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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 30 octobre 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  «USA PATRIOT ACT» : un lourd tribut
Jeudi dernier, le Sénat des États-Unis adoptait par un vote de 98 contre un le projet de loi de lutte antiterroriste nommé «Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act of 2001» (USA PATRIOT Act) qui avait, plus tôt en semaine, reçu l'aval de la Chambre des représentants.  Vendredi matin, au cours d'une cérémonie officielle, le président George Dubya Bush entérinait le USA Act qui entrait en vigueur immédiatement, conformément à la promesse faite la veille par l'Attorney General John Ashcroft à l'occasion d'une allocution prononcée devant la conférence des maires des États-Unis.

Comme on le craignait, le USA PATRIOT Act contient de nombreuses dispositions élargissant les pouvoirs de surveillance des télécommunications et facilitant l'accès aux données personnelles des citoyens.  En outre, les dispositions de temporarisation (sunset clause) en vertu desquelles certaines mesures devraient être réexaminées dans deux ou trois ans ne touchent qu'une infime partie de la nouvelle loi antiterroriste.  Au Sénat, seul à briser les rangs, le sénateur démocrate du Wisconsin Russ Feingold qui a déclaré devant ses collègues : «La sauvegarde de notre liberté est une des raisons pour lesquelles nous sommes engagés dans cette guerre contre le terrorisme.  Nous perdrons cette guerre sans avoir tiré un seul coup de feu si nous sacrifions les libertés des citoyens des États-Unis.»

Rappelons certaines des nouvelles dispositions de la loi antiterroriste.  Sur simple demande d'un procureur du ministère public fédéral ou d'un État, la police fédérale pourra déployer son système de surveillance Carnivore et surveiller le courriel et les consultations Web de suspects.  Tout fournisseur d'accès Internet ou toute compagnie de téléphone sera tenu de fournir au FBI, sans besoin d'une ordonnance d'un magistrat, toutes les données sur un client.  Ces entreprises se verront interdites de dévoiler au client toute information sur l'enquête. 

La définition de ce que constitue un acte de terrorisme comprend désormais les activités de «hacking» contre un site Web gouvernemental ou tout autre système branché au réseau Internet.  Un nouveau crime, le cyberterrorisme, est défini comme une attaque causant au moins 5 000 $ en dommages à un système informatique en un an, ou encore une attaque ayant pour cible du matériel médical ou causant des blessures physiques.  Ce crime est punissable de peines allant de 5 à 20 ans d'emprisonnement.

Ce qui inquiète dans ces nouveaux pouvoirs de surveillance, et n'oublions pas les dispositions relatives à la détention de suspects et à la divulgation des motifs d'arrestation et des preuves afférentes, et celles relatives à la portée rétroactive de la loi, c'est que depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, le droit des communications s'était construit à coups de jurisprudence, de cas d'espèce ardemment débattus, de petite victoire en petite victoire.  Mais le USA PATRIOT Act vient de remettre tous les compteurs à zéro, sans possibilité de réexamen de ses dispositions lorsque les esprits se seront calmés. 

Bien que ses recommandations et suggestions soient restées lettre morte auprès des élus et de l'administration Bush II, l'American Civil Liberties Union (ACLU) a déclaré être prête à exercer une grande vigilance quant à l'utilisation des nouveaux pouvoirs dont s'est doté l'appareil judiciaire, dont la surveillance des citoyens et la détention prolongée de suspects.  Le directeur exécutif de l'ACLU, Anthony D. Romero, s'est dit persuadé que l'on pouvait assurer la sécurité des citoyens sans porter atteinte à leurs libertés. 

Mais autant à l'ACLU que dans les autres organismes de défense des droits civils, personne n'a jusqu'à présent manifesté l'intention de contester les dispositions de la nouvelle loi antiterroriste devant la Cour suprême et d'en vérifier la constitutionnalité.  Bref, on nous dit que c'est le nouveau paysage et qu'il faudra s'y faire.

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  Crise : sites Web censurés, modifiés, amendés
Sans que l'on ait besoin d'invoquer le USA PATRIOT Act, de nombreux sites Web ont été censurés, modifiés ou amendés à l'initiative de leurs responsables.  Un des premiers sites à se voir amputé de contenus que l'on estimait pouvoir servir à des actions terroristes a été celui de la Federation of American Scientists (FAS).  Plus de 200 pages Web ont été retirées du site, dont des plans des immeubles abritant la National Security Agency (NSA) et la Central Intelligence Agency (CIA). 

On connaît la redoutable efficacité du moteur de recherche Google, et surtout la fonction permettant d'aller consulter une page Web qui n'est même plus en ligne mais qui serait conservée dans l'antémémoire (cache) de sa base de données.  C'est justement cette astuce qu'ont utilisée les éditeurs du bulletin SearchDay pour récupérer le contenu de pages du site de la FAS, indexées et stockées par Google, mais qui avaient été récemment retirées du site par mesure de précaution.  Alertés par SearchDay, les responsables de Google ont offert à la FAS d'effacer de l'antémémoire les pages Web mises à l'index.  Goggle aurait depuis, selon le Contra Costa Times, adopté une attitude plus «proactive» dans le retrait de pages censurées de son antémémoire et communiqué à cet égard avec certaines agences gouvernementales.

Les mesures de censure des sites, ou encore de révision des contenus dont on jugera sans danger la divulgation au grand public, ratissent très large.  Par exemple, le centre de recherche Glenn de l'agence aérospatiale des États-Unis (NASA) déclare sur son site : «Depuis 1941, nous avons été des pionniers et des innovateurs; nous avons étendu les horizons et repoussé les frontières aériennes et spatiales.  Notre centre élabore des systèmes de propulsion, des groupes électrogènes et des technologies de communication pour les missions de la NASA.» Et juste en dessous de cette déclaration, la notice : «Nota : L'accès public à plusieurs de nos sites Web est temporairement restreint.  Nous regrettons tout inconvénient.» Aurait-on découvert un complot visant à détourner une navette spatiale?

Si l'on comprend que certaines informations puissent être jugées délicates, comme les emplacements de centrales nucléaires que la commission de réglementation de l'énergie nucléaire diffusait depuis son site Web, on est en droit de se demander si l'ensemble des mesures de censure et de retrait de contenus est justifié, et si on ne risque pas des excès en matière de contrôle de l'information.

Le Mercury News cite les cas de producteurs d'électricité californiens qui, prétextant un examen approfondi de l'information critique diffusée sur leurs sites, en ont profité pour retirer toutes les données relatives aux émissions polluantes de leurs centrales électriques.  D'autres sites ont retiré la liste des emplacements de déchets toxiques.  Les groupes environnementaux affirment que ces données sont publiques et que les citoyens devraient pouvoir y avoir accès.  Mais le climat qui prévaut est peu propice aux demandes citoyennes.

Une directive du 12 octobre dernier, émise par l'Attorney General John Ashcroft, et qui elle est bien présente sur le site Web du ministère de la Justice, n'est pas non plus de nature à nous rassurer sur le libre flot de l'information.  Jusqu'à présent, les gestionnaires de l'administration publique pouvaient refuser une requête de divulgation d'information, présentée en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, s'ils jugeaient que la dite divulgation était susceptible d'entraîner des conséquences néfastes.  En vertu de la nouvelle directive, les gestionnaires sont invités à se prévaloir de toutes les exemptions prévues par la loi, et sont en cela assurés de l'appui inconditionnel du ministère de la Justice.

Concernant les mesures de censure imposées au Web, deux organismes effectuent un suivi.  D'abord, le site de veille administrative OMBWatch, puis en plus complet la Electronic Frontier Foundation qui recense les sites interdits par les gouvernements ou à l'initiative de fournisseurs de services, et les sites gouvernementaux amputés de contenus.

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  Crise : attention, on privatise
Un nouveau genre de conflit, nous disait George Dubya Bush peu après les attaques du 11 septembre.  Et à nouveau conflit, nouveaux moyens, dirions-nous en examinant certaines décisions qui ouvrent toute grande la porte à la participation du secteur privé dans la constitution d'un nouvel arsenal, voire à la conduite d'opérations militaires clandestines.

Jeudi dernier, le ministère de la Défense des États-Unis lançait un appel d'offres visant la fourniture de produits et services pouvant l'aider dans sa lutte au terrorisme.  Dans son communiqué, le ministère dit chercher des méthodes ou des moyens d'atteindre des cibles difficiles, de mener des opérations dans des régions éloignées, et de mettre au point des contre mesures aux armes de destruction massive.  Habituellement, la recherche et le développement de tels outils sont menés discrètement par le ministère avec le concours de certaines entreprises spécialisées, et le processus peut s'avérer assez long.  Mais cette fois, on veut des résultats rapides, des solutions à mettre en oeuvre d'ici 12 à 18 mois.

La lecture de l'appel d'offres BAA No.  02-Q-4655 (24 pages, disponible en format PDF sur le site du groupe de soutien technique du ministère de la Défense) nous révèle la liste d'approvisionnement des militaires.  Par exemple, on souhaite disposer d'un système de reconnaissance vocale qui pourrait détecter les conversations en pashtou, urdu, farsi et dialectes arabes et s'intégrer à des outils actuels de surveillance des communications (produit R-101).  On cherche un système informatique pouvant analyser des renseignements sur de présumés terroristes et, à partir de ces données, prévoir leurs prochains gestes (produit R-108).  On veut également ouvrir la porte au secteur privé dans la conduite d'opérations psychologiques (psy ops) visant à miner l'appui populaire aux groupes terroristes et à s'attaquer à leur crédibilité (produit R-210), et même dans le lancement d'opérations militaires clandestines (R-300).

Les entreprises intéressées doivent fournir un résumé en une page de leur proposition d'ici le 23 décembre.  Après examen, on demandera aux auteurs des propositions retenues de préciser leurs objectifs dans un document de 12 pages.  Dans une troisième étape, le ministère de la Défense passera des marchés aux entreprises dont les propositions auront répondu aux conditions d'admissibilité.

Autre signe de la tendance à la privatisation de l'effort de guerre des États-Unis, cette étrange proposition de Ron Paul, membre républicain de la Chambre des représentants, qu'il formulait le 15 octobre dernier.  Paul suggérait l'émission par le président Bush de «lettres de représailles».  De dire Paul : «Le Congrès peut émettre des lettres de représailles contre des terroristes et leurs avoirs qui autorisent le président à désigner des entités privées qui peuvent capturer ou tuer nos ennemis.  Cette méthode cadre avec nos efforts militaires en invitant des individus près de ben Laden à le capturer ou à l'éliminer, lui ainsi que ses proches associés.  Les lettres de représailles conviennent très bien à la présente guerre contre le terrorisme [...] Le but est de mettre à contribution le renseignement de sources privées qui pourraient avoir plus de succès à trouver ben Laden que nos opérations militaires.  Les lettres de représailles pourraient également éviter un débordement du conflit avec l'Afghanistan ou d'autres États du Moyen-Orient.»

L'origine des lettres de représailles (aussi appelées lettres de marque) remonte au seizième siècle.  En droit maritime, elles permettaient à des armateurs de se faire justice avec l'assentiment de leurs souverains.  Par la suite, cette privatisation servit à augmenter les forces navales des divers royaumes, et donna naissance aux corsaires, mercenaires des eaux.  Bon nombre d'États renoncèrent à l'utilisation de lettres de représailles (appelées «la course») en signant la Déclaration de Paris sur le droit maritime en 1856.

Selon le Comité international de la Croix-Rouge : «Les États-Unis, qui souhaitaient obtenir une exemption complète de prise en mer pour la propriété privée, ont retiré leur adhésion formelle, leur amendement n'ayant pas été accepté par toutes les Puissances.  En 1861, au début de la Guerre civile, les États-Unis ont pourtant annoncé qu'ils respecteraient les principes de la Déclaration pendant les hostilités.  Ils ont fait de même en 1898 pendant la guerre contre l'Espagne, en affirmant que la politique du Gouvernement des États-Unis dans la conduite des hostilités serait de se conformer aux dispositions de la Déclaration.  Les règles contenues dans cette Déclaration ont été considérées plus tard comme faisant partie du droit international général et même les États-Unis, qui n'y sont pas officiellement liés, suivent ses dispositions.»

Une lecture qu'on pourrait peut-être suggérer au représentant Ron Paul.

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  Crise : toujours aux prises avec les mots
Il y a quelque temps, nous vous parlions des mots utilisés dans les médias pour décrire certains événements, des mots qui changent selon que l'on soit d'un côté ou l'autre d'une clôture imaginaire (voir la chronique du 25 septembre 2001).  En conclusion, nous écrivions : «attention aux mots qui seront utilisés pour décrire certains événements au cours des semaines à venir.»

On a été témoins, depuis quelques jours, d'un glissement sémantique intéressant.  Le 12 octobre, la chaîne CNN rapportait les propos du vice-président des États-Unis, Richard Cheney : il était normal de supposer que la contamination au bacillus anthraxis était liée aux attaques du 11 septembre car les manuels d'entraînement des «terroristes» de ben Laden contenaient des instructions sur l'utilisation de telles substances. 

Deux semaines plus tard, toujours sur la question de la contamination au bacillus anthraxis, CNN fait état de déclarations de responsables de la CIA et du FBI au Washington Post : les attaques au bacillus anthraxis à Washington, à New York et en Floride sont probablement attribuables à des «extrémistes» étasuniens qui n'entretiennent pas de rapports avec le réseau al Qaeda de ben Laden.

Résumons-nous : s'ils obéissent aux ordres de ben Laden, les responsables de la contamination au charbon sont des «terroristes»; s'ils font partie de groupes de milices prônant l'action directe et basés aux États-Unis, les responsables deviennent des «extrémistes».

Comme ça, en passant.

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  Microsoft : lancement de XP sur fond de crise, Gates commente sur le contexte; et la juge est boursicoteuse
Moment attendu depuis des mois, c'est jeudi dernier que la société lançait le Windows XP, nouvelle mouture de son système d'exploitation.  Nouvelles fonctions multimédia, nouvelle convivialité, et nouvelles exigences en matériel.

Mais le lancement de Windows XP en pleine crise antiterroriste a forcé les publicistes à modifier certains axes de communication, comme le rapporte le service de nouvelles Newsbytes.  Peu après les attentats du 11 septembre, l'agence McCann-Erickson a révisé tous les slogans prévus pour le lancement de Windows XP.  On avait initialement retenu la phrase «Prepare to fly» (Préparez-vous à voler), mais on l'a jugée peu à-propos dans les circonstances.  On lui a donc substitué «Yes you can» (Oui, vous le pouvez) puis «Surprise yourself» (Surprenez-vous), sans pour autant que l'on saisisse la nuance entre surprise et étonnement.  On a également retiré des campagnes publicitaires les images d'avions et de gratte-ciels pour des raisons évidentes.  De plus, l'axe de communication exploitant les possibilités multimédia a été abandonné, les communications s'articulant principalement autour de la stabilité du nouveau système.

La veille du lancement, lors d'un dîner-rencontre avec un groupe de journalistes, Bill Gates s'est dit préoccupé par l'après 11 septembre.  Kristi Heim du Mercury News cite le grand timonier de Microsoft : «Le bioterrorisme est ce qui me fait le plus peur [...] C'est la nature asymétrique du potentiel d'un mécontent à faire du mal qui s'oppose à notre capacité de faire face à cette situation.» Gates ne prévoit cependant pas d'effet négatif durable sur l'économie : «l'euphorie entourant Internet a-t-elle stimulé l'économie? Pas vraiment.  C'était très artificiel.»

Puis, l'agence Associated Press nous apprend que la juge Colleen Kollar-Kotelly qui préside aux travaux de la Cour de district dans la cause antitrust contre Microsoft avait une prédilection pour les titres boursiers technologiques.  En réponse à une demande de renseignements de l'AP, la juge a déclaré avoir liquidé entre le 1er janvier et le 28 septembre des actions d'une valeur entre 45 000 $ et 165 000 $ qu'elle détenait dans des sociétés rivales de Microsoft (IBM, Sun).  Elle n'a cependant pas précisé si ces ventes d'actions étaient survenues avant ou après le 24 août, date à laquelle elle héritait de la cause antitrust.  Les détails de ces transactions seront connus en mai 2002, lorsque la juge produira sa déclaration obligatoire annuelle sur ses avoirs.

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  Avenir incertain pour Moncourrier.com
Un avenir incertain pour le service de courriel Web Moncourrier.com qui pourrait fermer demain, 31 octobre.  Selon Patrick Pierra, président du groupe Branchez-Vous! propriétaire du service, cette possibilité cadre avec le plan de rationalisation des activités du groupe : «Nous discutons actuellement avec plusieurs parties en vue de céder ce service, le plus important de son genre au Québec, à une entreprise qui pourrait le développer [...] Si une telle transaction n'intervient pas rapidement, notre impératif de rentabilité immédiate nous obligera à suspendre le service après le 31 octobre 2001.» On invite donc les usagers à relever leur courriel avant cette date, à rapatrier les fichiers enregistrés dans leur boîte et à ne plus inviter leurs correspondants à les joindre à leur adresse moncourrier.com jusqu'à ce qu'une décision définitive soit prise.

Branchez-Vous! serait sur le point d'atteindre l'équilibre financier après un an d'efforts de rationalisation auxquels se sont conjugués le ralentissement du marché publicitaire et une moins grande ouverture aux occasions de financement dans le secteur Internet.  D'après le communiqué émis par Branchez-Vous!, les mesures de rationalisation «ont inclus la réduction progressive de 75 % de ses effectifs, des diminutions de salaires, la suspension des dépenses en publicité et communication, la diminution des charges locatives, le gel des projets de nouveaux sites requérant des investissements et la possible cession ou interruption de certains sites, dont le service de courriel gratuit MonCourrier.com.»

Les difficultés d'exploitation d'un service de courriel gratuit sont connues depuis longtemps au Québec.  En mai 1999, le gouvernement québécois lançait son projet Courrier.Qc.Ca visant à doter tout citoyen québécois qui le souhaitait d'une adresse de courriel permanente.  Un an et 1 655 000 $ plus tard, le gouvernement abandonnait son projet car de concert avec ses partenaires il convenait que «pour des raisons économiques, courrier.qc.ca ne pourra déboucher sur un service permanent» (notre chronique du 9 mai 2000).  L'infrastructure de Courrier.Qc.Ca aurait été gérée entièrement par l'État québécois (directement ou en impartition) et on estimait que la mise en place d'un service public de gestion d'adresses de courrier électronique et de courriel aurait pu coûter jusqu'à 30 millions de dollars par année. 

Dans le cas de moncourrier.com, la prestation des services techniques est assurée par la société Commtouch, spécialisée dans les messageries électroniques et qui gère des services de courriel pour le Nando Times, le Jerusalem Post, Business Week et Canoe.Ca.  La plupart des clients de Commtouch, comme ceux des autres prestataires de courriel Web, rentabilisent l'exploitation du service, ou du moins en défraient les coûts, par l'affichage publicitaire.  Mais on sait que le marché de la pub en ligne traverse une période difficile, caractérisée par un affaissement du nombre de campagnes et des tarifs exigibles.

La situation se présente différemment pour certains des gros joueurs du courriel Web gratuit comme Hotmail, propriété de Microsoft depuis 1997.  De portée internationale, Hotmail est disponible en dix langues et inscrivait en mai dernier son 100 millionième client.  Le répertoire Yahoo! exploite également un service de courriel Web depuis 1997, auquel il a arrimé de nombreux autres services.  En juin 2001, le service courriel de Yahoo!, son service de messagerie instantanée et les groupes de discussion représentaient l'envoi de 11,6 milliards de messages. 

La réussite de ces deux services, jugés ex aequo sur le plan de la qualité par le magazine PC World, illustre bien la nécessité d'évoluer dans un marché international, de fidéliser des millions d'inscrits, et ainsi de profiter des économies d'échelle, un ensemble de facteurs que le marché québécois ne peut manifestement pas réunir.

Les abonnés au service moncourrier.com, s'ils se voient privés du service, auront cependant des solutions de rechange.  À cet égard, nous leur conseillons de consulter le dossier sur les différents services gratuits du site Web spécialisé dans le courriel @robase.

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  Moteurs : Google au quotidien, AltaVista «archéologique»
Les promesses de Google relatives à une augmentation de la fréquence d'indexation de certains sites Web sont tenues.  On sait que Google garantit une indexation du Web aux trente jours, mais que des essais d'indexation quotidienne étaient en cours depuis l'été (voir chronique du 28 août 2001).  Or, depuis le début de la crise, on ne s'étonne plus de voir s'afficher dans les résultats de recherche des documents qui datent parfois de moins de 24 heures.  Un exploit, certes, mais aussi un outil d'une grande utilité.

Comme l'écrit notre collègue Francis Pisani dans Netc. : «Google est insensiblement devenu un instrument essentiel qui dépasse largement l'idée qu'on se fait généralement d'un moteur de recherche.  Le changement affecte tout le rapport à ce qu'est l'information au sens le plus large du terme: ce qui ne provient pas de l'expérience directe mais qui est utile dans la vie de tous les jours.  C'est en l'utilisant pour résoudre des questions futiles que je me suis rendu compte de l'importance du service offert.»

Selon certaines estimations, Google détiendrait maintenant 30 % du marché de l'utilisation des moteurs de recherche.  En septembre 2000, Google enregistrait 5,7 millions de visiteurs; un an plus tard, ce chiffre a grimpé à 18 millions.  Mais cette montée fulgurante se fait aux dépens des autres moteurs de recherche, comme AltaVista.  Ce dernier comptait en septembre 2000 presque 14 millions d'utilisateurs, et en septembre 2001 environ la moitié, soit 6,8 millions.

Ce qui n'aidera en rien AltaVista, sa base de données n'a pas été rafraîchie depuis juillet! Le service de nouvelles IDG cite Kristi Kaspar, porte-parole chez AltaVista, qui déclare que l'indexation des sites s'est poursuivie, mais pas le rafraîchissement de la base de données affichant les résultats.  Un observateur qualifie de «ressource archéologique» AltaVista dans son état actuel.  Pour ce qui est des déclinaisons régionales des sites AltaVista, les mises à jour se sont arrêtées en avril dernier, mais la société annonçait en août que ces bases de données seraient intégrées à la version internationale du moteur de recherche.

Simple test comparatif mené par Olivier Andrieu du site Abondance.Com : «Sur le moteur [Ndlr.  AltaVista], une recherche sur le mot clé "taliban" portant sur les trois derniers mois donne 160 résultats et seulement 9 documents répondent à la requête "talibans".  Lorsque l'on interroge Google sur la même période (trois derniers mois) grâce, là aussi, à la recherche avancée du moteur, les résultats sont de 101 000 pages pour "taliban" et 6 840 pour "talibans"...»

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  Raccourci pour les hyperliens
La communication sur Internet passe en grande partie par l'utilisation d'hyperliens.  Quand on cite dans une page Web une référence (URL), il s'agit de copier l'adresse dans une balise HTML appropriée qui circonscrira l'hyperlien à la partie du texte que l'on veut activer.  Mais qu'arrive-t-il de l'échange d'hyperliens par courriel? Si l'adresse de référence est trop longue, c'est l'enfer.  C'est comme si certains concepteurs de sites oubliaient que les hyperliens voyageaient aussi par courriel.

Prenez cette référence du quotidien torontois Globe & Mail :

http://rtnews.globetechnology.com/servlet/RTGAMArticleHTMLTemplate/
D,C/20011026/gtsympatico?tf=tgam/realtime/fullstory_Tech.html&
cf=globetechnology/tech_config_neutral&slug=gtsympatico&date=20011026
&archive=RTGAM&site=Technology

Quelle élégance! On a dû s'y mettre à plusieurs pour y arriver.

En lieu et place de ce charabia, que diriez-vous de ceci :

http://makeashorterlink.com/?A3A521B1

Plus convivial, non? On doit cet exploit à la Useful Information Company et son site Makeashorterlink.com.  Il s'agit de copier l'URL rébarbatif, de le coller dans la case de traitement du site Web de Makeashorterlink.com, et voilà votre référence raccourcie.  En cliquant sur cette nouvelle adresse, vous serez dirigé vers une page de transit (le temps de copier le nouvel URL), puis vers la source de l'URL trop long pour citer dans un courriel.

Tout simplement génial pour ceux et celles qui communiquent des URL par courriel.  Et le service est sans frais.

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  En bref : semaine du commerce électronique;
la Cité plus modeste; resserrements administratifs à Québec

C'est cette semaine, du 29 octobre au 2 novembre, que se déroule la Semaine du commerce électronique à Montréal.  Cinq jours d'ateliers, conférences, rencontres, expositions sur le thème des affaires en ligne, sans oublier l'important volet de la protection du consommateur.  La ministre d'État à la Culture et aux Communications, et ministre responsable de l'Autoroute de l'information, Diane Lemieux, profitera de l'événement pour lancer un outil de consultation virtuel de la Loi concernant le cadre juridique des technologies de l'information adoptée en juin dernier par l'Assemblée nationale du Québec.  Heureuse initiative, vu le caractère hermétique de cette loi.  La Semaine du CÉ arrive au moment où Statistique Canada a de bonnes nouvelles pour ce secteur : en 2000, les Canadiens et Canadiennes ont plus que doublé leurs achats de biens et de services en ligne, effectués à domicile; on estime que 1,5 million de ménages ont passé 9,1 millions de commandes par le truchement d'Internet, dont la valeur est évaluée à 1,1 milliard de dollars.  Un sujet sur lequel nous aurons l'occasion de revenir.

De quoi nourrir les échanges au cours de cette semaine du commerce électronique : Radio-Canada nous apprenait que le gouvernement québécois révisait à la baisse ses prévisions pour la Cité du commerce électronique, qui comportait la construction de neuf tours à bureaux au centre-ville de Montréal.  Selon R.-C., on réduirait du tiers l'espace à bureaux prévu.  En outre, on étendra le programme de mesures incitatives à toutes les entreprises qui créent des emplois dans le commerce électronique, n'importe où dans le centre-ville de Montréal, et non plus uniquement dans le secteur de la future Cité.  Soulignons que la semaine dernière, l'Institut économique de Montréal publiait un rapport critique des «cités» technologiques.

Toujours au Québec, le ministre des Relations avec les citoyens et de l'Immigration, monsieur Joseph Facal, a annoncé un train de mesures visant à resserrer les pratiques entourant la gestion de l'identité au Québec.  Reflétant un avant et après 11 septembre, le ministre avait demandé un plan d'action pour sécuriser l'émission des documents de l'état civil et ainsi mieux tenir compte de la nouvelle conjoncture internationale.  Parmi les mesures annoncées, le ministre Facal a déclaré : «Malgré l'intérêt d'Internet comme moyen pour demander un certificat d'état civil, le mécanisme et les procédures en vigueur actuellement ne permettent pas l'identification sécuritaire du demandeur et je me vois donc dans l'obligation de suspendre cette pratique dès aujourd'hui.»

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Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

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