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Les Chroniques de Cybérie

Le 2 mai 1997.
© Les Éditions Cybérie

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

LA CHOSE POLITIQUE
On parle assez d'élection ces temps-ci, n'en jetons plus, la cour est pleine.  Mais pour ceux et celles que la chose intéresse, soulignons que les résultats des élections en Grande- Bretagne sont disponibles, assortis de commentaires et d'analyses, sur le site GE'97, que l'actualité des législatives françaises est suivie de près, entre autres, sur le site Nomade/AFP ainsi que sur celui de MagNet sur France Pratique, et que les élections générales canadiennes ont fait l'objet du lancement de notre site Décision 1997 dimanche dernier.

LES FEMMES PLUS DANGEREUSES QUE LE KKK?
Deux causes ont ranimé la question de la censure des contenus véhiculés sur Internet au cours des derniers jours.  Un cadre de la filiale allemande de CompuServe a été mis en accusation pour avoir permis la circulation de matériel pornographique, comme nous l'apprenait le périodique électronique Wired; le plus important réseau universitaire allemand a bloqué l'accès à tous les sites d'un serveur néerlandais qui abrite le journal de contestation Radikal, mais s'est depuis ravisé.

Les tenants du contrôle des contenus sur Internet encouragent l'utilisation des logiciels de filtrage de contenus que l'on installe sur son ordinateur et qui jouent en contrepoint, avec le fureteur, la mélodie de la censure.  Mais voilà de quoi déchanter.  Le site Web Censorware Search Engine (Ndlr. site non disponible) a intégré les bases de données de sites censurés par cinq des principaux logiciels de filtrage (CYBERsitter, NetNanny, SurfWatch, The Internet Filter et CyberPatrol) et permet de vérifier si une adresse Web sera éventuellement prises dans les mailles du filtre.  Évidemment, le cas classique d'étroitesse est le site du National Organization for Women (NOW), organisme national américain de défense des droits des femmes, censuré par CYBERsitter.

On peut s'amuser, comme nous l'avons fait, à vérifier d'autres adresses, question de voir l'efficacité présumée des logiciels sensés protéger la pureté d'esprit des jeunes utilisateurs et utilisatrices de l'Internet.

Au cours des années 70 et 80, la School of the Americas (SOA), établissement de la Défense américaine, servait à former des cadres et des agents des forces de sécurité des pays latino-américains et, on en a fait la preuve, d'agents qui se retrouvaient éventuellement à la solde de la CIA.  Les manuels de formation de cette école très particulière ont été rendus publics à la suite des demandes présentées par des groupes de défense des droits de la personne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.  Pour prouver au monde entier ce qui se passait vraiment à la SOA, l'organisme Derechos diffuse, depuis son site, la version intégrale de certains de ces manuels dans lesquels on trouve, entre bien d'autres informations particulières, des recettes servant à concocter des engins explosifs artisanaux à partir de matériaux ordinaires.  En outre, le site propose de nombreux témoignages de personnes ayant été torturées par les diplômés de la SOA; je vous fais grâce des détails.  Sur la stricte base des contenus, le site de Derechos n'est filtré par aucun des logiciels filtres.

Autre exemple, nous vous parlions, il y a quelques semaines, de l'organisation extrémiste Ku Klux Klan qui a son site officiel sur le Web.  On sait tous ce que le KKK représente : suprématie blanche, lynchage, cagoules blanches, croix incendiées, etc.  Étrangement, là encore, aucun des cinq logiciels ne filtre le contenu du site Web du KKK.  Serait-ce que le KKK n'accepte par les féministes dans ses rangs?

CYBERMÉTRIE
Le Réseau interordinateurs scientifique québécois (RISQ), division du Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM), a dévoilé les résultats de la troisième enquête Web sur les internautes québécois.

La question de la censure préoccupe ici aussi la clientèle des réseaux.  Une assez forte proportion de répondants (28,3 %) se sont prononcés en faveur de la censure de certains types de contenu sur le réseau.  Il convient ici de souligner l'écart selon le sexe; ce pourcentage est beaucoup plus élevé chez les femmes que chez les hommes, soit 43,4 % comparativement à 23,1 %.  Nous avons d'ailleurs été invité à commenter la question de la censure sur les pages des résultats de l'enquête.

Plus généralement, on constate une diversification du profil socio-démographique de la clientèle, une présence accrue des femmes et des jeunes, et un intérêt grandissant chez les aînés.

Le Web et le courrier électronique constituent de loin les services les plus utilisés par les répondants.  Tous les autres services de communication du réseau, tels que le FTP, Telnet et Gopher, connaissent une baisse accrue de popularité, à l'exception du service de conversation Chat/IRC.  Ce dernier est particulièrement utilisé par les jeunes répondants qui sont, avec les participants âgés de 65 ans ou plus, ceux qui consacrent le plus d'heures au réseau chaque semaine, pour se divertir.

L'échantillon porte sur plus de 7 500 personnes, comparativement à 5 570 pour la deuxième enquête, tenue au mois de septembre, et à 3 454 pour la première, menée en mars 1996.  Les enquêtes du RISQ sont non probabilistes, c'est-à-dire qu'elles reposent sur une participation volontaire des internautes.  Les résultats s'appliquent donc uniquement à l'ensemble des répondants, et non pas à l'ensemble des internautes québécois.

Pour sa part, le gouvernement canadien a publié les résultats de son sondage sur l'utilisation des sites Internet de l'administration fédérale (SIAF).  Environ 26 % des répondants consultent les SIAF quelques fois par semaine, et près de 20 % les consultent au moins une fois par jour.  Les principaux motifs les plus souvent invoqués pour accéder aux SIAF sont la quête de renseignements spécifiques (53,3 %), la recherche et l'éducation (26,3 %), le divertissement ou la curiosité (10,1 %) et les affaires (7,3 %).  Quant à la qualité du français, 38,6 % la trouvent excellente ou bonne, tandis qu'environ 8 % indiquent qu'elle est moyenne ou piètre et, assez curieusement, près de 54 % n'ont pas d'opinion à ce sujet.

Autres données, selon une enquête menée par la maison américaine de sondage Harris pour le compte de Business Week, la clientèle des réseaux serait en mutation.  Adieu surfeurs, bienvenue cybernautes, citoyens du cyberespace et des communautés virtuelles.  Finie l'ère des nomades du réseau qui errent sans but véritable d'un site à un autre.  Cinquante-sept pour cent des répondants disent avoir contracté des habitudes et retournent sur une liste limitée de sites.  Parmi les 89 % de répondants qui font usage du courrier électronique, plus d'un tiers ont le sentiment d'appartenir à une communauté virtuelle.

Ces communautés virtuelles s'articulent présentement autour de forums d'échanges sur canaux IRC, ou de forums modérés sur des sites Web.  Dans bien des cas, l'attrait est de nature professionnelle (42 %), communautaire ou sociale (35 %), ou relève d'un passe-temps partagé avec d'autres (18 %).

DOSSIER PUBLICITÉ
Toujours selon cette enquête du Business Week, en raison de la spécialisation de la clientèle, l'achalandage qu'entraîne la création d'une communauté virtuelle se traduit par des revenus publicitaires accrus pour les sites Web qui les hébergent.  Le coût par mille (CPM) d'«impression» publicitaire, c'est-à-dire le nombre de fois qu'une publicité est vue par une personne, bien que constituant une échelle de mesure surannée et mal appropriée au Web, a augmenté pour des sites comme celui destiné aux femmes professionnelles, Women's Wire (qui est passé de 20 $ à 50 $ US depuis l'été dernier).  Dans le cas de Firefly, un service d'information et d'échange auquel il faut s'abonner, le CPM se situe entre 70 $ et 100 $, alors que la moyenne des sites généralistes commandent des CPM de 30 $.

Autre développement dans le secteur du Web commercial et publicitaire, les trois grands de l'automobile américains (Ford, Chrysler, GM) songeraient à annoncer davantage sur le Web.  C'est ce qu'on apprenait cette semaine du Detroit News.  L'ensemble des dépenses publicitaires des trois manufacturiers s'élève à 3,5 milliards par année, mais une infime partie seulement est affectée au Web.  En fait, au cours de l'année 1996, aucun des trois ne figurait sur la liste des 25 plus importants annonceurs sur le Web; le seul manufacturier automobile qui s'y trouvait était Toyota qui se classait au quatorzième rang avec des dépenses de 2,2 millions de dollars.

Et pour ce qui est des bandeaux publicitaires qu'on voit partout sur le Web et sur lesquels, parfois, on clique, sont-ils efficaces?  Tout est dans le choix de l'endroit où ils figurent sur une page, si on en croit une récente étude effectuée par les étudiants en cybermarketing de l'Université du Michigan, sous la direction du professeur Sunil Gupta, et publiée sur le site fétiche de bien des webmestres, WebReference.  Les agences et les annonceurs (car ils exigent parfois de décider de l'emplacement d'un bandeau sur une page) ont souvent insisté pour qu'ils occupent le haut de l'écran.  Eh bien, selon cette étude, les soi-disant spécialistes se sont gourés depuis le début.  Un bandeau placé en bas, à droite de l'écran, obtient un «taux de click» de 228 % supérieur aux bandeaux placés en haut des pages.  Un bandeau placé au tiers du haut de la page-écran obtient 77 % plus de résultats que le bandeau de haut de page.  Les chercheurs n'ont pu conclure avec certitude de l'avantage de placer deux bandeaux pour un même annonceur sur une même page.

POUSSEZ, POUSSEZ
Lorsque nous avons assisté au lancement de la deuxième édition du Vocabulaire de l'Internet de l'Office de la langue française en mars dernier, nous avons eu le plaisir de rencontrer les terminologues responsables de l'élaboration de l'ouvrage, et de leur poser quelques questions.  Entre autres, comment parler du push technology autrement que par système d'«information à la carte» qui ne rend pas exactement le concept de cette technique?

Nous avons eu le plaisir, cette semaine, de recevoir par courrier électronique des propositions de traduction en rapport avec le concept de webcasting et de push technology, que voici :

webcasting = webdiffusion (sur le modèle de radiodiffusion ou télédiffusion);
push technology = technologie du pousser;
pull technology = technologie du tirer;
push-pull technology = technologie du pousser-tirer;
push client software = client pousseur;
information pusher = pousseur d'information.

Selon Corinne Kempa, terminologue à l'OLF, «pousser et tirer sont utilisés sur le modèle des verbes copier ou coller dans les expression bien connues : faire du copier-coller, un copier-coller, etc.  Les traductions de push et pull me semblent très parlantes puisque, dans le cas du pousser (push), on pousse l'information vers l'utilisateur et dans le cas du tirer (pull), l'utilisateur tire l'information vers lui.»

C'est Ernest Renan qui disait, dans L'origine du langage, que «ce qui paraît l'oeuvre de tous aura été en réalité l'oeuvre d'un petit nombre en qui se personnifiait l'esprit de tous.» Si vous souhaitez faire partie de ce petit nombre de personnes qui oeuvrent à l'élaboration de la terminologie technique de l'époque où nous vivons et y aller de vos suggestions ou commentaires, les coordonnées de l'OLF et de ses terminologues figurent à l'adresse Web pré-citée.

BIBLIOTHÈQUES BRANCHÉES
La Ville de Montréal, grâce à une subvention de 630 000 $ du Fonds de l'autoroute de l'information, a entrepris de doter ses 23 bibliothèques de quartier, ainsi que la Phonotèque et la Bibliothèque centrale, de postes d'accès à Internet, comme le rapporte Bénéfice.net.  Le programme d'implantation des postes Internet s'échelonnera jusqu'au printemps 1998, au rythme d'une bibliothèque aux trois semaines environ.

Des mesures comme celles-ci, et le branchement des écoles et des bibliothèques un peu partout en province, que l'on voudrait voir adoptées à vitesse grand V, remettent en question le rôle traditionnel des bibliothécaires.  Ces spécialistes de l'information se retrouvent souvent aux premières lignes pour venir en aide aux novices des réseaux qui feront leurs premiers pas sur les inforoutes dans le cadre de bibliothèques publiques, scolaires ou privées.  Consciente de ce nouveau rôle, c'est sous le thème «L'économie du savoir : à la recherche d'un équilibre» que la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec (CBPQ) tiendra son 28e congrès annuel du 22 au 24 mai à Sainte-Foy.

Comme l'annonce le thème, il sera beaucoup question d'Internet à ce congrès, notamment de l'édition électronique, de la gestion et du développement de sites Web, de l'appropriation des inforoutes par les francophones, et de propriété intellectuelle.  Le programme complet est disponible sur le site de la Corporation.

PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
Pas facile à défendre, le droit de propriété intellectuelle, surtout avec l'avènement des nouvelles technologies.  Voici que l'on lance un débat sur le Web concernant une cause entendue par la Cour supérieure du Québec qui opposait vicovi.com, promoteur d'un répertoire touristique québécois, à Bell Canada et ses filiales Bell Sygma Inc. (BSI) et Bell Solutions Globales (BSG).  Si les juristes sont parfois d'une précision désarmante, on ne peut en dire autant du juge Claude Tellier qui, devant trancher dans l'affaire de l'injonction demandée par vicovi.com contre Bell, BSG et BSI, a rendu jugement en faveur des parties défenderesses.  Vicovi.com accusait Bell d'avoir plagié un nom de domaine, ainsi que le titre et le contenu d'un cédérom, sur lesquels il prétendait détenir les droits.  Le juge n'a pas conclu au plagiat, ni pour le titre, ni pour le contenu du cédérom.  Pour ce qui est du nom de domaine, le juge a statué que «Bell Sygma s'est révélée plus rapide que la demanderesse pour enregistrer le nom de son site, ce qui ne lui confère pas, par le fait même, une exclusivité, mais Internet n'est pas une agence légalement autorisée à reconnaître des droits en vertu de la Loi concernant le droit d'auteur (S.R. ch. C-30 et amendement).  Internet suit la règle du premier arrivé et ne se soucie pas de trancher les conflits de ce genre et elle fait bien.  Tout ceci pour dire que BSI a été la plus rapide et a en somme joué à plein le jeu de la concurrence et la Cour n'y peut rien.» Tous les détails sur le site Web, le débat est lancé.

TRÂN TRIÊU QUÂN : SUIVI
On vous en avait déjà parlé en avril dernier, puis encore en septembre.  C'est l'affaire de cet homme d'affaire canadien d'origine vietnamienne, emprisonné dans son pays d'origine pour une fausse affaire de fraude.  Mobilisation de ses amis et de son entourage, pressions sur les politiciens, et site Web (Ndlr. Depuis inactif) pour expliquer la cause et susciter des appuis.  Bonne nouvelle, on apprenait hier que Trân Triêu Quân avait été libéré, et il est maintenant de retour parmi les siens.

CLAUDE LÉVEILLÉ EN DIRECT
À la suite du succès remporté par la diffusion en intégrale de son concert «Bagages oubliés» le 25 avril dernier sur le réseau Internet, et à la demande d'un grand nombre d'usagers qui n'ont pas pu se brancher, Claude Léveillé diffusera de nouveau en direct son spectacle ce vendredi, 2 mai, à partir de 20 h (heure de Montréal).  Cette webdiffusion en RealMedia (RealAudio pour le son et RealVideo pour l'image) donnera aux cybernautes l'occasion d'assister à ce spectacle qui se donne présentement à guichet fermé.  Depuis le site Web de Mlink Internet et Tremblay Desjardins Communicateurs, MTlink.

BEAU DÉTOUR
Un beau détour plutôt cérébral cette semaine.  C'est le 50e anniversaire du transistor, ancêtre de la puce, grâce auquel nous communiquons ensemble aujourd'hui au moyen de nos ordinateurs.  Lucent Technologies nous propose un site pour tout savoir sur l'origine de cette invention, ses inventeurs, son évolution, ses utilisations, et sur les technologies du futur.

12/18
Il y a 12 mois, dans la Chronique du 3 mai 1996, place au Festival international de jazz de Montréal.  Cette année encore, des grands noms : Tony Bennett, Herbie Hancock accompagné de Michael Brecker et John Scofield, le Manhattan Transfer avec le Count Basie Orchestra.  Les billets sont déjà en vente.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 1er décembre 1995, pour ceux et celles qui pensent aux vacances, les îles de Saint-Pierre et Miquelon... la plage, la mer...

Bonne semaine à tous et à toutes,

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca

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