RechercheAbonnementArchivesCourrier

Page d'accueil

Les Chroniques de Cybérie
22 juin 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

22 juin 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Dossier AJIQ : requête déposée
Internet au travail, un cas de congédiement
Salon innove encore, cette fois en bourse
Cannabis : un sénateur canadien veut revoir les politiques
Al Gore candidat
Traducteurs, traduisez
Lectures rapides
En bref...
Beau détour

 Dossier AJIQ : requête déposée
Le dossier des droits de reproduction électronique des membres de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) avance.  Lundi, 21 juin, l’AJIQ a demandé à la Cour supérieure du Québec l'autorisation d'exercer au nom des 200 pigistes qu’elle représente un recours collectif de 30 millions de dollars contre plus d'une dizaine de journaux et de magazines et contre la société CEDROM-SNI qui, selon l’Association, ne respectent pas les droits d'auteur de ses membres.

La requête vise les journaux La Presse, Le Devoir, Le Soleil, Le Droit, Le Quotidien, Le Nouvelliste, le Progrès Dimanche, le journal Voir et le journal Les Affaires, ainsi que les magazines l'Actualité, Affaires Plus, Commerce et P.M.E., et enfin la compagnie CEDROM-SNI qui reproduit les contenus de ces publications et les vend à son tour sur support électronique sur son cédérom Actualité Québec et dans une base de données accessible sur son site Web Eureka.

En plus de cette demande d’autorisation de procéder en recours collectif, l’AJIQ (qui jouit de l’appui de la Confédération des syndicats nationaux et de la Fédération nationale des communications) demande à la cour d'émettre une injonction permanente interdisant aux mis en cause de vendre et reproduire sur support électronique les articles des journalistes pigistes sans leur consentement.

Selon le communiqué émis par la CSN, les éditeurs, qui ont tous refusé de donner suite à la mise en demeure de l'AJIQ formulée le 27 mars dernier, ne semblent pas apprécier que l’Association aille maintenant de l’avant dans le dossier puisque ses membres feraient «l'objet de menaces et de représailles de la part de ces journaux et magazines au point de mettre en péril leur maigre gagne-pain s'ils tentent de faire valoir leurs droits».  L’AJIQ a donc demandé que les noms des 200 pigistes qu'elle représente ne soient pas divulgués et, toujours selon le communiqué, «un journaliste, André Bélanger, a accepté d'agir à titre de porte-parole du groupe.»

Incidemment, soulignons que M.  Bélanger, en plus d’être journaliste au sens large et membre de l’AJIQ, est directeur de l’information du netmag Multimédium, et donc cadre d’entreprise.  Comme quoi il reste encore beaucoup à définir dans le paysage multimédiatique québécois.

Haut de la page

 Internet au travail, un cas de congédiement
Un tribunal de Liverpool a donné raison à un employeur qui a congédié une employée pour avoir, pendant les heures de travail, utilisé Internet à des fins personnelles rapporte la BBC.  L’employée avait contesté son congédiement, prétendant que le motif véritable était sa grossesse, et que l’utilisation de sa connexion Internet au bureau pour se documenter sur des destinations vacances n’était qu’un prétexte.  Le tribunal a rejeté sa plainte basée sur les motifs de discrimination sexuelle et de congédiement abusif, mais a retenu l’argument de bris de contrat évoqué par la plaignante et lui a accordé une prime de séparation équivalente à un mois de salaire.

Selon l’expression maintenant consacrée, un beau cas de «flicage machine».  Le directeur de l’entreprise a dit être en mesure de prouver que l’employée, en quatre jours, avait effectué 150 recherches et y avait consacré 111 minutes du temps qu’elle aurait normalement dû passer à travailler.

On a cependant encore une fois déploré l’absence de politique claire de l’entreprise en matière d’utilisation d’Internet en milieu de travail.  Au Royaume-Uni, on estime à six millions le nombre de salariés qui ont accès à Internet en milieu de travail et pour qui cette décision pourrait servir éventuellement de jurisprudence.

Haut de la page

 Salon innove encore, cette fois en bourse
De l’avis de bon nombre, dont nous sommes, le netmag Salon est une des meilleures publications en ligne.  Salon a prouvé, hors de tout doute, qu’il y avait place sur le Web pour un contenu éditorial solide, une présentation sobre mais efficace, et que cet enrobage fond/forme pouvait fidéliser lecteurs et annonceurs.  Mais malgré des revenus de 2,05 millions de dollars en 1998, Salon a enregistré des pertes nettes de 4,3 millions, portant son déficit accumulé au 31 décembre 1998 à 10,5 millions.

Jusqu’ici, rien d’anormal, c’est le propre des entreprises de la nouvelle économie d’être déficitaires pour le moment et d’avoir peine à assurer une croissance pour atteindre un seuil de rentabilité.  Solution pour plusieurs entreprises, le placement initial de titres en bourse, ces fameux IPO (initial public offering) dont on entend tellement parler sur les parquets des bourses.  Mais comme Salon ne fait rien comme les autres, le processus qui doit s’officialiser cette semaine attirera l’attention des analystes financiers.

Dans son annonce d’intention d’avoir recours à un placement initial de titres, Salon déclare vouloir offrir 2,5 millions d’actions dont le prix s’établira entre 10,50 $ et 13,50 $ l’action.  Plutôt que d’avoir recours à une maison de courtage traditionnelle, Salon opte pour la méthode OpenIPO qui pourrait révolutionner les entrées en bourse des entreprises.

Habituellement, une entreprise qui souhaite faire un placement initial de titres s’adresse à une maison de courtage de valeurs qui, seule ou avec d’autres firmes associées, souscrit en tout ou en partie une émission de valeurs mobilières et se charge de son placement auprès du public.  Les maisons de courtage favorisent évidemment leurs clients privilégiés, et ces derniers ont droit de «réserver» des actions avant que la folie ne s’empare du titre.  Les petits investisseurs sont exclus de ce processus en vase clos, et quand ils ont l’occasion de mettre la main sur le titre, il est déjà souvent «gonflé», parfois même sur sa pente descendante vers un niveau plus réaliste.

La méthode OpenIPO fonctionne plus ou moins à la manière d’un encan.  Joanna Glasser résume le principe dans Wired.  Imaginons qu’une entreprise ait dix actions à vendre et que trois investisseurs soient intéressés.  Le premier offre 5 $ pour cinq actions, le second 3 $ pour cinq actions, et le troisième 1 $ pour cinq actions.  En vertu du principe OpenIPO, les deux premiers investisseurs rafleraient les dix actions, mais au prix de 3 $, soit le second prix le plus haut, et non le plus haut prix.  Selon Bill Hambrecht, co-fondateur de la maison de courtage Hambrecht & Quist à l’origine de OpenIPO, le cours atteint en vertu de cette adjudication à prix uniforme sera très près de ce qu’un marché stabilisé offrirait, et l’entreprise et ses investisseurs évitent les montagnes russes des premiers jours du placement d’un titre.  Autres avantages : pour les petits investisseurs, l’encan se déroule en ligne bien que les offres demeures secrètes jusqu’à la clôture de l’encan; pour l’entreprise émettrice, une économie énorme en frais et commissions de toutes sortes.

OpenIPO applique un principe de l’économiste William Vickrey, lauréat du Prix Nobel en 1996 pour ses travaux sur les asymétries informationnelles en économie ainsi que sur divers modèles d’encans qui pouvaient favoriser les échanges de capital.

Comme nous le disions plus haut, l’opération d’entrée en bourse de Salon sera examinée sous toutes ses coutures par les analystes, mais aussi par les maisons de courtage traditionnelles qui risquent de perdre gros à voir un nouveau modèle économique de placement de titres se développer.

Haut de la page

 Cannabis : un sénateur canadien veut revoir les politiques
Le sénateur conservateur Pierre-Claude Nolin a créé un certain émoi en ce début d’été, période habituellement calme pour les parlementaires.  Il préconise un réexamen des politiques canadiennes en matière de lutte contre la drogue et l'adoption d'une approche axée sur la santé et la réduction des méfaits.  Pour le sénateur, il est temps d’agir car «plusieurs gouvernements successifs au Canada ont volontairement fermé les yeux sur toute cette problématique», malgré les travaux de la Commission Le Dain il y a déjà une trentaine d’années.

Il propose la création d’un comité mixte (Chambre et Sénat) qui se verrait confier un mandat de deux ans pour examiner les données afférentes, produire un document de vulgarisation pour les citoyens, mener une consultation auprès de la population, et effectuer des visites dans certains pays qui ont une approche différente de celle du Canada face à la toxicomanie.

Le débat promet d’être animé.  Le quotidien Le Devoir, en page éditoriale, se dit d’accord et souligne «L’échec de la prohibition».  On rappelle à juste titre qu’«il y a longtemps que nous avons compris qu'il était possible de traiter l'alcoolisme autrement que par la prohibition qui n'avait servi qu'à enrichir la mafia, comme la drogue enrichit aujourd'hui les gangs de motards criminels.  Il est temps que l'on envisage autrement notre rapport aux drogues».

Par contre, et ce seulement le mois dernier, l’Association canadienne des chefs de police (ACCP) a fermement réitéré son opposition «à la légalisation de toutes les drogues actuellement illicites au Canada, y compris les petites quantités de marihuana et d’autres dérivés du cannabis, conformément aux conventions internationales signées par le Canada.» L’Association disait pouvoir envisager l’appui à des initiatives gouvernementales valables visant à décriminaliser (pour éviter au contrevenant d’avoir un casier judiciaire) certaines infractions liées à la possession de petites quantités de marihuana ou d’autres dérivés du cannabis, à condition que ces initiatives comportent également des programmes de prévention, d’éducation, de répression, d’orientation, de traitement, de réadaptation et de déjudiciarisation.

Légaliser, décriminaliser, déjudiciariser, réprimer, on voit que le débat se jouera sur des nuances importantes.

En mai 1998, le Groupe de travail national sur la politique en matière de toxicomanie du Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies (CCLAT) publiait un rapport intitulé «Le contrôle du cannabis au Canada : options concernant la possession».  Le rapport formule quatre recommandations, soit : réduire la gravité de la peine imposée au regard des accusations de possession de cannabis; déjudiciariser les auteurs d'infractions liées au cannabis en faveur de traitements ou de services communautaires; procéder à une évaluation systématique des effets d’une modification de la loi; communiquer clairement qu’une telle modification ne signifierait en rien un désintéressement à l'égard des dangers du cannabis.

Mais il faut également examiner l’aspect économique de l’application actuelle des lois.  On peut lire dans le rapport qu’en 1995, «63 851 infractions liées aux drogues ont été enregistrées en vertu de la Loi sur les stupéfiants ou de la Loi sur les aliments et drogues, soit 220 infractions par 100 000 habitants.  Sur ce nombre, 45 286 infractions visaient le cannabis, dont 31 299 la simple possession [...] il est clair que les infractions pour possession de cannabis grugent une partie considérable des ressources policières et détournent ainsi des ressources limitées d'autres besoins pressants [...] Le nombre des Canadiens incarcérés chaque année pour possession de cannabis a été évalué à quelque 2 000 [...] des coûts énormes sont encourus par les gouvernements, les coûts de détention per diem au Canada s'élevant à quelque 150 dollars.»

Un autre son de cloche vient de Me Marie-Andrée Bertrand qui avait elle-même participé aux travaux de la Commission Le Dain.  «Le refus de l'État de donner suite aux avis de ses propres experts a sapé la confiance du public dans les institutions législatives et judiciaires et a délégitimé les lois sur les drogues.  Lorsqu'une loi est incapable d'atteindre 95 % des contrevenants, c'est que la population ne s'en soucie pas.  Une loi prohibitionniste est inapplicable tant que la demande demeure forte et qu'il n'y a pas de plaignants.»

Le débat s’amorce, et le Web offre une foule de ressources documentaires, de données, d’études de cas.  En Suisse, les résultats du référendum du 29 novembre dernier illustrent le refus de 73,9 % des votants de légaliser l'usage des stupéfiants.  «Cannabis : Comment sortir de l'hypocrisie?», un dossier du Webdo.  En France, une «Nuit du chanvre» vendredi soir dernier, et un dossier du Collectif d'information et de recherche cannabique, «Si on légalisait les drogues» qui souligne que «de 800 interpellations pour infraction à la législation sur les stupéfiants en 1969, nous sommes passés en 1997 à 89 285, plus que ne pouvait contenir de spectateurs le Stade de France pour la finale de la Coupe du monde!» Sur le Web américain, NORML, l’organisation nationale pour une réforme des lois sur la marijuana suit de très près toutes les démarches législatives en cette matière.  Marijuana.Com pour sa part offre un des sites de références les plus complets.  Royaume-Uni, le site du UK Cannabis Information est à consulter.  Puis au Québec une formation politique, le Bloc Pot, a pour programme la décriminilisation du cannabis.  Mais le site est en refonte pour l’instant, question de respirer un peu, j’imagine.

Haut de la page

 Al Gore candidat
Ce n’était un secret pour personne, le vice-président américain Al Gore avait des visées pour la présidentielle de 2000.  C’est maintenant officiel, et pas seulement sur le Web, Gore sera candidat à l’investiture du parti démocrate pour l’élection charnière qui fera passer l’Amérique dans XXIe siècle.

Al Gore, même s’il se met parfois les pieds dans les plats, demeure un des champions de la haute technologie et recueille l’appui des puissants lobbies de l’industrie aux États-Unis.  Son programme électoral comporte un important volet technologique; estimant que d’ici quatre ans les échanges commerciaux sur Internet pourraient atteindre 1 400 milliards de dollars, Al Gore veut que l’économie américaine puisse tirer profit de cette manne, à condition d’adopter les politiques appropriées.  Il propose donc rien de moins que la création d’une zone de libre-échange commercial dans le cyberespace qui permettrait aux entreprises américaines de vendre leurs produits à l’échelle de la planète sans verser de droits à l’exportation.  S’il est élu, Gore entend aussi exercer des pressions sur les autres nations commerçantes pour qu’elles appliquent à Internet leurs obligations en vertu de l’Organisation mondiale du commerce de manière à ne pas imposer de barrières au commerce électronique.

Du côté du parti républicain, rien de très précis à l’égard du développement technologique chez George W. Bush, fils de l’ex-président George Bush et candidat à l’investiture pour les présidentielles.  L’essentiel du programme se résume pour l’instant au principe du «conservatisme avec compassion».

Mais on est encore très loin des véritables affrontements de programmes électoraux.  En fait, l’exercice des élections primaires (destinées à déterminer le nombre de délégués appuyant un candidat au congrès d’investiture) débutera au plus tard au New Hampshire le 8 février 2000 et sera suivi d’une quarantaine d’autres primaires.  Les États qui ne tiennent pas d’élections primaires ont recours à la formule des «caucus».  Puis, le congrès à l’investiture du parti républicain se tiendra du 29 juillet au 4 août 2000 à Philadelphie, et celui du parti démocrate du 14 au 17 août à Los Angeles.  L’élection se tiendra dans 16 mois, soit le 7 novembre 2000, et le candidat élu sera assermenté en janvier 2001.

Lors de la dernière présidentielle en 1996, Internet n’avait pas atteint un degré suffisant de pénétration pour peser dans la balance.  Cependant, l’«effet média» jouait pour beaucoup.  Selon Carolyn Barta, journaliste chargée de la politique intérieure au quotidien The Dallas Morning News, deux tiers des électeurs s’en remettaient à la presse pour les informer de l'actualité de la campagne électorale d’après une étude du Centre d'analyse des médias de l'université Columbia à New-York.  Et le rôle des journalistes? Trop présents estimaient certains.  «Selon l'étude, les journalistes de la télévision ont parlé six fois plus longtemps que les candidats dans les rapports sur les primaires.  La durée moyenne à l'antenne des extraits de déclarations des candidats - le temps où on laisse réellement les candidats s'exprimer - est tombée de 42 secondes en 1968 à 7,2 secondes en 1996.»

Les présidentielles américaines de 2000 sont les premières élections où Internet pourra jouer un rôle important, et nous tenterons de suivre pour vous le déroulement de cette campagne nouveau genre.

Haut de la page

 Traducteurs, traduisez
Il y a déjà un bon moment qu’AltaVista offre son service de traduction en ligne qui repose sur la technologie Systran.  On s’est tous amusé à faire promener quelques phrases anodines d’une langue à l’autre, et de les voir revenir de ces périples très...  colorées, c’est le moins qu’on puisse dire.  Mais on nous assure (depuis des années) que la technologie évolue, et que bientôt...  C’est un peu comme le commerce électronique ou la pub en ligne, on nous demande d’être patients.

Eh bien AltaVista a de la sérieuse concurrence dans le domaine de la lexicologie ludique avec FreeTranslation.Com qui vient de faire son entrée sur le Web.  Tout comme AltaVista, il permet de saisir un texte en copier/coller, ou de fournir l’adresse d’une page dont on voudrait voir le texte traduit.

En fait, à l’essai, on se demande un peu si le nom retenu évoque de la traduction gratuite ou à de la translation libre.  On m’a parfois accusé d’être trop sévère dans mon jugement des outils de traduction informatisée.  Moi? Sévère? Je reconnais un certain parti pris pour les traducteurs et traductrices, c’est vrai, mais tout de même.  «Ce n’est fait que pour traduire de courts messages par courrier électronique, ou encore des pages Web» dit-on, question de comprendre ce dont il s’agit.

D’accord, allons-y avec la page d’accueil de FreeTranslation.Com dont le texte est en anglais, type de document pour lequel le service serait conçu, et faisons un banc d’essai.  Et je cite : «Le plus rapide, Le service de traduction de toile-basé.  Et il est libre! [...] Le Freetranslation com est un site directement en avant, facile d’utilise pour les traductions rapides où Vous pouvez recevoir directement le “gist” de pages de texte de langue et toiles étrangères».  J’ai bien aimé aussi l’invite du cadre où on peut copier du texte.  «Le texte de type ou pâte ici.» Un peu plus bas, «Bien que pas parfait, la traduction automatique offre un le niveau supérieur de compréhension de précision et lecteur que la traduction automatique standard Programme actuellement disponible».

Espérons que l’on n’ait pas utilisé FreeTranslation.Com pour traduire le traité de retrait des Serbes du Kosovo.

Haut de la page

 Lectures rapides
Jean-François Abramatic, directeur de recherche à l'INRIA et président du World Wide Web Consortium (W3C), déposait la semaine dernière un rapport commandé dans le cadre du Programme d'Action Gouvernementale pour le Société de l'Information (PAGSI) sous le titre «Développement technique de l’Internet».  Le rapport brosse un tableau des moteurs de développement du réseau en France, décrit les composants techniques de l'Internet, puis met l'accent sur l'environnement économique et politique.  M.  Abramatic tire une équation entre le nombre de domaines enregistrés et le contenu offert sur Internet.  «La France semble en retard en premier lieu par son faible taux de représentation : un indicateur en est le nombre de domaines français enregistrés sous le nom de domaines national ".fr" qui ne représente que 3% du nombre de domaines européens déclarés.  On obtient un indicateur plus significatif si l'on ajoute les domaines français déclarés sous le nom de domaines ".com", et la France ne compterait alors toujours que pour 6% du nombre de domaines européens déclarés [...] Ces indicateurs suggèrent qu'après avoir été le berceau mondial des services télématiques (avec près de 17000 serveurs vidéotex et 15 millions de terminaux minitel), la France serait aujourd'hui l'un des pays industrialisés au monde les moins producteurs d'information sur Internet.»

Dans le Journal du Net, entrevue avec Gino Bontempelli, webmestre du site du magazine économique L’Expansion.  Points de vue intéressants sur cette profession toujours en devenir, manquant parfois de balises, quasi transparente voire invisible, mais qui exige des êtres pluriels.  «On est dans une situation où finalement le webmaster à lui tout seul s’intéresse à toutes les fonctions de l’entreprise : on touche à tout.  Je pense que dans l’avenir la tendance sera à la spécialisation et que le webmaster restera une sorte de super administrateur du site, c’est-à-dire qu’il aura plus une fonction interactive et administrative de l’ensemble des professionnels qui toucheront au site [...] En fait, il deviendra peut-être plus une sorte de canal unique de la sortie, validant tout le professionnalisme des autres services du groupe mais il y aura toujours un coeur de compétences qui sera l’architecture de l’information, tout ce qui touche à l’administration système, tout ce qui touche à l’accès à l’information».

Haut de la page

 En bref...
D’après une étude conjointe CommerceNet/Nielsen Media Research , il y aurait en Amérique du Nord 92 millions d’utilisateurs d’Internet, et 46 % seraient des femmes.  Le commerce électronique aurait attiré 55 millions d’utilisateurs, et là la proportion de femmes chute légèrement à 41 %.  Mais, selon l’étude, c’est néanmoins une hausse de 80 % en neuf mois du nombre de femmes qui exécutent des transactions en ligne, ce qui fait dire aux auteurs du rapport que les femmes seraient devenues le véritable moteur de croissance du commerce électronique.  Les femmes représenteraient 53 % des achats de vêtements en ligne, 45 % de la clientèle des cyberlibraires, 38 % du marché des disques compacts et bandes vidéo et 24 % de celui du matériel informatique.  Mais l’histoire d’amour mâle/machine n’est pas près de s’éteindre.  Si pour l’ensemble les livres, cédéroms, ordinateurs et vêtements affichent des chiffres de vente intéressants, le cyberconsommateur masculin magasine principalement pour des véhicules et des pièces de véhicules, catégories de produits qui s’arriment bien au zéro surface et zéro inventaire du commerce électronique.

Les manuels d’accompagnement des logiciels ouverts (open source) devraient-ils être eux aussi...  ouverts? L’éditeur d’ouvrages techniques O’Reilly a jonglé avec le concept pendant un certain temps, se demandant si l’ouverture allait s’étendre aux essais sur le sujet.  Après avoir suscité un certain débat dans les milieux technologiques et de l’édition, la question a été réglée : «Open Sources: Voices from the Open Source Revolution» est maintenant disponible sur le Web, version électronique intégrale de l’ouvrage de 280 pages qui se vend 24,95 $ US.  Les amateurs apprécieront le chapitre rédigé par Linus Torvalds, «The Linux Edge», où l’auteur du système d’exploitation dont on parle tant relate l’idée qui l’animait au départ et s’engage dans une exercice de prospective sur l’avenir de Linux.

Haut de la page

 Beau détour
Cette semaine, chez ReVue Photographie, place aux galeries de Bernard Descamps, huit séries de seize images, y compris un périple dans cet espace des mirages qu’est le Sahara.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


Page d'accueilRechercheAbonnementArchivesCourrier
© Les Éditions Cybérie inc. | Revue de presse | Publicité

URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/990622.html