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Décision 1997

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Pour ou contre le pouvoir?
LAURENT LAPLANTE
Le 31 mai 1997

Alors même que la campagne électorale en est à ses dernières futilités, le Bloc québécois continue à se disperser dans toutes les directions.  On peut cependant penser, en voyant le premier ministre Lucien Bouchard diriger ses ultimes interventions contre le Reform Party et Jean Charest, que le Parti québécois a été pour beaucoup dans les flottements bloquistes.

Un fait aurait pourtant dû guider le Bloc québécois dans la définition de sa stratégie : un seul parti, celui de Jean Chrétien, peut former le prochain gouvernement.  C'est ce parti qui, au soir du 2 juin, tiendra les manettes du pouvoir.  Ni le parti conservateur ni le Reform Party ni les néo-démocrates n'entretiennent d'ailleurs d'illusions quant à leurs chances de succéder au gouvernement libéral.

Face à ce pouvoir fédéral identifié clairement et d'avance, le Bloc québécois devait se comporter, d'avance lui aussi, comme le contre-pouvoir dressé par le Québec contre le pouvoir fédéral.  Que peut signifier, en effet, une victoire du Bloc sur le Reform Party ou sur Jean Charest?  Rien du tout, puisqu'ils ne forment ni ne formeront, ni l'un ni l'autre, le prochain gouvernement.  Discuter avec des figurants au lieu d'affronter le maître du jeu, cela aura été, jusqu'à la fin, un des aspects les plus saugrenus de la stratégie souverainiste.  Il aura même fallu que M. Chrétien, par son agressante analyse du résultat d'un troisième référendum, vienne se rappeler au bon souvenir des stratèges bloquistes pour que ceux-ci réorientent enfin leurs batteries vers le seul vrai pouvoir fédéral.  Bizarre.

Dans ce flottement, la responsabilité de M. Bouchard est lourdement engagée.  Il est d'ailleurs probable, sans plonger dans une analyse politico-freudienne, que le passé professsionnel de M. Bouchard a contribué à la dispersion.  Ancien ministre de l'équipe Mulroney, M. Bouchard ressentirait sans doute comme une humiliation personnelle une trop forte présence des conservateurs au sein de la prochaine députation québécoise.  Ajoutons que le ministre conservateur Jean Charest, en complotant avec Clyde Wells et Frank McKenna pour offrir au Québec encore moins que les cinq conditions de l'accord Meech, a directement provoqué le dépit de Lucien Bouchard et son passage au Bloc québécois.  Que M. Bouchard s'en souvienne et accorde une importance excessive à Jean Charest, on le comprend sans peine.

On comprend également que M. Bouchard, qui a goûté aux avantages qu'attache la Chambre des communes au statut de chef de l'opposition officielle, tienne de façon excessive à voir le Bloc bénéficier à nouveau de ce statut.  Encore là, le passé de M. Bouchard brouille sa vision de l'avenir.  Un Bloc débarrassé de ce rôle n'aurait en tête que les seuls intérêts québécois.

On a beaucoup blâmé Gilles Duceppe.  Fut-il le seul à se tromper?

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Courrier
Mise en ligne : Le 31 mai 1997.
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