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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mercredi 25 avril 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Et demain, notre bilan (illustré) du Sommet de Québec.

  La baratte de Danone
Une nouvelle affaire secoue le milieu de l'Internet français.  Le Groupe Danone, géant mondial de l'agro-alimentaire (chiffres d'affaires pour 2000 de 14,3 milliards d'euros, 12,8 milliards de dollars US) poursuit l'auteur du site Web «jeboycottedanone» pour contrefaçon et utilisation illégale sur son site des logos de la société.  Lundi, une juge des référés a infligé à l'auteur une amende de 5 000 francs français (685 $ US) et lui a interdit l'utilisation des logos pastichés.  L'auteur du site a immédiatement signifié qu'il en appellerait de cette décision, alors qu'une audition sur le fond est prévue pour le 30 mai.  Pour Danone, il ne s'agit pas de critiquer l'appel au boycott, mais de défendre l'image de la société.

L'affaire commence le 10 avril alors que Olivier Malnuit, journaliste au magazine Technikart, lance le site jeboycottedanone.com.  Il entend ainsi protester contre le licenciement annoncé de 1 816 salariés de Danone, dont 570 en France, appeler les consommateurs à boycotter les marques du Groupe Danone, et les inviter à signer une charte du consommateur.  La réplique ne se fait pas attendre : le 13 avril, Danone, qui s'appuie sur le droit des marques et de la propriété intellectuelle attaque en justice pour contrefaçon et exploitation injustifiée de la marque et des logos de Danone, qui y sont parodiés sur le site.  Sont assignés Olivier Malnuit, et les sociétés de services techniques 7Ways et ELB Multimédia. 

En entrevue au netmag Transfert, Malnuit explique : «Je ne suis pas un pro de l'agit-prop, mais j'ai vraiment été choqué par l'affaire Danone.  Pour le site de Technikart, j'ai dirigé un reportage dans l'usine Danone de Calais et les gens qui en sont revenus étaient vraiment hallucinés [...] Il est déplorable que l'on m'attaque pour l'utilisation du logo Danone.  J'aurais pu le faire de façon anonyme sous l'adresse “jenemangepasdeyaourts.com” [...] Danone a voulu faire des économies en licenciant 500 personnes, ils n'ont pas fini de ramer pour rattraper ça en termes d'image.»

Mais alors que l'affaire était portée en référé (procédure rapide et simplifiée pour régler provisoirement une contestation, en cas d'urgence) et entendue vendredi dernier, on apprend du minirezo que la société 7Ways, en tant que régistraire (société qui commercialise l'enregistrement des noms de domaines), décidait de couper purement et simplement le fonctionnement du domaine «Jeboycottedanone.com », alors qu'aucune ordonnance de justice n'était rendue, l'audience avait eu lieu le matin même et la juge ne s'est prononcée que lundi. 

Entre en scène le Réseau Voltaire qui, pour contourner cet acte de censure enregistre le nom de domaine «jeboycottedanone.net» et héberge un miroir du site sur son propre site.  De plus, Thierry Meyssan, président du Réseau Voltaire, a fait dresser un constat par huissier la suppression du nom de domaine et il déposera conjointement avec Olivier Malnuit une plainte, contre le prestataire de services, sur la base de l'article 431 du Nouveau Code Pénal, article réprimant «l'entrave à la liberté d'expression, au droit du travail et à la liberté de manifestation.» Le délit entraîne une peine de 3 ans d'emprisonnement et une amende de 300 000 francs, ainsi que la privation des droits civiques et de l'interdiction de diriger une entreprise.  Également, la plainte sera transmise à l'ICANN dans le but de faire retirer l'homologation du régistraire 7Ways.

Arno*, du minirezo, donne une perspective intéressante de ce nouveau développement : «Cette affaire, qui peut paraître anecdotique dans le cadre des poursuites contre “JeboycotteDanone.com”, s'inscrit plus largement dans l'évolution programmée de la responsabilité des intermédiaires techniques [...] Cette plainte contre un intermédiaire technique rappellera avec force l'importance de la liberté d'expression, non seulement symboliquement, mais surtout dans le droit : les intermédiaires devraient ainsi prendre conscience qu'à couper avec un peu trop de complaisance, ils s'exposent à de sévères déboires juridiques.  Manière de démontrer l'impossibilité de la responsabilité de ces intermédiaires, qui se retrouveraient alors dans l'intenable situation de devoir pratiquer une censure préventive par ailleurs sévèrement punie par le Nouveau Code Pénal.»

Entre temps, Olivier Malnuit prévoit lancer un autre site visant à faire «des propositions d'aménagement du code de la propriété intellectuelle».  Le Mouvement des citoyens (parti politique de gauche) propose, par voix de communiqué, d'héberger sur son propre site «jeboycottedanone.com», dans le respect de son indépendance, si les conditions techniques peuvent le permettre.  D'autres organismes auraient aussi offert de constituer des miroirs du site, ce qui forcerait Danone à multiplier les poursuites.

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  Vie privée, une première : trois sites sanctionnés
Aux États-Unis, la Federal Trade Commission (FTC) annonçait jeudi dernier un règlement à l'amiable avec trois sociétés exploitant des sites Web.  La FTC accusait les sociétés Monarch Services et Girls Life (girlslife.com, site destinés aux jeunes filles), BigMailBox.Com (bigmailbox.com, service de courrier électronique sur Web) et Looksmart (insidetheweb.com, babillard) d'avoir recueilli des informations personnelles de jeunes gens âgés de moins de 13 ans sans le consentement de leurs parents. 

C'est en vertu de la Children's Online Privacy Protection Rule (COPPA Rule) que la FTC avait accusé ces trois sociétés de collecte illégale de données personnelles.  Elles devront verser un total de 100 000 $ en pénalités civiles, détruire l'ensemble des données recueillies illégalement, afficher une politique de respect de la vie privée, et inclure un hyperlien vers le site de la FTC qui traite de la question.

Les dispositions de la COPPA exigent tout exploitant de site Web affiche clairement sur son site Web sa politique en matière de respect de la vie privée.  En outre, ils doivent s'assurer de recevoir une autorisation vérifiable du consentement des parents avant de recueillir des données personnelles de jeunes de moins de treize ans et de partager ces données avec des tiers.  Aucun des trois sites visés n'affichait de politique de respect de la vie privée, bien qu'ils aient recueilli des informations nominatives (nom, adresse de résidence complète, adresse de courriel, numéro de téléphone).  Dans le cas de BigMailBox, ces informations ont été échangées ou vendues à des tiers.

Selon la FTC, 91 % des sites Web destinés aux jeunes affichent maintenant une politique en matière de respect de la vie privée, alors qu'en 1998 seulement 24 % des sites le faisaient.

Parallèlement, Interactive Week rapporte que John Cornyn, Attorney General de l'État du Texas, s'est adressé à un juge du Delaware pour interdire au marchand de jouets en ligne eToys, maintenant en faillite, de vendre sa liste de clients sans l'autorisation de ces derniers.  La liste contiendrait trois millions de noms appariés à des numéros de cartes de crédit, adresses, numéros de téléphone, dossier d'achats, etc.  La requête sera entendue le 1er juin.

Enfin, le site de vente aux enchères eBay vient de modifier sa politique de respect de vos données personnelles.  On peut maintenant y lire qu'elle partage ces données avec ses filiales, mais qu'en cas d'achat par une autre société, ou de fusion, vous pouvez vous attendre à ce que vos données fassent partie de la transaction.  Bien sûr, on vous avertira et vous aurez 30 jours pour demander que vos données personnelles soient effacées.  Cependant, on ne peut vous garantir que, pour des «raisons techniques ou juridiques», vos données seront effectivement effacées des bases de données.

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  Sites pour adultes : temps difficiles
Si on en croit le New York Times (inscription sans frais requise), le ralentissement économique ne constitue pas un frein à la croissance du marché des sites pour adultes.  Citant des chiffres de Jupiter Media Metrix, le nombre de visiteurs uniques sur ces sites a augmenté de 27 % de décembre 1999 à février 2001 pour atteindre 28 millions, alors que les sites Web de vente au détail ont connu une hausse de moins de la moitié des sites pour adultes.  Pour des services de paiement en ligne comme le nouveau Duocash, qui utilise des cartes pré-payées de téléphonie cellulaire pour effectuer des achats en ligne, il s'agit d'un marché lucratif.  Selon le cabinet de recherche Forrester, les 60 000 sites pour adultes qu'on recense sur le Web empochent globalement un milliard de dollars par année, mais les sommes dépensées sur ces sites passeront à 5,4 milliards d'ici 2003.

En revanche, Interactive Week affirme que l'industrie des sites Web pour adultes traverse une période difficile.  Alors que 1 % des visiteurs sur les sites payaient jusqu'à tout récemment pour un abonnement promettant des contenus plus explicites, ce «taux de conversion» ne serait plus que de 0,25 %.  L'article cite divers facteurs pour expliquer cette baisse : ralentissement économique, fluctuation saisonnière, profusion de sites, grande disponibilité de contenus gratuits, agacement des techniques de multiplication de fenêtres et d'impossibilité de quitter certains sites une fois entrés, etc.

Le modèle de l'industrie repose sur de nombreux petits sites gratuits qui renvoient à de gros sites bien organisés; les petits sites reçoivent, pour chaque utilisateur référé, une commission.  En raison d'une baisse des revenus, certains des sites importants auraient décidé de réduire les commissions sur référence ce qui, à terme, pourrait signifier la disparition de nombre de petits sites.  Les observateurs constateraient une consolidation des activités dans ce secteur.

Pour Sophie Desjardins du site québécois Mea Culpa, la situation se présente sous un autre angle : «L'élément le plus remarquable lié à la conjoncture économique a été la baisse dramatique des revenus publicitaires en 2000/2001.  À un point tel que nous avons décidé la semaine dernière de retirer toutes les bannières du site.  Par contre, en ce qui concerne les revenus liés aux ventes, il semble que ce soient plutôt les conditions saisonnières qui les aient affectés : nous avons remarqué une légère baisse au cours de l'été 2000 que nous avons attribuée au beau temps.  Nous avons connu tout de même une légère stagnation des revenus ensuite de septembre 2000 à décembre 2000 qu'on pourrait peut-être attribuer à la situation économique générale.  Mais depuis janvier 2001, nous connaissons une période de croissance...»

Étrange de constater l'influence du beau temps sur la fréquentation des sites pour adultes.

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  Kodak écope du numérique
Le géant de la photo Eastman Kodak rapportait la semaine dernière une baisse importante de ses profits pour le premier trimestre de l'année : 150 millions de dollars comparativement à 289 millions de dollars pour la période correspondante l'an dernier.  Exercice de restructuration oblige, Kodak procédera à 3 000 licenciements, environ 4,5 % de son effectif mondial.

On attribue ces déboires à la baisse des ventes de produits photographiques grand public (appareils photo, pellicule, papier d'impression) qui pour le trimestre ont chuté de 7 % aux États-Unis et de 8 % sur les marchés extérieurs.  Cherchez le coupable : eh oui, la popularité grandissante des appareils photo numériques et des services photographiques en ligne.. 

Il y a deux semaines, Kodak annonçait la nomination au poste de présidente et première dirigeante de Patricia Russo extraite de la direction de Lucent Technologies Inc., une décision perçue comme une volonté de Kodak d'investir plus massivement en technologie d'imagerie numérique.  D'ailleurs, l'an dernier, Kodak avait créé un fonds de capital de risque de 100 millions de dollars destiné à être injecté dans des entreprises capables de mettre au point des produits pouvant diversifier l'offre numérique et en ligne de Kodak.

Ce n'est pas tellement que Kodak ne dispose pas déjà de produits pouvant répondre à la demande dans le secteur de la photo numérique.  Elle possède une gamme d'appareils bien cotés, un service de partage de photos en ligne, et certains des meilleurs papiers pour l'impression à jet d'encre.  Cependant, la concurrence sur le marché des appareils (Canon, Olympus, Hitachi, Sanyo, Fuji, Nikon) est féroce.

Et voilà que la concurrence directe de la pellicule s'annonce avec le SiliconFilm.  Il s'agit d'un dispositif de captage numérique que l'on peut insérer dans un appareil 35mm conventionnel.  Dans sa première incarnation, il permet de stocker 24 images d'une résolution de 1280 x 1024 pixels, puis de les transférer vers son disque dur.  Cette résolution ne satisfera pas les fervents du biméga et trimégapixels, mais pourrait convenir à l'utilisateur moyen ou encore aux personnes ne souhaitant produire que des images pour le Web.  Le SiliconFilm comporte aussi l'avantage de continuer à travailler avec son boîtier 35mm, et à profiter de la gamme des objectifs interchangeables.  Parions également que les versions subséquentes du SiliconFilm seront plus performantes et en viendront à intéresser les professionnels.

Pour ceux et celles qui s'intéressent à l'imagerie numérique, suggérons le netmag Objectif numérique où on trouve de nombreuses rubriques et bancs d'essai.

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À demain donc pour notre bilan du Sommet de Québec.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

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