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Les Chroniques de Cybérie
22 août 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

22 août 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Napster se dit victime d'interprétation fautive
Carnivore : les renseignements au compte-gouttes
Le Condor à la radio
Vie privée? Oui, mais...
Politique réseau : Internet rapporte
Entartage, contestation et Internet
Canada : noms de domaines et cybersquattage
Contenu Internet : loin de la rentabilité
Beau détour

 Napster se dit victime d'interprétation fautive
Vendredi dernier, date butoir pour la présentation de leurs arguments devant un tribunal d'appel, les procureurs de la société Napster ont affirmé que leur cliente était victime d'une interprétation fautive de la loi régissant les enregistrements sonores à des fins privées.  En conséquence, ils ont demandé au tribunal de lever définitivement une injonction préliminaire émise contre Napster par la juge Marilyn Patel le 26 juillet dernier.  Le cabinet Boies, Schiller & Flexner, a fait valoir dans son document de 92 pages (format PDF) que la loi protégeait les utilisateurs de Napster, même si le principe d'échanges entre particuliers de fichiers musicaux sur une base non commerciale était amplifié par le recours à Internet.

Rappelant aussi la cause célèbre Sony c. Universal, décision qui devait paver la voie à l'utilisation des vidéocassettes au foyer, les procureurs ont affirmé que Napster était légal, tout simplement parce que ses utilisateurs pouvaient l'utiliser sans enfreindre la loi, même si certains le faisaient.

L'industrie du disque, représentée par la Recording Industry Association of America (RIAA) a jusqu'au huit septembre pour présenter une réponse aux arguments de Napster, et cette dernière aura jusqu'au 12 septembre pour formuler une dernière réplique.  Après quoi, un calendrier d'audiences devant les juges de la Cour d'appel sera établi.

Le document présenté était signé par le juriste et stratège David Boies, celui qui a concocté les grands coups du ministère américain de la Justice dans sa poursuite contre Microsoft.  Il y a deux semaines, le New York Times Magazine publiait un entretien qu'avait eu le journaliste Ken Kurson avec Boies.

L'homme est difficile à percer.  Il fonctionne souvent par intuition, bien qu'on le dise doué d'une mémoire étonnante et d'un sens de l'analyse très poussé.  Ses chances de réussite dans l'affaire Napster? De raconter Boies : «La semaine dernière, j'étais sur un vol d'American Airlines en provenance de Los Angeles.  Il y avait eu survente de billets, pas un seul siège de libre, ils payaient littéralement des gens pour descendre de l'avion.  Bref, des avaries techniques se succèdent et l'avion est cloué au sol durant des heures.  Un type, assis quelques rangées devant moi, ne cesse de me dévisager.  Soudain, il s'adresse à moi et me dit «Eh, n'êtes-vous pas l'avocat de Napster?» Je lui réponds oui, c'est bien moi.  Il lança alors à la cantonade «Eh, tout le monde, l'avocat de Napster est à bord!» Tous les passagers ont alors applaudi chaudement.  Et à ce moment précis, j'ai su que l'industrie de la musique était en sérieuse difficulté.»

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 Carnivore : les renseignements au compte-gouttes
Mercredi dernier, les procureurs du ministère américain de la Justice ont déclaré devant un juge que la police fédérale (FBI) avait recensé 3 000 pages de documentation, notes de service, lettres et échanges concernant le système de surveillance Internet Carnivore.  Les procureurs répondaient ainsi à une demande du Electronic Privacy Information Center (EPIC) qui exige que le FBI rende publique l'information relative au système Carnivore, y compris le code source de son logiciel.

Le FBI a déclaré au juge qu'il serait prêt à divulguer un premier lot de documents dans 45 jours, puis d'autre documents à des intervalles de 45 jours, jusqu'à ce que la totalité du dossier ait été rendu public.  La proposition est, bien entendu, inacceptable pour l'EPIC en raison des délais trop longs.  Cité dans le USA Today, le principal conseiller juridique de l'organisme, David Sobel, a déclaré que, faute d'engagement de la part du FBI à déterminer le nombre de pages qui seront rendues publiques à chacune des intervalles de 45 jours, le processus pourrait s'étirer sur des mois, voire des années.

Sobel affirmait que l'EPIC demanderait à un tribunal de forcer le FBI à procéder avec célérité dans ce dossier, faisant valoir qu'un rapport d'examen du système Carnivore devrait être livré en décembre au bureau de l'Attorney General Janet Reno.  Selon Sobel, «si le FBI peut colliger les documents nécessaires à l'examen du système par des universitaires, il peut le faire pour notre demande en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.  La divulgation de ces documents devrait revêtir le même sentiment d'urgence que leur examen.»

Le lendemain, l'EPIC s'adressait au juge James Robertson pour forcer le FBI à «livrer la marchandise» avant le 1er décembre.  Dans le mémoire déposé devant le juge Robertson, l'EPIC estimait qu'à un rythme de 100 pages à tous les 45 jours, le processus pourrait prendre près de quatre ans.  De plus, l'organisme s'inspire du site Web du FBI où on trouve une description du groupe chargé du traitement des demandes présentées en vertu de la Loi sur l'accès à l'information et qui compterait un effectif de 400 personnes.  d'affirmer l'EPIC dans son mémoire, «Une petite fraction de cet effectif, affectée en priorité au projet pour une période relativement courte, pourrait traiter 3 000 pages de documents dans un temps prévisible.»

D'après l'Associated Press, le FBI explique les délais par le nombre important de documents venant d'intervenants externes, la plupart des sociétés commerciales ayant effectué des travaux en impartition sur le système Carnivore.  d'après un porte-parole du FBI, «Ces sociétés commerciales, en vertu des lois et règlements, devront être averties de la divulgation des documents pour qu'elles puissent jauger les incidences possibles.»

Soulignons qu'une demande de divulgation en vertu de la Loi sur l'accès à l'information entraîne habituellement des frais pour le demandeur.  Dans le cas présent, l'EPIC jouira d'une dispense, mesure prévue par la Loi lorsqu'il s'agit d'un dossier d'«intérêt public».

Rebondissement, aussi, sur le plan de l'examen de Carnivore annoncé la semaine dernière par l'Attorney General Janet Reno.  Madame Reno disait être à la recherche d'une université à qui confier un mandat d'examen indépendant de Carnivore.  Voilà qu'un groupe de spécialistes des questions de vie privée, qui a retenu le nom de OpenCarnivore.Org, propose ses services.  Le site a été ouvert en catastrophe hier (lundi 21 août), puis mis en veilleuse quelques heures plus tard.  On apprend toutefois du service de nouvelles Wired que le groupe comprendrait parmi ses membres Matt Blaze du centre de recherche de AT&T, Tom Perrine du San Diego Supercomputer Center, Peter Neumann de la société SRI International, un hacker connu sous le nom de «Mudge» et Tsutomu Shimomura, le chercheur qui a collaboré avec le FBI à l'arrestation de Kevin Mitnick.

Toujours pas de commentaire sur cette offre de services inattendue, ni du FBI ou du bureau de l'Attorney General.  On se demande toutefois quel accueil sera réservé à ce groupe ayant des liens si étroits avec le secteur privé, et dont certains des membres ont déjà collaboré à des enquêtes de la police fédérale. 

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 Le Condor à la radio
Maintenant libre de gagner sa vie comme bon lui semble, l'hacktiviste Kevin Mitnick, surnommé Le Condor, sera l'expert invité à une série de trois émissions radiophoniques documentaires sur l'évolution du phénomène du hacking au fil des ans.  La première de ces émissions devrait être diffusée lundi prochain, 28 août, et les archives seront disponibles, en format Real, sur le site de SecurityFocus.Com.

Mitnick abordera d'abord les origines du hacking et de son pendant téléphonique, le phreaking.  Il décrira les grandes catégories d'exploits, comment ils sont réalisés, et comment les entreprises et exploitants de réseaux peuvent se protéger.  Il abordera aussi le phénomène des «script kiddies».  De plus, on prévoit qu'il relatera l'histoire de son arrestation, et révélera le rôle joué par John Markoff (journaliste au New York Times) et le chercheur Tsutomu Shimomura.

La première de cette émission devait être diffusée hier, lundi 21 août.  Manque de chance, des problèmes techniques ont forcé un report du lancement...

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 Vie privée? Oui, mais...
Alors que se tenait à Aspen (Colorado) la conférence Aspen 2000 de la Progress & Freedom Foundation (PFF) sous le thème «Cyberspace and the American Dream» (Le cyberespace et le rêve américain), une nouvelle étude qui y a été présentée jette une lumière parfois diffuse sur la perception qu'a le public américain du respect de la vie privée sur Internet.  Oui, on s'en préoccupe, mais on prend peu de mesures pour se protéger des intrusions possibles.

L'étude, «Trust and Privacy Online: Why Americans Want to Rewrite the Rules» a été réalisée par le Pew Research Center dans le cadre de son projet «Internet & American Life».  Elle a été menée du 19 mai au 21 juin auprès de 2 117 personnes dont 1 017 étaient branchées à Internet.  Les auteurs dégagent deux constatations importantes.  d'une part, les utilisateurs américains d'Internet tiennent à une présomption de respect de leur vie privée pour ce qui a trait à leurs activités en réseau.  d'autre part, une grande proportion d'entre eux n'ont aucune idée des méthodes utilisées pour enfreindre leur vie privée, et ne connaissent pas les outils disponibles pour se protéger.

Et pourtant, confiance ou insouciance, les utilisateurs s'adonnent à une foule d'activités qui nécessitent de livrer de l'information personnelle.  Par exemple, 48 % des répondants ont effectué des achats en ligne avec leur carte de crédit; 55 % ont consulté de l'information médicale et 36 % ont consulté un site de soutien aux personnes atteintes d'une maladie; 43 % se sont renseignés sur les cours de la bourse; 25 % se sont fait de «nouveaux amis»; 26 % ont répondu à un courrier électronique venant d'une personne inconnue.

Si certains répondants disent déjà avoir fourni des faux noms et des faux renseignements sur des sites Web (24 %), utilisé des méthodes de chiffrement pour brouiller leur correspondance (9 %) et avoir eu recours à des services de protection de l'anonymat (5 %), c'est 56 % des répondants qui ignorent le fonctionnement des fichiers témoins, les «cookies», qui servent au profilage des utilisateurs.  En fait, seulement environ 10 % des répondants auraient modifié les paramètres de leurs fureteurs pour rejeter les fichiers témoins.  Curieusement, les femmes sont deux fois moins susceptibles d'utiliser l'une ou l'autre de ces techniques visant à déjouer le profilage, même si elles sont autant, sinon davantage, préoccupées que les hommes d'une invasion possible de leur vie privée.

Les auteurs de l'étude constatent aussi des écarts en fonction de l'expérience d'utilisation d'Internet (15 % des personnes branchées le sont depuis moins de six mois).  Ainsi, 62 % des utilisateurs novices sont «très préoccupés» que des personnes ou des entreprises collectent des renseignements personnels à leur sujet, comparativement à 50 % chez le groupe des personnes branchées depuis plus de trois ans.  Ceci expliquant cela, 27 % des utilisateurs novices ont effectué au moins un achat en ligne, alors que chez les utilisateurs plus expérimentés cette proportion passe à 60 %.

Dans le cas où une entreprise ne respecterait pas ses engagements en matière de protection de la vie privée, 94 % des répondants préconisent des sanctions comme l'emprisonnement des responsables (11 %), la mise à l'amende (27 %), la fermeture du site (26 %) ou l'inscription sur une «liste noire» (30 %).  Dans les cas de fraude, c'est aussi 94 % des répondants qui préconisent des sanctions comme l'emprisonnement (26 %), les amendes (22 %), la fermeture du site (33 %) ou l'inscription sur une liste de sites délinquents (13 %).

Et là encore des écarts sensibles entre catégories de répondants.  Les femmes sont plus indulgentes que les hommes au sujet de l'emprisonnement des coupables d'enfreintes à la vie privée (7 % contre 14 %) ou de fraude (22 % contre 30 %).  Les utilisateurs expérimentés se montrent également plus sévères que les utilisateurs novices.

Les constatations de cette nouvelle étude pourraient alimenter les débats électoraux aux États-Unis à l'approche de l'élection de novembre.  Rappelons que le Parti démocrate préconise une «Charte des droits électroniques» de manière à mieux protéger les citoyens.  Pour sa part, le Parti républicain est en faveur de mécanismes d'auto-réglementation par l'industrie.  Le débat est donc loin d'être vidé.

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 Politique réseau : Internet rapporte
D'après une étude du projet NetElection (piloté par le Annenberg Public Policy Center de l'Université de Pennsylvanie), 54 % des candidats au Sénat et à la Chambre des représentants disposeraient de sites Web de campagne en vue de l'élection de novembre prochain aux États-Unis.  Par contre, de ces quelque 500 sites Web, seulement la moitié permettent au public de faire en ligne des contributions aux caisses électorales, et nombre d'observateurs ne s'expliquent pas cette timidité technologique des candidats.  On se souviendra qu'en février dernier, alors que les primaires battaient leur plein, le candidat John McCain avait recueilli en sept jours, grâce à son site Web, trois millions de dollars en contributions de 22 000 personnes. 

La société eContributor.Com, qui se spécialise dans les campagnes de financement sur le Web, rapporte cependant une hausse de 139 % du nombre de contributions en ligne au Parti républicain durant son congrès d'investiture, et de 143 % des contributions au Parti démocrate durant son propre congrès, la semaine dernière.

La mathématique des contributions en ligne est des plus intéressantes.  La valeur moyenne d'une contribution faite sur un site Web est de 130 $, alors qu'elle n'est que de 40 $ pour les autres modes de collecte de fonds (principalement par envois postaux).  En outre, il n'en coûte que 0,08 $ pour attirer et traiter un dollar en contribution sur le Web, alors qu'il en coûte de 0,30 $ à 0,50 $ pour percevoir et traiter un dollar récolté par la poste.  De plus, le facteur temps joue énormément.  Entre l'envoi d'une sollicitation par la poste, la réception d'un chèque, et son traitement bancaire, il peut s'écouler une vingtaine de jours.  Une contribution sur le Web est traitée et versée au compte de campagne d'un candidat en vingt secondes.  On estime que pour l'année 2000, entre cinq et dix pour cent des contributions aux caisses électorales proviendront des sites Web.

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 Entartage, contestation et Internet
Mercredi dernier, à Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard), le premier ministre canadien Jean Chrétien était victime d'un entarteur.  Dans la plus belle tradition de Noël Godin, un jeune homme de 23 ans est venu «déposer» sur la figure du Premier ministre une tarte à la crème, se réclamant de la «Brigade de la tarte de l'Île-du-Prince-Édouard» et souhaitant par son geste protester contre les compressions dans l'aide sociale, la mondialisation de l'économie et les organismes génétiquement modifiés.  Il a été accusé de voies de fait et subira son procès sous peu.

Si l'incident en a fait sourire certains, alors que d'autres s'inquiétaient de la facilité avec laquelle le jeune homme avait pu perpétrer son geste de protestation, un document obtenu par le National Post en vertu de la Loi canadienne sur l'accès à l'information jetait une nouvelle lumière sur la surveillance policière des groupes contestataires. 

Les auteurs du document, un rapport interne de la Gendarmerie royale du Canada et dont de larges segments ont été biffés, estiment qu'Internet fournit aux militants un moyen de communication et de mobilisation efficace et peu cher.  En revanche, les forces policières estiment que le Web est un outil précieux pour découvrir les idéologies, les buts et l'effectif des groupes contestataires.

Parallèlement, le journaliste Raymond Giroux dans le quotidien Le Soleil, commentant sur l'incident d'entartage, écrivait que la GRC promet un niveau élevé de protection des chefs d'État au Troisième sommet des Amériques qui se tiendra à Québec en avril 2001.  Giroux rappelait que «plusieurs groupes anarchistes ou opposés à la mondialisation de l'économie s'acharnent à bouleverser des événements politiques officiels depuis le célèbre sommet de l'OMC à Seattle, en décembre 1999.  Présents à Windsor, puis aux congrès des partis démocrate et républicain, aux États-Unis, ces manifestants ont déjà promis publiquement de se faire entendre de façon active à Québec, le printemps prochain.  Le Sommet des Amériques est maintenant inscrit au calendrier du site Internet Protest.Net qui sert de lien entre toutes ces organisations.»

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 Canada : noms de domaines et cybersquattage
L'Association canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI), s'apprête à prendre la relève de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) dans l'attribution des noms du domaine .CA.  Première étape du nouveau processus d'enregistrement : l'agrément de registraires qui seront responsables, entre autres, de répondre aux demandes d'information, de percevoir les frais, de communiquer les avis et de soumettre les demandes d'enregistrement de noms de domaine pour le compte des titulaires. 

Cet automne, l'ACEI annoncera le début de la période d'enregistrement pré-transfert pour les titulaires de noms de domaine .ca existants qui recevront des instructions par courrier électronique sur la façon de pré-enregistrer leur nom de domaine auprès d'un registraire agréé par l'ACEI s'ils désirent conserver ce nom de domaine après la date du transfert opérationnel.

On note un changement important dans la gestion des noms de domaines .CA, soit qu'en vertu des règles existantes, seuls les organismes peuvent enregistrer des noms de domaine .ca et ils sont limités à un seul nom de domaine.  Or, lorsque les nouvelles règles entreront en vigueur, toute personne ou organisme qui se qualifie pourra enregistrer un nombre illimité de noms de domaine .CA.  Les règles complètes d'attribution seront diffusées sous peu sur le site Web de l'ACEI.

L'ACEI indique que lorsqu'elle commencera à accepter des demandes d'enregistrement de nouveaux noms de domaine par l'entremise des registraires agréés, elle mettra en place un processus de règlement des différends pour résoudre tout litige opposant les titulaires de noms de domaine entre eux, et les titulaires de noms de domaine et les personnes revendiquant des droits sur ce nom de domaine en vertu de leur droit de propriété sur leur marque de commerce ou d'autres droits semblables.

Ce qui nous amène à parler du plus récent cas d'appropriation de nom de domaine au Canada, et c'est la ministre de la Justice, Anne McLellan, qui est en cause. 

La dépêche nous vient du bureau d'Ottawa de l'agence Newsbytes et nous apprend que la ministre a porté plainte pour l'appropriation des noms de domaine AnneMcLellan.com et AnneMcLellan.org par la société SmartCanuk.com de Calgary (Alberta).  La ministre (ou plutôt le bureau politique de sa circonscription) détient déjà le nom de domaine, AnneMcLellan.Ca et AnneMcLellan.Net (ce dernier est inactif). 

Un porte-parole de la ministre a déclaré qu'il n'y avait aucun motif politique dans sa demande, et que Madame McLellan visait seulement à protéger l'utilisation de son nom sur le réseau.  Pour sa part, le responsable de SmartCanuk.com prétend qu'il n'a jamais voulu profiter monétairement de l'inscription du nom, et que le site ne contient aucune référence à la ministre, simplement un historique du nom McLellan.

La ministre a adressé sa demande de réappropriation des noms de domaines à la société canadienne d'arbitrage eResolution qui serait, selon un observateur, moins susceptible de trancher en sa faveur que d'autres organismes d'arbitrage.

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 Contenu Internet : loin de la rentabilité
Été difficile pour les sites à contenu sur Internet, un phénomène sur lequel se penche Gerry McGovern de la société irlandaise NUA dans son bulletin New Thinking.  Après avoir vu de nombreuses fermetures de sites, et autant de mises à pied massives chez les diffuseurs de contenu (dont le netmag Salon), les analystes estiment que la valeur boursière des grands diffuseurs sur Web a chuté de 80 % en un an. 

Le Québec n'échappe pas à la tendance.  Quebecor annonçait la semaine dernière une restructuration de ses «propriétés» Internet CANOE, Canoë et de ses sites régionaux FYI et ICI, une mesure qui entraîne la suppression de 65 postes dans l'ensemble de ses établissements au Canada, soit 30 % de l'effectif.  Comme le précisait Le Devoir, «L'impact des nouveaux médias sur les résultats d'ensemble a été, pour ce seul trimestre, une perte de 10,7 millions (dont 8,1 millions étaient attribuables au portail Canoë et 2,6 millions à l'intégrateur Nurun)».  Quelque jours auparavant, la société Netgraphe, éditrice de certains des sites bien connus du paysage Web québécois (dont La Toile du Québec, Multimédium) annonçait une perte nette de plus de dix millions de dollars pour une période de neuf mois se terminant au 31 mai 2000.  Pas encore d'annonce de mise à pied chez Netgraphe, du moins pour le moment.  «Nos résultats financiers répondent à nos attentes et reflètent notre stratégie d'acquisition et de développement» déclare Normand Drolet, président et chef de la direction.  Chez InventionMédia, qui exploite le réseau de sites Branchez-Vous!, on enregistrait pour l'année 1999 une perte de 153 453 $.  Mais on est optimiste, et on aurait déjà des projets en chantier qui seront annoncés sous peu.

Mais revenons à McGovern et à la question de rentabilité des contenus.  Il cite le Los Angeles Times dans lequel on lisait récemment que «les médias Internet ont des millions de lecteurs, mais peu de diffuseurs de contenus, dans ce marché saturé, ont trouvé moyen de réaliser des profits.  La concurrence pour attirer les recettes publicitaires est féroce.» De plus, McGovern croit que les diffuseurs n'ont pas été à la hauteur des possibilités du médium, et font preuve de peu d'imagination.

Il cite cependant des raisons pour expliquer cet échec que nous tenterons de résumer en quelques lignes.  D'abord, on n'a pas su mettre en place un système efficace d'abonnement pour le contenu en ligne, et ce dernier est associé, par le public, à la gratuité.  Si les faibles coûts d'entrée du médium ont entraîné une saturation de fournisseurs de contenu, les coûts afférents au maintien de la technologie et d'un personnel qualifié sont élevés.  Ces deux pôles (lancement peu coûteux, maintien dispendieux) s'illustrent surtout chez les sites qui visent à fournir l'actualité en continu, et un degré élevé de qualité et d'originalité.  La saturation du marché qu'évoque McGovern influe également sur les coûts de publicité et de marketing qui sont très élevés.  Enfin, les attentes à l'égard du médium étaient trop optimistes.  Il existait, selon McGovern, une croyance quasi-religieuse selon laquelle si on produisait un contenu de qualité, un modèle de rentabilité se ferait jour automatiquement.

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 Beau détour
Nous vous parlions, il y a quelque temps, du travail exceptionnel du photographe illustrateur Sanjay Kothari.  C'est au tour de la société Adobe, fabricant du logiciel de traitement des images PhotoShop, de présenter certaines des oeuvres de Kothari sur son site consacré aux manipulations d'images Print Center Gallery.  Exemple d'une grande maîtrise des outils et d'un sens poussé de l'image.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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