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Page d'accueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 26 juin 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  Droits d'auteurs : victoire des pigistes aux États-Unis, des milliards de dollars en jeu
La Cour suprême des États-Unis s'est prononcée hier dans une cause qui oppose journalistes pigistes et grands éditeurs depuis 1993.  Par un vote de 7 contre 2, les juges de la Cour suprême ont statué que les journalistes ont les pleins pouvoirs d'interdire ou de permettre la reprise sur des supports électroniques de leurs textes déjà publiés dans l'imprimé.  En clair, avant de reprendre des contenus sur des supports électroniques, les diffuseurs doivent obtenir la permission des pigistes.

Tout commence avec la requête de six journalistes indépendants déposée en 1993 contre le New York Times, la revue Newsday, le conglomérat Time Inc, et trois autres éditeurs.  La cause prend le nom de Tasini C. New York Times, du nom de Jonathan Tasini, principal plaignant dans l'affaire, et est pilotée par la National Writers Union (NWU).  Au coeur du débat : le paiement de redevances aux journalistes pour l'utilisation de leurs textes dans des médias électroniques (bases de données en ligne, cédéroms, sites Web, etc.).  En 1997, la juge Sonia Sotomayor du tribunal de district de New York estime que la reprise des textes pour constituer des archives est conforme au privilège de «révision» des «oeuvres collectives» prévu en vertu de l'alinéa 201(c) de la loi américaine de 1976 sur le copyrightEn 1999, trois magistrats de la Cour d'appel déclarent que la juge Sotomayor a mal interprété la notion de «révision» lorsqu'il s'agissait de vente à une base de données, de constitution de cédéroms ou de diffusion sur le Web.  La cause avait donc été portée par les éditeurs devant la Cour suprême, d'où le jugement intervenu hier.

Dans sa décision, rédigée par la juge Ruth Bader Ginsburg, la Cour affirme : «Conformément au jugement rendu par la cour fédérale, nous estimons que l'alinéa 201(c) n'autorise pas la copie dans la présente cause.  Nous concluons que les éditeurs ne sont pas protégés par ses dispositions parce que les bases de données reproduisent et diffusent les articles en tant qu'éléments distincts, et non pas dans un contexte, non pas dans le cadre d'une “oeuvre collective” à laquelle l'auteur a contribué, non plus que dans le cadre d'une oeuvre “révisée”, ou dans celui d'une oeuvre collective à paraître.  Nous jugeons que les éditeurs d'imprimés et les éditeurs de bases de données ont violé les droits d'auteurs des pigistes.»

Réaction du New York Times Co., par la voix de son président Arthur Sulzberger : tout le monde y perd.  Il a déclaré que maintenant s'amorçait le triste et pénible processus de retirer une partie importante des textes de ses archives historiques.

On était évidemment plus loquace dans le coin des gagnants.  Dans les heures suivant la publication de la décision de la Cour suprême, la National Writers Union a publié une lettre ouverte aux dirigeants des grands éditeurs les invitant à négocier les dommages auxquels ils pourraient être astreints.  On peut lire dans cette lettre : «Bien que nous soyons prêts à mobiliser des dizaines de milliers d'auteurs et autres créateurs pour entreprendre des réclamations sur la foi du jugement de la Cour suprême, ce n'est pas l'option que nous retenons.  Nous préférerions conclure des règlements équitables pour résoudre les énormes responsabilités de l'industrie dans cette affaire.»

De combien parle-t-on? En préparant le dossier d'un recours collectif déjà devant des tribunaux de première instance, la NWU avait déjà fait le compte pour la période 1991/2000 en fonction de trois scénarios.  Première hypothèse, on parle de 2,5 milliards de dollars.  On atteint ce chiffre en attribuant 100 000 $ à chaque pigiste suivant une interprétation «prudente» de la loi en vertu de laquelle les dommages ne sont réclamés qu'une seule fois pour chaque oeuvre et pour chaque diffuseur coupable d'utilisation d'une copie non autorisée.  Mais deux autres hypothèses de travail prévoient des dommages de 124 et de 600 milliards qui devraient être versés aux pigistes par les éditeurs.

L'affaire est donc à suivre pour voir si les éditeurs négocieront avec les pigistes une entente qui leur semblerait équitable, ou si on devra de nouveau s'en remettre aux tribunaux.

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  Procès Microsoft : l’attente
On l'avait presque oublié, mais le dénouement du présent chapitre de la saga juridique de Microsoft est imminent.  Après les plaidoiries finales devant la Cour d'appel du district de Columbia, entendues en février dernier, des observateurs près du tribunal avaient prévu que ce dernier rendrait sa décision en juin.

C'est peut-être ce qui explique le séjour à Washington, la semaine dernière, du premier dirigeant de Microsoft, Steve Ballmer.  L'agence News.Com rapporte que, en plus de s'entretenir avec des élus du Congrès et certains clients importants, Ballmer a rendu une visite de courtoisie au vice-président Richard Cheney.  La porte-parole de Microsoft, Ginny Terzano, a tenu à souligner à la presse que les deux hommes n'avaient nullement abordé la question du procès anti-trust, mais avaient plutôt échangé sur des points d'intérêt communs à Microsoft et à l'administration Bush, soit la formation professionnelle des travailleurs, le commerce, les politiques fiscales, les questions de protection des renseignements personnels.  Ballmer a participé à un forum sur l'éducation tenu en présence de George Dubya Bush, et de Alan Greenspan, le grand argentier de la Federal Reserve Bank (banque centrale).

Dans une entrevue accordée au Washington Post, Ballmer a déclaré que Microsoft ne disposait d'aucun plan de contingence dans l'éventualité où le tribunal ordonnerait son fractionnement.  C'est «Business as usual», les affaires sont les affaires, et vice-versa.  Il a cependant affirmé que l'absence d'un plan pour faire face à une ordonnance de fractionnement (stratégie d'appel en Cour suprême, plan de restructuration, etc.) ne signifiait nullement d'une présomption de jugement favorable au maintien de Microsoft dans sa structure actuelle.  «Nous croyons que nos pratiques commerciales ont toujours été conformes à la loi [...] je ne pense pas que, dans ce marché, nous ayons le pouvoir d'augmenter les prix et de mettre un terme à l'innovation» a-t-il ajouté.

Ballmer s'est aussi employé à défendre la prochaine version du système d'exploitation Windows, la version XP, dont on prévoit le lancement le 25 octobre prochain.  Cette nouvelle version intégrera de nombreux dispositifs mis au point par Microsoft, mais les rivaux et les critiques jugent qu'elle fera peu de place aux produits de fabricants tiers et qu'elle ne contribuera qu'à accroître la position de monopole de Microsoft.

Par exemple, le groupe ProComp (Project to Promote Competition and Innovation in the Digital Age - projet pour promouvoir la concurrence et l'innovation à l'ère numérique) a publié un livre blanc sur les nouvelles visées de Microsoft avec l'initiative de traitement distribué .NET, et un autre sur Windows XP.  Procomp estime que l'intégration de la messagerie instantanée Instant Messenger, du dispositif d'authentification Passport, du service de sécurité transactionnelle Hailstorm (déjà adopté par American Express), et l'utilisation de balises intelligentes Smart Tags (établissant des liens entre les applications Office XP et des sites Web propriété de Microsoft) violent les lois anti-trust et compromettent la sécurité des données des utilisateurs. 

Parallèlement, l'agence Associated Press rapporte que Richard Blumenthal et Tom Miller, respectivement Attorney Generals des États du Connecticut et de l'Iowa, membres du groupe de 19 États co-plaignants dans la poursuite anti-trust, s'en prennent à nouveau à Microsoft pour l'arrimage de produits dans le nouveau Windows XP.  Blumenthal a déclaré en entrevue à l'AP : «C'est ce qu'ils ont fait dans le passé, et c'est ce qu'ils continuent de faire pour maintenir leur monopole.» Blumenthal a ajouté que des discussions entre les Attorney Generals des États co-plaignants étaient en cours et pourraient déboucher sur de nouvelles poursuites si la Cour d'appel exonérait Microsoft, ou même si l'administration Bush négociait un règlement hors cour.

Autre élément d'inquiétude pour les rivaux de Microsoft : les pourparlers en cours entre l'administration Bush et les quatre grands de l'industrie du tabac.  On sait que les procureurs de Phillip Morris, Brown and Williamson, R.J.  Reynolds et Lorillard Tobacco ont accepté de rencontrer les procureurs du DoJ pour explorer les possibilités d'un règlement à l'amiable d'une poursuite impliquant le versement de milliards de dollars aux services publics de santé (voir CNN).  Il s'agirait d'un dédommagement partiel pour les coûts de santé qu'entraîne l'utilisation du tabac. 

Si certains observateurs sont sceptiques sur les chances de succès de ces négociations (pour les sociétés concernées, accepter un règlement à l'amiable serait reconnaître leur responsabilité), elles n'en démontrent pas moins l'approche de l'administration Bush.  D'ailleurs, lors d'un point de presse de la Maison Blanche mercredi dernier, l'attaché de presse présidentiel Ari Fleischer a déclaré en réponse à une question sur les motifs ayant enclenché les négociations : «En général, le président croit que nous sommes une société beaucoup trop portée sur les litiges, qu'il y a trop de procès, et qu'il est préférable de rechercher des ententes lorsque c'est possible.»

Il y a, bien sûr, tout un monde entre tabac et systèmes d'exploitation, et sur le fond entre le procès intenté par l'administration Clinton contre l'industrie du tabac et celui intenté contre Microsoft.  Mais c'est l'approche de l'administration Baby Bush qui inquiète les concurrents de Microsoft.  Le Seattle Times citait un dirigeant d'une entreprise concurrente : «Si le DoJ peut se sortir de ce procès [Ndlr.  intenté à l'industrie du tabac], c'est un jeu d'enfant de se sortir du procès Microsoft.»

Quoiqu'il en soit, la décision de la Cour d'appel est attendue avec impatience par bon nombre.  Parmi les scénarios possibles : le maintien de l'ordonnance de fractionnement prononcé par le juge Thomas Penfield Jackson (qui entraînerait un recours possible de Microsoft devant la Cour suprême); le renversement du jugement Jackson (d'où le DoJ pourrait décider d'aller devant la Cour suprême, ou d'abandonner la poursuite). 

Troisième scénario : la Cour d'appel accepte les conclusions du juge Jackson sur la situation de monopole dont jouit Microsoft, mais renvoie la cause devant la Cour de district pour qu'elle revoie les remèdes suggérés.  Cette possibilité avait d'ailleurs été évoquée en février dernier par le juge David Sentelle de la Cour d'appel.  Ce scénario pourrait permettre aux concurrents de Microsoft ainsi qu'aux Attorney Generals d'ouvrir une nouvelle voie et de déballer leurs objections relatives au système Windowx XP.

La cause a cependant peu de chances de se retrouver devant le juge Thomas Penfield Jackson qui a lui-même déclaré qu'il se récuserait de toute nouvelle procédure impliquant Microsoft.

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  Recyclage : l'industrie prend l'initiative, et des cellulaires contre la violence familiale
Nous vous parlions la semaine dernière d'un rapport détaillé sur les rebuts électroniques (electronic waste, e-waste) et les matières toxiques qu'ils contiennent et qui font leur chemin dans l'environnement.  Les auteurs du rapport «Poison PCs/Toxic TVs» recommandaient, entre autres, que les fabricants de matériel mettent sur pied, à leur frais, une infrastructure efficace de collecte des produits désuets, sans que les consommateurs aient à débourser pour le recyclage de leurs produits.

Deux jours après la publication du rapport, soit jeudi dernier, la Electronic Industries Alliance, organisme qui regroupe les principaux fabricants de matériel informatique et électronique, annonçait le lancement d'un projet pilote visant à élaborer une structure efficace de recyclage.  En plus de ses membres, l'Alliance comptera sur la participation active des sociétés Canon, Hewlett Packard, JVC, Kodak, Nokia, Panasonic, Philips Electronics, Sharp, Sony, et Thomson.

Dès octobre, le projet mettra à l'essai dans certains États des modèles de collecte des appareils électroniques et ordinateurs désuets.  Les produits visés sont les écrans cathodiques, les écrans à cristaux liquides, les téléviseurs, les ordinateurs et les périphériques.  On espère, au cours de l'année qui suivra, pouvoir amasser suffisamment de données pour permettre de monter à l'échelle du pays une structure efficace de récupération et de traitement des rebuts électroniques.  Trois modèles d'intervention seront à l'étude : palier municipal, réseau de détaillants, points de collecte. 

Premier modèle, les municipalités feront la collecte des rebuts électroniques et les achemineront vers des installations de recyclage désignées pour fin de traitement.  Les entreprises participantes rembourseront alors les coûts de traitement aux recycleurs.  Le modèle «réseau de détaillants» prévoit que les fabricants verseront aux détaillants participants des sommes proportionnelles au volume de ventes de leurs produits; les détaillants s'engageront à organiser des activités de collecte et à acheminer les produits vers des installations de recyclage désignées.  Troisième axe d'intervention, l'industrie organisera, de concert avec les détaillants, des activités de collecte.  L'industrie assumera la promotion de ces activités et la sensibilisation du public; les détaillants exigeront des consommateurs certains frais pour chaque appareil acheminé à des recycleurs désignés.

Selon les observateurs, la réussite du projet dépendra en grande partie de la participation du public à ces efforts de récupération et de recyclage, ce qui a fait problème dans le passé.  La société IBM et Hewlett-Packard, entre autres, ont tenté des expériences de récupération d'ordinateurs désuets, mais n'ont obtenu que de maigres résultats en raison de taux de participation très faibles (0,03 % dans le cas de IBM).

Pour ce qui est des vieux téléphones cellulaires, dont on estime le nombre à 30 millions aux États-Unis, le problème reste de taille, mais il existe un programme novateur de réutilisation.  La Wireless Foundation est un organisme qui regroupe les grandes entreprises du secteur du sans fil aux États-Unis et qui pilote des projets à portée sociale et philanthropique ayant recours à cette technologie.  C'est ainsi que, de concert avec la société Motorola et la National Coalition Against Domestic Violence (coalition nationale contre la violence familiale), la Wireless Foundation a lancé le programme «Call to Protect». 

Les personnes qui souhaitent se débarrasser de leur vieux téléphone cellulaire, plutôt que de le jeter, peuvent en faire don au programme.  Les appareils sont ensuite mis à niveau par Motorola et d'autres fabricants, puis modifiés de sorte qu'ils ne puissent composer que le numéro des services d'urgence 9-1-1 ou celui d'un centre d'aide pour femmes victimes de violence dans leur arrondissement.  Les appareils sont distribués gratuitement par des organismes locaux qui les remettent aux femmes à risque de violence disposant de peu de ressources.

Pourquoi des cellulaires? Selon les statistiques, les femmes qui quittent le foyer en raison de violence conjugale courent 75 % plus de risque de subir d'autres violences que celles qui restent au foyer.  Le fait de disposer d'un téléphone cellulaire leur confère donc une plus grande sécurité. 

Jusqu'à présent, le programme a permis de remettre plus de 30 000 téléphones cellulaires à des organismes locaux qui en ont assuré la distribution auprès de groupes d'aide aux femmes violentées.  C'est certes peu en fonction du volume d'appareils désuets qui hantent tiroirs et étagères, mais c'est un début, et pour une cause valable.

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  Les publicitaires sont-ils allés trop loin?
Il y a quelques mois, l'industrie de la pub en ligne adoptait de nouvelles normes relatives aux formats des bandeaux publicitaires affichés sur les pages Web.  D'abord bien perçues tant par les diffuseurs que les annonceurs, et acceptées avec un brin de résignation par les utilisateurs qui se disent qu'en bout de ligne (et en ligne), tout se paye, on a vu les nouveaux bandeaux foisonner.

Deuxième étape : sur certains sites québécois, des bandeaux grand format animés.  Sur les sites américains, du moins les sites que nous fréquentons régulièrement, les bandeaux carrés grand format ne comportent pas d'animation.  Chargement léger, graphiques simples et fixes, ils ne nuisent pas à la lisibilité du contenu et le «branding» passe.  En revanche, une pub animée de 300 pixels sur 300 constitue un sérieux élément de distraction visuelle.  On essaie de lire un paragraphe de texte, mais juste à côté du point de fixation oculaire, à quelques pixels de distance, ça n'arrête pas de bouger et de changer de couleur.  Il y a un seuil à l'attention disponible, et il était franchi.  Souvent, je me suis résigné à quitter l'article que je lisais (perte de portée du contenu), et je ne me souviens même plus de l'annonceur qui avait eu recours au stratagème (perte de «branding»).

Troisième astuce, plus récente, les pages complètes de pub «pop under».  On s'était habitué aux «pop up», les pubs interstitielles qui ouvrent une petite fenêtre distincte du fureteur.  Le «pop under» a pour caractéristique d'ouvrir une fenêtre de grand format, mais qui se «glisse» sous les autres fenêtres actives de votre bureau de travail.  Si, comme bien des gens, vous utilisez deux fureteurs avec au moins deux fenêtres actives, la lecture du New York Times et la consultation du moteur de recherche AltaVista entraînera l'ouverture de deux fenêtres supplémentaires uniquement pour faire place aux «pop under».  Ajoutez-les aux fenêtres du courriel, du traitement de texte, du dictionnaire sur cédérom, et autres essentiels du travail, et vous avez atteint le point de saturation.  Ou plutôt, on vous y a amené bien involontairement.

Il ne faut donc pas s'étonner de la montée en popularité d'outils comme WebWasher qui éliminent des pages Web les bandeaux publicitaires, les «pop up», «pop under», javascripts et autres astuces publicitaires.  Sans frais pour les particuliers, forfait minime pour les entreprises, WebWasher pèse tout au plus un mégaoctet en téléchargement et n'encombre pas la mémoire vive.  En outre, pour ceux et celles qui ne sont pas convertis à l'accès à haut débit (quand même la majorité des utilisateurs), ou qui fonctionnent en transit sur des portables, WebWasher allège grandement le chargement des pages.

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  En bref : la presse écope aussi; question de crédibilité; question d'honnêteté intellectuelle
Nous vous avons déjà parlé du «Layoff Tracker» du Industry Standard qui suit quotidiennement les congédiements, mises à pied et compressions de personnel des entreprises de la nouvelle économie depuis décembre 1999.  Au 23 juin, le Tracker recensait 120 933 pertes d'emploi dans quelque 835 entreprises.  Mais les médias ne sont pas épargnés par les rationalisations, et le site IWantMedia a décidé de procéder, lui aussi, au suivi des pertes d'emploi dans le secteur des médias.  En un peu plus d'un an, il y aurait eu plus de 100 000 pertes d'emplois attribuables au ralentissement de l'économie, au fléchissement du marché publicitaire, au mauvais rendement financier des médias en ligne et aux restructurations qui suivent inévitablement les fusions.  Moins exhaustif, mais tout aussi sombre dans ses bilans, le suivi de la saignée des effectifs dans les médias sur le portail d'emploi en journalisme JournalismJobs.Com, et celui du Online News Hour de la chaîne de télévision PBS.

Depuis ses débuts, le Web fait face à une crise de confiance.  Doit-on croire tout ce qu'on lit sur le Web? Peut-on faire confiance aux cyberdétaillants? La Consumers Union (union américaine des consommateurs) mieux connue pour la publication du mensuel «Consumer Reports» entend lancer un projet de crédibilité du Web (site à venir plus tard cette année) visant à établir un ensemble de principes visant à instaurer une plus grande confiance du public envers les sites Web transactionnels et d'information.  Beau Brendler, un des fondateurs du projet, a déclaré à Internet.Com avoir quatre grands projets pour l'année, dont un sur l'éthique et la crédibilité des moteurs de recherche, sur la signification véritable et l'importance de la notion de crédibilité pour les lecteurs et les consommateurs, et sur la façon dont les exploitants de sites Web tentent de gagner la confiance des utilisateurs qui consultent leurs sites.  Internet.Com rappelle qu'il existe déjà un «Web Credibility Project» au laboratoire de technologie persuasive de l'Université Stanford.  L'axe principal de recherche à Stanford consiste à déterminer les facteurs qui incitent les gens à croire ce qu'ils lisent sur le Web.

On peut s'en faire passer des belles sur le Web, et on le pouvait aussi si on était inscrit aux cours d'histoire du professeur Joseph Ellis au collège pour filles Mount Holyoke de South Hadley (Massachusetts).  Ellis est un auteur reconnu, fréquemment publié dans de grandes publications (Boston Globe, Washington Post, New York Times, Chicago Tribune, New Republic) et invité en qualité d'expert par les grandes chaînes de télévision.  Il est récipiendaire cette année du Prix Pulitzer dans la catégorie Histoire.  Ellis aimait bien entretenir ses étudiantes de ses prouesses à l'époque de la guerre du Viêtnam.  Il racontait, dans des cours d'histoire, mais aussi dans des cours de politique étrangère, de littérature et de culture générale, le temps qu'il avait passé comme soldat, puis commandant de peloton, dans la 101e division aéroportée.  Il aimait aussi raconter l'époque où il avait milité pour la cause des droits des noirs au Mississippi.  Mais le 11 juin dernier, le journaliste d'enquête Walter V. Robinson du Boston Globe faisait éclater la bulle : Ellis n'avait jamais milité pour les droits civils, et avait passé les années de la guerre du Viêtnam à enseigner l'histoire à l'académie militaire de West Point.  Confronté aux faits, Ellis n'a eu d'autre choix que de reconnaître avoir menti et de démissionner.  Tollé dans la presse qui a abondamment commenté l'affaire, tout comme dans les milieux universitaires.  La présidente du collège Holyoke, Joanne V.  Creighton, a écrit au Boston Globe : «Bien que j'aie été renversée d'apprendre les faits par la presse, je ne remet nullement en question son droit à exposer la vérité.» Heureusement que Ellis ne s'était pas vanté de ses actes d'héroïsme sur un site Web...

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Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

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