ACCUEIL | ARCHIVES | RECHERCHE S'ABONNER | NOUS ÉCRIRE
Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 11 décembre 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  La remontée en faveur du .CA
Jeudi dernier, dans Multimédium, je soulignais le premier anniversaire de l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI), organisme chargé de gérer l'attribution des noms de domaines .CA et de ses déclinaisons provinciales (comme .QC.CA pour le Québec).  Je parlais également de l'avantage pour des sites commerciaux ou transactionnels d'évoluer dans le domaine .CA en citant les propos recueillis en 1999 de David Cliche, alors ministre québécois délégué à l'Autoroute de l'information et aux Services gouvernementaux : «Vous savez, une entreprise qui a un nom de domaine .QC.CA communique un message de fiabilité et de sérieux.  Au Québec, nous avons parmi les meilleures lois au monde en matière de protection des renseignements personnels et de protection des consommateurs.  Ça ne passe pas inaperçu.»

Les résultats d'un sondage du cabinet Strategic Counsel sur les attitudes et les perceptions des Canadiens vis-à-vis du domaine .CA ont depuis été publiés et se révèlent très positifs pour l'image de confiance que projette le nom de domaine canadien.  Ils nous apprennent qu'à l'approche des Fêtes, 70 % des Canadiens et Canadiennes préféreraient faire leurs emplettes de Noël sur des sites Web .CA plutôt que sur des sites .COM.  La question de savoir avec qui on transige semble importante pour les répondants : 73 % associent les sites Web .CA à des entreprises et à des organismes canadiens alors que 81 % associent les sites Web .COM à des entreprises et à des organismes étasuniens, bien que ce domaine soit tout aussi accessible aux cyberdétaillants canadiens.

Autres données du sondage : 81 % des utilisateurs canadiens d'Internet estiment que les entreprises et les organismes canadiens devraient utiliser le domaine .CA pour leurs sites Web; 90 % croient qu'il est important d'exploiter le domaine .CA comme une ressource pour les Canadiens.

Cette remise en valeur du .CA fait d'ailleurs l'objet d'une campagne de fierté nationale à l'égard du nom de domaine lancée jeudi dernier par la société Momentous.Ca.  La campagne «Proudly.Ca» (sans équivalent francophone pour des raisons qu'on ignore...) se propose de souligner les réalisations canadiennes en matière d'innovation et de recherche.  De plus, on invite les détenteurs de noms de domaines .CA à afficher sur leurs sites le logo Proudly.Ca et la feuille d'érable, de quoi réjouir à coup sûr la ministre du Patrimoine Sheila Copps.

Haut de la page

  Virus/vers : le feu de paille de «Goner», les fabricants n'allumeront pas la lanterne magique
Mardi dernier, un autre virus/ver était détecté en France et commençait à se propager rapidement selon certaines sources : Goner.  Scénario typique : un message accompagné d'un fichier joint (protecteur d'écran avec extension .scr), message insipide enjoignant le destinataire à activer le fichier, etc.  Il devait théoriquement s'attaquer aux logiciels antivirus installés sur les systèmes, mais qui n'auraient pas été mis à jour.  La propagation a été de courte durée car Goner semble s'être évanoui dans l'espace cyber aussi rapidement qu'il était arrivé si on en croit le graphique d'activité de MessageLab, société spécialisée en sécurité informatique.

Le jour même de la découverte de Goner, Rob Rosenberger prédisait sur son site Virus Myths, voué à la démystification des virus et des fausses alertes, que Goner causerait plus de peur que de mal, que les médias traditionnels en feraient grand cas, mais que tout se résorberait rapidement.  Rosenberger disait aussi que MessageLabs, chouchou des médias en raison de ses rapports de propagation en temps réel, retiendrait beaucoup d'attention.

Les prédictions de Rosenberger se sont avérées.  Cependant, dans les rapports de MessageLabs, certaines données sont pour le moins frappantes.  Au cours des premières 24 heures de l'incident Goner, 93 % des cas d'infection ont été signalés dans des entreprises, proportion qui s'établissait à 84 % la deuxième journée.  Ce modèle de propagation diffère sensiblement d'autres cas récents où la propagation se fait d'abord entre utilisateurs particuliers, puis rejoint les systèmes commerciaux et gouvernementaux.  Quoiqu'il en soit, on apprenait hier de l'agence Reuters l'arrestation de quatre jeunes israéliens d'âge mineur accusés d'avoir concocté Goner.

Par ailleurs, dans le dossier «lanterne magique» (voir notre chronique précédente), Reuters rapporte que quatre fabricants de logiciels antivirus (Symantec, McAfee, Trend Micro, Sophos) ont déclaré qu'ils n'ouvriraient pas la porte à un virus/ver de surveillance électronique qu'on soupçonne le FBI de vouloir utiliser dans sa lutte au terrorisme.  Cette décision serait davantage liée aux activités de certains fabricants dans des marchés émergents (comme la Chine) qu'à des préoccupations d'ordre éthique pour les clients actuels.

Haut de la page

  La vie après la vie pour le Standard
En août dernier (notre chronique du 21 août 2001), nous déplorions la fermeture du Industry Standard en raison de difficultés financières que la société mère International Data Group (IDG) et les autres actionnaires ne pouvaient résoudre.

Le Standard a refait surface en fin de semaine dernière, mais d'une bien curieuse manière.  La société IDG a décidé de rouvir le site Web du Standard, sans publicité et uniquement pour les archives (la plupart des articles publiés entre janvier 1998 et septembre 2001), mais sans moteur de recherche interne.  Dans une colonne à droite de l'écran sont affichées les titres des plus récentes dépêches de IDG.NET.  Une recherche sur les sites de IDG.NET et IDG.COM n'a pas permis de trouver un communiqué expliquant ce retour pour le moins étrange des archives du Standard.

Par ailleurs, bonne nouvelle pour les adeptes de la lettre «Media Grok» que publiait le Standard et qui avait survécu quelques semaines à la fermeture du site principal.  Jim Guterman, rédacteur en chef du Grok, nous annonce du nouveau pour le 4 janvier 2002.  On croit savoir que Guterman reprendra à son compte la publication du Grok.

Haut de la page

  Le courriel gonfle le volume de documents protégés...
Aux États-Unis, le Information Security Oversight Office (ISOO - bureau de surveillance de la sécurité de l'information) remettait le 17 septembre dernier son rapport annuel dont une copie est maintenant disponible en ligne sur le site de la Federation of American Scientists (FAS).  On y apprend qu'au cours de l'exercice 2000, les divers ministères et organismes de l'administration publique ont déclassifié environ 75 millions de pages de documents initialement protégés pour des raisons de sécurité, et que depuis l'entrée en vigueur de nouvelles règles de déclassification en octobre 1995, c'est plus de 795 millions de pages de documents ayant une possible valeur historique qui ont été rendues accessibles au public.

Toujours pour l'exercice 2000, le ministère de la Défense a déclassifé 51 millions de pages de documents, une baisse de 28 millions de pages par rapport à l'exercice précédent, mais néanmoins 69 % du volume de pages déclassifiées.  On estime que le processus de classification des documents coûte annuellement 4,3 milliards de dollars aux 35 ministères et organismes publics (incluant le ministère de la Défense, et excluant les services de renseignement de la CIA), et que la déclassification coûte annuellement 230 millions de dollars.  L'ISOO admet cependant accuser un retard dans ses travaux de déclassification pour 526 millions de pages de documents.

Steven Garfinkel, directeur de l'ISOO, évoque dans son rapport le problème suscité par le recours plus fréquent au courriel.  D'écrire Garfinkel, «l'information qui était autrefois échangée verbalement dans des millions de conversations téléphoniques sur circuits protégés, et qui échappait au processus de classification des documents, est maintenant échangée par courriel et électroniquement stockée.  Ces échanges doivent donc faire l'objet de décisions de classification.»

Le problème tiendrait aux nombreux renvois de courriels (forward) et fichiers joints qu'expéditeurs et destinataires font circuler de sorte qu'un même document peut se retrouver dans des centaines de boîtes aux lettres électroniques dans diverses agences.  L'ISOO reconnaît que le nouvel environnement électronique pose des problèmes quant au volume de documents exigeant une décision de classification, et qu'il faudra sous peu adopter des règles adéquates pour gérer ces documents.

Haut de la page

  ...  et Dubya retarde la publication d'archives présidentielles
C'est en 1978 qu'on adoptait aux États-Unis la Loi sur les documents présidentiels (Presidential Records Act).  En vertu de cette loi, les documents confidentiels soutenant la prise de décision d'un président, y compris ses échanges avec ses conseillers, doivent être rendus publics après un délai de 12 ans à compter de la fin de son mandat. 

Dans l'après-coup du psychodrame politique déclenché par l'affaire Watergate, les législateurs étasuniens avaient jugé à propos cette mesure temporisée de transparence.  Normalement, le 20 janvier dernier, près de 70 000 pages de documents présidentiels de l'administration de Ronald Reagan devaient donc être rendus publics.  Mais c'était sans compter les souhaits de l'administration Bush II qui a retardé la publication de ces documents, malgré les protestations d'historiens et des responsables des archives publiques.

Le 1er novembre dernier, par décret présidentiel, George Dubya Bush abolissait la Loi sur les documents présidentiels en permettant aux anciens présidents de s'objecter indéfiniment à la publication de leurs archives.

Les réactions sont multiples.  Alors que l'attention publique est monopolisée par la lutte au terrorisme et le déroulement des événements sur le terrain, certains voient dans ce décret l'imposition d'un sceau de confidentialité qui soustraira de l'examen par les historiens les processus qui soutiennent des décisions qui nous touchent tous.  Pour Hugh Graham, historien à l'université Vanderbilt, l'administration Bush II verrait loin.  Cité dans le Washington Post, Graham a déclaré : «Le pouvoir exécutif s'oriente sérieusement vers une stratégie de coups fourrés, bien possiblement vers des assassinats à l'étranger et autres infractions aux normes américaines et à la Charte des Nations Unies.  Il y aura beaucoup de choses à dissimuler.»

L'organisme Public Citizen, de concert avec la American Historical Association, la Organization of American Historians, le National Security Archive et le Reporters Committee for Freedom of the Press, a résolu de contester le décret présidentiel devant les tribunaux.  Public Citizen rappelle que le décret autorise également les vice-présidents à s'objecter à la divulgation de leurs documents officiels, et que le premier vice-président à pouvoir se prémunir des dispositions du décret est George Bush père, qui occupait ce poste sous Ronald Reagan.

D'autres personnes, occupant des postes importants dans l'administration Bush fils, ont intérêt au maintien du silence sur leurs actions durant l'administration Reagan puis de Bush père.  Parmi elles, le chef de cabinet de Bush fils, Andrew Card (adjoint au chef de cabinet John Sununu sous Bush père), l'actuel secrétaire d'État Colin Powell (rôle important dans l'envoi de missiles en Iran, ventes d'armes à l'Irak, invasion du Panama), le directeur du budget Mitch Daniels (conseiller de Reagan en matière de politique et de relations intergouvernementales), un cadre supérieur du National Security Council, Elliott Abrams (inculpé puis pardonné dans l'affaire Iran-contra), et l'ambassadeur aux Nations Unies John Negroponte (alors ambassadeur au Honduras).

Une des personnes qui attendait certainement avec impatience la divulgation des archives de l'administration Reagan est Gary Webb, auteur de la série d'articles «Dark Alliance» publiés en 1996 dans les pages du Mercury News.  Rappel des faits : Webb établissait un lien direct entre l'entrée du crack (drogue composée à partir de cocaïne) sur le marché de San Francisco et une opération de financement des contras nicaraguayens qui se serait déroulée avec l'aide d'agents de la CIA dans les années quatre-vingt.  La drogue entrait aux États-Unis avec la complicité de la CIA qui, avec les produits de la vente, procédait à l'achat d'armes destinées à renverser le gouvernement sandiniste.  La divulgation des archives présidentielles de Ronald Reagan aurait pu jeter un peu plus de lumière sur toute cette affaire.

Premier véritable méga succès pour un média en ligne, le San Jose Mercury News enregistrait jusqu'à 1,3 million de requêtes par jour pour les articles de Gary Webb.  Souvenons-nous que c'était en 1996, bien avant l'atteinte d'une «masse critique» d'utilisateurs du réseau.

La CIA fit enquête sur les allégations de Webb et produisit un rapport de 300 pages dans lequel elle avoua à mots couverts la véracité de la plupart des affirmations de Webb.  Ce dernier publia une version livre de son enquête journalistique, mais fut «tabletté» et affecté à un bureau régional par le Mercury News qui en était venu à estimer son travail de recherche «incomplet».  La série d'articles fut retirée du site Web du Mercury News, mais on la trouve reprise ailleurs.

Haut de la page

  En bref : First Monday et la crise; fracture numérique au Moyen-Orient; les souhaits électroniques grugent la bande passante
Les habitués de ces Chroniques connaissent le plaisir que nous avons à lire le journal scientifique sur la communication réseau First Monday.  L'édition de décembre 2001 ne déçoit pas en proposant, entre autres, trois textes sur les effets du 11 septembre sur la communication.  Notamment, le texte de Michael Blakemore et Roger Longhorn, «Communicating Information about the World Trade Center Disaster: Ripples, Reverberations, and Repercussions», analyse le comportement des médias traditionnels et Internet dans la semaine qui a suivi les attaques terroristes, puis dans la phase plus réflective des semaines qui ont suivi.  Les auteurs examinent également les divers niveaux de langage employés, soit que l'on se soit informé à partir du Moscow Times, de la Pravda, du Times of India, du Straits Times (Singapour), de la chaîne CNN ou du quotidien canadien The National Post.  Tout aussi intéressant, l'article de Judy Matthews et Richard Wiggins, «Libraries, the Internet and September 11» sur le rôle des bibliothécaires en ces temps de crise et sur certaines conséquences inattendues sur l'exercice de leur profession.

On parle souvent de fracture ou de fossé numérique, cet écart (grandissant diraient certains) entre ceux et celles qui ont accès aux nouvelles technologies, et les autres qui tentent d'y avoir accès.  Si on associe souvent cette fracture à la disponibilité ou non de matériel et de connectivité, le New York Times (inscription sans frais obligatoire) rapporte une étude sur la disponibilité en bande passante dans les pays arabes du Moyen-Orient.  Les écarts sont immenses : si les Émirats Arabes Unis (population 2,4 millions) disposent d'une infrastructure d'un débit de 663 Mbit/s, la Syrie (population 16,7 millions) ne peut compter au total que sur 4 Mbit/s, soit l'équivalent de trois ou quatre connexions par modem câble.  Une partie du problème serait attribuable à la réticence de certains États à attribuer des licences d'exploitation de passerelles internationales à Internet, préférant conserver ces monopoles pour eux.  Situation différente en Afrique sub-saharienne où une dizaine d'États ont déjà renoncé aux monopoles et seraient donc mieux servis en bande passante selon le NYT.

La société australienne SurfControl constate qu'à l'approche des Fêtes, l'envoi de cartes électroniques de souhaits augmente de 650 % la consommation de la bande passante des serveurs de courriel, une situation qui occasionne des coûts énormes aux entreprises.  Charles Heunemann, directeur des opérations chez SurfControl, donne l'exemple d'un protecteur d'écran animé qui occupe l'espace serveur de 160 messages courriel texte.  Si on ajoute à cette charge le pourriel habituel et les messages de virus/vers qui tentent de se reproduire un peu partout avec une fréquence alarmante, on arrive rapidement au point de saturation.  SurfControl propose évidemment son logiciel de filtrage de courriel comme solution au problème.

Haut de la page

  Les caricaturistes à l'assaut de la morosité
Vous en avez assez du flot ininterrompu de mauvaises nouvelles et de sombres prédictions? Vous auriez le goût de voir le monde sous une autre perspective? Offrez-vous une visite sur le site de Daryl Cagle qui recense chaque jour les meilleures caricatures de la presse mondiale.  Des tribunaux militaires proposés à la liste de cadeaux de Noël pour Oussama, tout y passe. 

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

Ligne horizontale
ACCUEIL | ARCHIVES | RECHERCHE S'ABONNER | NOUS ÉCRIRE
Ligne horizontale
© Les Éditions Cybérie inc. | Revue de presse | Publicité
URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/20011211.html