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Décision 1997

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Double monopole de la droite
LAURENT LAPLANTE
Le 14 mai 1997

Depuis l'effondrement du mur de Berlin, le capitalisme s'exprime et agit de façon plus arrogante que jamais.  Il interprète la faillite du socialisme d'État comme la preuve de sa propre supériorité.  Dans l'euphorie de sa domination, il oublie que le communisme est né et a conquis la moitié de l'univers précisément parce que les possédants du 19e siècle avaient poussé jusqu'à l'indécence l'exploitation des humains.  Le capitalisme, en somme, recrée bêtement les conditions de colère explosive qui ont causé les affrontements coûteux et stériles du vingtième siècle.  Le passé ne nous a pas éduqués.

Quel rapport avec la campagne électorale canadienne?  Celui-ci : elle aussi est monochrome.  Elle aussi se déroule en l'absence de la gauche.  Nulle opposition, en effet, entre l'éloge du libéralisme économique et la défense des droits fondamentaux.  Tous les partis s'agenouillent devant les verdicts du Fonds monétaire international et de Standard & Poor et oublient de réclamer la répartition de la richesse.  Tous font semblant de se préoccuper de l'emploi, mais tous, dans les faits, accordent priorité à un bizarre équilibre des finances publiques.  Le gouvernement conservateur de M. Mulroney a amorcé les compressions et imposé la TPS.  Sur cette lancée, les gouvernements conservateurs provinciaux concentrent aujourd'hui toute leur attention sur des résultats étroitement économiques.  Quant aux libéraux fédéraux, les distorsions imposées à la caisse de l'assurance-chômage et les coupures décrétées unilatéralement dans les transferts aux provinces en disent long sur leurs vraies priorités.  Le Reform Party?  Point n'est besoin de confier le pouvoir à M. Manning pour savoir à quel état squelettique il réduira les acquis sociaux s'il peut s'en approcher.  Le Bloc québécois, quant à lui, est si proche parent d'un gouvernement péquiste qui coupe tout ce qui bouge qu'il ne parle chômage que du bout des lèvres.  Reste le NPD?  Oui, mais, dans un orchestre politique dirigé par le libéralisme triomphant, il est un instrument discordant ou inaudible.

Ne souhaitons pas que renaisse une gogauche à la langue de bois.  En revanche, sachons qu'il est malsain, en politique comme en économie, de laisser le pouvoir sans contrepoids.  La police, malheureusement nécessaire dans nos sociétés, devient un danger public si elle n'est pas contrôlée.  Une société qui ne laisse d'espace qu'à la rectitude politique est vouée à la stérilité et à la chasse aux sorcières.  Une idéologie sans contrepoids garantit la corruption et l'abus de force.  Il faut donc s'inquiéter d'un climat politique qui conduit tous nos partis fédéraux à se situer à droite.  Tout comme l'inverse serait inquiétant.  Contrairement à la France et à l'Angleterre où la classe politique préserve malgré tout un agenda différent de celui du capitalisme sauvage, le Canada aligne servilement sa politique sur les diktats comptables.

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Courrier
Mise en ligne : Le 14 mai 1997.
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Montréal (Québec)
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