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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le vendredi 14 septembre 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

  La terreur en direct
Mardi 11 septembre, 8h45 heure de l'Est, alors que nous mettions la dernière main à ce qui devait être la chronique de la semaine, la nouvelle tombe.  Un avion vient de percuter une des tours jumelles du World Trade Center à New York.  Le temps d'allumer le téléviseur, et voilà qu'en direct un deuxième avion vient frapper la tour voisine.  Le reste, vous l'avez tous et toutes vu. 

Parmi les milliers de scènes télévisées et photographies diffusées, une image nous restera gravée en mémoire, celle captée par le photographe Daniel Hulshizer de l'Associated Press. 

Ailleurs, sur le Web, tous les grands médias consacrent des sections spéciales, sinon toute leur couverture, aux événements.  Soulignons que le New York Times, qui exige une inscription (sans frais) pour l'accès à son contenu, a levé toutes les restrictions pour une période indéterminée.  Autres sources d'information suggérées : le Washington Post et sa section spéciale, actualisée plusieurs fois par jour, le Boston Globe, le Los Angeles Times et le Seattle Times.  Le Poynter Institute, école de journalisme, a mis en ligne 189 «unes» de l'édition du 12 septembre de grands journaux, panorama d'une psychose nationale et mondiale.

Pour des analyses plus poussées, nous vous suggérons Stratfor (en anglais) ainsi que Strategic Road (en anglais), deux publications en ligne spécialisées dans les études stratégiques et géopolitiques.  En français, Le Monde Diplomatique a mis en ligne, ce vendredi 14 septembre, une sélection d'articles pertinents.

Aussi, nous vous suggérons notre sélection de liens actualités et médias sur notre page Repères.

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  Le réseau écope mais tient le coup
Vu du Net, les événements ont évidemment perturbé le fonctionnement du réseau.  Dans la confusion qui a suivi les attentats, les services de surveillance et de protection des infrastructures ont eu tôt fait de confirmer que le réseau n'était pas compromis et ne subissait aucune attaque.  Mais selon l'indice KB40 de la société Keynote Systems, qui mesure la performance de 40 sites clés d'entreprises et de médias aux États-Unis, le temps de réponse des sites Web composant l'indice est passé de 5 à 12,9 secondes immédiatement après les attaques.  On le comprendra, ce sont les sites de médias qui ont été les plus touchés par cette pointe d'achalandage : CNN.Com, NYTimes.Com et ABCNEW.Com ont été inatteignables de 9h à 10h en raison de la trop forte demande d'accès.  Chez CNN, on a supprimé tous les graphiques pour alléger la page d'accueil qui, du coup, est passée de 255 ko à 20 ko.  Chez MSNBC.Com, le site média le plus fréquenté, on ne pouvait répondre qu'à 22 % des requêtes d'accès et là aussi on a retiré l'affichage graphique durant quelques heures.  En après-midi, la situation se rétablissait, mais Keynote établissait que le pic d'achalandage avait été sans précédent.

Les moteurs de recherche ont naturellement enregistré une activité importante.  Témoins des questions et des inquiétudes du public, sur les divers outils permettant d'épier les mots clés utilisés sur certains moteurs, on notait une forte récurrence des mots et expressions World Trade Center, cnnnews, oklahoma bombing history, live news broadcast, federal sky marshal, twintowers, aviation statistics, Boeing, bin laden, New York Map, nostradamus, Psalm 23.

Sur le plan de l'accès, les lignes téléphoniques de AOL et d'autres importants fournisseurs ont été débordées, ce qui n'aidait en rien les communications des services d'urgence.  Certains fournisseurs d'accès ont même demandé à leurs abonnés, par courriel, de libérer les lignes téléphoniques.  Soulignons qu'une bonne partie de l'infrastructure cellulaire du centre de Manhattan était hors d'usage, les tours jumelle abritant des retransmetteurs qui traitaient normalement des millions d'appels chaque jour.  On a aussi noté une hausse importante du nombre d'appels vers New York en provenance de l'étranger : le double de la normale venant de France (selon France Telecom), 25 fois la normale de Corée selon Korea Telecom, 35 fois de Singapour selon Singapore Telecommunications.

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  Le renseignement
Pouvait-on prévoir les attaques? C'est la question que bon nombre se posent et posent aux services de renseignement.  Dans un article diffusé sur le service de nouvelles Wired, Kristen Philipkoski présente les commentaires de certains observateurs des questions stratégiques sur le ratage des services de renseignement.  Si on mentionne les réductions de budgets, on parle également d'un virage manqué, du passage de l'époque de la Guerre froide à une ère de conflits plus subtils, asymétriques, où il devient difficile d'identifier nommément les adversaires.

Alors que le nom de Ousama Bin Laden circule un peu partout, on s'est souvenu d'un article publié cet été dans The Atlantic Monthly, «The Counterterrorist Myth» (le mythe contre-terroriste).  Un ancien cadre de la CIA, Reuel Marc Gerecht, expliquait pourquoi Bin Laden avait peu à craindre des services de renseignement étasuniens. 

En fait, Gerecht affirme que le programme de contre-terrorisme des États-Unis au Moyen Orient est un mythe.  D'une part, les services de renseignement connaissent mal la culture et la pensée islamiques.  Puis, ils n'ont jamais portée une réelle attention à certains points chauds de la région.  Par exemple, tout au long du conflit soviéto/afghan (1979 à 1989), la direction des opérations de la CIA n'a jamais constitué un bureau d'experts sur cette région.  Plus, ce n'est qu'en 1987, soit 18 mois avant la fin de la guerre, que le premier analyste à parler les langues afghanes est arrivé en Afghanistan.  Des suggestions d'analystes visant à recueillir des renseignements depuis des pays voisins de l'Afghanistan ont été rejetées comme étant trop coûteuses et trop dangereuses.

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  Surveillance accrue?
Si le renseignement humain (humint dans le jargon) n'a pas su éviter la catastrophe, verra-t-on une recrudescence des activités de surveillance électronique? C'est ce que craignent bon nombre d'observateurs.

Selon Declan McCullagh du service de nouvelles Wired, dans les heures qui ont suivi les attaques, des agents de la police fédérale (FBI) se sont présentés chez des fournisseurs d'accès et ont demandé leur collaboration pour installer des unités de surveillance du système Carnivore (voir la chronique du 18 juillet 2000).  Cette installation ne serait que temporaire, le temps pour le FBI de se brancher directement sur les grandes dorsales du réseau.  Wired rapporte également que le service de courriel Web Hotmail (propriété de Microsoft) collabore avec le FBI. 

Pour sa part, CNET indique que les fournisseurs d'accès AOL et Earthlink ont reçu la visite d'enquêteurs à la recherche de renseignements précis et que, dans leurs cas, il n'a pas été question d'installer des unités de Carnivore.  Dans le cas de Earthlink, les enquêteurs étaient munis d'un mandat émis en vertu du Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA - Loi sur la surveillance de renseignement étranger). 

Mardi, John Perry Barlow de la Electronic Freedom Foundation (EFF) a écrit aux abonnés diverses lettres d'information de l'organisme pour leur demander d'éviter de tomber dans le piège de la surveillance accrue.  À la American Civil Liberties Union (ACLU), on s'est réjoui de l'attitude prudente des dirigeants politiques qui se sont engagés à préserver les valeurs de liberté et d'ouverture.  Sur certains forums d'échange, on estime que toute réaction précipitée qui diminuerait le degré de liberté et de protection de la vie privée dont jouissent les citoyens des États-Unis constituerait une victoire pour leurs ennemis.

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  Cybersquat et fraude sur un événement
Enfin, alors que les secouristes arrivaient sur les lieux de la catastrophe, que les analystes analysaient, et que tout le monde se demandait quoi penser, on ne chômait pas chez les régistraires de noms de domaines.  Ainsi, dans les minutes qui ont suivi les attentats, un groupe de gens d'affaires de Richmond (Virginie) mettait sur pied une fondation pour l'aide aux victimes, le «September 11th Victim's Relief Fund», et retenait le nom de domaine September11.Org.  Un individu du Kansas a procédé rapidement et retenu September11.Net (September11.Com était déjà réservé depuis plusieurs mois par une entreprise britannique).  Un[site commémoratif pour les victimes? September11Memorial.Com a également été retenu, dans les heures qui ont suivi les attentats, par un individu de Santa Monica (Californie); WTCMemorial.Com par un citoyen de Staten Island (New York); WTCMemorial.Net par un habitant de Miami (Floride); WTCMemorial.Org par une personne associée à la facultés d'arts dramatiques de l'Université de Caroline du Nord à Ashville.  PentagonMemorial.Com a été réservé par une personne de Cheshire (Connecticut), et PentagonMemorial.Org par un habitant de Mount Pleasant (Caroline du Sud).  D'autres exemples de cybersquat des événements chez ZDNet France sous la plume d'Estelle Dumout.

Puis, des tentatives de fraude.  Selon certains rapports, des individus peu scrupuleux organiseraient des collectes de fonds de secours aux victimes non autorisées.  On suggère donc la plus grande prudence avant de faire parvenir des fonds après réception d'un courriel vous invitant à le faire.  Voir les articles de SiliconValley.Com et de PCWorld à cet effet.

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Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes bon courage pour la suite.  À mardi prochain.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

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