “élégant”, “de haute qualité”, “innovateur” et “littéraire”.» Pour Layne, blâmer les médias pour les malheurs financiers de Salon, c'est se tromper de cible.

Haut de la page

  Microsoft : la cour refuse les délais
La Cour d'appel fédérale américaine a débouté une demande de la société Microsoft qui tentait de ralentir le processus de renvoi de la cause anti-trust à un juge de la Cour de première instance.  Dans leur décision, les sept juges ont estimé que de nouveaux délais étaient injustifiés car Microsoft n'avait pas réussi à démontrer que des «torts substantiels» découleraient d'un processus régulier de renvoi à la Cour de première instance.

On sait qu'à la suite du jugement de la Cour d'appel, rendu le 28 juin dernier, et qui soutenait la plupart des conclusions de droit du juge Thomas Penfield Jackson de la Cour de district, les sanctions contre Microsoft doivent être revues par un nouveau juge de cette cour qui sera désigné au hasard vendredi prochain.  Celui-ci devra établir un calendrier d'audiences et de dépôts de mémoires qui porteront uniquement sur les sanctions à imposer à Microsoft.

Parallèlement, le 7 août dernier, Microsoft est intervenu auprès de la Cour suprême pour invoquer qu'elle avait droit à un nouveau procès en raison des écarts de conduite du juge Jackson également relevés par la Cour d'appel.  Mais comme les juges de la Cour suprême sont en congé pour l'été, et ne siégeront à nouveau qu'en octobre, l'ouverture de ce nouveau front juridique pourrait tarder.

La décision de la Cour d'appel de voir la cause se dérouler sans trop de délais pourrait inciter Microsoft à chercher un règlement à l'amiable avec le ministère américain de la Justice (DoJ) et les Attorney Generals des États co-plaignants.  Il ne semble pas y avoir eu de suites aux rencontres initiées le mois dernier, peu après le prononcé du jugement de la Cour d'appel qui confirmait la situation de monopole de Microsoft.

Au coeur des débats entourant les nouvelles audiences, on est assuré de retrouver la nouvelle mouture du système d'exploitation Windows, la version XP, qui doit être lancée le 25 octobre prochain.  Les adversaires de Microsoft affirment que Windows XP renforcera sa position de monopole en excluant, ou à tout le moins en rendant difficile, l'arrimage et l'utilisation de logiciels complémentaires de concurrents (messagerie instantanée, musique, vidéo, etc.).  On évoque même la possibilité d'une demande d'injonction interlocutoire visant à bloquer le lancement de Windows XP à la date prévue, ce qui jetterait du sable dans l'engrenage de la mise en marché du produit dont on évalue le coût à un milliard de dollars.

Pour bien comprendre le processus d'arrimage de logiciels dans un système d'exploitation, et l'exploitation exclusive de certaines fonctions, examinons le récent différend qui opposait la société Kodak à Microsoft, et qui s'est cependant soldé par un recul stratégique de Microsoft.

D'après les devis initiaux, une fonction intégrée à Windows XP permettait le transfert sur disque dur des images saisies sur un appareil photo numérique.  La société Kodak s'est plaint que cette fonction ne comporte pas de programmes pilotes pouvant permettre automatiquement le transfert des images de ses appareils, l'exploitation de ses logiciels, mais également ne puisse suggérer à l'utilisateur ses services d'impressions et de mise en ligne d'albums.  Kodak propose aux utilisateurs de nouveaux services avec son système EasyShare.  Au terme de négociations, Microsoft a accepté d'inclure un menu pouvant accommoder les diverses marques d'appareils photo numériques.

Victoire pour Kodak ou mesure d'apaisement consentie par Microsoft? Certains observateurs croient que de telles concessions, stratégiques et bien médiatisées, pourraient influer sur la décision d'un nouveau juge concernant les sanctions à imposer. 

Marginal, direz-vous, la photo numérique? Pas vraiment, et on constate que Microsoft voit loin dans sa planification.  Selon le cabinet de recherche IDC, le volume d'images numériques (photographies, numérisations, créations, etc.) a atteint 9,1 milliards l'an dernier, et ce volume grimpera à 29,5 milliards en 2005.  De ce nombre, les photographies numériques représenteront 17,4 milliards d'images.  Au cabinet de recherche Gartner Group, on estime qu'il se vendra 8,9 millions d'appareils photo numériques cette année, et le volume annuel de ventes atteindra 12,5 millions d'appareils en 2005.

On comprend alors l'importance de ce marché, et l'avantage concurrentiel de Microsoft si elle pouvait depuis son système d'exploitation recommander aux utilisateurs les services de partenaires privilégiés, ou encore de nouveaux services qu'elle mettrait sur pied.

Haut de la page

  Hackers sans frontières?
La semaine dernière, sur le campus de l'Université Twente à Enschede (Pays-Bas), se déroulait la conférence annuelle internationale des hackers «Hackers At Large» (HAL2001).  Des débats animés portant entre autres sur de récents exploits, l'éthique et la politique du hack, le développement de nouveaux outils, la cryptographie.  Bref, jeunes et moins jeunes, aspirants et vieux routiers de l'underground du réseau, badauds curieux, recruteurs de grandes entreprises de sécurité informatique et policiers et agents de renseignement mal déguisés se sont amicalement toisés.

La communauté a profité de l'occasion pour rendre un hommage posthume à un des pionniers de l'h@cktivisme et co-fondateur du célèbre Chaos Computer Club (CCC), Wau Holland.  Le CCC s'était rendu célèbre en 1987 alors que certains de ses membres s'étaient introduits dans les systèmes informatiques de la National Security Agency (NSA) tout simplement pour en démontrer la grande vulnérabilité.  Wau, 49 ans, avait été victime d'un accident cardiovasculaire en mai dernier et est décédé le 29 juillet dans un hôpital de Hambourg (Allemagne).  Sur le site du CCC, on le décrit comme «philosophe, libre penseur, visionnaire et homme d'action qui ne voyait pas la technologie comme une fin en soi, mais comme un outil permettant de communiquer».

Comme pour toute bonne conférence, les organisateurs avaient invité une brochette de conférenciers.  Selon les comptes rendus, celui qui a marqué le plus l'auditoire est Dave Del Torto, fondateur de la CryptoRights Foundation, qui a ni plus ni moins invité les hackers à en remettre dans la tirelire, à se rendre utiles et à militer, à leur manière, sur le plan social.

L'essentiel du message de Del Torto, tel que rapporté par le service de nouvelles Wired, est que de nombreux groupes voués à la défense des droits de la personne ont besoin d'aide et de formation en matière de cryptographie, de chiffrement de messages, et d'utilisation des ordinateurs et des réseaux.  À titre d'exemple, il a cité le cas du Guatemala où les personnes responsables de documenter les assassinats de paysans en régions rurales sont très vulnérables sans une protection adéquate de leurs données, et s'exposent à des représailles de la part des forces dites de «sécurité» et des escadrons de la mort.

«Quelle importance pour l'humanité, direz-vous? Je dirais que c'est capital.  C'est la justice qui est en jeu.  Nous avons le devoir de mettre nos connaissance et nos talents au service de ces gens» a-t-il déclaré sous les applaudissements nourris de l'auditoire, ajoutant que maintenant qu'il axait son action sur des gens en chair et en os, il en avait rien à foutre de trafiquer des systèmes d'exploitation.

Après les médecins sans frontières, les reporters sans frontières, les ingénieurs et tous les autres sans frontières, c'est donc un modèle de «hackers sans frontières» que Del Torto propose, un modèle qui pourrait faire école. 

Del Torto agit à titre de consultant en cryptographie auprès du Tribunal Pénal International de La Haye, et la Cryptorights Foundation mène divers projets de cryptographie dans des points chauds du globe.  En outre, elle travaille à l'organisation d'une première conférence internationale sur la cryptographie et les droits de la personne.  La conférence s'adressera aux organismes de défense des droits intéressés aux questions de sécurité informatique, et aux cryptologues qui souhaitent travailler à la cause des droits.

Haut de la page

  Commerce électronique : rentrée scolaire; l'argent est chez les jeunes; les sites sont mal conçus; l'idée d'une taxe de vente refait surface
Selon une étude du service de recherche NFO WorldGroup menée auprès de parents branchés qui magasinent en ligne pour les achats nécessaires à la rentrée scolaire (fournitures, vêtements, etc.), 40 % des répondants disent qu'ils dépenseront davantage cette année sur des sites transactionnels, 53 % environ le même montant que l'an dernier, et 7 % un peu moins.  Fait intéressant à noter, 74 % des parents ont dit effectuer les achats en ligne en présence de leurs enfants et tenir compte de leurs suggestions dans le choix des articles, des produits, des couleurs.  Qui plus est, dans 48 % des cas, ce sont les enfants qui effectuent la navigation, en présence de leurs parents, et dans 42 % des cas ce sont les enfants qui choisissent les sites transactionnels visités.  Parmi les articles les plus populaires, les fournitures scolaires (55 %), les vêtements sports (54 %), les chaussures et les bottes (46 %), les sacs à dos (44 %) et les livres (23 %). 

L'influence des jeunes sur les achats en ligne est également le sujet d'un récent rapport de la société d'analyse et de recherche en commerce électronique Datamonitor qui estime à 65,3 millions le nombre de jeunes entre cinq et 17 ans qui sont branchés à Internet au foyer aux États-Unis et dans sept pays d'Europe de l'Ouest.  De ce nombre, 54 millions ont également accès à Internet à l'extérieur du foyer.  Collectivement, ils représentent cinq milliards d'heures passées en ligne.  Ils constituent aussi, selon Datamonitor, un pouvoir d'achat ou d'influence d'achat annuel de 60 milliards de dollars.  D'ici 2006, il y aura 95 millions de jeunes dans le créneau d'âge 5/17, et leur pouvoir d'achat ou d'influence d'achat collectif atteindra plus de 200 milliards de dollars. 

En commerce électronique, 44 % des transactions amorcées ne sont pas complétées, et l'expert en convivialité Jakob Nielsen, dans la plus récente livraison de son bulletin AlertBox, jette la pierre aux concepteurs de sites transactionnels.  On a étudié le comportement de consommateurs dans 496 transactions amorcées sur une sélection de 20 sites transactionnels américains.  Or, les chercheurs ont constaté qu'une plus grande convivialité des sites transactionnels faisait grimper la proportion de transactions complétées à 79 %, ce qui aurait été une planche de salut pour bon nombre de cybermarchands zéro surface qui ont dû fermer récemment.

Enfin, l'idée d'une taxe de vente sur les transactions en ligne revient en force aux États-Unis.  On sait que le moratoire sur la taxe de vente applicable au commerce électronique, adopté en 1998, prend fin le 21 octobre prochain.  Selon le Washington Post, les gouverneurs d'une quarantaine d'États américains exercent des pressions auprès des élus fédéraux pour qu'ils rejette l'idée de prolonger ce moratoire.  Ils font valoir que des centaines de millions de dollars, voire quelques milliards, échappent aux percepteurs et crée de fait deux catégories de consommateurs, les uns non branchés qui paient des taxes sur tous leurs achats, et les autres branchés qui ne paient pas de taxes sur leurs achats en ligne.  À défaut de retirer des revenus des transactions en ligne, les États affirment qu'ils pourraient se voir forcés de réduire leurs dépenses et services, ou d'imposer de nouvelles taxes aux transactions hors ligne.

Les opposants à la taxe de vente répondent qu'il existe aux États-Unis 7 500 juridictions avec des taux et catégories d'imposition différentes, qu'il est virtuellement impossible de déterminer quel taux imposer à quel acheteur, et que l'idée même d'une taxe de vente pourrait porter un sérieux coup au secteur naissant qu'est le commerce électronique.  En outre, la nature décentralisée du commerce électronique fait problème.  Le site Web transactionnel peut être hébergé dans un État, le centre de prise de commande et de facturation dans un autre, et le service d'entreposage et d'expédition dans un troisième.  Quel taux appliquer?

Un comité de la Chambre des représentants pourrait rendre une décision sur la prolongation ou la suspension du moratoire en septembre.

Haut de la page

  Médias : qui est journaliste, et qu'est-ce qu'une source?
Vanessa Leggett, 33 ans, professeur d'écriture à l'Université de Houston et auteure d'un livre d'enquête à paraître est emprisonnée depuis plus d'un mois à Houston (Texas) pour avoir refusé de révéler ses sources et de livrer au ministère public des documents qu'elle juge confidentiels.  À moins d'une requête en réaudition de la cause, ou d'un pourvoi en appel devant la Cour suprême, Madame Leggett pourrait rester incarcérée pour dix-huit mois encore.

Le 16 avril 1997, en début de soirée, Doris Angleton était assassinée dans la cuisine de sa demeure du quartier de River Oaks à Houston (Texas).  Elle avait préalablement accompagné ses deux filles à une partie de balle molle, mais constatant que l'une d'elle avait oublié une pièce d'équipement, elle était inopinément retournée chez-elle pour la récupérer.  Les enquêteurs ont établi qu'elle avait été atteinte de treize coups de feu à la tête, au thorax et à l'abdomen.

Son mari, Robert Angleton (connu des policiers pour ses activités de jeu illégales), et son frère, Roger Angleton, sont arrêtés et accusés de meurtre avec préméditation.  Or, juste avant de subir son procès, et alors qu'il était incarcéré, Roger Angleton se suicide.  Il laisse derrière lui une note avouant le crime qu'on lui reproche, mais dit avoir agi seul, disculpant ainsi son frère.  En 1998, un jury acquitte Robert Angleton.

Dans les jours qui ont précédé sa mort, Roger Angleton s'est confié à Vanessa Leggett qui avait entrepris d'écrire un livre sur l'affaire Angleton qui contient, admettons-le, tous les éléments d'un bon polar.  Malgré les accointances douteuses de Robert, preneur aux livres millionnaire, le couple qu'il formait avec la pétulante Doris faisait partie de la société mondaine de Houston.  Personnalités connues, argent, meurtre, mystère, entretien exclusif avec un personnage clé de l'affaire : Leggett croit avoir un bon filon pour un livre d'enquête choc, même si l'affaire a déjà inspiré un ouvrage à un autre auteur.

Mais le ministère public ne retient pas les aveux de Roger Angleton, remet en cause l'acquittement de Robert, et croit toujours qu'il y a eu connivence entre les deux dans l'assassinat de Doris.  Les confidences de Roger à Vanessa Leggett prennent donc de la valeur.  Sous menace d'arrestation pour entrave à la justice, Leggett livre les bandes audio de son entrevue avec Roger Angleton au ministère public.  Insatisfaits, les procureurs exigent alors tous les documents, notes, brouillons du livre en chantier et autres informations que détient Leggett.  Cette dernière refuse alors catégoriquement et, le 20 juillet dernier, elle se voit emprisonnée à la demande du ministère public.

Leggett a entrepris une procédure d'appel qui a été entendue le 15 août.  Son procureur, Mike DeGeurin, soutient que sa cliente a droit à la protection garantie aux journalistes en vertu du premier amendement de la Constitution (liberté d'expression, liberté de presse) et qu'elle n'est pas tenue de divulguer l'information qu'elle détient puisqu'elle a promis l'anonymat à ses sources.  DeGuerin qualifie la requête en divulgation du ministère public de «déraisonnable, oppressive et trop vague.»

Une des questions que soulève l'affaire Leggett consiste à déterminer qui est journaliste, et qui peut prétendre aux garanties de libre exercice de la profession.  Des associations de protection des droits des journalistes, comme le Committee for the protection of journalists et le Reporters Committe for Freedom of the Press ont prit fait et cause pour Leggett estimant que son emprisonnement constitue un dangereux précédent.  La Society of Professional Journalists a quant à elle versé 12 500 $ au fonds de défense de Vanessa Leggett.  Pour sa part, le ministère public a fait valoir, en juillet, que les documents de recherche de Leggett n'étaient pas protégés par la Constitution parce qu'elle est écrivaine et non journaliste, qu'elle n'a jamais publié d'article ni de livre.

L'audience en appel de la semaine dernière devait se tenir à huis clos.  Preuve de l'intérêt de l'affaire pour les grands médias, les chaînes de télévision ABC, CBS, et NBC, la Belo Corp., le Houston Tribune et la Society of Professional Journalists sont intervenus pour qu'elle soit ouverte au public et aux médias.

Au cours de l'audience, les magistrats ne se sont pas montrés très sympathiques aux arguments présentés par Mike DeGeurin au nom de sa cliente, lui disant même qu'il «nageait à contre-courant» car, dans une cause criminelle, les journalistes ne peuvent prétendre qu'aux garanties constitutionnelles accordées à tout citoyen.  Par ailleurs, les magistrats ont fait admettre aux procureurs du ministère public qu'ils ignoraient ce qu'ils cherchaient précisément en présentant leur requête de divulgation.

Toutefois, le comité de trois juges de la Cour d'appel a statué que le juge qui avait ordonné son emprisonnement n'avait pas outrepassé son mandat, et que l'emprisonnement de Leggett respectait les règles constitutionnelles.  «Même en supposant que Leggett, une auteure autonome jamais publiée, sans employeur ni contrat d'édition, réponde aux critères juridiques sur qui peut se déclarer journaliste, les privilèges accordés aux journalistes sont nuls et non avenus dans le cas d'une requête d'un grand jury qui ne peut être considérée comme du harcèlement ou une oppression gouvernementale» peut-on lire dans le jugement cité par l'Associated Press.

Le procureur de Leggett n'a donc pas d'autre choix que de demander que la cause soit réentendue, ou de se pourvoir de son droit d'appel devant la Cour suprême.  Entre temps, Madame Leggett restera sous les verrous.

Avec l'affaire Leggett, les États-Unis ont rejoint Cuba dans le club très sélect des deux seuls pays des Amériques à emprisonner des journalistes.

Une autre cause retient notre attention dans le dossier des sources journalistiques, c'est le différend qui oppose deux sites Web spécialisés dans l'information sur l'industrie forestière et papetière.  En juin dernier, les propriétaires de Paperloop.Com ont intenté une poursuite contre trois anciens journalistes du site d'information, et leur nouvel employeur, le site concurrent Forestweb.Com.  Paperloop accuse les trois journalistes d'avoir utilisé des contacts qu'ils s'étaient acquis durant leur emploi chez Paperloop, violant ainsi les politiques sur la confidentialité des informations. 

Forestweb.Com veut faire rejeter cette procédure et s'est adressée, à cet effet, à un juge de la Cour supérieure de Californie.  Forestweb soutient que le droit des journalistes d'exercer leur profession où ils veulent est garanti par le Premier amendement.  De plus, il s'établit une relation de confiance entre une source et un journaliste affirme Forestweb, et une entreprise qui emploie un journaliste ne peut prétendre être propriétaire de cette relation.

Selon Ray Marcano, président de la Society for Professional Journalists cité dans Freedom Forum, si une entreprise était propriétaire des sources, les journalistes ne pourraient jamais faire leur travail.

Haut de la page

  Références : convertisseur de devises, convertisseur de tout; EURO-lex, Refdesk.com et photoreportage en numérique
Commerce électronique international, passage officiel à l'Euro en janvier 2002, fluctuation des monnaies, besoin de situer en perspectives des dossiers d'actualité : connaissez-vous le convertisseur universel de devises de XE.Com? Sinon, faites une place de choix dans vos signets à ce petit outil en ligne fort efficace et très utile proposé en version française.  De l'Allemagne à la Zambie, en passant par les onces de métaux précieux et les droits de tirage spéciaux du FMI, le convertisseur vous permet d'entrer une somme dans une devise (menu déroulant) et de la convertir instantanément.  Plus de 180 devises et valeurs ayant cours dans 250 États, mises à jour des cours en temps réel, taux de devises gratuitement par courriel, possibilité d'intégrer le convertisseur à votre site Web transactionnel ou autre, une ressource précieuse et gratuite.

Mais comme il n'y a pas que l'argent dans la vie, et pour tout le reste qui nécessite la conversion d'unités, nous vous suggérons OnlineConversion.com.  Distances, longueurs, poids, volumes, superficies, OnlineConversion peut effectuer 30 000 conversions de 5 000 unités de mesure différentes.  Nécessite l'activation de javascript.

Signalons la mise en ligne récente d'EUR-Lex, le portail d'accès au droit de l'Union européenne, première étape d'un système d'accès unique à l'ensemble des grandes sources d'informations en ligne.  On y trouve, en onze langues, le Journal officiel des Communautés européennes, les traités, la législation, la législation en préparation, la jurisprudence, les questions parlementaires et les documents d'intérêt public.  Le site est géré par L'Office des publications officielles des Communautés européennes.

Qui ne connaît pas Matt Drudge et son désormais célèbre Drudge Report, condensé de manchettes et de références de divers médias assorties à l'occasion de commentaires virulents.  Je vous propose une consultation du site de Drudge «père», Bob Drudge, médecin de sa profession et webmestre d'un excellent et très complet site de référence, Refdesk.com.  Un véritable portail de sources d'informations et de médias traditionnels ou en ligne, Refdesk s'efforce de respecter trois principes : accès rapide; consultation facile et intuitive; vaste contenu indexé efficacement.  Comme l'écrit Bob Drudge, «la simplicité est le résultat naturel d'une profonde cogitation.» Fils de bibliothécaire, imprégné du système Dewey dès son jeune âge, Bob Drudge aime bien classer et répertorier l'information.  Refdesk est constamment mis à jour par Drudge et les amis du site qui lui suggèrent de nouveaux liens, ou rapportent les liens caducs.  Véritable Yahoo! d'un seul homme, une autre ressource qui a intérêt à figurer dans les signets des utilisateurs tant généralistes que spécialisés, fortement recommandé.

En 1996, le photojournaliste canadien Rob Galbraith mettait en ligne un site personnel, portfolio de ses reportages et documentaires.  Attiré par l'imagerie numérique, son site a graduellement évolué vers un centre de ressources pour photographes utilisant la technologie numérique, principalement sous plate-formes Nikon, Canon et Kodak.  Galbraith traite aussi abondamment des accessoires spécifiques à la photo numérique et des logiciels de traitement d'images.  Excellente ressource pour les professionnels de l'image numérique.

Haut de la page

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

Ligne horizontale
ACCUEIL | ARCHIVES | RECHERCHE S'ABONNER | NOUS ÉCRIRE
Ligne horizontale
© Les Éditions Cybérie inc. | Revue de presse | Publicité
URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/20010821.html