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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 1er mai 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  Premier mai : état d'alerte aux États-Unis
Les relations sino-américaines sont troubles en raison de certains événements récents.  D'abord, début avril, l'affaire de l‘avion espion américain forcé de se poser en urgence sur l'île de Hainan après un contact en plein vol avec un avion de chasse chinois.  Puis, la semaine dernière, la déclaration choc de George Dubya Bush selon laquelle les États-Unis seraient dans l'obligation d'aider Taiwan dans l'hypothèse d'une attaque chinoise.  Comme l'écrit Laurent Laplante dans Dixit, «L'atterrissage forcé d'un avion espion américain en territoire chinois a permis à Washington et à Beijing de s'accorder, en boxeurs prudents, une ou deux rondes de danse et d'observation [...] La vente d'armes américaines à Taïwan fournit et fournira aux deux mêmes puissances l'occasion de se jauger de façon plus précise.»

Mais un des terrains d'affrontement sera-t-il celui de l'espace cyber? Selon le site Attrition.Org, qui maintient une veille des h@cktivités hostiles sur le Web (attaques de déni de service, vandalisme de pages d'accueil, etc.), les sites chinois (domaine .cn) auraient subi 9 attaques en février de cette année, 33 en mars et 99 en avril.  Très fréquemment, lorsque la page d'accueil du site est remplacée par les h@acktivistes, elle l'est par une page au contenu politique, comme l'illustre la saisie d'écran
de la page d'accueil substituée sur le site de la télévision universitaire chinoise. 

Les sites commerciaux et gouvernementaux américains font aussi l'objet d'attaques fréquentes dont on parvient à retracer l'origine en Chine.  Ces attaques comportent également des messages politiques comme l'illustre le deuxième exemple
de page substituée.  Cette attaque a été perpétrée contre un distributeur américain de cartes géographiques et revendiquée par la Hacker Union of China.  Sur certains autres sites, la page de substitution contenait des photographies du pilote chinois dont l'avion s'est abattu suite à l'incident de l'avion espion.

Les autorités américaines ne prennent pas la chose à la légère.  Le centre national de protection de l'infrastructure (NIPC),
qui relève de la police fédérale américaine (FBI), a émis jeudi dernier une alerte relative à une escalade imminente des cyberattaques en provenance de Chine qui pourraient être déclenchées entre le 30 avril et le 7 mai.  Déjà, depuis quelques jours, on rapporte une recrudescence des attaques contre des sites américains. 

Le NPIC affirme que des h@acktivistes chinois ont publiquement annoncé leur intention de faire monter d'un cran les hostilités au cours de cette période dans laquelle s'inscrivent trois dates importantes en Chine : le 1er mai, Fête des travailleurs et travailleuses, le 4 mai, Jour de la jeunesse, et le 7 mai, anniversaire du bombardement de l'ambassade chinoise à Belgrade.  L'Agence France Presse affirme avoir été invitée à observer une réunion de coordination de groupes de pirates chinois pour l'opération «Red Guest», nom de code donné aux opérations qui doivent ce tenir cette semaine.

Le Centre suggère donc aux administrateurs de systèmes la plus grande vigilance au cours de la présente semaine, et les met également en garde contre la propagation d'un ver informatique appelé «Lion» et qui avait fait l'objet d'une alerte précédente.  Ce ver asservirait les systèmes qu'il infecte, à l'insu des utilisateurs, et les ferait participer à une attaque massive de déni de service contre une ou plusieurs cibles à un moment convenu.

Selon le service de nouvelles Wired, le ministère américain de la Défense a émis une alerte de sécurité Alpha (un degré de surveillance accrue) pour ses systèmes informatiques.  Des sources au Pentagone ont indiqué qu'une alerte Bravo (fermeture de certains sites) pourrait être rapidement émise au cours de la semaine si le besoin s'en fait sentir.  On s'est aussi dit prêt à passer à l'étape Charlie (fermeture de tous les systèmes gouvernementaux et militaires en ligne) et Delta (fermeture de tous les systèmes informatiques en réseaux internes), bien que cette possibilité ne fasse pas partie des mesures prévues pour le moment.

Une rapide tournée de reconnaissance dans les forums spécialisés a permis de constater une certaine inquiétude tant chez les «noirs» que les «blancs» du hacking ainsi que de prendre d'autres informations.  Par exemple, il serait illusoire de penser que les attaques appréhendées viendraient uniquement de Chine car le mouvement des hackers chinois aurait des alliés à Taiwan, au Japon, en Corée et aux Philippines.  De plus, certains experts ont constaté des activités accrues d'opérations de reconnaissance (net mapping), opérations qui consistent à répertorier les vulnérabilités de certains systèmes afin de les exploiter plus tard.

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  Pourriel : on légifère en Espagne et aux États-Unis
En Espagne, le secrétaire d'État aux télécommunications et à la société d'information, Baudilio Tome, a rendu publique la semaine dernière la version finale du projet de Loi sur les services de la société de l'information et le commerce électronique.  Bonne nouvelle pour les utilisateurs : le projet de loi prévoit l'interdiction formelle d'envoi, à partir du territoire espagnol, de «mensajes no solicitados», de courrier électronique non sollicité, le pourriel (spam, voir plus bas).

Le dévoilement du projet de loi a réjoui l'Asociación Española de Usuarios de Internet (Association espagnole des utilisateurs d'Internet - AUI) qui, lors de consultations publiques, avait enjoint les législateurs espagnols à interdire le pourriel.  Il avait été question d'exiger des expéditeurs une mention obligatoire dans l'objet des courriels, ce qui aurait permis un filtrage efficace des destinataires, ou encore d'établir un système volontaire de retrait sur demande des adresses des destinataires des listes d'envoi.  Mais en bout de ligne, le secrétaire d'État aux télécommunications et à la société d'information a opté pour l'interdiction pure et simple des envois non sollicités.

Par ailleurs, la Asociación Española de Comercio Electrónico (Association espagnole du commerce électronique- ECE) a vertement critiqué la nouvelle loi déclarant qu'elle désavantagerait les entreprises espagnoles face à leurs concurrents étrangers, laissant même planer la menace du déménagement de certaines entreprises à l'étranger.  Les parlementaires débattront du projet de loi au cours de l'été.

On se souviendra qu'en février dernier, la Commission des Communautés Européennes sur les communications commerciales non sollicitées estimait à 10 milliards d'euros les coûts annuels de connexion simplement pour recevoir le pourriel.  L'union européenne envisage certaines options de lutte contre ce problème, mais laisse aux membres la liberté d'adopter leurs propres lois.  Par exemple, l'Autriche, l'Allemagne, le Danemark, la Finlande et l'Italie ont adopté des lois interdisant l'envoi de courrier électronique commercial à moins qu'il n'ait été sollicité par le destinataire.

Aux États-Unis, c'est le projet de loi S.630 (Controlling the Assault of Non-Solicited Pornography and Marketing Act of 2001) qui retient l'attention.  S'il est adopté, il sera interdit aux expéditeurs de courrier électronique commercial non sollicité de déguiser ou de cacher l'adresse d'envoi des messages (ce qui empêche de porter plainte contre les expéditeurs).  En outre, tout expéditeur devra pouvoir permettre aux destinataires de demander le retrait de leur adresse de la liste d'envoi (clause opt-out).  Les fournisseurs de services, dont un pourcentage important des ressources est taxé par les expéditions massives de messages non sollicités (10 à 20 % selon les estimations, coûts qui sont refilés aux consommateurs), pourront poursuivre les expéditeurs fautifs.  L'application sera confiée à la Commission sur le commerce (Federal Trade Commission), mais les États pourront, à titre individuel, adopter leurs propres lois qui pourraient être plus sévères.

Les membres de la Commission sur le commerce ont unanimement endossé le projet de loi S.630.  Témoignant devant un comité sénatorial la semaine dernière, Madame Eileen Harrington du bureau de la protection des consommateurs de la Commission s'est dit inquiète par l'ampleur du problème qui mine la confiance des utilisateurs dans les valeurs commerciales du réseau.  Depuis 1998, la Commission dispose d'une adresse électronique pour recevoir les plaintes des fournisseurs et du public concernant des envois non sollicités.  Madame Harrington a déclaré que la Commission avait reçu 8,3 millions de plaintes depuis janvier 1998, et que le rythme actuel était de 10 000 plaintes par jour. 

En revanche, bon nombre d'observateurs du milieu de l'Internet estiment que les dispositions du projet de loi ne serviront pas à endiguer le flot de messages commerciaux non sollicités.  Jason Catlett, président de Junkbusters, remet en question la notion de retrait des listes (opt-out) qui imposera un fardeau supplémentaire aux utilisateurs, et préférerait une clause d'adhésion (opt-in) en vertu de laquelle une personne qui souhaite recevoir des messages commerciaux devrait en faire la demande.

Témoignant devant le même comité sénatorial que Madame Harrington, Catlett a déclaré : «Plus d'un million d'entreprises ont accès à Internet.  Si seulement 10 % d'entre elles envoient un seul message à la moitié des foyers abonnés à Internet aux États-Unis, cela signifie que sur une période de cinq ans, chaque foyer recevra en moyenne 27 pourriels par jour.  La clause de retrait n'est tout simplement pas adéquate et inapplicable à Internet.»

Le problème c'est que chaque destinataire devrait répondre, chaque jour, à tous les pourriels et demander le retrait de son adresse de la liste d'envoi.  Or, pourquoi un utilisateur d'Internet devrait-il, en fonction d'une clause de retrait, devoir demander de ne plus recevoir de pourriels alors qu'il n'a au départ rien demandé aux importuns?

On suggère d'effacer sans les lire les courriels dont le sujet du message laisse présager qu'il s'agit d'un pourriel.  Là encore, pourquoi cette tâche incombe-t-elle à l'utilisateur?

Mais si le pourriel est devenu un tel problème c'est que, d'une part, il existe des logiciels «aspirateurs» d'adresses de courriel qui, à partir de sites Web ou de listes et forums de discussion, récupèrent des quantités phénoménales d'adresses, au hasard et sans égard aux intérêts des détenteurs, et constituent des listes qui sont vendues et échangées entre pollueurs du réseau. 

D'autre part, l'adresse que vous fournissez à une entreprise pour un abonnement à un service ou un achat est souvent refilée à des entreprises tierces, d'où la constitution de nouvelles listes sur lesquelles vous figurez.

Bref, à défaut de trouver une solution efficace à l'engorgement des boîtes aux lettres et à la frustration des utilisateurs, l'Internet marchand aura fort à faire pour se bâtir une crédibilité.

Entre temps, c'est le 24 et 25 mai que se tiendra à San Francisco la conférence SpamCon 2001 destinée aux administrateurs de systèmes d'entreprises et aux fournisseurs de services.  Les thèmes sont axés sur les façons de réduire les pertes associées au pourriel.

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  Et pourquoi dit-on «spam»?
On nous demande souvent de préciser l'origine du mot «spam» pour désigner le courrier électronique commercial non sollicité.  Eh bien voici.
En 1937, la société américaine Hormel Foods lance sur le marché un produit de jambon épicé en conserve qui porte le nom de «Spiced Ham».  Le succès commercial est immédiat, mais Hormel cherche alors à attribuer un nom distinctif au produit.  Elle organise un concours à l'échelle nationale, et choisit la proposition «SPAM», contraction de «spiced» et «ham».  Pour cette brillante trouvaille, l'auteur et gagnant du concours reçoit 100 $.  Au fil des ans, SPAM devient une marque très connue et, malgré de nombreuses imitations, maintient une part dominante sur le marché des viandes préparées en conserve.

Le 5 octobre 1969, un groupe de cinq comédiens britanniques entame une série d'émissions de télévision satiriques sur les ondes de la BBC, le «Monty Python Flying Circus».  Jusqu'en décembre 1974, ils produiront une série d'émissions composées de sketches humoristiques, et le Flying Circus deviendra rapidement une série culte.  Par la suite, il y aura production de quelques films, dont le plus célèbre sera certainement «Monty Python and the Holy Grail» (1975), version loufoque de l'histoire du roi Arthur qui part, accompagné de ses preux chevaliers, à la recherche du Saint Graal.

Dans un des sketches de la série télévisée, intitulé «SPAM» et diffusé le 15 décembre 1970, un couple entre dans un café où est assis un groupe de vikings coiffés de leurs casques cornus (c'était le genre de l'émission...).  Le couple demande à la serveuse ce qu'il y a au menu : des oeufs, du jambon, de la saucisse, du spam...  et les Vikings se mettent alors à scander en crescendo spam, spam, spam, spam, spam, spam, spam, spam, spam...  bref, ils gênent de manière irrémédiable la tenue de toute autre conversation.

L'expression «spam» pour décrire un comportement gênant la communication en réseau, ou encore un verbiage excessif, fait son apparition dans l'argot Internet autour de 1993.  Il décrit pour les utilisateurs de MOOs, les environnements multiusagers orienté objet, le défilement trop rapide de texte à l'écran de sorte que le message est illisible.  Le chercheur Charles J. Stivale parle d'hétéroglossie et d'une forme de harcèlement qui peut prendre son origine dans trois intentions : ludique, ambiguë ou pernicieuse.

Mais la transposition au courrier électronique et aux forums de discussion de l'expression «spam» se fait surtout en 1994 à la suite de l'affaire Canter/Siegel.  Le 12 avril 1994, Martha Siegel et Laurence Canter, un couple d'avocats de Phoenix (Arizona) qui se spécialise dans les questions d'immigration, inondent 8 000 forums de discussion avec 4 000 messages identiques.  L'opération, qui ne prend que 90 minutes, vise à promouvoir les services juridiques de Canter/Siegel qui proposent, moyennant 95 $ par personne (ou 145 $ par couple) de remplir les formulaires du tirage au sort annuel des permis de travail pour étrangers, les fameuses «green cards».  Ce que Canter/Siegel négligent de dire, c'est que les candidats peuvent remplir eux-mêmes, sans frais, ces formulaires.  Le couple n'a pas eu l'ombre d'un remords ce qui a mis les utilisateurs de l'époque en furie.  Quelques semaines plus tard, Canter et Siegel publient un livre intitulé «How To Make A Fortune On The Information Superhighway» (comment faire une fortune sur l'autoroute de l'information), guide pratique du parfait petit «spammeur».

Hormel Foods a d'abord mal réagi à l'adoption du mot «spam» pour décrire le courrier électronique commercial non sollicité, mais a dû se résigner : l'expression était consacrée.  Sur son site Web, Hormel déclare être contre la pratique des envois non sollicités, mais s'objecte à l'utilisation de son image de marque en association avec le terme (pratique fréquente constatée sur de nombreux sites Web).  En outre, Hormel suggère d'écrire «spam» tout en minuscule lorsqu'on parle du pourriel, et «SPAM» tout en majuscule quand on parle de son produit.

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  Moteurs de recherche : Kartoo et les autres
Un nouveau métamoteur de recherche fait beaucoup parler de lui.  Il s'agit de Kartoo, mis au point par la société française Kartoo SA, qui propose non pas une liste textuelle de résultats mais bien leur affichage sous forme de carte avec liens sémantiques entre les sites.  Versions HTML et Flash (Macromedia), c'est une toute nouvelle expérience dans la recherche sur le Web.  Olivier Andrieu, spécialiste des moteurs de recherche, nous fait une description intéressante du nouvel arrivé, description qu'on ne trouve pas sur le site de Kartoo.  À l'utilisation, nous avons apprécié la possibilité de paramétrage de la recherche et la pertinence des résultats.  Comme toujours, pour ce qui est des moteurs et métamoteurs de recherche, l'exploitation optimale exige de lire le mode de fonctionnement sous la rubrique «Aide».  À consulter également la recension des articles de presse qui permettent d'en apprendre davantage sur ce métamoteur, et surtout sur les nouveautés que nous réserve Kartoo dans les semaines et mois à venir.

Par ailleurs, Search Engine Showdown, site du chercheur Greg Notess qui évalue et compare les divers moteurs de recherche, vient de publier de nouvelles données sur la taille, l'efficacité, la pertinence et les recoupements dans les résultats des principaux moteurs.

Il en ressort que Google serait le leader sur le plan du nombre de pages indexées et de l'efficacité à rapporter des résultats pertinents.  Sa base de données contiendrait 625 millions de pages indexées.  Suivent Fast (539), MSN Search (480), AltaVista (423), Northern Light (368) et iWon (337).

Témoignant des différences importantes dans les diverses méthodes utilisées pour recenser les pages dans l'univers Web, Notess constate un nombre relativement faible de recoupements.  Par exemple, pour cinq essais de recherche simple lancés sur 14 moteurs différents, on a obtenu 795 résultats portant sur 298 pages.  De ces 298 résultats sans doublon, 110 ne figuraient que sur un seul des 14 moteurs; 79 figuraient dans les résultats de deux moteurs, 40 dans trois moteurs, et 25 dans quatre moteurs.  Les plus aptes à rapporter des pages uniques étaient Fast (27 % des cas), Excite (23 %), AltaVista (18 %) et Lycos (13 %).

Bien que l'on note une amélioration, le nombre relatif de messages d'erreur dans les résultats demeure problématique.  Si on ne tient compte que des «erreurs 400» (404 fichier inexistant, 401 accès interdit et 403 fichier inaccessible), les résultats d'une recherche sur AltaVista en contiendraient 9,3 %, Excite 5,7 %, Google 3,3 %, Northern Light et Hotbot 2 %.

Quelques constatations.  Lancé en version «alpha test» en janvier 1999, Google s'impose comme un des moteurs les plus performants et les plus souvent consultés.  L'interface est simple et le téléchargement rapide.  Google exploite la technologie Page Rank : en parcourant le Web, comme l'explique la notice d'utilisation, «Google interprète un lien de la page A vers la page B comme un vote de la page A en faveur de la page B.  Google détermine l'importance d'une page [Ndlr.  et donc son positionnement dans les résultats] par les votes qu'elle reçoit.  Mais Google ne se limite pas à compter le nombre de votes, ou liens; il analyse également la page qui émet le vote.  Les votes émis par des pages qui sont elles-mêmes “importantes” ont plus de poids et contribuent à rendre d'autres pages “importantes”.» Soit, mais qu'arrive-t-il aux pages qui sont peu référencées sur d'autres sites, mais qui seraient importantes sur le plan qualitatif concernant l'objet d'une recherche plus pointue?

Par ailleurs, on ne peut que constater le déclin d'AltaVista, tant sur le plan du nombre de pages indexées que sur la pertinence de certains résultats.  Les différentes itérations du site (moteur de recherche, portail, portail multiservices incluant la traduction multilingue, portail allégé, alter ego de Raging Search) ont semblé monopoliser beaucoup de ressources alors qu'on négligeait l'entretien et la bonification du moteur.  Dommage.

Tous les sondages menés auprès des utilisateurs indiquent que la recherche sur Internet fait problème.  Trop de contenus, manque de pertinence des résultats, source de frustration.  Mais les mêmes sondages révèlent souvent que les utilisateurs, même de niveau intermédiaire, consultent peu ou pas les modes d'emploi.

Ceux et celles qui souhaitent peaufiner leurs compétences en recherche sur Internet auront intérêt à lire l'excellent «Guide d'initiation à la recherche dans Internet» (GIRI - plus récente mise à jour, janvier 2001) et son compagnon le «Guide des indispensables de la recherche dans Internet» (GIRI 2).  Cet investissement en temps rapporte beaucoup.

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  Sommet des Amériques : rapport d'observateurs, et qui a peur de Jaggi Singh?
Le comité d'observateurs indépendants nommé par le gouvernement québécois pour rendre compte des activités policières lors du Sommet des Amériques vient de remettre son rapport au ministre de la Sécurité publique, Serge Ménard.  Les auteurs du document intitulé «Le respect des droits fondamentaux au IIIe Sommet des Amériques : une question de sécurité et de dignité» (format PDF) estiment que : «le comportement des policiers à Québec, pendant le Sommet des Amériques, n'a pas, de façon générale dans les circonstances, entraîné de restrictions ou de limitations non raisonnables des droits fondamentaux à la liberté d'expression et de réunion pacifique ou à la sécurité de la personne.  Font exception à cela le recours à des tirs de balles de plastique ou de caoutchouc ainsi que le doute que nous entretenons au sujet de la quantité de gaz utilisée.» Les auteurs sont cependant plus critiques en ce qui concerne les conditions de détention des personnes arrêtées qui ont enfreint le droit à la sauvegarde de la dignité et le droit d'être traité avec humanité et respect, y compris le droit de prévenir ses proches.

Un seul observateur, le juge à la retraite Marc Brière, demande la création d'une commission d'enquête : «Compte tenu de l'ampleur des mesures mises en place et exercées à l'occasion du Sommet des Amériques, des conséquences qu'elles ont eues sur les manifestants, la population des quartiers voisins du périmètre et à l'intérieur de celui-ci, les activités gouvernementales et celles des participants au Sommet et des journalistes, je crois qu'il serait utile qu'une enquête administrative ou publique soit tenue pour dégager les aspects tant positifs que négatifs de ces mesures et faire les recommandations appropriées pour l'avenir.»

Par ailleurs, on apprenait samedi dernier dans le journal La Presse que la Sûreté du Québec avait bien apprécié son expérience des canons à eau, au point qu'elle les juge maintenant indispensables à son arsenal de contrôle des foules.  Les canons à eau utilisés à Québec avaient en fait été loués de services d'incendies d'aéroports.  L'article citait le directeur général adjoint de la SQ, Richard St-Denis qui s'inquiète de l'escalade de la «violence urbaine» et qui croit que «Si ça continue, il va y avoir des morts.» Pour sa part, le ministre Ménard disait regretter de ne pas avoir «accepté les canons à eau que les Belges nous offraient, qui étaient beaucoup plus puissants, mais qui surtout avaient beaucoup plus de réserves.» Ça promet.

Une question se pose, toutefois : Qui a peur de Jaggi Singh? Singh est ce militant littéralement kidnappé par des policiers déguisés en manifestants alors que, selon les témoins, il exerçait calmement son droit d'expression et ce à bonne distance du périmètre de sécurité.  Singh devra attendre son procès en prison parce que, jeudi dernier au Palais de justice de Québec, le juge Yvon Mercier lui a refusé sa remise en liberté.  Comptes rendus de cette audience pour le moins étrange sur le site du CMAQ et également dans La Presse.  Un policier qui témoigne mais admet ne pas avoir eu personnellement connaissance de tous les faits qu'il allègue.  Un juge qui interprète a contrario et transforme le témoignage d'un témoin en faveur de l'accusé.  Un avocat qui conclut que son client est un prisonnier politique.  Qui a peur de Jaggi Singh?

L'affaire risque de prendre une nouvelle tournure alors que les militants anti-mondialisation se concertent sur Internet et prévoient «mondialiser» l'affaire en organisant des manifestations d'appui à Singh devant certaines ambassades canadiennes. 

Eh oui, encore l'«effet Internet» dans l'opposition militante.  Lundi, 30 avril, loin des palais de justice (qu'elle n'habite pas, comme disait Félix Leclerc) et des périmètres d'insécurité, il y avait soutenance de thèse à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).  «L'utilisation de l'Internet comme mode de participation à l'espace public dans le cadre de l'AMI et au sein d'ATTAC : Vers un renouveau de la démocratie à l'ère de l'omnimarchandisation du monde?» Le thésard Éric George écrit : «Les usages citoyens de l'Internet pourraient d'ailleurs contribuer à modifier à moyen terme les relations et les imbrications entre les trois composantes de la société du point de vue de l'organisation politique : l'oikos - la sphère privée; l'agora - l'espace public; l'ecclesia - l'espace politique.» Intéressant.

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  En bref...  Cyberquébec.com, Revenu Québec heureux de son branchement, les prix Webby
Une première, au Québec : CyberQuébec.Com, un service d'hébergement gratuit qui permet de lancer un site personnel, d'organisme ou d'entreprise avec une adresse du type nomdusite.cyberquebec.com. 
Le Québec accusait un certain retard en cette matière alors que ces services étaient disponibles depuis longtemps ailleurs (on pense entre autres à Free.fr en France).  Le service a été lancé par le réseau Branchez-Vous! d'InventionMedia qui compte bien rapatrier ainsi une partie des sites québécois hébergés à l'étranger, et susciter le développement de nombreux nouveaux sites personnels.  En plus des 20 Mo d'espace disque offerts gratuitement, une gamme d'outils est mis à la disposition de la clientèle de CyberQuébec.Com pour faciliter leur démarche d'édition et de promotion sur le Web (modèles de pages Web, banque d'images, livre d'or, chat, forum, compteur, etc.).  Le service est financé par la diffusion de bandeaux publicitaires et l'envoi de messages promotionnels aux usagers qui choisissent d'en recevoir.  Par contre, au cours des prochains mois, les usagers de CyberQuébec qui le souhaiteront pourront transférer l'hébergement de leur site à un service payant à coût modique de sorte qu'aucune publicité ne s'affichera sur leur site. 

Les Québécois et Québécoises avaient jusqu'au 30 avril pour produire leur déclaration de revenus.  Or, au 26 avril, sur plus de 3,2 millions de déclarations reçues par le ministère québécois du Revenu, plus de 800 000 avaient été transmises par voie électronique, dont près de 500 000 par Internet.  L'an dernier, 750 000 contribuables avaient opté pour la production de déclaration de revenus par voie électronique.  Cette année marquera une hausse sensible car au 26 avril, 42 % des contribuables n'avaient pas encore acheminé leur déclaration. 

Le médium est jeune mais possède déjà ses traditions.  C'est le 18 juillet prochain que se tiendra, à San Francisco et sur le Web, la cinquième remise par l'Académie internationale des arts et sciences numériques des Prix Webby destinés à souligner l'excellence en matière de contenus et de réalisations sur le Web.  La semaine dernière, l'Académie (qui compte 350 membres) soulignait la grande diversité du Web et annonçait les mises en nomination dans 27 catégories, allant des services financiers et gouvernementaux au militantisme et au monde de l'étrange, en passant par la mode, le communautaire et les pages personnelles.  Signalons quelques-unes de ces mises en nomination.  Dans la catégorie militantisme, on trouve le collectif de journalistes Independent Media Center, organisme qui vit le jour il y a deux ans lors des événements de Seattle et qui faisait encore parler de lui il y a peu de temps au Sommet de Québec.  La catégorie des sites d'information comprend les netmags Salon et Inside, le site de nouvelles de la BBC, celui de la chaîne CNN, et du service de nouvelles CNET News.com.  Blogger, le service permettant de créer et maintenir des blogues figure bien dans la section des pages personnelles. 
Nominations largement dominées par les sites américains, on était heureux de constater dans la catégorie radio la présence de COMFM, un portail français de la radio, de la télévision et des webcams en ligne.  Les adresses des 135 sites mis en nomination sont affichés, par catégories, sur le site des Webby.

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  Beau détour
Peu de semaines se passent sans qu'un chroniqueur consulte la Bibliothèque du Congrès américain.  Comme on sait, Internet est devenu un champ de bataille juridique et législatif, et la Bibliothèque du Congrès est un des points de départ par excellence pour toute recherche sur l'évolution de divers projets de loi.

Cependant, on y trouve un tas d'autres choses, dont cette superbe exposition, «The Empire That Was Russia», l'empire qu'était la Grande Russie des tsars selon la perspective du photographe Sergei Mikhailovich Prokudin-Gorskii.

Des images saisissantes du début du siècle en Russie, rehaussées en couleur par un procédé de digichromatographie (détails en anglais sur le site).  Nous avons été éblouis par les résultats obtenus, et sommes persuadés que vous le serez aussi.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

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