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Décision 1997

Analyse des sondages

Mes prévisions seront-elles exactes?

PIERRE-ALAIN COTNOIR
Le 31 mai 1997

Vient un temps quand l'on nous demande d'écrire ce type de billet où après s'être exécuté pendant quelques semaines, nos lecteurs s'attendent à ce que nous passions enfin aux choses sérieuses et fassions part de nos prévisions.  «Se cassera-t-il la margoulette?» se demandent ceux-ci, avides que la chose nous arrive.

«La prévision est une science bien difficile, surtout quand elle concerne l'avenir» se plaisait à rappeler en boutade le physicien Niels Bohr.  D'autant plus, ajouterais-je, quand il s'agit de prévoir la suite d'un film à partir d'une série «d'instantanés».

N'empêche que l'on jauge de la valeur d'une science, donc du chercheur, sur leur capacité à prédire les événements qu'ils sont sensés expliquer.  Alors plongeons dans l'inconnu en nous munissant des outils, modèles et mesures, que nous nous sommes donnés.

À l'échelle pancanadienne
Commençons par les certitudes : le prochain gouvernement sera libéral; le rôle d'opposition officielle reviendra au Reform Party.  Nuançons maintenant.

Prévision #1 : La grande question de l'heure (enfin celle créée par des médias en mal de nouvelles) en ce moment est de savoir si ce gouvernement sera majoritaire ou minoritaire.  Au dire de certains, les derniers sondages laisseraient la question en suspens.  Pour qu'un parti ait la majorité en chambre, il doit avoir fait élire 151 députés.  Selon moi, le gouvernement libéral est assuré d'une majorité aux Communes.  Le seul bouleversement important faisant en sorte qu'il perde sa majorité pourrait provenir des Maritimes.  Or, des trois derniers sondages pancanadiens, seules les projections réalisées à partir du sondage Angus Reid permettent de soutenir cette hypothèse.  Dans toutes les autres régions du Canada, les conservateurs ne peuvent compter sur suffisamment d'appuis pour constituer une menace inquiétante pour les autres formations politiques.  Donc, j'accorde au parti libéral facilement plus de 160 sièges.

Prévision #2 : Les réformistes feront élire entre 55 et 60 députés dans l'Ouest canadien s'assurant ainsi de devenir l'opposition officielle.  Seul le Bloc québécois pourrait les talonner en nombre de sièges.  Or, les libéraux au Québec sont assurés par le jeu du clivage linguistique d'une base de députés suffisante pour que le BQ ne puisse espérer dépasser la cinquantaine de sièges.

Prévision #3 : Les conservateurs feront élire entre 5 et 10 députés tout au plus et essentiellement en dehors du Québec.  Ce qui ne sera pas suffisant pour qu'il puisse même être reconnu officiellement comme parti.

Prévision #4 : Le NPD court le risque également de se retrouver avec un nombre d'élus insuffisant pour être reconnu comme parti politique à la Chambre des communes quoique pour ce dernier, les chances sont meilleures que pour les conservateurs de passer la barre des douze sièges requis, à cause justement de la concentration de leur électorat dans l'Ouest canadien.

À l'échelle québécoise
Les seules certitudes ont trait au fait que le Bloc québécois enverra une majorité de députés québécois à Ottawa et que les libéraux y sont également assurés d'une bonne représentation (le tiers des sièges).  Pour le reste, il faut encore une fois prendre des pincettes.

Prévision #5 : Nonobstant le fait que les bloquistes feront élire une majorité de députés québécois, en terme de pourcentage d'appuis, le Bloc québécois reculera par rapport à l'élection de 1993 où il avait obtenu 49,3 % du soutien populaire.  Il obtiendra même moins d'appuis que le PQ en avait récolté lors de l'élection provinciale de 1994 (44,8 %).  Il devrait se situer aux alentours de 40 %.

Prévision #6 : Cependant transposé en nombre de candidats élus, le Bloc québécois devrait se retrouver avec 45 à 50 députés.

Prévision #7 : Les libéraux feront élire entre 21 et 26 députés au Québec.  Je m'attends à ce que l'électorat anglophone qui était tenté de voter conservateur (20 % d'entre eux selon les firmes de sondage) retourne dans le giron libéral, affaiblissant d'autant les conservateurs.

Prévision #8 : Il y aura moins de cinq députés conservateurs élus au Québec.  Je suis même porté à prévoir qu'un seul des candidats conservateurs a des chances sérieuses de se retrouver sur une banquette au parlement fédéral.  Devinez lequel!

Prévision #9 : Chrétien, Charest et évidemment Duceppe seront élus dans leur circonscription respective; cette dernière prévision étant plus probable dans le cas de Charest que de Chrétien.

Voilà, je me suis commis.  Vous pourrez me lapider de vos sarcasmes (Allô la figure de style!) si je me goure ou me porter aux nues si j'ai raison.

En passant, c'est comme ça que les pharaons ont acquis leur ascendant... en prédisant les crues du Nil.  Et que dire des astrologues dans les Cours d'Europe!

En bon Nostra Damus, «salutem dat».

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Courrier
Mise en ligne : Le 31 mai 1997.
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