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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 23 juin 1998

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 23 juin 1998.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Shocking my dear
Vie privée : Sommet à Washington, nouvelle alliance
Dossier pub : DoubleClick France, dépenses en hausse
SIE ne répond plus
Le club sélect des milliardaires
Les chroniques de l'oncle Bill
Presse écrite : Autre affaire de faux
En bref...
Beau détour

 Shocking my dear
Des enquêteurs du ministère britannique de la Défense ont découvert une affaire de distribution à grande échelle de matériel pornographique rapporte la BBC. Un employé de l'agence d'évaluation et de recherche du ministère de la Défense (DERA), et quatre employés d'une société privée travaillant à contrat pour la DERA, auraient récupéré sur Internet, à l'aide des ordinateurs de l'agence, plus de 170 mille fichiers pornographiques en tous genres (XXX, pédophilie, zoophilie, etc.). Les employés auraient, à l'aide d'un logiciel spécial, affecté un ordinateur de la DERA pendant trois semaines à la récupération d'images pornographiques depuis des sites Web à travers le monde. Pour avoir accès à ces images, le logiciel se serait inventé plus de 200 fausses identités. On estime que plus de trois mille employés de la DERA avaient accès au matériel pornographique ainsi stocké sur l'ordinateur de l'agence.

Selon le député écossais Menzies Campbell, porte parole libéral démocrate aux Affaires étrangères et à la Défense, l'important n'est pas qu'il s'agisse de pornographie, mais bien qu'un ordinateur de la Défense ait pu être «détourné» à ces fins. Pour sa part, Rupert Cazalet, porte parole de la DERA, a déclaré, avec un flegme tout britannique, comprendre que «la tentation puisse l'emporter sur certaines personnes». Jim Bates, un enquêteur spécialisé en crime informatique, a avoué n'avoir jamais vu une quantité aussi importante de fichiers pornographiques. Les employés incriminés ont été suspendus en attendant les conclusions de l'enquête.

L'affaire n'est pas sans rappeler un cas semblable, mais de moindre envergure, en novembre 1996 où un chercheur physicien à l'emploi du Centre canadien de recherches pour la défense était arrêté et accusé d'avoir été en possession de 20 mille fichiers de pornographie juvénile stockés sur son ordinateur au bureau du Centre. Haut de la page


 Vie privée : Sommet à Washington, nouvelle alliance
L'administration Clinton, soucieuse de ne pas freiner le développement du commerce électronique en imposant un train de mesures visant à protéger la vie privée des utilisateurs et utilisatrices du réseau, accorde un sursis aux entreprises pour qu'elle trouvent une issue dans un contexte d'autodiscipline. En outre, la Maison Blanche a convoqué les gros joueurs du commerce électronique à une rencontre/conférence au sommet les 23 et 24 juin pour faire le point sur la question de la protection des données personnelles.

Parallèlement, le 22 juin, une cinquantaine d'entreprises annonçaient la création d'une alliance dont le but sera d'élaborer un code d'éthique en matière d'utilisation des renseignements personnels fournis lors d'une transaction sur le réseau. Parmi les membres fondateurs de la Online Privacy Alliance, soulignons la participation du fabricant d'ordinateurs Dell, de Apple, AT&T, IBM, Compaq, Hewlett-Packard, Microsoft et Netscape.

Au nombre des principes prévus à ce code à adhésion volontaire figure l'interdiction de recueillir des renseignements personnels sur des enfants de moins de 13 ans à moins d'obtenir la permission des parents.

La tenue du sommet de Washington, la création de l'Alliance et l'accent mis sur la protection de la vie privée des enfants fait largement écho aux préoccupations soulevées par un rapport de la commission fédérale américaine sur le commerce (Federal Trade Commission - FTC) dont nous vous parlions dans notre chronique du 9 juin dernier. Rappelons que sur 212 sites destinés aux enfants, la FTC rapportait que 89 % recueillent des données personnelles, 54 % fournissent à des degrés divers des informations sur la cueillette et l'utilisation des données, seulement 23 % suggèrent aux enfants d'obtenir l'accord de leurs parents avant de divulguer des données personnelles, moins de 8 % disent qu'ils informeront les parents sur leurs pratiques de cueillette et d'utilisation de ces données.

On ne peut pas être contre la vertu, mais disons que de tous les documents auxquels nous avons eu accès concernant la Online Privacy Alliance, aucun ne précise les mesures qui seraient prises contre une entreprise qui enfreindrait le code d'éthique sur la cueillette des données personnelles. Haut de la page


 Dossier pub : DoubleClick France, dépenses en hausse
L'Agence de placement publicitaire DoubleClick lance DoubleClick France, ajoutant ainsi à ses bureaux déjà présents aux États-Unis, au Japon, au Canada, en Espagne et au Royaume-Uni. Elle entend tirer profit de la technologie DART (Dynamic Advertising Reporting and Targeting) pour atteindre rapidement plus de 10 millions d'impressions publicitaires par mois sur des sites français, dont Libération, IP France, IDG France, Excite France, Multimania/Virtual Baguette, Hi-Media, NetFactory et Adjoint. Le réseau DoubleClick «sert» déjà 60 millions d'impressions publicitaires par jour sur près de deux mille sites.

Puis, l'Internet Advertising Bureau rapporte pour le premier trimestre de l'année des dépenses publicitaires sur le Web de 351,3 millions de dollars, hausse de 271 % sur le premier trimestre de 1997, mais de seulement 5 % sur le trimestre précédent. Haut de la page


 SIE ne répond plus
Le fournisseur d'accès et d'hébergement Services Internet de l'Estuaire (qui logeait à http://www.sie.qc.ca/) a cessé ses activités, laissant en plan ses abonnés qui ont été forcés de se rabattre rapidement sur d'autres fournisseurs, solution moins qu'évidente en région périphérique. L'affaire soulève la question de la responsabilité des fournisseurs d'accès en cas de cessation des activités, quels qu'en soient les motifs.

C'est donc sans préavis que SIE, fournisseur d'accès et d'hébergement dans la région de Rimouski, a coupé le service aux abonnés (au nombre de 400 selon nos informations). De toute évidence, on ne peut forcer une entreprise éprouvant des difficultés financières à poursuivre indéfiniment ses activités. Cependant, l'accès Internet atteint rapidement le statut de «service public» au même titre que le téléphone, et il conviendrait de protéger les abonnés en cas de cessation des activités de leur fournisseur.

Particuliers, travailleurs autonomes, petites et grandes entreprises en viennent à compter sur les services comme le courrier électronique pour mener leurs affaires, et toute interruption de service peut avoir de graves conséquences.

Au Canada, il existe deux associations de fournisseurs de services Internet, soit l'Association canadienne des fournisseurs Internet (ACFI) et la Responsible Internet Service Companies (RISC). Ces deux organismes (aux politiques fort différentes) défendent les intérêts des fournisseurs de services, mais semblent peu se soucier de ceux des consommateurs. On ne peut d'ailleurs leur en tenir rigueur, ce sont des associations professionnelles. Mais en l'absence d'association d'utilisateurs, ou d'autres mécanismes ou recours pour les protéger, ces derniers se trouvent à la merci de situations déplorables comme ce fut le cas dans l'affaire SIE.

Les ex-abonnés de SIE pourront cependant récupérer le courrier électronique qui leur était destiné et qui serait dans les «limbes technologiques» du système SIE en communiquant avec le service à la clientèle de Cogeco. La vice-présidente de cette entreprise, Madame Hélène Dubuc, nous confirmait hier en entrevue téléphonique que les ex-abonnés n'ont qu'à faire une demande par écrit auprès de Cogeco, précisant leur ancienne adresse à SIE et leur nouvelle adresse électronique. Le courrier en transit sur le serveur de SIE leur sera expédié dans les meilleurs délais. Haut de la page


 Le club sélect des milliardaires
Le magazine Forbes, dans son édition du 6 juillet, publie sa liste annuelle du club sélect des milliardaires. Soixante dix sont Américains, 52 Européens et 44 originaires d'Asie. Tête de liste pour la quatrième année consécutive, évidemment, l'Oncle Bill avec un actif personnel de 51 milliards de dollars US, une belle progression de 41 % au cours des douze derniers mois. Pas très loin derrière, au quatrième rang, le co-fondateur de Microsoft Paul Allen avec 21 milliards de dollars.

C'est le douzième exercice du genre pour Forbes qui, cette année, a légèrement modifié les critères d'admissibilité à la liste pour n'inclure que les personnes qui «travaillent» à faire prospérer leur fortune, et exclure les héritiers paresseux, les familles royales et les dictateurs toujours au pouvoir qui font l'objet d'une liste distincte. Ce nouveau mode de «classement» a donc permis à l'ex-président indonésien Suharto une inscription à la «vraie» liste des milliardaires avec un actif personnel d'un peu plus de quatre milliards de dollars. Trente-deux ans de dictature, des participations dans plus de trois mille entreprises indonésiennes, c'est dur la vie.

On apprend aussi que l'actif moyen des milliardaires recensés par Forbes a plus que doublé depuis 1994 où il s'établissait à 2,2 milliards; il est maintenant de 4,7 milliards. Crise économique, vous dites? Connais pas. Haut de la page


 Les chroniques de l'oncle Bill
Quel homme. En plus de diriger une entreprise dont les revenus dépassent les PIB de bien des États dits souverains, Bill Gates trouve le temps (ou les gens) pour signer des chroniques et des articles dans de grands médias.

Chronique régulière diffusée par le New York Times, l'Oncle Bill écrivait mardi dernier que l'industrie du contenu sur le Web sera rentable... éventuellement. Reconnaissant avoir été trop optimiste dans le passé à l'égard du temps qu'il faudrait pour assurer la rentabilité des contenus sur le Web, Gates se demande s'il y aura tout au plus une poignée de sites Web qui réussiront soit en vendant leur contenu, soit en ayant recours à la publicité comme source de financement. Il prévoit que les recettes publicitaires devront quadrupler avant que les gros sites Web ne puissent espérer atteindre un équilibre financier.

Abordant le thème des contenus payants, il cite l'exemple de Slate. Lancé par Microsoft il y a environ deux ans, Slate avait fidélisé près de 200 mille lecteurs. Puis, au printemps, le netmag est devenu payant (30 $ US par année). Depuis, il n'y a eu un report de lectorat à la formule à péage que de dix pour cent des lecteurs et lectrices. Curieusement, Gates ne glisse pas mot de Sidewalk, la série de sites Web régionaux qui, selon certains rapports, éprouverait de sérieuses difficultés financières. L'arrivée d'ordinateurs plus conviviaux, du WebTV et de connexions 24 sur 24 amèneront enfin un nombre suffisant d'utilisateurs pour rendre le Web incontournable aux annonceurs. Mais d'ici là, pour les producteurs et diffuseurs de contenus, il faudra attendre.

Puis, dans The Economist (abonnement requis), le premier dirigeant de Microsoft a été invité par la rédaction à répondre à certains articles publiés par l'hebdomadaire britannique sur la présumée situation de monopole de l'entreprise faisant l'objet de poursuites devant les tribunaux américains.

Rien de neuf dans les arguments de Bill Gates: tout le monde profite des systèmes ouverts, il ne faut pas freiner l'innovation, Microsoft répond à la demande des consommateurs, ces derniers ont le choix d'opter ou non pour Windows, les prix des systèmes d'exploitation DOS/Windows n'ont pas augmenté depuis 1990, etc.

Ce qui est nouveau dans le discours, c'est le tableau du coût quotidien (aux États-Unis) de certains produits et services et de Windows 98 attendu ce jeudi. Une tasse de café grand format chez Starbucks coûte 1,25 $ US. Un abonnement à un service de câblodistribution coûte près d'un dollar, et il en coûte près de 0,75 $ par jour pour vous abonner au service en ligne AOL. C'est un peu plus que le prix à la copie du Wall Street Journal, mais presque le double du prix d'une tablette de chocolat. Un bol de céréales au petit déjeuner et la revue The Economist sont presque à égalité à 0,30 $. Mais en se basant sur le prix de vente de la trousse de mise à jour Win98, et en tenant compte de l'«espérance de vie» de Win98 (trois ans selon Bill Gates), il vous en coûtera 0,08 $ par jour pour utiliser ce système d'exploitation. Sur le prix d'un ordinateur neuf sur lequel est installé Windows, le coût baisse à 0,05 $ par jour. Haut de la page


 Presse écrite : Autre affaire de faux
Nous vous parlions la semaine dernière du journaliste Stephen Glass du mensuel The New Republic accusé d'avoir inventé de toutes pièces des faits et des personnages pour rehausser ses reportages et articles. Cette fois, c'est le prestigieux Boston Globe qui est éclaboussé par une affaire semblable.

Jeudi dernier, le rédacteur en chef du Globe, Matthew Storin, demandait et recevait la démission de la journaliste Patricia Smith après avoir déterminé que celle-ci avait trafiqué des citations et des personnages dans quatre articles parus cette année.

À l'emploi du Globe depuis 1990, chroniqueure régulière depuis 1994, Madame Smith s'est méritée cette année un prix d'excellence décerné dans la catégorie «chroniques» par l'association américaine des éditeurs de journaux. En avril, elle s'inscrivait au rang des finalistes pour le prix Pulitzer dans la catégorie «commentaires». Mais vendredi dernier, Patricia Smith signait sa dernière chronique et présentait ses excuses au lectorat du Boston Globe.

Mais, outre le débat sur les questions d'éthique journalistique, l'affaire a connu un autre rebondissement. Le célèbre avocat Alan Dershowitz (qui a eu pour clients O.J. Simpson, Leona Helmsley, Michael Milken, Claus von Bulow et Mike Tyson) accuse le Globe de pratiquer une politique des «deux poids, deux mesures», de sévir contre Patricia Smith car elle est de race noire, mais de ne pas inquiéter d'un autre chroniqueur du Globe, Mike Barnicle, que Dershowitz accuse d'avoir tenu des propos anti-sémites. Dernier (?) volet dans cette saga sur l'éthique, la réponse de Barnicle qui déplore ce qui prend l'allure d'une chasse aux faussaires. Haut de la page


 En bref...
Dans la catégorie des netmags, PNCmédia propose les textes d'une dizaine de chroniqueurs, dont ceux de Nelson Dumais sur l'informatique, d'Annie Bourque sur Montréal/société et d'André Hains sur le merveilleux monde de la finance. Pas un mauvais produit, léger, qui se consulte rapidement. Disons que s'il y a une révolution, elle ne partira pas de là. On regrette l'absence d'archives des chroniques précédentes et l'emprunt sans vergogne, dans la section de La Lettre, de la formule «100 % électrons recyclés». Bof.

NetModem, un autre netmag, mais cette fois consacré uniquement aux modems: type RTC internes, externes, PCMCIA pour portables, modems câbles, décideurs Internet, etc. On apprécie les mises à jour récentes et la section dépannage (qui convient cependant surtout au contexte de l'infrastructure téléphonique française). Bonne sélection de liens, liste d'envoi par courrier électronique des nouveautés disponibles sur le site. Site partenaire du précédent, WebFaster qui, comme son nom l'indique, est un site français. On y traite de toutes les technologies d'accès rapide à Internet, avec «La News» et «La News Express». Haut de la page


 Beau détour
Cette semaine, destination Mexique pour Luna Córnea, revue trimestrielle de photographie publiée par le Centro de la Imagen du Centre national des arts et de la culture du Mexique.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et à toutes une bonne semaine, et aux Québécois et Québécoises de tête et de coeur, une heureuse Fête nationale,

Écrire à Jean-Pierre Cloutier

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URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/980623.html