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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 15 mai 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  Echelon : échec de la mission européenne
Echelon
Le 5 juillet 2000, le Parlement européen mettait sur pied un comité d'examen temporaire ayant pour mission de vérifier l'existence du système de surveillance Echelon, de déterminer si son fonctionnement ne violait pas les droits des entreprises et des citoyens européens, d'établir si le chiffrement pouvait protéger la vie des citoyens.  On sait que Echelon, mis sur pied par les gouvernements des États-Unis et ceux de Grande-Bretagne, du Canada, de Nouvelle-Zélande et d'Australie (Pacte UKUSA), intercepte à partir de centres d'écoute et de surveillance par satellite de très grandes quantités d'informations, puis en retire des éléments stratégiques à l'aide de systèmes d'intelligence artificielle à la recherche de mots-clés.

Le mandat du comité arrive à échéance et ses membres ont voulu mettre un terme à leurs travaux en organisant des rencontres, aux États-Unis, avec les représentants du Département d'État, du ministère du Commerce, des services de renseignement (CIA) et de la National Security Agency (NSA). 
Carlos Coelho
Malgré des ententes préalables, la délégation européenne n'a pas été en mesure de tenir ces rencontres car, selon Carlos Coelho (Parti Populaire Européen, Portugal), président du comité temporaire, tous les responsables se sont désistés à la dernière minute.

Une thèse, souvent avancée par des observateurs et parlementaires européens, est que le système Echelon est parfois utilisé pour recueillir du renseignement économique, ce qui mettrait au désavantage les grandes sociétés européennes face à leurs concurrents américains.  Les autorités américaines, pour leur part, maintiennent qu'Echelon (dont ils ne reconnaissent officiellement l'existence que depuis peu) ne sert qu'à recueillir du renseignement servant dans la lutte aux terroristes et aux narco-trafiquants, au contrôle des systèmes d'armement, au contrôle des armes chimiques et biologiques et de destruction de masse.

Avant de quitter le sol américain, M.  Coelho a déclaré au service de nouvelles Newsbytes : «Certaines personnes nous ont dit que nos industries et nos entreprises faisaient l'objet d'espionnage, à l'aide de satellites et autres techniques d'interception, que des stratégies industrielles avaient été divulguées, et que des marchés importants nous avaient échappé [...] Par contre, après plusieurs mois de travaux, je dois avouer qu'à ce stade-ci, nous n'avons aucune preuve formelle de ces allégations.»

Le voyage n'aura pas été complètement inutile.  Coelho et la délégation européenne ont rencontré certains parlementaires américains, ainsi que des responsables de l'American Civil Liberties Union (ACLU) et du Electronic Privacy Information Center (EPIC), deux organismes qui mènent une lutte de longue haleine pour que le gouvernement américain dévoile l'étendue des activités de surveillance menées à l'aide du système Echelon.

La délégation rendra compte de sa visite mardi, 15 mai, aux membres du comité temporaire qui devrait rendre public, sous peu, son rapport final.

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  LoftStory : des chiffres
LoftStory
Vous n'avez pas entendu parler de LoftStory? De deux choses l'une (l'autre, le soleil) : vous sortez d'une profonde période d'hibernation; ou bien vous avez accompagné Gary Tito dans son périple spatial.  LoftStory, c'est le dernier (on l'espère) crû des émissions vérité, cette fois à la télé française avec un pendant Web (on reconnaîtra son «home», ses «news», son «live», son «top video», son «chat»).  Libération nous a parlé de l'émission, puis de la polémique, le netmag Transfert nous a entretenu des intrusions sur le site Web de l'émission, et ZDNet France des foires d'empoigne juridiques qui s'annoncent.

Voilà que le cabinet de cybermétrie NetValue publie les résultats d'une étude de fréquentation du site Web de LoftStory, menée pour le compte de la chaîne M6 qui diffuse l'émission télé.

Le site a connu un vif succès.  Les serveurs ont été débordés de requêtes et sont tombés en panne, comme c'est le cas pour la plupart des événements Web de cette envergure.  NetValue nous apprend qu'au cours de la semaine qui a suivi le lancement de l'émission, le site a été visité par un total de 1 140 000 visiteurs, soit une couverture de 20 % des internautes français actifs de la semaine. 

Qui étaient-ils? À 60 % des hommes, plus de 50 % des visiteurs avaient moins de 25 ans, et 43 % étaient des étudiants.  La catégorie d'occupation «agriculteurs, pêcheurs» avait autre chose à faire et enregistre 0 %.  Même chose pour les «retraités» (0,4 %), les «sans emploi» (0,5 %), les «artisans, commerçants» (1,1 %), les «dirigeants» (1,2 %), et ceux et celles des «professions libérales» (1,8 %). 

Pour la période couverte par l'enquête (27 avril au 1er mai), la catégorie des «sans revenu» a toujours dominé, oscillant entre 22 et 37 % des visites sur le site Web.  En fait, le creux de 22 % constaté pour les «sans revenu» a été enregistré, ironiquement, le 1er mai, Fête des travailleurs.

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  Le médium Internet et les médias
Une autre étude vient confirmer des modifications sensibles dans le temps accordé par certains utilisateurs d'Internet aux médias traditionnels, du moins aux États-Unis.  C'est le cabinet Scarborough Research qui estime que pour 23 % des utilisateurs, le temps consacré à regarder la télévision a diminué.  Vient ensuite le temps consacré à la lecture de périodiques (20 %) et des journaux (15 %), alors que seulement 9 % des répondants disent écouter moins la radio. 

Mais d'autres répondants disent accorder plus de temps aux médias traditionnels, mais les chiffres s'inscrivent alors dans des proportions moindres et dans l'ordre inverse : 11 % pour la radio, 9 % pour les journaux, 8 % pour les périodiques et 7 % pour la télévision.

Scarborough constate cependant qu'une majorité d'utilisateurs d'Internet ne croient pas que leur consommation des médias traditionnels ait changé, ou encore n'en sont pas certains.  Là encore, la radio fait bonne figure (81 %), suivie des journaux (75 %), des périodiques (72 %) et de la télévision.

D'autres constatations, dont certaines certifiées schizo 9002.  Par exemple, 50 % des répondants disent qu'il y a un téléviseur dans la même pièce que l'ordinateur qui sert à accéder à Internet, et 91 % d'entre eux disent «regarder» la télévision et consulter Internet simultanément. 

La lecture de journaux en ligne est pratiquée par 45 % des répondants, et 41 % d'entre eux sont dans le créneau d'âge 18/34 qui ne représente que 23 % du lectorat des journaux imprimés.  Internet a donc permis aux journaux, avec les éditions en ligne, de rejoindre un lectorat plus jeune.

Le rapport de Scarborough Research vient confirmer des tendances perçues dans d'autres études, dont celle du Pew Research Center dont nous vous faisions part en juin 2000.

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  Dur dur, le commerce électronique
On annonce depuis longtemps le «vrai décollage» du commerce électronique, mais les résultats se font toujours attendre.  Si le volume des ventes est en progression, les retombées véritables sont lentes à se faire sentir, à tous le moins pour l'ensemble des cyberdétaillants.

On a pointé du doigt l'inefficacité de la publicité en ligne, ce qui a été un facteur dans la baisse des tarifs publicitaires, au grand désespoir des éditeurs et diffuseurs.  On cite souvent les préoccupations de sécurité, frein majeur à l'acquisition d'un réflexe d'achat en ligne pour bon nombre de consommateurs.  Quelques exemples récents d'entreprises qui vendent à des tiers les données de leurs clients n'aident pas les choses non plus.

Il y a dix-huit mois, nous vous faisions part de certains obstacles au commerce électronique.  Par exemple, on trouve dans les zéro surface deux fois plus de paniers à provisions virtuels abandonnés que de paniers pour lesquels la transaction a été complétée.  La société Creative Goods soutenait alors qu'un investissement de un dollar en publicité rapportait généralement 5 $ en ventes, mais qu'un dollar investi pour rendre l'expérience d'achat en ligne plus simple et agréable pouvait à terme rapporter 60 $. 

Cet axe d'analyse se confirme à la lecture du rapport «Need for Speed II» de la société Zona Research que nous résume le service de nouvelles Newsbytes du Washington Post.  On y apprend que la moitié des transactions amorcées ne seraient pas complétées, ce qui entraînerait pour l'ensemble des cyberdétaillants des pertes annuelles de l'ordre de 25 milliards de dollars. 
Illustration : Opération annulée
De ces transactions avortées, dans 82 % des cas, on met en cause la lenteur de chargement des pages Web, et dans 8 % des cas des erreurs de transmission imputables à l'infrastructure du réseau.  La connexion à haut débit ne semble rien régler pour Zona Research qui constate peu de différence entre les abonnés à un accès commuté et les abonnés au service câble ou LNPA. 

Le rapport introduit la notion de «latence transactionnelle», une période qui s'inscrit entre le stimulus et la réaction dans une expérience d'achat en ligne, et qui deviendraient la principale cause d'échec de la transaction, surtout quand le passage d'une connexion commutée à une connexion haut débit n'améliore pas le rendement des sites transactionnels.

Sur le plan technique, le rapport s'en prend à la conception de pages trop lourdes truffées de graphiques inutiles.  Les cyberdétaillants prêtent-ils trop l'oreille aux concepteurs ambitieux de sites clinquants? On pourrait le croire.  Malgré les avertissements de 1999, Zona Research a constaté qu'en 2000, bon nombre de sites de commerce électronique au détail avaient «gonflé» leurs pages d'environ 20 %.  En revanche, les sites de courtage en ligne auraient généralement compris le message et allégé les pages transactionnelles.

On peut lire dans le rapport : «Il est clair que les détaillants sont davantage préoccupés par la présentation de graphiques tapageurs et de bandeaux pub dynamiques que par l'offre d'un rendement acceptable aux acheteurs potentiels [...] Bien que les cyberdétaillants devraient considérer ces 25 milliards de dollars comme des pertes attribuables à leur piètre rendement [Ndlr.  technique], ils pourraient les voir comme des occasions de s'approprier une part de la clientèle de leurs concurrents qui exploitent des sites plus lourdauds.»

Avis aux détaillants et concepteurs.

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  Consolidation chez les fournisseurs d'accès
Le marché des fournisseurs d'accès en Amérique du Nord serait en phase de consolidation. 

D'abord, aux États-Unis, selon le service de recherche spécialisé en informations à l'intention des fournisseurs d'accès, ISP-Planet, les plus récentes données sur la part de marché des abonnements d'accès payants révèlent que 20 fournisseurs se partagent 83,3 % du marché.  À lui seul, AOL Time Warner compte près de 19 millions d'abonnés pour 27,5 % du marché, ce à quoi il faut ajouter les trois millions d'abonnés de CompuServe (4,4 % du marché) contrôlée par AOL/TW.  Avec presque le tiers du marché de l'accès aux États-Unis, AOL/TW et CompuServe représentent près de 80 millions de minutes d'accès par jour.  Le géant des télécoms est suivi de très loin par le service d'accès Microsoft avec 5 millions, Earthlink (4,8 millions), Juno (4,1 millions + 16 millions en service gratuit), et NetZero (3,7 millions + 8,6 millions en service gratuit).  Enfin, les centaines de petits fournisseurs indépendants se partageraient 16,7 % du marché de l'accès.

Au Canada aussi on constate une consolidation du marché.  Selon le cabinet de recherche ConvergenceOnline, Bell et ses partenaires détiendraient plus de 40 % du marché canadien de l'accès Internet.  Selon une autre étude, menée par la firme NBI/Michael Sone Associates, le marché de l'accès Internet au Canada connaîtra un taux de croissance annuel de 25 % d'ici 2004, et les revenus des fournisseurs progresseront proportionnellement, mais le nombre de fournisseurs fléchira sensiblement.  Selon le même cabinet de recherche, il y avait à la fin de 2000 un peu plus de 6,5 millions de comptes d'accès au Canada, dont 250 000 d'utilisateurs de dispositifs sans fil, et 10 000 postes WebTV.  D'ici la fin de 2001, plus de 2,5 millions d'utilisateurs seront passés à des services à haut débit, câble ou LNPA.

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  Lectures rapides chez les collègues
Martine Pagé
La Québécoise Martine Pagé, ex-collaboratrice au magazine PC World et à l'émission de télévision «Branché» signera régulièrement une chronique dans le netmag suisse Largeur.Com.  Comme entrée en matière, elle s'est penchée sur les anglicismes utilisés par les Européens et qui nous semblent, à nous Québécois, un peu amusants.  Sous le titre «Woonoz, ton mél est down ou c'est ton provaïdeur?», elle écrit : «L'emprunt aux langues étrangères n'est pas un phénomène nouveau et les Québécois ne font pas exception (par exemple, ils “tombent en amour” - de l'anglais “falling in love” -une expression qui laisse généralement les Européens perplexes.  [...] Au moment où la mondialisation nous apporte son lot de craintes face à l'américanisation de la société, il me paraît pourtant justifié de vouloir faire du cyberespace un lieu de diversité où toutes les langues ont leur place et où tous peuvent profiter des retombées de cette nouvelle économie, sans avoir à s'exprimer en anglais.  Bien nommer les choses, c'est un peu se les approprier.  It's up to you, comme ils disent.» Indeed.

Francis Pisani
Depuis quelque temps, Francis Pisani signe sur le site de Netsurf.ch des boutades en rafale intitulées «e-phorismes», capsules d'humour parfois cinglantes.  Quelques exemples récents : «Boîte vocale : La boîte vocale est un mode de non communication suffisamment important pour que certains patrons n'hésitent pas à s'en servir pour signifier à leurs employés qu'ils sont licenciés.» «Systèmes : Dans la guerre entre modèle ouvert (type Linux) et modèle propriétaire (type Microsoft) les deux adversaires tirent leurs forces, l'un de l'écosystème, l'autre de l'égosystème.» «Privacy : Quand les Américains disent “privacy”, les Européens parlent de “protection de la confidentialité des données” comme s'ils mettaient leur vie privée ailleurs.  À moins qu'ils n'aient pas encore compris qu'elle figurera inéluctablement sur le réseau.» Et enfin, «Révolutionnaires? Les entrepreneurs de Silicon Valley se disent volontiers révolutionnaires.  Ils le sont parfois, mais toujours proportionnellement à ce que le changement leur rapporte.» Une visite régulière sur le site s'impose pour découvrir les nouveautés, ainsi que ses chroniques «Netc...», commentaires sur la révolution numérique vue de la Silicon Valley.  También, para nuestros lectores que hablan español, en Latinotek.Com.

Bruno Giussani
Pour sa part, Bruno Giussani nous parle de trois expériences de «maisons intelligentes», ces vitrines/laboratoires de la domotique érigées par des entreprises qui comptent bien, un jour, nous loger dans ces havres de technologie.  Mais Giussani s'interroge sur la valeur de ces expériences qu'il nous décrit sous forme d'analyse.  «Si l'on regarde ces projets de plus près, toutefois, on découvre une réalité différente.  Même en laissant de côté le fait que la conscience d'être observés modifie le comportement des personnes (pensez au Big Brother télévisuel), il apparaît clairement que ces expérimentations sont loin de reproduire des conditions de vie domestique ordinaires [...] Selon ce qu'en a écrit la presse, la maison Orange devrait être partiellement pilotée par des routines logicielles : autrement dit, des séries de règles et procédures qui s'appliquent aux différentes fonctions de la maison.  Ce qui, traduit en français, signifie que l'expérimentation portera moins sur comment les gens réagissent face à la technologie et plus sur la façon dont ils s'y adaptent ­ comment ils vont structurer leur vie autour des choix offerts par le menu du logiciel.»

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  Beau détour
Cette semaine, vers l'univers des sténopés.  Le 29 avril dernier était la Journée mondiale de la photographie au sténopé, un événement international ayant pour but de promouvoir l'art de la photographie avec des dispositifs sans objectif et auquel se sont associé des centaines d'amateurs de photographes.  Ils sont nombreux les photographes à pratiquer l'art du sténopé (du grec stenos, étroit et ope, trou), dont Alain Laforest, directeur des services photographiques au Centre canadien d'architecture
Alain Laforest
Pour lui, ces appareils photo, la plupart du temps construits en bois, démunis d'objectif, et utilisant des plaques de pellicule, servent à prendre «un portrait lent du monde».  Pourquoi cet intérêt pour une méthode jugée par certains archaïque? «Chaque jour, nous sommes débordés d'images de toutes sortes, bien souvent en publicité, très “travaillées”, très techniques.  Le sténopé, c'est en quelque sorte une contre-culture de l'image, une maîtrise du temps, un rapport différent avec la prise de vue qu'avec les appareils ordinaires.  Je n'ai rien contre les techniques modernes que j'utilise d'ailleurs chaque jour dans mon travail, ni contre le numérique qui fait des avancées remarquables, mais il y a dans le sténopé une part d'émerveillement, de nouveau rapport au temps, qui en fait une expérience exceptionnelle.»

Les organisateurs de la Journée mondiale de la photographie au sténopé ont monté un site Web pour présenter les oeuvres des photographes participants, dont toutes les photos ont été prises le 29 avril.  Ces derniers ont jusqu'au 31 mai pour faire parvenir aux organisateurs leurs photographies, mais déjà le site offre plus de 175 superbes prises de vue.  Un site à voir, et à revoir.

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Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

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