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Les Chroniques de Cybérie
14 avril 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

14 avril 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Serbie : nouvelles du front
Le fondateur de la radio indépendante B92 honoré
Internet, dans un pays en guerre
Vigile à risque?
Les impairs d’un candidat
Taux de clic en baisse, malgré l’aide des «logiciels tricheurs»
La pub en PC : regardez-la de face
En bref...
Lectures rapides
Beau détour

 Serbie : nouvelles du front
Quatrième semaine de l’offensive de l’OTAN contre la Serbie, et ce n’est pas près de s’arrêter.  Ce matin, la chaîne CNN annonce que le gouvernement américain considère l’envoi de centaines d’avions supplémentaires dans la région des Balkans, portant l’ensemble des forces aériennes de l’OTAN à environ mille appareils.

Autre nouvelle, l’assassinat hier de Slavko Curuvija, éditeur du journal yougoslave indépendant Dnevni Telegraf.  Curuvija, reconnu pour son franc-parler et ayant eu maille à partir avec les autorités à plusieurs occasions, ne fait pas partie des «victimes collatérales», il est tombé sous les balles de deux assaillants masqués.  Selon l’agence Beta News, près du gouvernement, il s’agit d’un «acte criminel».  La police enquête.

Précisons que plusieurs installations d’infrastructures techniques civiles ont été touchées par les récentes vagues de frappes aériennes de l’OTAN.  Ainsi, de nombreux liens de notre page de ressources et références sur Serbie/Kosovo peuvent être temporairement hors service.

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 Le fondateur de la radio indépendante B92 honoré
Le Electronic Frontier Foundation a décerné un de ses Prix Pionnier à Drazen Pantic, fondateur du premier fournisseur d’accès Internet indépendant en RFY, OpenNet et de la radio indépendante B92.  Dans son communiqué, l’EFF a rendu hommage à Pantic pour avoir su démontrer comment militants et journalistes peuvent utiliser Internet pour stimuler le libre échange d’opinions et contrer les tentatives de censure.

Les deux autres récipiendaires des Prix Pionnier 1999 sont Simon Davies de Privacy International, organisme de défense du droit à la vie privée, et à titre posthume, Jon Postel, le grand responsable du premier système d'adressage numéral des noms de domaines sur Internet, décédé en octobre dernier.

Les lauréats de cette année rejoignent donc le gotha de l’EFF qui dans le passé a rendu hommage avec ses Prix Pionnier à des figures marquantes comme Douglas C.  Engelbart (inventeur de la souris), Vinton Cerf (souvent décrit comme le «père» de l’Internet), Philip Zimmermann (créateur du logiciel de chiffrement PGP), et Linus Torvalds (créateur du système d’exploitation Linux).

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 Internet, dans un pays en guerre
Un moine orthodoxe recueille l’information auprès de sources locales et internationales, puis redistribue le tout sur une liste de diffusion par courrier électronique.  Deux adolescents, une jeune kosovare et un jeune californien, entretiennent une correspondance soutenue : de larges extraits sont diffusés sur le site Web de CNN.  Le centre de presse des forces armées de la RFY diffuse ses communiqués sur le Web; qu’à cela ne tienne, l’Armée de libération du Kosovo aussi.  La technologie de diffusion en défilement audio a permis à la radio indépendante belgradoise B92, jusqu’à tout récemment, de porter son message à un auditoire mondial.

On peut parfois s’interroger sur ces nouvelles dimensions de l’information et de la communication en temps de crise, mais aussi sur l’infrastructure de l’espace réseau qui rend possible ces initiatives jusqu’alors inédites.  En fait, bien des gens se sont interrogés sur les conditions d’accès réseau en RFY.

Contexte.  La République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Montenegro) comptait en 1998, selon les estimations de la CIA, environ 11 millions d’habitants.  Pouvoir d’achat par habitant, selon les estimations de 1997, 2 280 $ US.  En grande partie, la main-d’oeuvre se situait dans les secteurs de l’industrie (41 %) et des services (35 %).  Suivaient les secteurs du commerce et du tourisme (12 %), du transport et des communications (7 %) et de l’agriculture (5 %).  Sur le plan de la communication, taux d’équipement comparable aux autres nations de l’Europe de l'Est : 700 000 connexions téléphoniques, deux millions de récepteurs radio, un million de téléviseurs; vingt-sept stations de radio, huit chaînes de télévision, 48 câblodistributeurs.

Et aussi une vingtaine de fournisseur d’accès Internet, et c’est là que la donne change.

Historique.  Le branchement réseau en RFY remonte à l’époque où la Yougoslavie faisait partie du Bloc de l'Est, et que le pays était comme toutes les autres républiques avoisinnantes (et bon nombre d’autres États) relié au réseau européen de recherche académique (EARN).  EARN était le pendant européen du réseau américain Bitnet, mis en place par IBM au début des années quatre-vingt pour interconnecter les universités sur des lignes à faible débit exploitant le protocole EBCDIC (Extended Binary Coded Decimal Interchange Code).  Peu efficace, ces réseaux avaient l’avantage d’être moins coûteux, à l’époque, qu’Internet.

En 1991, la Yougoslavie éclate, avec les chambardements que l’on connaît.  En 1992, diverses sanctions internationales sont imposées à la Serbie.  Été 1992, au plus fort d’une vague de manifestations étudiantes contre le régime de Belgrade, le lien au réseau EARN est coupé par les administrateurs européens, sanctions obligent, malgré le plaidoyer des étudiants, professeurs et universitaires.

De 1992 à 1994, le seul moyen de communiquer en réseau est sur ligne téléphonique avec commutateur X.25.  Il faudra attendre novembre 1995 pour que s’implante un fournisseur d’accès indépendant, OpenNet, qui exploitait aussi la station de radio indépendante B92.  Les autorités de Belgrade voyaient d’un mauvais oeil l’arrivée d’Internet, les partenaires étrangers étaient réticents à appuyer quelque projet que ce soit dans un pays faisant l’objet de sanctions internationales.  Néanmoins, avec sept lignes téléphoniques louées auprès d’organismes locaux, et une connexion 28,8K, Internet fit son entrée à Belgrade.  Soulignons l’aide du fournisseur néerlandais XS4ALL pour la diffusion en RealAudio de la programmation de Radio B92, et le soutien financier de la Open Society Institute (OSI), filiale de la Fondation Soros mise sur pied par le financier et milliardaire hongrois George Soros.  D’ailleurs, l’OSI a été très présente en RFY, Bosnie Herzegovine, Croatie, Macédoine et Slovénie par l’entremise de ses programmes Internet, souvent amorcés par la mise en place de babillards électroniques (BBS).

Printemps 1996, deux autres possibilités de connexion se présentent.  L’Université de Belgrade, avec la collaboration d’une entreprise de PTT récemment privatisée, exploite un lien satellite 256K et dessert toutes les facultés.  Puis, une filiale locale de EUNet exploite deux liens 2Mbps.  L’entreprise est près du régime, des institutions bancaires et commerciales.  Elle devient rapidement le plus important fournisseur d’accès Internet en Serbie et «revend» sa bande passante, ce qui favorise l’entrée en jeu de plusieurs petits fournisseurs d’accès.

En juin 1996 à Montréal, lors de la conférence INET’96, les participants ont eu l’occasion d’entendre Eric Bachman, coordonnateur du Zamir Transnational Net.

Il importe ici de relater l’expérience Zamir à la lueur de la présentation de Bachman intitulée «Communication numérique par Internet en zone de guerre : Résolution de conflits et Internet» (en anglais).

Si on parle ici d’Internet, disons qu’au début, le kilomètre de proximité était franchi sur des lignes téléphoniques normales.  En 1992, la guerre faisait rage entre la Serbie et la Croatie.  Un des effets de la coupure de la connexion EARN était de créer un obstacle à la diffusion d’information autre que celle régie par les autorités de Belgrade et isolait chercheurs, universitaires, organismes et particuliers de tout contact en réseau avec leurs partenaires de l’étranger.  C’est alors que Bachman et une équipe de volontaires mirent sur pied le serveur ZAMIR-BG à Belgrade.  Première étape, un relais télécopie entre l’organisme «Campagne contre la guerre» (Zagreb) et le «Centre d’action contre la guerre» (Belgrade) grâce à des intermédiaires au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.  Peu après, avec du matériel emprunté, les échanges numériques sur lignes téléphoniques furent initiés entre Belgrade et Zagreb par l’entremise d’un serveur viennois, à partir duquel ils pouvaient rejoindre la planète entière.  La même technique fut employés en Bosnie lors du siège dans l’opération Sarajevo Online, et de l’initiative d’étudiants français «Modems sans frontières».

La méthode consistait à établir divers points de chute «store-and-forward» (stockage/expédition) pour les messages ensuite acheminés en vrac hors du pays, puis d’inverser le processus pour les réponses.  Loin de l’accès individuel illimité, mais néanmoins des résultats impressionnants.

Depuis 1997, les autorités serbes ont entretenu une relation équivoque face à Internet.  D’une part, elles conçoivent que le réseau deviendra le principal canal d’information et de communication dans les années à venir.  En revanche, elles voient d’un mauvais oeil l’accès universel et le manque de contrôle.

En conclusion de ce dossier, soulignons un article d’avril 1997 de Drazen Pantic publié dans la revue First Monday où le fondateur de OpenNet et de B92 fait part de quelques réflexions intéressantes.

Mais même dans un pays aux infrastructures fragiles, où le coût de connexion peut atteindre 30 $ par mois, donc pas tout à fait à la portée de tous, on constate le rôle important que peut jouer Internet en situation de crise.

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 Vigile à risque?
C’est ce que nous annonce en page principale de son site, Vigile, Bernard Frappier.  «Mauvaise nouvelle : après plus de 40 mois de présence sur le Web, le site Vigile cessera ses activités à la fin du mois d'avril, faute de ressources techniques et financières.» Vigile est un site d’information sur la vie politique québécoise.

Quarante mois d’efforts, de travail et de maintes tracasseries pour maintenir un des meilleurs compendium de l’actualité politique au Québec, en plus d’offrir une tribune à bon nombre d’auteurs et commentateurs.  L’option est résolument souverainiste, mais l’opinion n’a jamais ménagé les partis politiques et le discours, contrairement à certains de ces partis, est toujours resté clair.  Vigile est une voix indépendante au sein du mouvement indépendantiste.

On ne comprend que trop bien la problématique : les contenus de qualité nécessitent temps et ressources et il y a une limite à ce que l’on peut faire, dans la durée et dans l’espace, sans appui aucun que celui des dizaines collaborateurs et collaboratrices bénévoles.  En fait, depuis 40 mois, Vigile a offert à plus de 450 auteurs une tribune pour la publication de 5 000 articles sur la question nationale québécoise.

Nous avons appris qu’un comité de parrainage, constitué de certaines personnalités connues du mouvement souverainiste, se penche sur d’éventuelles mesures de soutien dont la mise sur pied d’un fonds d’appui.  Vu l’importance de ce site, pionnier de l’Internet au Québec et tribune de libre expression, on ne peut qu’appuyer une telle initiative.

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 Les impairs d’un candidat
Ce ne fut pas une nouvelle quand le vice-président américain Al Gore a annoncé il y a quelques semaines son intention de briguer l’investiture du Parti démocrate pour les présidentielles de 2000.

Ce fut cependant une révélation de l’entendre, le 9 mars dernier, revendiquer la paternité d’Internet lors d’une entrevue à la chaîne CNN.  «Pendant mes années passées au Congrès, j’ai pris l’initiative de créer l’Internet».  Rien de moins.  Peu importe si les premiers plans pour un réseau global remontent aux années soixante, que Al Gore avait à peine 20 ans à l’époque.  Le candidat s’est vu forcer de rectifier, il a «voté en faveur de crédits en appui à des technologies semblables à celles qui avaient mené à l’avènement d’Internet».  Nuance.

Arrive le site de campagne de l’aspirant candidat, dans lequel on trouve une section réservée aux jeunes où on les invite (démographie électorale oblige) à fournir leurs noms, adresses et code postal.  Rien d’illégal, encore, mais une loi adoptée par le Congrès en décembre dernier, et qui a reçue l’aval présidentiel depuis, interdit aux entreprises exploitant des sites commerciaux de demander de tels renseignements de mineurs sans le consentement de leurs parents.  La loi prend effet en 2001, mais les analystes estiment que celui qui sollicite la confiance des électeurs devrait prêcher par l’exemple.  Après avoir essuyé de vertes critiques, des modifications ont été apportées et on ne demande plus que le prénom de l’enfant sur le site Web.

Troisième gaffe cyberélectorale, il était fait mention sur le site Web qu’il était à «source ouverte» (open source).  Les communicateurs de Gore voulaient ainsi signifier qu’on pouvait facilement y trouver de l’information, voire contribuer des idées au programme du candidat.  Mais en anglais, l’expression «open source» a une signification bien particulière.  Elle désigne des projets ouverts de développement, comme le système d’exploitation Linux, ou le moteur de fureteur Mozilla.  Entre humour et colère, les réactions ont été vives dans les milieux technologiques américains.

Pendant ce temps, le candidat à l’investiture républicaine, le milliardaire Steve Forbes, fait lui aussi campagne sur le Web, mais pas avant de verser la somme de 6 500 $ pour récupérer le nom de domaine www.Forbes2000.com qu’avait pris soin de réserver un expert en marketing.  «Une bonne affaire» a commenté Forbes d’un ton satisfait.

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 Taux de clic en baisse, malgré l'aide des «logiciels tricheurs»
La semaine dernière, c’est «Le journal du Net» qui rapportait que le taux de clic sur les bandeaux publicitaires serait en baisse aux États-Unis.  La moyenne s’établirait à environ 0,15 % mais pourrait atteindre un ou deux pour cent pour ce que l’on qualifie de «bonne campagne».  L’effet nouveauté se serait estompé, ce qui expliquerait cette baisse de l’interactivité des bandeaux.  Comme il faut tout expliquer, Nielsen suggère que le taux de clic ne serait pas (lisons ici, ne serait plus) la variable optimale pour évaluer la réussite d’une campagne en ligne.

Le Industry Standard, sous la plume de Jacob Ward, dévoile une astuce mise au point par un groupe de hackers dans le but de faire artificiellement grimper le taux de clic sur un site donné.  Le dopage des statistiques prend la forme d’un petit logiciel échangé au sein d’un groupe.  Chacun monte sa page, puis s’inscrit à un programme d’affichage de bandeaux publicitaires.  Dès lors, il est possible d’enclencher le logiciel qui simule des clics sur l’ensemble des pages du groupe; il ne reste qu’à passer à la caisse.

La technique se serait avérée efficace avec de nombreuses agences de placement de bandeaux publicitaires, dont ValueClick, DoubleClick, 24/7 Media, Flycast, Banner Brokers et LinkExchange de Microsoft.  Ce dernier aurait été particulièrement vulnérable à l’illusion créée par le logiciel tricheur.

Dan Clements de Banner Brokers a admis au Industry Standard que l’on avait cru que le problème des «clics fantômes» pouvait représenter environ 10 % de l’interactivité mesurée des bannières, mais qu’il pourrait plutôt s’agir de 20 % ou plus.  Clements entend mettre sur pied un organisme, AdCops, qui constituera une banque de données des utilisateurs de logiciels tricheurs.  Elle sera disponible aux agences de placement de bandeaux publicitaires moyennant abonnement, de sorte que les agences puissent refuser de signer des contrats de rémunération avec ces personnes.

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 La pub en PC : regardez-la de face
Non pas en «personal computer», mais en «politically correct», regardez-la de face.  Deux petites nouvelles retiennent notre attention cette semaine.

En Californie, une campagne de publicité pour le Palm V, petit agenda électronique multi fonctions, a déclenché un tollé.  On y voit une femme, position foetus, en simple appareil vanter les charmes du complexe appareil.  Les groupes féministes ont protesté, les panneaux destinés aux abribus ont été refusés par la société des transports en commun.  Palm Computing, filiale de la société 3C, se défend en disant qu’elle a aussi des publicités représentant des hommes.  En raison de la trop forte demande, le Palm V est temporairement en rupture de stock.

À Montréal, un panneau publicitaire à proximité du pont Jacques-Cartier pour la chanteuse Marie-Chantal Toupin a dû être remplacé lorsque «un individu, visiblement choqué par l’aspect “provocant” de la chanteuse, a découpé la toile du panneau publicitaire la semaine dernière, rendant celle-ci inutilisable.  L’homme a par la suite revendiqué son acte en menaçant de mettre le feu au bâtiment adjacent si la publicité était réinstallée.» De commenter la chanteuse, «J’ai vraiment de la difficulté à concevoir qu’un ou des individus m’empêchent de m’exprimer.  Mon message n’a rien de négatif.  Au contraire, dans la chanson, j’affirme : “Regarde-moi droit dans les yeux si tu t’adresses à moi”.  C’est plutôt la notion de respect que je cherche à véhiculer.»

Parlez-en en bien, parlez-en mal, mais parlez-en.

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 En bref...
Le 3 mai prochain, Journée mondiale de la liberté de la presse.  En 1998, on rapporte 28 journalistes assassinés dans 13 pays, 117 détenus en prison dans 25 pays, la pratique de censure et répression dans 119 États.  Un dossier sur Web de l’Association mondiale des journaux.  Pour l’année en cours, le Freedom Forum dresse déjà un bilan de dix journalistes tués dans l’exercice de leurs professions, dont Slavko Curuvija, éditeur du journal yougoslave indépendant Dnevni Telegraf et cinq journalistes au Sierra Leone, vous savez, cette autre guerre.

Ceux et celles qui s’adonnent à la navigation sportive ou de plaisance, ou qui plus généralement s’intéressent à la mer, se réjouiront de la découverte d’un nouveau port d’attache vers lequel appareiller sur le Web, le Guide Thalassa de la mer et de la voile, réalisation de TVTEL3 et dérivé de la populaire émission Thalassa diffusée dans toute la Francophonie par la chaîne TV5.  Très complet, même en pré-version, le GTMV se moule sur une coque portail, avec gréements de répertoire (sports nautiques, équipements, petites annonces, vie marine, pages perso, etc.), moteur de recherche, section nouveautés, visites virtuelles de destinations en QuickTime, infos en continu, bref, tout savoir sur la mer et la voile sans focailler.  Bon vent au GTMV.

Le netmag Salon, qui a réglé ses problèmes de nom de domaine (autrefois salonmagazine.com, bien que cette adresse ait été conjuguée à la nouvelle) et refondu sa présentation graphique, a fait l’acquisition de The Well, un espace de discussion d’«esprits libres» qui célébrait récemment sa quatorzième année d’existence.  The Well, réservé aux abonnés, héberge plus de 260 forums de discussion sur des sujets aussi variés que le jardinage ou la programmation Java.  Les membres versent entre 10 et 15 $ par mois pour leur abonnement, ce qui leur donne accès aux forums en plus d’un espace d’hébergement pour un site Web personnel, et la très chic distinction d’avoir une adresse de courrier électronique @well.com, le summum du cyberBCBG dans certains milieux.  Les parties n’ont pas révélé la valeur de la transaction.

La première femme milliardaire dans la nouvelle économie! Margaret Whitman, 42 ans, du service d’enchères en ligne eBay.  Il y a 14 mois, Madame Whitman, dont les talents de gestionnaire sont reconnus, quittait la direction d’une division d’un important fabricant de jouets pour se joindre à eBay.  Pour l’y attirer, Pierre Omidyar, fondateur de eBay, lui avait offert des options d’achat sur 7,2 millions d’actions qui valaient alors 0,07 $.  Ces mêmes actions valent maintenant plus de 180 $.  Madame Whitman s’est donc prévalue de son option d’achat, s’inscrivant ainsi dans le club très sélect des cybermilliardaires.  Elle touche en outre un salaire annuel de 282 000 $.

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 Lectures rapides
Rebondissement du débat de Tribunes de Libération sur média, mass média et selfmédia (voir notre chronique précédente.  La réplique Wolton ne s’est pas fait attendre : «Dans le déluge de données, il faut des intermédiaires humains.  Le journaliste par exemple doit faire son travail de tri.  Quand j'achète un journal, que j'écoute la radio, ou regarde la télévision, je fais confiance à Pierre, Paul ou Jacques.  Des circulations de données ne remplaceront jamais les rapports de confiance.  Encore une fois, il faut "dégonfler les baudruches".  Par exemple, les serveurs Internet ne changent pas grand-chose à la guerre du Kosovo.  Pour résoudre le conflit, en termes de communication, il faudrait des mois et des mois de discussion.» Et certainement des années et des années si M.  Wolton était à la table des négociations.

Il nous l’avait bien dit que ce ne serait pas beau.  Au lendemain des premières attaques de l’OTAN contre la Serbie, ARNO* nous parlait de pornographie, de télévision et de guerre dans Scarabée.  «Tiens, encore hier, nos écrans débordaient de pornographie dégueulasse écoeurante ignoble : en gros, ça disait “nous allons mener une guerre propre pour éviter une guerre sale”.  Mais merde, faut pas montrer des choses pareilles aux enfants! [...] La guerre propre fait partie de cette pornographie : la guerre s'attaque d'abord aux civils (parce que les militaires coûtent trop chers pour qu'ils se tuent entre eux), elle est conçue pour mutiler les enfants, massacrer les innocents, annihiler l'ennemi, en commençant par les femmes et les enfants (car ils représentent les futures générations).  À coup d'avions furtifs, de missiles de croisière ou de bombardements chirurgicaux, la guerre est toujours aussi sale, avec ou sans les mines.  On nous ferait presque oublier qu'on fait la guerre pour tuer, quand même! Depuis hier, on a donc diffusé à nos enfants des images pornographiques d'une rare efficacité : le mensonge de la guerre propre, moderne et juste.  Une guerre propre n'est rien d'autre qu'une guerre sale avec un bon alibi.»

Puis dans le netmag Politis, de Denis Sieffert, «La politique du pire», un texte qui traite de l’autre dimension de cette guerre.  «Dernier débat en date, l’accueil des réfugiés.  Le dilemme est évident.  Installer les Kosovars à des milliers, et parfois à des dizaines de milliers de kilomètres de chez eux, n’est-ce pas entrer dans une palestinisation du conflit, avec un droit au retour théorique mais de moins en moins réaliste? Oui, mais refuser au nom de cet argument de prendre en charge des hommes, des femmes et des enfants dans le plus complet dénuement, comme le fait aujourd’hui le gouvernement français, n’est-ce pas opposer brutalement un objectif politique à l’impératif humanitaire? Quoiqu’il en soit, ces débats, ces oppositions ne seront pas sans conséquences.  Les grands dogmes du passé n’ont plus cours.  Et chacun, confusément, en prend conscience.»

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 Beau détour
Cette semaine vers les nombreuses galeries sur The Sight, un site entièrement consacré à la photographie.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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