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Les Chroniques de Cybérie
12 septembre 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

12 septembre 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Le cambriolage de la Western Union
Carnivore : controverse sur l'examen, changement de nom
Microsoft : la Cour suprême hésite...
...et on fête un 25e
MP3.com et Napster : mauvaises nouvelles
Mosel Vitelic au Québec, un commentaire
En bref...
Beau détour

 Le cambriolage de la Western Union
Vendredi dernier, la société de transfert de fonds Western Union constatait qu'un ou plusieurs inconnus avaient perpétré un cambriolage virtuel dans ses dossiers à partir de son site Web.  Les informations sur les cartes de débit et de crédit de 15 700 de ses clients ont été subtilisés, et depuis le site Web de l'entreprise est toujours fermé (mardi 12 septembre).

D'après News.Com, qui cite un porte-parole de Western Union, le hold-up serait en partie attribuable à une «erreur humaine» et non à un problème d'architecture.  Alors que l'on procédait à des vérifications d'usage, un fichier de «gestion de rendement» a été laissé ouvert par inadvertance.

Western Union se fait discrète sur les détails.  On ignore, par exemple, combien de temps le fichier a été à découvert, et s'il était protégé par chiffrement.  Le porte-parole s'est borné à dire que la société avait commencé à communiquer par téléphone et par courrier électronique avec les détenteurs de cartes dont l'information a été subtilisée.  Dans un premier temps, on a suggéré aux clients d'annuler leurs cartes de crédit, puis on leur a suggéré de demander conseil aux institutions émettrices.  On n'aurait encore reçu aucune plainte d'information frauduleuse, et on ne sait quelles agences gouvernementales enquêtent.

Western Union traite 73 millions de transferts de fonds par année, depuis ses 90 000 bureaux accrédités dans 182 pays.  L'incident de vendredi dernier serait un des plus importants jamais rapportés.  Western Union affirme que les transferts effectués depuis le site Web ne représentent qu'une «minuscule» partie de ses activités.  Pauvre consolation pour les 15 700 détenteurs de cartes.

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 Carnivore : controverse sur l'examen, changement de nom
Le projet d'examen par des universitaires du système de surveillance Carnivore, annoncé en août dernier par l'Attorney General Janet Reno, suscite la controverse.  La chaîne CNN rapporte que cinq universités auraient rejeté les invitations officieuses et officielles du ministère américain de la Justice à présenter un plan d'examen.  Il s'agit du Massachusetts Institute of Technology (MIT), de l'Université de Californie à San Diego (UCSD), du Collège Dartmouth, de l'Université du Michigan et de l'Université Purdue.

D'après Jeff Schiller du MIT, qui résume les objections formulées par d'autres universitaires, il y aurait un manque flagrant de transparence dans les conditions auxquelles devraient se soumettre le groupe menant l'examen.  «En gros, le gouvernement fédéral se réserve le droit de réviser le rapport, d'interdire la publication de certaines sections, voire de ne jamais le rendre public» a-t-il déclaré.  La conclusion à laquelle en sont arrivées les cinq universités fait écho aux critiques formulées antérieurement par certains groupes à l'égard de cet examen soi-disant indépendant, dont le Electronic Privacy Information Center (EPIC), soit que le DoJ ne cherche pas vraiment à faire la lumière sur Carnivore.

Par contre, au cours de son point de presse hebdomadaire de vendredi dernier, Madame Reno a confirmé qu'un comité de sélection était déjà à la tâche pour choisir, parmi les propositions reçues, l'organisme qui mènera l'examen.  Elle s'est toutefois dite dans l'impossibilité de donner de plus amples détails sur le nombre de propositions reçues ou sur leur provenance en vertu du Procurement Integrity Act qui interdit la divulgation de détails sur les offres de services avant l'adjudication d'un marché.  Mais de dire Madame Reno, «Nous tenons à avoir un rapport d'examen puis, s'il y a lieu, voir ce qu'il faut faire, et ensuite passer à une autre étape avec un nouveau nom [pour le système].»

Toujours aucun détail sur la possibilité que le mandat d'examen soit confié à un organisme du secteur privé, une option dont nous vous parlions récemment.  Entre autres, le site OpenCarnivore.Org est encore en construction (ce mardi 12 septembre).  David Sobel de l'EPIC a déclaré au sujet d'un examen par le secteur privé «Certains bandits de grands chemins pourraient être intéressés», faisant allusion à des sociétés de haute technologie qui travaillent en sous-traitance pour le gouvernement ou le secteur de la défense.

Rappelons que selon le calendrier prévu par le DoJ, le choix de l'organisme qui mènera l'examen sera annoncé le 25 septembre, et le rapport d'examen, ou du moins ce qui en sera divulgué, sera rendu public le 8 décembre. 

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 Microsoft : la Cour suprême hésite...
On s'attendait ces jours-ci à ce que la Cour suprême des États-Unis décide si, oui ou non, elle entendrait directement l'appel de la société Microsoft de l'ordonnance de fractionnement prononcé cet été par le juge Thomas Penfield Jackson.  Cependant, en publiant un calendrier préliminaire de la session 2000/2001 qui s'amorce le 2 octobre, les juges de la plus haute instance judiciaire du pays n'ont pas inclus le dossier Microsoft à l'agenda.  On attend une annonce à ce sujet autour du 26 septembre.

On se rappellera que Microsoft entendait s'adresser en premier lieu à un tribunal d'appel, devant qui elle croyait avoir de meilleures chances de faire renverser l'ordonnance de dessaisissement, mais que le juge Jackson avait directement référé l'affaire à la Cour suprême.  En vertu de la loi, la Cour suprême peut décider d'entendre directement la cause, ou de la soumettre à un tribunal d'instance inférieure.  Si telle était sa décision, et quoi que soit le résultat des audiences devant une cour d'appel, il ne fait aucun doute que dans l'état actuel des choses le dossier lui reviendra.  Autant le DoJ que Microsoft entendent pousser l'affaire au bout. 

Autres possibilités : un règlement à l'amiable, ce qui est peu probable, ou l'élection d'une administration républicaine plus sensible à un compromis.  Au vu des derniers sondages sur les intentions de vote, et bien que l'on soit à plus de six semaines du scrutin, l'élection de George «Dubya» Bush, candidat républicain, est de moins en moins vraisemblable.

Si la Cour suprême décide d'entendre directement l'appel de Microsoft, elle devrait établir un calendrier d'audiences sur le fond en trois étapes (exposé, contre-exposé, réplique), puis un calendrier de plaidoiries verbales.  Le processus nous amènerait en janvier ou février, après quoi les juges prendraient la cause en délibéré, et pourraient arriver à une décision finale vers juin 2001.

Vers une nouvelle structure en droit américain? En mars dernier, l'Assemblée législative de l'État du Maryland approuvait le projet de loi HB15 visant la mise sur pied d'un groupe de travail chargé d'étudier la possibilité d'établir une section distincte de son système judiciaire pour traiter les causes ayant trait au commerce et à la technologie.  Un des objectifs de cette section distincte serait de fournir aux magistrats et procureurs qui y seraient affectés une formation en technologie.  De plus, un tel système pourrait accélérer le traitement des causes et des pourvois en appel.  Le groupe de travail remettra son rapport de faisabilité le 1er décembre prochain.  Si le Maryland adoptait une telle mesure, on prévoit qu'elle serait suivie par les législatures d'autres États, voire même par le ministère fédéral de la Justice.

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 ...et on fête un 25e
Eh oui, déjà, vingt-cinq ans pour Microsoft.  Fondée avec trois employés en 1975, l'entreprise affichait des recettes de 16 000 $ la première année.  L'entreprise s'inscrit en bourse en 1986 et le titre est lancé à 21 $.  La valeur d'une de ces actions est aujourd'hui, en raison des hausses et fractionnements, multipliée par 144.  Microsoft compte près de 40 000 employés et ses revenus annuels pour le dernier exercice se chiffrent à 23 milliards de dollars.

Le USA Today a marqué le quart de siècle de Microsoft par une entrevue exclusive avec Bill Gates qui entame une nouvelle phase de sa vie, Gates 2.0 en jargon logiciel.  Détenteur de 15 % du capital-actions de Microsoft, valeur aux livres d'environ 55 milliards de dollars, Gates se dit un passionné de bridge, dit aussi aimer le golf et le tennis.

Qu'est-ce qui le motive à poursuivre? «Les rêves grâce auxquels cette entreprise a été fondée ne sont pas encore réalisés.  Le PC est le meilleur outil jamais inventé par l'être humain.  Et nous sommes très fiers d'être au centre de tout ce qui gravite autour de cette industrie, des nouvelles entreprises, des alliances, des normes.» Normes, dites-vous? Enfin...

Clairement, pour Gates, le seul point d'ombre en ce 25e anniversaire est le procès anti-trust intenté par le ministère américain de la Justice.  Les démêlés judiciaires ont-ils modifié son attitude à l'égard du gouvernement? «Mis à part la poursuite, ce pays a été un endroit fantastique pour lancer notre entreprise...  le climat qui y règne, la qualité des gens que nous avons pu embaucher...  ma reconnaissance va bien au-delà de cette seule chose qui est allée contre nous.»

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 MP3.com et Napster : mauvaises nouvelles
La société de diffusion de musique en ligne MP3.com s'est vue imposer par un juge d'une cour fédérale l'obligation de payer à la maison de disque Universal 25 000 $ par titre de disque compact qu'elle aurait illégalement diffusé sur le Web.  L'ensemble des dommages pourrait atteindre 250 millions de dollars, le processus de détermination du montant s'enclenchera en novembre.

Grâce à son service My.MP3.com, il était possible de se constituer une banque de titres que l'on pouvait consulter en ligne, de n'importe où, à condition de fournir la preuve que l'on avait bel et bien acheté le disque compact.  Il s'agissait, au moment de demander un titre en ligne, d'insérer le disque compact dans son lecteur de cédérom.  Le système validait l'authenticité du disque inséré, ce qui constituait pour MP3.com une preuve d'achat.  Ensuite, l'utilisateur pouvait réaliser des compilations d'oeuvres qu'il avait déjà acheté sur disque, monter des séquences, participer à des concours, etc.  MP3.Com était déjà parvenue à une entente avec les maisons de disques Sony, Time Warner, EMI et Bertelsmann pour une telle diffusion de leurs disques.  Mais Universal a refusé et a maintenu sa poursuite contre MP3.com.

Michael Robertson, premier dirigeant de MP3.com a déjà annoncé qu'il en appellerait de la cause, déclarant : «Nous croyons que chacun devrait avoir le droit d'écouter la musique qu'il achète, même si c'est sur Internet.» Pour Napster, le coup dur est venu vendredi dernier alors que pas moins de 21 brefs d'amicus curiae ont été déposés en appui à la Recording Industry Association of America (RIAA) qui, comme on le sait, poursuit Napster pour violation de droits d'auteurs.  Pour la plupart, ces brefs venaient d'organismes amis de la RIAA et de l'industrie du divertissement, mais aussi du ministère de la Justice, du bureau américain des droits d'auteurs et du bureau des brevets et marques de commerce.  Rappelons que la société Napster doit se présenter devant la Cour d'appel au début du mois d'octobre.

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 Mosel Vitelic au Québec, un commentaire
La construction possible à Montréal d'une usine de fabrication de semi-conducteurs soulève de nombreuses discussions.  Depuis plus de deux ans, les responsables de la société taïwanaise Mosel Vitelic étudient la possibilité de s'implanter au Québec et multiplient les contacts avec les divers paliers de gouvernement, question de soupeser l'escarcelle à subventions.

Rien n'est encore arrêté, et la valse des chiffres hypothétiques se poursuit, mais voici un scénario plausible.  Mosel Vitelic construit une usine de fabrication de plaquettes de 300mm, matériau de base de circuits et composants, un projet estimé à trois milliards de dollars.  Si les gouvernements fédéral et provincial s'entendent, les subventions, crédits d'impôts, congés fiscaux et investissements directs dans le projet pourraient atteindre 2,2 milliards de dollars.  L'usine emploierait environ 2 000 personnes, et les «effets structurants» signifieraient la création de 4 000 emplois indirects.

Les débats.  On s'interroge dans certains milieux sur le bien-fondé d'une telle participation gouvernementale.  Les querelles Québec/Ottawa sur le développement économique refont surface.  Des études estiment trop conservatrices les retombées économiques du projet, d'autre les jugent trop optimistes.  Des analystes prévoient que d'ici à ce que l'usine soient fonctionnelle, en 2002, il y aura un affaissement de la demande des semi-conducteurs, et ces analystes font aussi face à leurs propres détracteurs.  Et bien souvent, on évoque l'argument que le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir sur son territoire une usine de semi-conducteurs, comme si c'était là un pré-requis pour être membre du club.

Mosel Vitelic cherche à gagner des appuis dans l'opinion publique.  Depuis quelques jours, des journalistes de trois journaux québécois francophones (La Presse, Le Devoir et Le Journal de Montréal) visitent les installations de la société à Taïwan, aux frais de Mosel Vitelic (environ 10 000 $ par journaliste).  Et, curieusement, on n'a pas invité le représentant du journal anglophone The Montreal Gazette qui pourtant suit l'affaire depuis des mois.

Et plus curieusement, personne n'a soulevé les questions de santé et d'environnement afférentes à la production des semi-conducteurs.  Il sera intéressant de voir ce qu'en diront nos journalistes/touristes à leur retour de Taïwan.

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 En bref...
La société émettrice de cartes de crédit American Express lance le service «Private Payments», un service de numéros de cartes jetables, bons pour une seule transaction.  Disponible gratuitement sous peu, d'abord aux États-Unis, AmEx entend élargir le service à d'autres marchés si les résultats sont concluants.  Les détenteurs de cartes devront s'inscrire au service Private Payments.  Puis, au moment d'effectuer une transaction en ligne, consulter le site Web du service ou encore utiliser un icone sur la barre de navigation.  Private Payments générera alors de manière aléatoire un numéro de transaction unique que le détenteur de carte fournira au cybermarchand; le montant de la transaction sera débité au compte du détenteur, et le numéro de transaction détruit.  Le système évitera aux détenteurs de fournir le numéro de leur carte de crédit, ce qui devrait inspirer davantage confiance aux consommateurs.  En outre, plus tard cette année, AmEx proposera en collaboration avec la société Privada un service de protection d'anonymat sur le Web, ou si on veut un Anonymizer sur mesure pour les détenteurs de cartes American Express.

La mise en place d'une structure viable de micropaiement prendra plusieurs années, mais sera indispensable au développement du «commerce-m» (commerce mobile), nouveau concept qui désigne les transactions qui seront faites à partir de dispositifs sans fil.  C'est du moins l'évaluation qu'en fait la société IDC dans son bulletin IT Forecaster du 5 septembre.  Pour les fournisseurs de services et contenus, un tel système permettra de vendre des unités d'un produit à prix modeste (moins de 1 $), d'offrir à l'acheteur une expérience transactionnelle plus simple, de mieux gérer les redevances de droits sur les contenus, et d'éviter les importants frais fixes des comptes marchands de cartes de crédit.  Pour le consommateur, les avantages seront sur le plan pratique, de la sécurité, de l'anonymat et de la souplesse.  IDC prévoit que lorsque toutes ces conditions seront réunies, elles inspireront la «micro confiance» et que la consommation sur le Web se fera alors à la carte...  de micropaiement.

D'ailleurs, l'idée du commerce-m fait rapidement son chemin.  La société AT&T vient de signer une entente avec le service de paiement en ligne Qpass pour offrir aux abonnés de AT&T Digital Pocket Net et AT&T Worldnet, d'ici la fin de l'année, un mode de paiement pour les transactions effectuées depuis des dispositifs mobiles.  Le système DCS (Digital Commerce Service) de Qpass sera aussi adaptable aux terminaux de poche de type Palm, et aux dispositif de télévision interactive.

Ah, les avantages du télétravail...  Le fabricant de meubles à assembler IKEA a récemment mené une enquête, depuis son site Web, sur les principales raisons qui pouvaient encourager le télétravail.  Le Mercury News nous apprend que près de 90 % des 12 000 répondants ont fait référence à la salle de bains, 68 % déclarant que travailler à la maison leur évitait d'avoir à utiliser les salles de bains communes chez leur employeur.  Parmi les autres facteurs d'incitation au travail à domicile, on cite un sentiment de privilège (43 %), les cauchemars (réels) où l'action du rêve se situe en milieu de travail (40 %), la possibilité de faire une courte sieste en milieu de journée (37 %), et l'horreur qu'ils ont des célébrations d'anniversaire au bureau (23 %).  Et la bouffe, alors?

Quitte à ne pouvoir travailler à domicile, certains trouveront peut-être réconfort dans l'aspect social et grégaire du travail au bureau.  Mais selon Inter@ctive Week, les jeunes sociétés de la nouvelle économie seraient un terrain propice au harcèlement sexuel.  Heures de travail très longues, exiguïté des locaux, effectif jeune, atmosphère parfois un peu trop décontractée, sont tous des facteurs qui peuvent contribuer au harcèlement sexuel.  D'une part, on note dans la plupart des jeunes entreprises l'absence totale de politiques en la matière, politiques jugées trop strictes, trop «vieux jeu», mais qui expose l'employeur à des poursuites de la part d'employés se disant victimes de harcèlement.  D'autre part, les hauts et les bas financiers des jeunes entreprises coïncideraient avec une hausse des plaintes de harcèlement selon Brian Greig, avocat spécialisé en droit du travail.  La plupart font, d'après lui, l'objet de règlements hors cour car lorsqu'il y a beaucoup d'argent en jeu, les entreprises ne tiennent pas à l'image négative qu'une poursuite pourrait leur donner.

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 Beau détour
Cette semaine, vers le site du fabricant de matériel Agfa qui chaque mois, depuis 1996, ouvre ses pages Web à un photographe professionnel et nous donne un aperçu de son travail.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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