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Les Chroniques de Cybérie
5 octobre 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

5 octobre 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Internet au Québec : la semaine des gros sous
Droits de reproduction électronique : décision importante
L'«effet Taïwan» se fait sentir
Vienne : conférence sur la pornographie juvénile
Commerce électronique, version Peter Drucker
Dixit Laurent Laplante
Beau détour

 Internet au Québec : la semaine des gros sous
La semaine écoulée a été fertile en événements de toutes sortes liés à l'Internet québécois et canadien et à d'importantes manoeuvres financières.

Commençons par l'entrée officielle sur le parquet de la bourse de Montréal de la société Netgraphe jeudi, le 30 septembre dernier  Après avoir orchestré sa fusion avec une compagnie d'exploration minière en difficulté, puis s'être plié aux exigences des autorités de la Bourse de Montréal relatives à la nécessité d'une injection de fonds privés de 2,8 millions de dollars, le titre de Netgraphe (symbole WWW) a été lancé à 0,75 $ (prix des actions souscrites lors du financement privé), a établi un pic à 2,90 $ pour ensuite se stabiliser à environ 1,75 $  Avec 34 691 500 actions ordinaires émises et en circulation, la valeur en bourse de Netgraphe s'établit donc à 60 millions de dollars et des poussières.

Curieusement, l'adresse du navire amiral de Netgraphe, La Toile du Québec, répond toujours à www.toile.qc.ca, mais dans ses communications avec la presse (gérées par le cabinet de relations publiques National) Netgraphe utilise maintenant www.toile.com qui pointe vers le même serveur.

C'est aussi ce jeudi 30 septembre que Quebecor lançait son site d'information Canoë, version francophone du populaire portail anglophone Canoe dont Quebecor a hérité dans la foulée de l'achat de la chaîne de journaux Sun  Canoë, filiale de Quebecor Nouveaux Médias, compte sur une salle de rédaction autonome pour s'alimenter en nouvelles et actualités, mais est à même de puiser dans les contenus provenant des nombreuses publications et propriétés de Quebecor dont le réseau de télévision TQS, les hebdomadaires régionaux du groupe Bowes Publishing, les journaux Mirror et Ici, les magazines de Publicor dont Filles d’aujourd’hui et le magazine Écho Vedettes.

Toujours jeudi dernier, Quebecor annonçait (par l'entremise du cabinet de relations publiques National) la vente de sa filiale Intellia au Groupe Informission en échange d'une participation dans ce dernier  La transaction permettra à Quebecor d'exploiter de nouvelles sources de revenus et d'offrir à ses clients des services de commerce électronique  Quebecor détenait une participation de 80 % dans Intellia, une entreprise spécialisée dans les communications d'affaires sur Internet, et détiendra maintenant une part de 58 % dans la compagnie de services technologiques Informission  L'entente prévoit des investissements de la part de Quebecor de 40 millions $ dans Intellia et de 37,9 millions $ pour l'achat de Informission  Pierre Karl Péladeau, chef de la direction de Quebecor, a déclaré au Financial Post que cette transaction était davantage stratégique que financière  Pour sa part, le premier dirigeant d'Informission, Jacques Topping, a affirmé que le but d'Informission était de devenir la plus importante société de services Internet au Canada et d'être un des chefs de file du commerce électronique.

Un des mots clés, donc, de cette semaine : commerce électronique  Il y a deux semaines, on apprenait qu'à l'issue d'un appel d'offres, EDS Systemhouse (Québec) avait été retenue par la Direction générale des services informatiques gouvernementaux (DGSIG), organisme relevant du Conseil du trésor du Québec, pour la fourniture de services en transactions électroniques aux différents ministères et organismes publics du Québec  Le contrat, d'une valeur de 6 millions de dollars sur trois ans, porte sur la phase II du projet SERveur Transactionnel d'Information et de Repérage (SERTIR)  On apprenait également que EDS Systemhouse (Québec) s'est associée à Cognicase, une société au sein de laquelle elle détient une participation, pour réunir toutes les compétences recherchées par la DGSIG.

Incidemment, le 24 septembre dernier, la société Cognicase annonçait la nomination de l'ex-Premier ministre canadien Brian Mulroney à son conseil de direction  M. Mulroney (dont le porte-parole officiel est Luc Lavoie du cabinet de relations publiques National, anciennement correspondant parlementaire à Ottawa pour le réseau TVA puis attaché de presse de M. Mulroney) a dirigé les destinées du pays de 1984 à 1993; il est présentement associé principal au cabinet d'avocat Ogilvy Renault, et membre du conseil de direction de nombreuses sociétés canadiennes et américaines, dont Les Imprimeries Quebecor et Quebecor inc., et cette dernière, on le sait, navigue allègrement vers le commerce électronique.

Autre fait non négligeable, l'an dernier Cognicase, associée de EDS dans le projet SERTIR, recevait sous forme de crédits d'impôts une aide du gouvernement québécois totalisant près de 35 millions de dollars  D'après Monsieur André Tranchemontagne, député de Mont-Royal et porte-parole de l'Opposition officielle en matière d'industrie et commerce, «à cette époque, le président et chef de la direction avait reconnu que Cognicase aurait quand même fait ces investissements même si l'entreprise n'avait pas reçu ces crédits de la part du gouvernement  Mais on ne peut blâmer les entreprises qui ont raison d'accepter l'argent qui est offert à tout vent par le ministre des Finances  Il faut plutôt blâmer Bernard Landry pour son manque de jugement.»

Toujours concernant les affaires de gros sous, Bell Canada souhaite prendre le contrôle total de Sympatico.ca, ce qui lui permettrait de conclure une alliance avec un portail américain (Lycos) pour développer des activités dans le commerce électronique  Bell négocie l'achat de BCT.Telus Communications Inc  de sa participation de 16,2 % dans MediaLinx Interactive LP, l'entité créée par plusieurs compagnies de téléphones pour exploiter le service d'accès Sympatico et le portail du même nom  Les négociations achopperaient sur la détermination de la valeur de la marque Sympatico et du site Web que certains analystes estiment se situer entre 3 et 5 milliards de dollars  Sympatico compte quelque 550 000 abonnés, et le portail, avec 70 millions de pages visitées par mois, est la plus grosse locomotive du Web au Canada.

Et pour terminer cette avalanche de chiffres, un commentaire qui a fait hausser les sourcils  On lisait dans le Ottawa Citizen que l'ancienne Première ministre canadienne Kim Campbell invitait les entreprises canadiennes du secteur de la technologie à implanter leur siège social dans la Silicon Valley, aux États-Unis  Madame Campbell, qui est maintenant consul général du Canada en Californie, a affirmé au cours d'une allocution livrée dans le cadre des Conférences du maire de la Ville d'Ottawa que le Canada ne perdait rien quant une entreprise canadienne installait son siège social aux États-Unis  Elle s'est empressée d'ajouter que cela ne signifiait pas pour autant qu'il fallait déménager les centres de recherche et les usines de fabrication.

La table est donc mise, reste à voir les résultats.

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 Droits de reproduction électronique : décision importante
Une cause que nous suivons depuis un certain temps vient d'aboutir par une décision importante d'un tribunal fédéral américain  Les journaux et périodiques américains ne pourront plus reprendre sous forme de bases de données, ni diffuser sur leurs sites Web les textes de journalistes indépendants, sans autorisation expresse des auteurs.

La National Writers Union (NWU), association de journalistes indépendants, vient donc après une longue bataille juridique de voir affirmer les droits des journalistes sur la reproduction électronique de leurs textes  La NWU avait intenté une poursuite contre le New York Times, la base de données Lexis-Nexis et un groupe d'autres éditeurs, pour avoir reproduit sous forme électronique des textes de ses membres sans leur autorisation et sans les rémunérer pour cette seconde utilisation.

Jonathan Tasini, président de la NWU (5 400 membres) et principal plaignant dans cette cause a appelé les dirigeants de l'industrie de l'édition à éviter d'autres poursuites coûteuses en négociant immédiatement avec son organisme une méthode de rémunération juste et équitable pour la diffusion électronique et la revente de textes protégés en vertu des droits d'auteurs.

En 1997, la juge Sonia Sotomayor avait débouté la plainte de la NWU en déterminant que la reprise des textes pour constituer des archives électroniques était conforme au privilège de «révision» des «oeuvres collectives» prévu en vertu de l'alinéa 201(c) de la loi de 1976 sur le copyright  Les trois magistrats de la Cour d'appel ont cependant estimé que la juge Sotomayor avait mal interprété la notion de «révision» lorsqu'il s'agissait de vente à une base de données, de constitution de cédéroms ou de diffusion sur le Web  Cette décision du tribunal fédéral d'appel constitue donc un précédent de taille pour les auteurs, photographes et autres créateurs dont les oeuvres ont été reproduites sans leur autorisation.

Au Québec, dans le cas du recours collectif de l'Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), la première audience en Cour supérieure a été consacrée à l'exposé d'une demande des éditeurs qui exigent que leur soient divulgués les noms des journalistes pigistes pour lesquels l'AJIQ réclame dans cette poursuite des dédommagements de 30 millions de dollars auprès d'éditeurs québécois.

Se refusant à dévoiler les noms de ces journalistes en prétextant que ceux-ci s'exposeraient à des représailles de la part des éditeurs, c'est-à-dire à un refus systématique d'acheter leurs articles, l'Association s'est ensuite dite disposée à remettre ces noms aux procureurs des éditeurs, à condition toutefois qu'ils s'engagent à ne pas les faire connaître à leurs clients  Les procureurs ont refusé cette proposition; la juge Nicole Duval-Essler a pris la requête patronale en délibéré  À suivre.

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 L'«effet Taïwan» se fait sentir
Comme nous l'avons souligné la semaine dernière, le séisme de forte magnitude qui a secoué l'île de Taïwan a eu des effets dévastateurs sur l'industrie locale de la fabrication de composantes électroniques, qui occupe une place importante sur le marché mondial  Voilà que certaines craintes de pénurie et de hausses de prix se sont confirmées au cours des derniers jours, mettant en relief la fragilité des lois d'approvisionnement du marché de la technologie.

Par exemple, le fabricant Dell qui vend ses systèmes directement aux consommateurs et garantit habituellement une livraison dans les cinq jours exprime certaines réserves sur les livraisons futures  Cité par le service de nouvelles News.Com, un porte-parole de Dell a avoué que selon le type de système commandé, la livraison pourrait prendre jusqu'à deux semaines en raison d'une pénurie temporaire de composantes.

Effet immédiat en bourse, témoignant de la nervosité des marchés, la maison de courtage BancBoston a réduit la cote de Dell d'«achat suggéré» à «titre d'intérêt à long terme»  Explications de Robertson Stephens, analyste principal du secteur électronique chez BancBoston : «Nous croyons que l'interruption d'approvisionnement en circuits de mémoire, cartes maîtresses, processeurs d'affichage et microprocesseurs entraînent des problèmes de production dans toute l'industrie.»

Sur les marchés au comptant (spot market), le prix au volume a connu un bond sensible  On lisait dans PC World que la société Dataquest, qui surveille l'évolution du marché des composantes, rapportait qu'en juillet, période où il y avait abondance de puces de mémoire 100 MHz SDRAM, le prix était d'environ 4 $ l'unité  Avant le séisme à Taïwan, il avait grimpé à 15 $ en raison d'une forte demande sur le marché des ordinateurs (rentrée scolaire, approche de la saison des Fêtes)  Mais après que la terre eût tremblé à Taïwan, le prix a grimpé à 20 $ l'unité  Rob Enderle, vice-président du Giga Information Group, estime qu'il est possible que le prix total au détail d'un système puisse subir une hausse de 10 à 30 % selon l'endroit où il est assemblé.

La pénurie de composantes pourrait aussi retarder le lancement, sinon ralentir l'approvisionnement, de nouveaux produits de Apple comme la dernière mouture du iMac  On sait qu'il y a déjà délai d'attente de six semaines pour le iBook de Apple, et que les systèmes Power Mac G4 arrivent au compte-gouttes sur le marché  Encore une fois, en raison de la nervosité des marchés, le titre de Apple en bourse a glissé à 61,75 $ de 79,06 $ qu'il était le 20 septembre, veille du séisme à Taïwan.

La perturbation du marché des composantes, à la suite du séisme à Taïwan, illustre bien la fragilité du concept d'approvisionnement juste à temps, le fameux «just in time» devenu un credo pour des pans entiers des économies traditionnelles ou nouvelles  On réduit les inventaires, les investissements en composantes de base, et on optimise le capital investi  Par exemple, Dell ne disposait que d'une réserve de six jours de production en composantes  Beau principe, mais on voit comment la machine peut s'enrayer au premier grain de sable dans l'engrenage.

Faut-il s'inquiéter, nous, les consommateurs? Non, pas vraiment, à moins d'être prêt à effectuer un achat que l'on ne peut reporter à plus tard  Peu à peu le marché comblera les pénuries, et la vive concurrence entre fabricants, assembleurs et détaillants ravivera la guerre des prix, somme toute, bénéfique aux acheteurs  En revanche, si vous devez procéder à un achat au cours des semaines qui viennent, assurez-vous que le système que vous achetez correspond bel et bien à l'offre de vente  Certains revendeurs peu scrupuleux pourraient être tentés de substituer des composantes et les remplacer par des alternatives moins coûteuses, et moins performantes.

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 Vienne : conférence sur la pornographie juvénile
C'est à l'invitation du ministre autrichien des Affaires étrangères, Wolfgang Schuessel, et de la Secrétaire d'État américaine Madeleine Albright, que 250 représentants de pays de l'Union européenne, d'Europe de l'Est, d'Amérique du Nord et d'Asie se sont réunis à Vienne pour discuter du problème accablant que constitue l'échange sur Internet de matériel de pornographie juvénile.

En plus de condamner la production et la diffusion de matériel de pornographie juvénile, de nombreux intervenants ont insisté pour que des mesures plus concrètes soient prises pour contrer la simple possession dudit matériel  D'après M. Schuessel, c'est une question d'offre et de demande car «il est certain que les producteurs représentent l'élément le plus dangereux, mais sans ceux qui font de leur affaire la possession de ce matériel, les producteurs n'auraient aucune chance de monter des entreprises lucratives.»

Concertation, collaboration entre pays, harmonisation des systèmes juridiques étaient donc à l'ordre du jour à Vienne  On a aussi pointé du doigt certains pays d'Europe centrale et de l'Est vers lesquels auraient migré des producteurs de pornographie juvénile, sans pour autant faire mention d'une décision pour le moins renversante rendue récemment par une juge canadienne qui a estimé que la possession ne devait pas faire l’objet de recherches ou de poursuites de la part des autorités.

Comme d'habitude, lorsqu'on aborde la question de la pornographie juvénile, l'occasion présentée par la conférence de Vienne fut belle pour une certaine presse de casser du sucre sur le dos d'Internet, «le principal véhicule d'échange de pornographie juvénile».

À ce propos, un commentaire  Personne ne nie qu'Internet soit un véhicule de diffusion de pornographie juvénile, un véhicule parmi d'autres  Cependant, nombre d'observateurs se demandent, avec raison, à quoi tient le piétinage des autorités dans la répression de ces activités criminelles  On dépense des millions dans des systèmes de surveillance à tout crin des utilisateurs et utilisatrices du réseau, et on se dit incapable d'enrayer le problème de la diffusion de pornographie juvénile et d'en retracer les responsables  N'y a-t-il pas ici incohérence?

Si des programmeurs bénévoles parviennent à faire tomber les masques techniques derrière lesquels se cachent ceux qui inondent nos boîtes aux lettres de courrier électronique non sollicité (je parle ici du service SpamCop), et permettent de formuler des plaintes directement à leurs prestataires de services techniques, comment les autorités (y compris Interpol) peuvent-elles se réfugier derrière des arguments de manque de formation et de moyens techniques pour justifier leur inaction  Faudrait nous expliquer.

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 Commerce électronique, version Peter Drucker
Quiconque a déjà passé quelque temps dans les officines de la gestion publique ou privée connaît son nom  Peter F. Drucker, économiste, gourou des nouvelles méthodes, inspirateur de la gestion par objectifs, de l'habilitation des travailleurs (théorie de l'«empowerment») et d'autres trouvailles en vogue  Né en 1909 à Vienne, Drucker est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages sur les principes de gestion.

C'est le Atlantic Monthly qui nous livre les plus récentes observations de Peter Drucker sous le titre «Beyond the Information Revolution»  Drucker va droit au but : le facteur marquant de la révolution informationnelle n'est pas l'information en soi, ce n'est pas non plus l'intelligence artificielle ou quelque autre produit des technologies de l'information, c'est le commerce électronique.

Drucker soutient que l'avènement d'Internet comme véhicule principal d'échange de biens et de services, et aussi de manière surprenante dit-il, d'emplois, constitue une mutation profonde  Tout s'en trouve modifié : les économies, les marchés, le flot des produits et services, les canaux de distribution, la segmentation des consommateurs et leur comportement, le marché du travail et celui de l'emploi  Plus importante encore sera l'incidence sur les sociétés, la politique, notre perception du monde et de la place qu'on y occupe.

Avec force références historiques, Drucker tire de nombreux parallèles entre la révolution industrielle et la révolution informationnelle telle que nous l'avons vécue jusqu'à présent  Depuis les premiers ordinateurs dans les années quarante, peu de choses ont changé, somme toute, dans les processus décisionnels de l'industrie ou des gouvernements  Par contre, on a automatisé des fonctionnements routiniers et on a accéléré l'exécution de certaines tâches, d'où des économies de temps et d'argent.

Le monde de l'éducation n'échappe pas à la loupe de Drucker  Selon lui, dans cinquante ans, on en viendra peut-être enfin à comprendre qu'il n'y avait pas, en notre époque, de «crise de l'éducation», mais un mauvais arrimage entre la méthode traditionnelle d'enseignement, et la nouvelle méthode d'apprentissage des jeunes fortement influencés par l'ordinateur  À cet égard, Drucker établit un parallèle avec ce qui se passait au seizième siècle dans les universités, cent ans après l'invention des presses à imprimer et des caractères typographiques amovibles.

Ce que le chemin de fer a été pour la révolution industrielle, soit une modification profonde de ce qu'il appelle la «géographie mentale», le commerce électronique le sera pour la révolution informationnelle  Si le chemin de fer a permis de maîtriser la distance, la nouvelle géographie mentale d'Internet et du commerce électronique élimine la distance  Il n'y a plus qu'une seule économie, un seul marché.

Et aussi, toujours selon Drucker, un seul marché de l'emploi  Il constate que d'ores et déjà, la moitié des grandes sociétés recrutent leur personnel par l'entremise de pages Web  Un site qui offre de diffuser des curriculum vitae et des profils professionnels de chercheurs d'emplois compte à lui seul deux millions et demi d'inscriptions  Le marché du travail et celui de l'emploi, qu'on ne pouvait auparavant assimiler à celui du «commerce» à proprement parler, emboîtent le pas.

Ou plutôt, ce sont les travailleurs de l'économie du savoir qui se définissent un nouveau rôle et imposent de nouveaux rapports de force  La clé de la société du savoir n'est pas la technologie et l'électronique, c'est la science cognitive affirme Drucker  Ceci signifie que pour maintenir un leadership économique et technologique, il faudra veiller à la situation sociale des travailleurs de la connaissance et à l'acceptation de leurs valeurs, car peu d'entre eux, demande oblige, se satisferont de rôles d'employés au sens traditionnel.

De conclure Peter Drucker : «De plus en plus, le rendement de ces nouveaux secteurs reposant sur le savoir sera tributaire d'une gestion d'entreprise qui saura attirer, maintenir et motiver les travailleurs du savoir  Lorsqu'il deviendra difficile de répondre à leur attentes financières, comme c'est parfois le cas maintenant, il faudra alors chercher à correspondre à leurs valeurs, à leur accorder une reconnaissance sociale et davantage de pouvoirs au sein de la société  Une manière d'y arriver sera de les hausser de rang de subalternes à celui d'égaux, et d'employés, quoique bien rémunérés, à partenaires».

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 Dixit Laurent Laplante
Il y a une dizaine de jours, le Parti québécois tenait un conseil national à Drummondville  Le gouvernement est aux prises avec de difficiles négociations avec le front commun syndical des employés de l'État, et quelques centaines de manifestants étaient sur place pour rappeler aux ministres, entre autres, leur mécontentement relatif aux offres salariales jugées insuffisantes.

Parmi ces manifestants, un groupe de policiers de la Sûreté du Québec (SQ), venus dans des véhicules de la SQ, en uniforme, armés, mais qui avaient pris bien soin de retirer de leur uniforme leur identification nominative  Invectives, bousculades avec les gardes du corps des ministres  On se serait cru dans une république de bananes et non dans un État de droit  Commentaire de Tony Cannavino, président de l'Association des policiers provinciaux du Québec : «Un policier, ça vient avec une arme et un uniforme.»

Réaction du ministre de la Sécurité publique : les directives seront modifiées pour interdire de manière spécifique le port de l'uniforme et de l'arme lors de manifestations syndicales  «Quant à l'enquête criminelle sur la bousculade qui serait survenue impliquant un garde du corps et un ou des policiers de la Sûreté du Québec, elle se poursuit  Il en est également ainsi de l'étude de l'aspect disciplinaire afin de déterminer s'il est possible de porter des plaintes à l'égard des policiers ayant participé à la manifestation.»

Autrement dit, «vous avez été laids, ne recommencez plus».

La prudence des politiciens et de la presse dans ce dossier ne trouve pas son adéquation dans le public qui a été choqué de voir ces événements repris dans les téléjournaux, et l'impunité apparente d'une minorité, il faut le préciser, de policiers ayant agi de la sorte.

«Un beau test politique»  C'est le titre du premier commentaire sur le site «Dixit Laurent Laplante» que nous avions le plaisir de lancer jeudi dernier  Communicateur, journaliste, éditorialiste et essayiste bien connu, Laurent Laplante livrera régulièrement son opinion sur des questions d'actualité nationale ou internationale.

Quant aux policiers manifestants, Laplante nous dit : «Face à la déclaration trompeuse et méprisante du leader syndical, on hésite entre deux hypothèses qui ne sont d’ailleurs pas incompatibles : s’agit-il de sophisme ou de sottise? D’une part, le monsieur oublie de justifier le port de l’uniforme dans une manifestation syndicale; d’autre part, le monsieur néglige d’expliquer pourquoi les policiers, assez "scrupuleux" pour lier l’arme à l’uniforme, ont omis d’arborer l’identification, qui, autant et plus que le revolver, fait partie de l’uniforme.»

Nous sommes très heureux d'accueillir M. Laplante dans l'espace Cybérie, et nous vous invitons à consulter ses autres livraisons, dont son billet sur le boycott des activités para-scolaires par les enseignants québécois, «L'école réduite à ses salles de cours»   Là encore, perspective inédite.

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 Beau détour
Cette semaine, «Masters of Photography», une collection apprciable de photos de maîtres de la photographie, de Berenice Abbott à Garry Winogrand, en passant par Doisneau, Kertesz, Nadar et bien d'autres.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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