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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 2 avril 2002

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine en Cybérie...

  «Yoga Inside» : respirez profondément...
On se demande parfois si les responsables des grandes sociétés n'ont pas un peu trop de temps à eux, empêtrés qu'ils puissent être dans leur karma corporatif.  Comme ceux du service du contentieux de chez Intel, par exemple.  C'est le San Francisco Chronicle qui nous relate l'étrange litige qui oppose le fabricant de processeurs à un organisme sans but lucratif qui se consacre à l'enseignement et à la pratique du yoga.  Au coeur de ce différend, le nom de l'OSBL, «Yoga Inside» qu'Intel estime être une violation de sa marque de commerce «Intel Inside».

L'organisme a vu le jour grâce à Mark Stephens.  Il y a quelques années, il commence par initier aux bienfaits de la méditation des jeunes membres de gangs de rues incarcérés pour divers méfaits, d'où le nom, «Yoga Inside», le yoga «à l'intérieur des murs».  En septembre 2000, Stephens constitue son organisme et enregistre la raison sociale.  Depuis, Yoga Inside dispense gratuitement des cours dans des écoles, des centres de traitement d'intoxiqués, des établissements de détention et dans des collectivités défavorisées.

Intel ne voit pas la chose d'un bon oeil.  Dans des documents déposés auprès du bureau des brevets et marques de commerce (U.S.  Patent and Trademark Office), la société fait valoir que le logo et le slogan «Intel Inside» apparaît sur des millions d'ordinateurs, et que cette campagne d'établissement d'image de marque lui a coûté des milliards de dollars.  C'est pourquoi Intel tente de faire valoir que toute construction linguistique où un substantif précède le mot «Inside» devrait lui être réservé.  Les procureurs d'Intel ont écrit à Stephens pour lui faire part de leur inquiétude : l'utilisation du nom «Yoga Inside» pourrait porter à confusion et/ou diluer ses droits de marque de commerce.

Intel est loin de faire preuve de souplesse, mais concède que la formulation inversée «Inside Yoga» ne lui ferait pas problème et se dit même disposée à défrayer certains des coûts de changement de nom de l'organisme.  Stephens est plutôt d'avis qu'Intel, qui offre depuis peu des activités de yoga à son personnel, devrait devenir le commanditaire principal de son organisme.

La situation est délicate pour Intel.  D'une part, si on comprend la société de vouloir protéger sa marque de commerce, on voit mal pourquoi elle porterait atteinte à un organisme comme Yoga Inside et se donnerait l'image de l'éléphant qui écrase la fourmi.  Petite suggestion aux protagonistes : «Cool Inside».

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  Paul Trummel, le trouble-fête Web
Paul Trummel, 69 ans, citoyen britannique résidant des États-Unis est un ex-journaliste et professeur de communication.  Il se dit semi-retraité, journaliste pigiste et reporter.  Cela n'a pas empêché le juge James Doerty d'un tribunal de district de la région de Seattle de le faire emprisonner pour outrage au tribunal, car Trummel distribuait gratuitement des copies imprimées de sa lettre d'information, et diffusait ses écrits sur le Web, mais ne tirait aucun revenu de ses activités et ne pouvait donc prétendre au statut de journaliste pour défendre son droit à la liberté d'expression.

Le tout commence l'an dernier quand Trummel exprime de sévères critiques à l'endroit du gestionnaire du complexe immobilier à loyer modique pour personnes âgées qu'il habite, le Council House, dans le quartier Capitol Hill de Seattle.  Il écrit des articles sur le complexe de 163 unités de logement qu'il qualifie d'«édifice malade», en proie à la pollution sonore, au manque de sécurité, et aux actions déraisonnables de l'administrateur qu'il accuse de corruption et de discrimination.  Il imprime ses articles sur des feuilles mobiles et les distribue aux autres locataires..

L'heure est grave, car la colère gronde chez ses voisins retraités.  Craignant la révolte des panthères grises, les administrateurs exercent des pressions sur Trummel pour qu'il cesse de publier ses pamphlets.  Trummel se plaint de harcèlement devant un tribunal, mais le juge estime que c'est lui le harceleur, ordonne son éviction du complexe d'habitation et lui interdit de revoir ses amis et connaissances du Council House.  Il doit alors s'installer dans un motel (voir le Seattle Weekly).

Il lance alors un site Web pour diffuser ses écrits, Contracabal.Net, et continue d'écrire ses textes critiques à l'endroit de la direction du complexe d'habitation.  Cette dernière retourne devant le tribunal et fait valoir que le site Web enfreint l'interdiction de poursuivre son harcèlement.  Trummel retire alors ses articles de Contracabal.Net et ouvre un autre site, une «édition internationale» de ses écrits, Contracabal.Org.

Une autre procédure contre Trummel par la direction du Council House exige le retrait des articles du deuxième site Web.  Trummel refuse, et le juge ordonne son incarcération le 27 février dernier pour refus de se plier à l'ordonnance précédente.  Trummel se dit journaliste et affirme que ses droits sont brimés.

L'avocat de Trummel, Robert Siegel, affirme que ces procédures nient le droit à la libre expression de son client qui n'a jamais prôné la violence et a toujours basé ses écrits, bien que parfois mordants et satiriques, sur des faits vérifiables.  De plus, Trummel vient d'être diagnostiqué tuberculeux et il souffre de problèmes d'arthrite et de prostate, mais il se voit refuser l'accès aux médicaments et suppléments alimentaires dont il a besoin.  Le juge insiste pour qu'il retire les contenus contestés de son site Web, mais Trummel n'a évidemment pas accès à son site depuis son lieu de détention.

Selon le service de nouvelles Newsbytes, le gouvernement britannique a exprimé son inquiétude au magistrat, et certains organismes de défense des libertés songent à lancer une campagne de sensibilisation.

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  Le mérite littéraire du pornographe
Un vieux dossier qui n'en finit plus de s'éterniser devant les tribunaux canadiens et qui amène son lot de déclarations étonnantes, celui de Robin Sharpe, accusé de possession de pornographie juvénile, et de possession dans le but de distribution et de vente.

En 1995, Sharpe fait l'objet d'une accusation pour possession illégale de pornographie juvénile, et d'une autre accusation de possession en vue de la distribution ou de la vente, à la suite à son arrestation par des agents du service des douanes alors qu'il revenait des États-Unis avec ledit matériel.  Au cours d'une deuxième saisie, effectuée cette fois à son domicile, les policiers saisissent une collection d'ouvrages, de manuscrits, de récits et de photos qui, d'affirmer le ministère public, constituent de la pornographie juvénile.  Deux nouvelles accusations sont alors déposées, l'une de simple possession et l'autre de possession en vue de la distribution ou de la vente.

En 1999 (notre chronique du 19 janvier), le juge Duncan Shaw de la Cour suprême de la Colombie-Britannique invalide l'article 163.4 du Code criminel canadien qui interdit la possession de matériel de pornographie juvénile statuant qu'il s'agissait d'une «atteinte sérieuse» à la liberté d'expression et au droit à la vie privée, garantis en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.  Dans un jugement de 35 pages, le magistrat estime que «cette atteinte à la liberté d'expression et au droit à la vie privée est si profonde qu'elle n'est nullement compensée par les effets limités de la prohibition».

En juillet de la même année (notre chronique du 6 juillet 1999), un panel de trois juges (deux femmes et un homme) de la Cour d'appel de la Colombie-Britannique maintient la décision du tribunal de première instance qui invalidait les articles du Code criminel du Canada interdisant la possession de matériel de pornographie juvénile.  Moins d'une heure après que la décision de la Cour d'appel de la Colombie-Britannique était rendue publique, le procureur général de la province annonçait son intention d'en appeler devant la Cour suprême.

En janvier 2001 (notre chronique du 30 janvier 2001), la Cour suprême doit déterminer si les articles du Code criminel canadien qui interdisent la possession de pornographie juvénile sont constitutionnels ou, au contraire, s'ils représentent une restriction injustifiée du droit constitutionnel des Canadiens et Canadiennes à la liberté d'expression, la Cour suprême statue que la disposition en cause est constitutionnelle, sauf en ce qui concerne deux applications limitrophes portant sur du matériel expressif créé et conservé en privé par l'accusé.  En ce qui a trait aux «applications limitrophes» de la loi canadienne, elles sont définies comme «la possession de tout écrit ou de toute représentation visuelle créé uniquement par l'accusé lui-même, et détenu uniquement par lui, pour son usage personnel exclusif, et deuxièmement, la possession de tout enregistrement visuel que l'accusé a créé ou dans lequel il figure, pourvu qu'il ne présente pas des activités sexuelles illicites et qu'il soit conservé par l'accusé pour son usage personnel exclusif.»

Mardi, 26 mars 2002, le juge Duncan Shaw trouve Robin Sharpe coupable de deux accusations de possession de matériel pornographique juvénile (photographies saisies en 1995), mais l'acquitte des accusations de possession de matériel pornographique relativement à ses ouvrages et manuscrits de récits pédophiles invoquant leur «mérite littéraire ou artistique».

Dans sa décision, le juge Shaw passe en revue les témoignages de quatre experts en littérature appelés à témoigner de la valeur artistique des écrits de Sharpe.  Le ministère public, pour sa part, était formel : «ces récits n'ont aucune valeur artistique [...] leur nature et les buts visés ont toujours été autres.»

Les organismes de défense des droits des enfants ont été choqués par le verdict, alors qu'à Ottawa on reste muet sur d'éventuels changements au Code criminel visant à modifier la définition de la pornographie juvénile et les exemptions permises.

Sharpe connaîtra sa sentence le 2 mai.  Il est passible d'une peine maximale d'emprisonnement de deux ans moins un jour.

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  Otto J.  Reich : portrait Web d'un des hommes du président
Le 22 mars dernier 2001, George Dubya Bush annonçait son intention de nommer Otto Juan Reich au poste de Secrétaire d'État adjoint responsable pour l'hémisphère occidental.  Comme des centaines d'autres dans l'administration publique aux États-Unis, cette nomination est sujette à l'approbation du Sénat.

Mais voilà que pour la période des Fêtes en décembre dernier, les sénateurs ont ajourné leurs travaux, et qu'un des dossiers laissés en suspens est celui de la nomination de Otto Reich.  Une disposition constitutionnelle (Section 2, article 2) permet au président de contourner le processus d'approbation sénatorial si le Sénat est ajourné, et la nomination est alors en vigueur jusqu'à l'ajournement de la prochaine session du Congrès.  Question de bien camper le contexte, Ronald Reagan a eu recours à cette disposition 239 fois en deux mandats, le père de George Bush 78 fois au cours de ses quatre années à la Maison Blanche, et Bill Clinton 57 fois en huit ans.

Le 11 janvier dernier, après des mois d'attente, on annonçait la nomination de Otto J. Reich en vertu des dispositions constitutionnelles permettant au président de contourner l'approbation sénatoriale.

Né à Cuba, 55 ans, diplômé de Georgetown en études latino-américaines, Otto Reich a été administrateur adjoint de la U.S.  Agency for International Development (USAID) de 1981 à 1983.  De 1983 à 1986, il est conseiller spécial du secrétaire d'État et met sur pied un organisme interagences, le Office of Public Diplomacy for Latin America and the Caribbean.  Par la suite, de 1986 à 1989, il occupe le poste d'ambassadeur au Venezuela, et reçoit le State Department's Exemplary Service Award and Superior Honor Award.

De 1990 à 1996, il dirige le Brock Consulting Group (services conseils dans l'immobilier), et plus récemment, il était président de Risk Management Alternatives International (RMA), entreprise de services conseils auprès des grandes sociétés, 4 500 employés dans 38 pays.  Il est également associé principal au Center for Strategic & International Studies, influent «think tank» en matière de relations internationales où se retrouvent également Madeleine Albright et Alexander Haig (anciens secrétaires d'État respectivement dans les administrations Clinton et Reagan) et l'amiral à la retraite William Crowe.

Le 14 décembre, le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer débute son point de presse quotidien par une déclaration sur les nominations en attente d'approbation par le Sénat.  Il aborde la question de M.  Reich et déclare : «Son poste est essentiel à nos relations avec nos partenaires de l'hémisphère ouest, alors que les États de l'Amérique centrale et latine se tournent vers nous pour qu'on leur montre la voie afin de venir à bout à des problèmes internes sérieux.»

Le président du comité sénatorial sur les affaires extérieures, Joseph Biden (Démocrate, Delaware), a pourtant refusé d'inscrire à l'ordre du jour des travaux du comité des audiences pour l'approbation de la nomination de M.  Reich.  Il a d'ailleurs l'appui de l'influent sénateur Christopher Dodd (Démocrate, Connecticut), président du sous-comité sur l'hémisphère ouest, le Peace Corps (aide internationale) et les narcotiques, aussi reconnu comme un expert des questions latino-américaines.

Si, en apparence, Otto Reich semble posséder la formation et l'expérience nécessaires pour s'acquitter des tâches que lui réserve George Bush, certains éléments de son passé expliquent peut-être l'hésitation des sénateurs à endosser sa nomination.

C'est que de 1983 à 1986, alors qu'il est conseiller spécial du secrétaire d'État et dirige le Office of Public Diplomacy for Latin America and the Caribbean (OPD), Reich est un des acteurs principaux dans le très complexe scandale Iran/Contra.

En 1985 et 1986, les États-Unis ont secrètement vendu des armes à l'Iran pour obtenir la libération d'otages.  En 1986, une partie des armes destinées à l'Iran et du produit de ces ventes a été détournée au profit des contras nicaraguayen (Rapport de la Commission Walsh).  Les avions de la CIA arrivaient en Amérique latine avec des armes, et revenaient avec de la cocaïne qui était vendue sur le territoire des États-Unis (affaire Dark Alliance).

Le World Policy Institute rapporte qu'au cours de sa première année d'existence, l'OPD a été très active.  Elle a servi d'intermédiaire pour trouver des ressources pour 1 500 conférences et entrevues pour les médias, a publié trois livres sur le Nicaragua, et diffusé de la documentation à 1 600 bibliothèques collégiales et universitaires, 520 professeurs de science politique, 122 éditorialistes et 107 organismes religieux.  L'OPD a également octroyé un contrat de 419 000 $ au cabinet de relations publiques International Business Communications, alors dirigé par Richard Miller (qui a plaidé coupable de fraude dans l'affaire Iran/Contra) et auquel était associé le colonel Oliver North, autre acteur important.

Mais qui plus est, selon les archives sur la sécurité nationale de la George Washington University, citant des documents officiels des enquêtes qui ont suivi, M. Reich s'est engagé dans des activités «prohibées, clandestines, de propagande [...] dépassant les limites acceptables pour un organisme public d'information.» Par exemple, bien que le Colonel Oliver North ait nié être au courant, l'OPD aurait payé pour la publication d'une publicité de cueillette de fonds pour appuyer les contras sur laquelle on pouvait lire : «53 sous par jour appuient un combattant de la liberté».

Ce qui étonne dans le parcours de Reich est qu'il soit sorti indemne du scandale Iran/Contra, et ait même reçu le State Department's Exemplary Service Award and Superior Honor Award pour services rendus.  D'ailleurs, selon le Institute for Policy Studies, les récompenses ont été nombreuses pour Reich, dont un contrat de 600 000 $ à titre d'expert-conseil et lobbyiste pour la société Bacardi-Martini pour travailler au maintien de l'embargo imposé à Cuba et ainsi bloquer l'importation de rhum cubain aux États-Unis.

Voilà donc, en bref, le portrait Web de celui qui au sein de l'administration Bush II sera le nouvel artisan de la politique des États-Unis envers l'Amérique Latine.  À lire, l'allocution de Reich devant le Center for Strategic & International Studies le 12 mars dernier sur les grands axes de la politique étasunienne pour les Amériques.  De l'action en perspective.

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  Daniel Pearl : suivi
Le vendredi 29 mars, à la suite de la comparution pour dépôt additionnel de preuves contre les quatre co-accusés pour l'enlèvement et le meurtre de Daniel Pearl, le début du procès a été fixé au 5 avril.  Pour des raisons de sécurité, le procès se tiendra à l'intérieur de la prison centrale de Karachi où les accusés sont incarcérés (voir Rediff).  Cependant, le ministère public avoue que les preuves de l'implication de Ahmed Omar Saeed Sheikh, le principal accusé, et des trois autres co-accusés (sept autres sont toujours au large) sont largement circonstancielles et qu'il aura également recours à des témoins experts (voir CNN).

Rappelons que le corps de Daniel Pearl n'a pas été retrouvé, qu'on ignore la cause exacte du décès, tout comme le lieu du meurtre et l'endroit où il était séquestré, et qu'on ne dispose évidemment pas de l'arme du crime.  Le Département d'État des États-Unis offre toujours jusqu'à cinq millions de dollars en récompense à quiconque pourrait fournir des renseignements pouvant mener à l'arrestation des responsables de l'enlèvement et du meurtre de Pearl.

La cause a été déférée à un tribunal anti-terroriste pakistanais.  Saeed Sheikh a demandé d'être jugé devant un tribunal fédéral islamiste, requête qui lui a été refusée par le juge.  Son avocat, Abdul Waheed Katpar, a aussi demandé que le procès ne se tienne pas à huis clos, mais le juge n'a pas encore statué sur la présence du public et/ou de la presse lors des audiences (voir Dawn).

Samedi, 30 mars, l'avocat de Saeed Sheikh contestait officiellement la décision du juge de tenir les audiences à l'intérieur des murs de la prison.  Sa requête sera entendue cette semaine.

Autre élément sur lequel le doute plane, celui de l'extradition possible de Saeed Sheikh aux États-Unis.  Selon le procureur en chef pakistanais, Sindh Raja Qureshi, cette décision sera prise par le gouvernement pakistanais en fonction des circonstances (voir Frontier Post).  Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, Moinhuddin Haider, a exprimé de sérieux doutes sur le désir de son gouvernement d'extrader Saeed Sheikh.

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  Autres suivis : sites Web gouvernementaux en français; logiciels filtres; «Radio-Canada libre»
Le rapport du Bureau de la Commissaire aux langues officielles du Canada, «Le gouvernement du Canada et le français sur Internet», dont nous vous parlions la semaine dernière a eu des échos dans la presse étasunienne.  L'auteur du rapport recommande entre autres que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international prenne immédiatement des mesures appropriées afin que les ambassades étrangères au Canada accordent une place adéquate au français et à l'anglais sur leurs sites Internet.  Le service de nouvelles Wired souligne que des 42 sites Web d'ambassades au Canada, 62 % n'offrent aucun contenu en français.  En revanche, un examen de 42 sites d'ambassades canadiennes à l'étranger révèle que près des deux tiers de ces sites présentent des contenus dans la langue du pays où ils représentent le Canada.  On cite Buck Shinkman, porte-parole de l'ambassade des États-Unis à Ottawa pour qui un site Web entièrement bilingue serait un «projet ambitieux», mais nécessiterait des budgets et de la main-d'oeuvre qui ne sont pas disponibles.  Le site Web de l'ambassade comporte un lien vers une section «Actualités» (produite par la section des programmes d'information internationale du Département d'État).  Les informations sur les services consulaires pour la ville de Montréal sont en anglais seulement, mais ceux pour la ville de Québec sont bilingues (avec d'intéressantes nuances dans la traduction).

Les audiences relatives à la poursuite intentée par l'American Civil Liberties Union et la American Library Association en vue de faire invalider les dispositions législatives exigeant l'utilisation de logiciels filtres sur les postes d'accès Internet dans les bibliothèques publiques se sont poursuivies devant un tribunal de Philadelphie (notre chronique précédente).  Les juges ont entendu les témoignages de bibliothécaires dont l'essentiel du message était «ne nous faites pas jouer le rôle de police de la pensée», et d'experts techniques qui ont contesté une fois de plus l'efficacité des logiciels de filtrage de contenus.  L'agence Reuters rapporte les propos d'un expert ayant mis à l'essai certains des logiciels filtres qui ont bloqué l'accès à un centre de recherche sur la sexualité, à une étude canadienne sur le sida, et au netmag Salon.  Cette semaine on entendra les arguments des fabricants de logiciels; on prévoit que les audiences prendront fin mercredi (3 avril) et que les juges se prononceront en mai.  En raison de la poursuite, le ministère de la Justice a reporté au 31 juillet l'entrée en vigueur des directives sur l'utilisation des logiciels filtres.  Par contre, quelle que soit l'issue de la cause devant les juges de la cour de district, on s'attend à ce qu'elle soit portée devant la Cour suprême.

Les audiences de cette semaine ont cependant apporté un nouvel éclairage sur la question.  On sait que le CIPA (Childrens' Internet Protection Act) dispose que toute école ou bibliothèque publique qui veut profiter de l'aide financière fédérale destinée aux équipements informatiques et de télécommunications (programme E-rate), doit installer un dispositif de filtrage sur les postes de travail offrant l'accès à Internet; ce dispositif doit permettre de filtrer tout contenu obscène, de pornographie juvénile, ou encore que les responsables estiment inappropriés pour les personnes d'âge mineur.  Or, sans les subventions gouvernementales liées à l'installation de logiciels filtres, des centaines de bibliothèques et d'écoles publiques en milieux défavorisés ne pourront même pas se permettre d'offrir l'accès Internet.

Une expérience qu'il sera intéressant d'observer, celle de «Radio-Canada Libre», une radio Web qui devrait voir le jour ce mardi à midi (heure de Montréal).  Les syndiqués de Radio-Canada en conflit de travail diffuseront des bulletins de nouvelles, des entrevues, des commentaires, des reportages, de la musique et évidemment toutes les nouvelles concernant le conflit de travail.  Une première sur le Web québécois, du moins dans le contexte d'un conflit de travail touchant des travailleurs de la communication.

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  En bref : précédent pour un cybercriminel; le sexe en perte de vitesse; un blogue sur les sites de recherche; «First Monday» d'avril
On sait qu'il est coutume pour les juges d'imposer des restrictions d'accès à Internet pour les personnes reconnues coupables de crimes ayant trait à l'utilisation du réseau (intrusion, diffusion de virus, échange de pornographie juvénile) ou de systèmes informatiques.  Mais aux États-Unis, un banc de trois juges d'une cour fédérale d'appel vient de prononcer une décision qui va à contre-courant de ce principe.  Un individu ayant été trouvé coupable de possession de pornographie juvénile s'était vu imposer l'obligation de demander la permission de son agent de libération conditionnelle avant d'utiliser un ordinateur ou d'avoir accès à Internet, condition qu'il a contestée en appel.  Les juges de la cour d'appel ont estimé que l'interdiction d'avoir accès à Internet, et notamment au courrier électronique, constituait une atteinte injuste à ses droits et libertés allant au delà des mesures nécessaires.  Ils ont cependant laissé la porte ouverte aux inspections de son système et ses composants par les agents de l'ordre, sans le prévenir, de manière à vérifier s'il n'y a pas récidive.  Détails dans Newsbytes.

Quatre chercheurs viennent de publier les résultats d'une étude selon laquelle le sexe compterait de moins en moins dans les mots clés utilisés pour les recherches sur Internet.  Ils basent leurs conclusions sur le moteur de recherche Excite pour lequel, en mai 1997, 16,8 % des recherches étaient liées au sexe ou à la pornographie.  En mai 2001, ce pourcentage n'était plus que de 8,5 % selon les chercheurs.  Au cours de la même période, les recherches sur le commerce, les voyages, l'emploi et l'économie sont passées de 13,3 % à 24,7 %.  Les constatations des chercheurs sont contestées par certains observateurs qui estiment que la fluidité des comportements en ligne ne permet pas d'en arriver avec précision à de tels chiffres.  Voir l'article dans le USA Today.

Parlant des sites de recherche, depuis quelque temps, Marc Duval du Service de recherche documentaire DSI alimente un blogue, «Le carnet des sites de recherche», dans lequel il nous livre ses observations sur les divers moteurs de recherche, leurs fonctionnalités et les nouveautés dans le domaine.  Le blogue pointe également vers diverses fiches techniques antérieures établies par Duval.  Interface minimaliste, facile à consulter, bonne recension des nouveautés dans le domaine des moteurs.

Livraison d'avril du journal «First Monday» très étoffée.  Valdis Krebs dresse un portrait des réseaux clandestins responsables des attentats du 11 septembre à partir de ressources documentaires accessibles sur le Web.  Une perspective de recherche originale.  Eszter Hargittai parle d'un autre aspect de la fracture numérique, celle des compétences dans l'utilisation du réseau.  Aussi : le mouvement Independent Media Center entre cybersubversion et presse alternative, le tandem risque/confiance dans la communication Internet en situation de crise, et l'incidence des déficits démocratiques sur les médias électroniques dans un contexte de développement rural.  Généreux menu de lecture.

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  Beau détour : immersion du numérique
On dit parfois que la plupart des grandes découvertes sont le fruit du hasard.  Le service de nouvelles Wired nous a mis sur la piste de Farrell Eaves, ingénieur à la retraite, et de sa mésaventure avec son appareil numérique Nikon 990.  L'été dernier, au cours d'une excursion photographique, l'appareil de Eaves se retrouve au fond d'un étang.  Eaves la récupère, tente par tous les moyens de l'assécher, mais il entend toujours un bruit de liquide provenant de l'intérieur du boîtier.  Avant de l'envoyer à l'atelier de réparation, il tente de faire quelques images.  Révélation : les photographies prises avec l'appareil présentent des caractéristiques de couleurs modifiées, comme si elles avaient été travaillées au PhotoShop avec des outils de postérisation ou de solarisation.  L'effet, s'il est imprévisible, donne néanmoins des résultats étonnants qui méritent le détour.

Par contre, je n'ai pas essayé de reproduire l'expérience de l'immersion de l'appareil photo avec ma Nikon 990, j'aime bien les résultats tels qu'ils sont.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et à toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

Collaboration à la recherche : Mychelle Tremblay

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