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Les Chroniques de Cybérie
4 avril 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

4 avril 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Procès Microsoft : culpabilité, appel
Vidéotron, «offre de transaction alternative»
Petites misères du journalisme en ligne
Une tondeuse, une chaloupe et une flûte
Des écrans plus...  verts
Médecins et Internet
Cybertr@que : moins qu'original
Beau détour

 Procès Microsoft : culpabilité, appel
Dix-huit mois de procès, 76 jours d'audiences, la comparution d'une trentaine de témoins, le dépôt de très nombreux documents, dont des bandes vidéo et des éléments de correspondance électronique, une conclusion de faits accablante en novembre dernier, une médiation de quatre mois qui n'aura rien donné, et hier un verdict de culpabilité pour Microsoft.  Même Bill Gates, grand timonier de Microsoft, a déclaré en conférence de presse : «Ce n'était pas inattendu».

Le juge Jackson estime que Microsoft a violé l'article 2 de la loi anti-trust en tentant d'établir et de maintenir un monopole par des pratiques anti-concurrentielles.  De plus, Microsoft a violé l'article 1 de la loi-anti-trust en arrimant son logiciel fureteur à son système d'exploitation Windows.  Se basant sur la jurisprudence, le magistrat n'a cependant pas retenu les arguments des plaignants selon lesquels les ententes exclusives de mise en marché signées avec des fabricants et des fournisseurs violaient l'article 1 de la loi anti-trust.

Le verdict est tombé après l'échec des efforts de médiation du juge Richard Posner.  Samedi dernier, dans une déclaration écrite de 453 mots, le juge Posner, chargé de mener les efforts de médiation entre les parties au procès anti-trust contre Microsoft, annonçait la fin de l'exercice.  «Ce résultat est décevant» déclarait Posner, «non seulement en raison du temps qu'y ont consacré tant de professionnels [...] mais aussi parce que l'intérêt public serait mieux servi en mettant fin aux litiges qui risquent d'avoir un effet déstabilisateur dans un secteur clé de la nouvelle économie.  Lorsque j'ai entrepris mon mandat, je croyais qu'il en allait de l'intérêt national de trouver un règlement négocié.  Aujourd'hui, j'en suis plus que jamais persuadé.»

On se souviendra que c'est en novembre dernier que le juge Richard Posner, juge en chef de la Cour du 7e district de Chicago, répondait à l'invitation du juge Thomas Penfield Jackson et entamait un processus de médiation entre le ministère américain de la Justice, les 19 États co-plaignants, et Microsoft.

Le juge Posner, c'est connu, ne tient pas la profession journalistique en très haute estime.  Rappelant que le processus de médiation est confidentiel, Posner n'a pas souhaité élaborer sur les détails, les arguments ou les positions respectives des parties.  Il a toutefois déploré les fuites de renseignements qui ont eu lieu tout au cours de l'exercice de médiation, et surtout l'utilisation qui en a été faite par les médias.  Cette utilisation des fuites par la presse a «créé une impression trompeuse de plusieurs aspects du processus, qui devrait être écartée par toute personne intéressée à connaître la vérité.» De déclarer le juge Posner, «Un raisone qui motive la présente déclaration est mon souhait de dissiper l'impression véhiculée par certains reportages selon lesquels il n'y a pas eu, avant les dernières deux semaines, de négociations sérieuses sur les modalités d'une éventuelle entente entre les parties.» Le juge Posner affirme qu'au contraire, il y a eu pas moins d'une vingtaine d'ébauches de règlement avant qu'il n'apparaisse que les positions des parties étaient irréconciliables.

À l'annonce de l'échec de la médiation, Gates a affirmé avoir personnellement consacré des centaines d'heures au processus de médiation, et estime à 3 000 heures le temps de travail des avocats et responsables de Microsoft.  «En bout de ligne, il a été impossible d'en arriver à un règlement négocié car le ministère de la Justice et les États ne s'entendent pas.  Ils semblaient exiger soit un fractionnement de notre société, soit des concessions excessives qui vont bien au delà des questions soulevées par cette poursuite.» Bill Neukom, v.-p.  aux affaires juridiques chez Microsoft a par ailleurs déclaré au Los Angeles Times ne pas s'attendre à de bonnes nouvelles dans les conclusions de droit du juge Jackson : «Nous sommes cependant confiants de nos chances en appel.  C'est un très long match, et on arrive à peine à la mi-temps.»

On croit savoir que les avenues possibles de règlement tournaient autour de la dissociation du fureteur Internet Explorer du système d'exploitation Windows, des contrats d'exclusivité signés avec des fabricants de matériel pour l'installation implicite de Windows sur tout nouvel ordinateur vendu, ou avec des fournisseurs d'accès Internet pour l'inclusion d'explorer dans les trousses d'abonnement, de l'ouverture du code source Windows permettant aux autres fabricants de logiciels de mieux y arrimer leurs produits, etc.  Mais voilà, devant le cul-de-sac de la médiation, Posner a renoncé à poursuivre et Jackson a tranché. 

Mais comme nous le précisions la semaine dernière, tout n'est pas terminé, car le juge Jackson devra d'ici peu de temps établir les règles et le calendrier des audiences au cours desquelles les plaignants exposeront les solutions ou les pénalités qu'ils entendent exiger.  Le juge Jackson prendra alors ces exigences en délibéré avant de rendre sa décision.  Par la suite, si Microsoft entend se prévaloir de son droit d'appel, là encore les délais pourraient être longs.  Deux possibilités : s'adresser à une cour d'appel, ou s'adresser directement à la Cour suprême.  Quoiqu'il en soit, tout ceci pourrait nous mener en 2002.

Il faut tenir compte, ici, de deux facteurs additionnels.  Le verdict de culpabilité de Microsoft constitue un feu vert pour la centaine de recours collectifs intentés par des particuliers et des groupes dans 28 États américains.  Il est impossible, à ce moment-ci, de chiffrer le total exact des réclamations.  Mais on peut parler de centaines de milliards de dollars.

Autre facteur, politique cette fois, la possibilité de voir traîner les manoeuvres juridiques jusqu'à l'élection éventuelle d'une administration républicaine ayant à sa tête George W. Bush.  Comme nous l'écrivions le mois dernier, une administration Bush serait plus sympathique à la cause de Microsoft, et pourrait même carrément mettre un terme aux procédures.

Serait-ce le pari que fait Microsoft?

Mais revenons à l'échec de la médiation.  Ce qui ressort de cet échec est le manque d'unanimité chez les co-plaignants (DoJ et les 19 attorney generals) sur les solutions à apporter à la situation de monopole que détient Microsoft.  Dans son constat d'échec, le juge Posner a souligné les efforts déployés par le DoJ et Microsoft sans glisser un seul mot sur le rôle des attorney generals.  Steve Ballmer évoque le clivage au sein des co-plaignants.  Le New York Times rapportait, dimanche dernier, que le juge Posner avait reçu de nombreux appels téléphoniques et messages par courrier électronique d'attorney generals au cours des dernières semaines, chacun se plaignant que ses positions et exigences particulières étaient négligées dans la recherche d'un consensus général.

Et l'exercice reprend maintenant de plus belle, les plaignants doivent maintenant s'entendre pour suggérer au juge Jackson des mesures visant à mettre fin au monopole que détient Microsoft.

Deux options sont envisagées, soit le démantèlement de Microsoft en plusieurs unités, comme ce fut le cas il y a plusieurs années pour AT&T et les «Baby Bells», ou encore l'imposition de mesures visant à encadrer les pratiques commerciales de Microsoft.

Pour ce qui est d'un éventuel démantèlement de Microsoft, là encore deux options.  On pourrait envisager un démantèlement vertical.  En vertu de ce modèle, Microsoft serait fractionné en unités distinctes qui auraient différents créneaux de marché selon la clientèle.  On pourrait donc voir une unité qui se concentrerait sur des produits destinés aux entreprises, une autre qui s'attaquerait au marché de grande consommation, une autre qui veillerait au secteur de l'éducation, etc.  Un modèle de démantèlement horizontal verrait pour sa part un fractionnement selon les catégories de produits (Internet, logiciels, systèmes d'exploitation, matériel), sans égard à l'utilisateur final.

L'option du démantèlement est généralement perçue comme étant une solution radicale qui pourrait nuire autant à l'économie américaine qu'elle punit Microsoft.  Elle n'empêcherait pas, non plus, la création de nouveaux géants de l'industrie.  Par exemple, dans le cas de AT&T, une des retombées du fractionnement a été la création de la société Lucent Technologies.  Aujourd'hui, le capital-actions de Lucent dépasse celui de AT&T.

L'imposition de mesures d'encadrement des pratiques commerciales de Microsoft serait l'option retenue par certains des États plaignants, et conserverait Microsoft intacte.  En revanche, certains observateurs croient qu'elle imposerait un lourd et coûteux fardeau de vérification et de contrôle. 

Et comme les États plaignants et le DoJ ne s'entendent pas sur les mesures à suggérer, on se retrouve presque à la Muriel Robin dans la situation de l'addition unique d'un groupe de vingt convives au resto, et qu'un d'entre eux exige pour faire le détail, «Sachant qu'Isabelle n'a mangé qu'une salade...  que Beban a laissé 30 sur la table...  que Michel a payé 40...  que Dorette a payé pour Bruno et Marie-Claude 130...  que Brigitte doit se faire rembourser 55 sur 100...  que Marco doit encore 30 à Laurence, qui elle, va régler l'addition au moyen de sa carte de crédit...».

Le rapport? C'est qu'on peut s'attendre à de laborieuses négociations entre les co-plaignants sur les remèdes à suggérer au juge Jackson.

Et quoiqu'il en soit, Bill Gates et Steve Ballmer ont clairement indiqué hier, en point de presse, leur intention d'en appeler de la décision finale du juge Jackson. 

Reste à voir comment le titre boursier de Microsoft réagira au cours des prochains jours, alors qu'on sait que les bourses des titres technos sont en plein tumulte, mais pour d'autres raisons.

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 Vidéotron, «offre de transaction alternative»
Offre de transaction alternative.  C'est l'expression retenue par Quebecor pour décrire sa proposition à la société Vidéotron, proposition rappelons-le visant à bloquer l'achat de cette dernière par Rogers Communications.  L'offre est de 49 $ par action, laquelle sera payable par une combinaison de 28,41 $ comptant et d'actions subalternes d'une nouvelle compagnie qui sera créée pour les fins de cette transaction, Quebecor Média.  Quebecor contribuerait à celle-ci un peu plus d'un milliard de dollars en comptant, et une importante liste de ses actifs présents représentant 3,9 milliards.  La participation de la Caisse de dépôt et de placement à Quebecor Media serait de 435 millions de dollars.

Rejet immédiat de l'offre de transaction alternative par la famille Chagnon, actionnaire majoritaire de Vidéotron : «Nous maintenons donc notre appui à l'offre de Rogers, qui est de loin la plus prometteuse, celle qui comporte le plus fort potentiel de création de valeur pour nos actionnaires».

Une des prochaines étapes du dossier sera franchie le 17 avril prochain alors qu'un tribunal entendra les arguments de la famille Chagnon.  Cette dernière estime que la Caisse de dépôt utilise de façon abusive son droit de veto en vertu de la convention d'actionnaires qui les lie.  Entre temps, Rogers Communications a prolongé jusqu'au 20 avril son offre d'achat de Vidéotron.

La presse, tant traditionnelle que spécialisée, traite l'affaire avec prudence.  Quebecor est (entre autres) propriétaire du Journal de Montréal, du Journal de Québec, de la chaîne de télévision TQS, et d'un éventail de sites Web dont Canoë et ses partenaires.  Vidéotron détient une participation active (entre autres) dans la chaîne de télévision TVA, dans Netgraphe (éditeur des netmag Multimédium, Économédia, Web financier, etc.), et est partenaire du quotidien La Presse pour son édition Internet.  Quant à la société d'État, radio et télévision, on suit étroitement l'affaire sous tous ses aspects (dont à l'excellente émission «Les affaires et la vie»), mais on est plus que discret à l'émission radio «Clair et Net» qui pourtant «Avec les inforoutes comme point de départ [...] se donne comme mission d'informer et d'accompagner les auditeurs/internautes dans la découverte d'un nouveau monde...  numérique».

Prudence? Droit de réserve? Crainte de s'avancer et de parler des dangers de la transaction? La couverture «feutrée» des enjeux agace Vallier Lapierre, vice-président aux contenus du nouvel éditeur Cogitex et éditeur des Clés du commerce électronique.  Précisant que l'acuité du débat soit chaudement discutée au sein même de l'équipe éditoriale de Cogitex, Lapierre signait la semaine dernière une analyse dont il «assume seul la responsabilité». 

Lapierre s'inquiète des conséquences d'un éventuel achat de Vidéotron par Quebecor et des avantages indus que la transaction pourrait lui conférer.  Il cite, notamment, la façon dont Quebecor a procédé pour lancer la cyberlibrairie Archambault.ca.  «Dans le cas Archambault.ca, l'entreprise a dépensé sans compter en publicité, du moins à l'échelle québécoise (son président a parlé de 2 M$), assurée que ces montants, même s'ils creusaient le déficit éventuel d'Archambault.ca, contribueraient en bout de ligne aux profits des autres entités du groupe.  Ce qui sortait d'une poche entrait dans l'autre.»

Mais Lapierre déplore qu'on évite d'évoquer le problème de concentration de la presse et parle même de «réactions circonspectes».  Il écrit : «De façon tout à fait étonnante, l'affaire a suscité peu de réactions critiques des médias québécois, plutôt braqués sur les péripéties financières et judiciaires et les mérites respectifs des deux offres concurrentes [...] Pour la presse en ligne, le débat sur la concentration est également inexistant.  Dans Multimedium, propriété de Netgraphe et donc de Vidéotron, ça n'a rien d'étonnant.  Même le souvent critique auteur des Chroniques de Cybérie, Jean-Pierre Cloutier, se contente de noter au passage l'opposition de la FPJQ (Fédération professionnelle des journalistes québécois) à la transaction dans sa forme actuelle, sans plus de commentaires.  Cette unanimité tranquille cache-t-elle un aveuglement nationaliste dont profite Quebecor en tant que seul joueur québécois en mesure de se hisser aux premiers rangs mondiaux de la nouvelle économie?»

Aveuglement nationaliste? Non, pas tout à fait.  Mais précisons que le communiqué de la FPJQ était assez confus et parlait surtout de presse télévisée, exigeant des audiences du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes sur la question de propriété de TVA et TQS, mais évitant de s'engager sur la question des cybermédias.

De plus, n'y a-t-il pas déjà, depuis un certain temps, concentration de fait dans les médias en ligne, si ce n'est qu'en raison du co-griffage (co-branding) de plusieurs sites à l'allure «grunge», et où était la FPJQ pour s'en offusquer?

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 Petites misères du journalisme en ligne
La question entourant l'accréditation des journalistes travaillant pour des médias en ligne, dont nous traitions encore récemment, continue de susciter des comportements étranges de la part d'organisateurs d'événements.

Pour le bénéfice de ceux et celles qui ne connaissent pas les rouages du travail journalistique, disons que pour la tenue d'événements ou encore dans le cadre de couverture dans un domaine spécialisé, l'accréditation facilite grandement l'accès à l'information, aux documents officiels (et parfois officieux), aux acteurs, aux entreprises.  Dans le cas d'un événement précis, l'accréditation donne accès total aux diverses activités et aux installations de salles de presse (téléphones, ordinateurs, accès Internet, salles pour mener des entrevues, pigeonniers réservés pour communiqués de presse, etc.).  Il y a va donc de l'accès à l'information pour les journalistes, et par voie de conséquence pour le grand public.

En février, la firme de courtage Goldman Sachs tenait un symposium sur l'investissement.  L'événement était ouvert aux journalistes de la presse traditionnelle, mais on a refusé au journaliste de l'influent site Web TheStreet.Com d'assister à la présentation car il s'agit d'un médium pur Web sans contrepartie papier ou télévision.  TheStreet.Com est un site d'information financière et boursière.  Sa salle de rédaction compte 80 journalistes à plein temps, une vingtaine de chroniqueurs et rédacteurs pigistes, et publie une cinquantaine d'articles par jour.  Ah oui, j'oubliais, TheStreet.Com a aussi 94 000 abonnés à ses services payants.

Pour la récente remise des prix de l'Académie américaine des arts et sciences de l'enregistrement musical, les Prix Grammy, on a refusé l'accréditation de presse à la rédactrice en chef du site Web CDNow.Com, Carrie Borzillo.  Le USA Today rapportait que le responsable des relations médias pour l'événement connaissait Borzillo de par son ancien employeur, le magazine référence Billboard, mais n'avait jamais entendu parler de CDNow.Com, d'où le refus.  CDNow est un site marchand à fort contenu éditorial sous forme d'articles, guides, recommandations, commentaires sur le palmarès.  Mine de rien, CDNow offre un demi million de produits musicaux (disques compacts, cassettes, produits personnalisés), 650 000 échantillons musicaux, a 3,2 millions de clients réguliers, et le site reçoit 800 000 visites par jour.  Ce n'est pas peu de choses.

Réaction différente toutefois pour la remise des grands prix du cinéma américain, les Oscars.  Les organisateurs ont mis sur pied un comité chargé d'étudier les 34 demandes d'accréditation de médias en ligne.  Pour émettre les accréditations, le comité a d'abord examiné comment ces médias avaient couvert le dévoilement des finalistes, le 15 février dernier.  La porte-parole Leslie Unger admet que cela représente une charge accrue de travail, mais ajoute : «Nous reconnaissons que c'est un nouveau médium solidement implanté et qui continue de se développer.»

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 Une tondeuse, une chaloupe et une flûte
En 1995, l'industrie publicitaire québécoise primait, dans le cadre des prix Coqs d'Or, une publicité télévisée du journal de Montréal (conçue par l'agence Bos) vantant l'efficacité de ses annonces classées.  Minimaliste, sauf pour le suave comédien Martin Larocque qui incarnait un lecteur, on entendait ce dernier nous confier : «Aie! C'est vraiment incroyable.  Y'a quelqu'un dans le Journal de Montréal qui vend une tondeuse, une chaloupe et une flûte, et c'est exactement ça que je cherche!.»

Les cyberconsommateurs québécois seraient-ils aussi chanceux? C'est ce qu'on pourrait en déduire d'un sondage SOM-bénéfice.net sur la publicité en ligne, car 36,9 % des répondants affirment avoir cliqué sur un bandeau publicitaire parce que «Je cherchais justement ce produit/service».

Autres constatations, cependant, et non des moins étonnantes.  Par exemple, près de 40 % des répondants disent n'avoir vu aucune publicité sur Internet au cours du mois précédent.  Parmi les 60 % de chanceux qui en ont vu, 77,4 % ont répondu n'avoir cliqué sur aucun des bandeaux publicitaires. 

On se souvient d'avoir vu les bandeaux de Bell Canada (7,5 %), de Microsoft (6,7 %) et de Amazon.com (4,5%), mais on a cliqué sur ceux de Amazon.com (6,2 %), de Microsoft (5,4 %) et de Toyota (3,3 %).

Aux États-Unis, des données fraîches sur la pub en ligne venant du cabinet de recherche médias Competitive Media Reporting et rapportées par le San Francisco Chronicle.  En 1999, les grandes sociétés américaines auraient affecté 2,1 % de leur budget publicitaire à des campagnes sur Internet, représentant près de deux milliards de dollars, une hausse de 85,9 % par rapport à l'année précédente.

C'est peu si on compare à d'autres médias comme la télévision (18 milliards de dollars) ou les journaux locaux et régionaux (17,6 milliards), mais le taux de croissance laisse présager une place non négligeable à la publicité en ligne dans les budgets médias des entreprises.

D'après le Internet Advertising Bureau, les bandeaux publicitaires représentent 55 % des dépenses engagées, alors que la commandite de site représente 27 % des dépenses.  La balance des budgets est partagée entre les publicités interstitielles du genre «pop-up», les bandeaux textes dans des bulletins diffusés par courrier électronique, etc.  La société Nielsen/NetRatings rapporte cependant que le «taux de clic» est en baisse, de 2,5 % en 1996 à 0,36 % pour l'année 1999.

Les cinq plus importants annonceurs ont été Microsoft (36,2 millions de dollars), IBM (27,1 millions), General Motors (21,4 millions), Hewlett-Packard (16,2 millions) et les services bancaires First USA (14,6 millions).

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 Des écrans plus...  verts
L'État du Massachusetts innove en devenant le premier État américain à lancer un programme visant à faciliter le recyclage des écrans cathodiques (téléviseurs, ordinateurs).  Le service de protection de l'environnement de l'État a mis sur pied six centres permanents de collecte des écrans cathodiques, en plus de contribuer aux programmes de recyclage des écrans mis en oeuvre par 113 municipalités.  On entend ainsi réduire de manière sensible l'apport des écrans au volume de déchets solides enfouis ou incinérés, apport d'environ 75 000 tonnes par année.  C'est aussi une mesure préventive car les projections font état de 300 000 tonnes par année d'ici l'an 2005.  Le problème principal posé par l'apport des écrans aux déchets solides réside dans leur haute teneur en plomb, estimée entre deux à trois kilos par écran selon le service de protection de l'environnement.  Si les écrans sont broyés ou incinérés, une partie importante de ce plomb se répand dans le milieu, avec les effets toxiques que l'on sait.  On prévoit que le programme de recyclage des écrans cathodiques pourrait mener, directement ou indirectement, à la création de 1 100 emplois.

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 Médecins et Internet
La firme de sondage Harris Interactive vient de publier les résultats d'un sondage mené auprès de 769 médecins américains, qui dresse un bilan pour le moins surprenant de leur utilisation d'Internet.

Harris Interactive constate que 89 % des médecins utilisent Internet au foyer ou en milieu de travail, et que leur temps d'utilisation moyen est de six heures par semaine.  Cependant, 61 % du temps passé en ligne par les médecins serait consacré à une utilisation dite «personnelle», 16 % à des fins de gestion et d'administration de leurs cabinets, 15 % à la consultation d'information clinique générale, et 8 % à la recherche d'information relative à leurs patients.  En fait, seulement 28 % des médecins utiliseraient Internet pour cette recherche d'information plus poussée relative à leurs patients, et la plupart ne le font que pour certains patients.  Environ la moitié des répondants disent parfois utiliser Internet pour récupérer les résultats de tests de laboratoire.  L'âge des médecins n'est pas un facteur selon Harris Interactive, les résultats étant sensiblement les mêmes selon les groupes d'âges.

Pour Gordon Black, président et premier dirigeant de Harris Interactive, «Cette enquête révèle qu'il y a encore beaucoup à faire avant que les médecins ne prennent conscience de la valeur potentielle des technologies de l'information pour leurs pratiques.» Par contre, dans le contexte de la pratique privée de la médecine aux États-Unis, le tiers des médecins travaillent dans un cabinet qui a un site Web, proportion qui pourrait atteindre la moitié des médecins d'ici dix-huit mois selon Harris Interactive.

Humphrey Taylor, responsable du sondage, croit cependant que des pressions du milieu accéléreront l'adoption plus répandue du réseau comme outil de diffusion d'information médicale et clinique.  Cité par le service de nouvelles Newsbyte, Taylor dit qu'il n'est plus rare qu'un patient se présente au cabinet du médecin avec une documentation solide et à jour sur sa maladie, documentation obtenue sur Internet; bien souvent, le patient est mieux documenté que son médecin.

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 Cybertr@que : moins qu'original
En février dernier, la critique de cinéma Monique Neubourg nous économisait temps et argent en nous parlant de «Cybertra@que», le film devant relater les exploits du Condor, l'hacktiviste Kevin Mitnick.  Monique Neubourg écrivait «Puisqu'on est dans la plus pure illustration, inutile de chercher ici un soupçon de psychologie ou une amorce de raisonnement.  Qui est Mitnick? Pourquoi s'amuse-t-il avec les bits? On n'en saura rien.»

On apprend du service de nouvelles Wired que le scénario du film Cybertr@que (version française de la production américaine «Takedown») est encore moins original que ce que nous en dépeignait Monique. 

Jonathan Littman, auteur du livre «The Fugitive Game» sur l'épique époque opaque de la poursuite de Mitnick par les autorités judiciaires américaines intente une poursuite contre les producteurs du film «Takedown» (Disney et sa filiale Miramax), soi-disant inspiré du livre du journaliste du New York Times John Markoff et de l'expert en sécurité Tsutomu Shimomura.  Les documents de la poursuite allèguent que le scénariste John Danza a littéralement (et littérairement, peut-on dire) plagié des thèmes, des événements et des dialogues, en fait toute la première partie du livre de Littman.

En outre, Littman accuse les producteurs et le scénariste d'avoir extrait de son livre des éléments positifs sur la personnalité de Mitnick pour les inclure au scénario car le livre de Markoff et de Shimomura diabolisait un peu trop l'hacktiviste.

Aucun commentaire de la part des intimés ou de leurs procureurs.  Bien que le film soit sorti en salle en France, aucune date n'est prévue pour la sortie de la version originale en anglais.

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 Beau détour
On apprenait avec une certaine tristesse, la semaine dernière, le décès de la photographe et sociologue Gisèle Freund.  Elle aimait dire que «l'image est facile à comprendre et accessible à tout le monde».  Gisèle Freund nous laisse en souvenir de nombreuses images, dont les célèbres portraits d'André Gide, André Malraux, James Joyce et autres.  Malheureusement, peu de choses sur le Web, mais si vous mettez la main sur son livre «Photographie et société» (Paris, Seuil, 1974), ne vous privez pas de son regard philosophique sur l'importance de la photographie dans nos vies de tous les jours.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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