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Décision 1997

La campagne vue du Web

Pas encore des «cookies»...
JEAN-PIERRE CLOUTIER
Le 3 mai 1997

Ceux et celles qui me connaissent savent que j'ai en aversion la technique des cookies, les fichiers de témoins, ces petits paquets de données qui s'inscrivent souvent à votre insu sur votre disque dur et qui peuvent servir à vous identifier sur un site Web.

Pour citer la ressource juridique CyberlexNet, «techniquement il s'agit d'un bloc d'information (persistant client state information) qui peut contenir n'importe quelle donnée, notamment un numéro d'identification unique créé par le serveur, la date du jour, votre adresse IP,...  Le cookie sera installé et relu par le serveur qui l'aura installé dès que vous lui demanderez de vous transmettre une nouvelle page web ou une image (option la plus utilisée aujourd'hui).»

Ils sont créés automatiquement dans votre système, et les serveurs auxquels vous avez accès peuvent donc y stocker des données sur des caractéristiques techniques, ou vous créer une identité d'utilisateur et enregistrer vos préférences, comptabiliser les résultats d'une campagne publicitaire, etc.

Par exemple, en utilisant votre logiciel de traitement de texte, ouvrez le répertoire où loge votre fureteur et vous trouverez probablement un fichier nommé COOKIES.TXT.  Dans ce fichier chaque ligne correspond à un témoin; en l'ouvrant à l'aide d'un éditeur texte, vous verrez quels sont les sites qui ont marqué votre passage.

Ce qui m'agace des cookies, je l'ai déjà écrit, c'est qu'ils s'introduisent sur le disque dur de l'utilisateur, et ce, à son insu.  Mais on peut configurer son fureteur, tant Netscape (Options, Préférences réseau, Protocoles) qu'Internet Explorer (Affichage, Options, Avancé), pour être avertis dès qu'un serveur tente d'installer un cookie sur son disque dur; on a alors le choix de l'accepter ou de le refuser.  Mais le processus peut s'avérer long et pénible, surtout si le webmestre inquisiteur tente de calculer le chargement de tous les éléments d'une page.  Une page et six graphiques, c'est sept cookies à refuser avant d'avoir accès à la page!  En douce revanche, l'activation de cet avertissement vous permet de voir qui s'intéresse à vous, au point d'intervenir sur votre disque dur.

Quel rapport avec la campagne électorale, direz-vous?  Eh bien deux sites de partis politiques utilisent la technique des fichiers de témoins sur leurs sites Web.

Le site du Nouveau parti démocratique (NPD) m'en a proposé, vendredi en fin de journée, une bonne douzaine depuis sa page principale, et quelques autres sur la table des matières du contenu francophone dont on m'informe qu'elle est «Under construction».

Ce n'est pas peu dire d'un parti qui se dit de gauche et qui nous parle de garantir la sécurité, d'assurer la transparence et d'améliorer ses outils de communication avec les citoyens et citoyennes de ce pays.  Impossible aussi de déterminer à quoi sert dans ce cas le fichier des témoins.

L'autre parti, c'est le Parti libéral du Canada.  C'est plus subtil, ici.  Page d'accueil principale, tout va bien.  On me propose la version en anglais ou en français du site, j'opte pour la version française.  Et voilà mon cookie mon coco, le code est «Lang=2».  (Remarquez que si vous choisissez la version anglaise du site, vous aurez aussi droit à un fichier de témoins mais dont le code sera cette fois «Lang=1».)

Je refuse le fichier de témoins, et j'atteins la page d'accueil de la section du site en français.  Tiens, allons consulter la section sur le bilan puisque, selon Jean Chrétien, tout se joue sur les réalisations de son parti au cours des trois dernières années.  Ah bon, j'aboutis sur un texte en anglais.  C'est qu'ayant refusé le fichier de témoins pouvant m'identifier comme francophone, le serveur me considère implicitement (j'allais dire «par défaut») comme anglophone.  Donc, j'ai rejoint la page d'accueil en français, tel que demandé, mais tous les hyperliens internes pointeront vers les différentes sections en anglais.  Le fichier de témoins sert donc, dans ce cas, à la gestion interne de la présentation de l'information.

Le site du Reform et du Parti conservateur du Canada n'ont pas déclenché notre alarme anti fichier de témoins.

Nombreux sont les apologistes de la technologie, qui vous diront que les fichiers de témoins sont inoffensifs, que les utilisateurs n'ont rien à craindre, qu'au contraire cette méthode permet de «personnaliser» le service sur le Web.  D'autres vous diront qu'il existe des techniques beaucoup plus poussées pour suivre les traces que l'on laisse d'un site Web à un autre.

Pour ma part, j'aime peu ces intrusions sur mon disque dur et je ne suis pas le seul.  Le NPD et le PLC devraient comprendre que dans la «société distincte» que constitue le cyberespace et ceux qui s'en réclament, le droit à l'anonymat et au respect de la vie privée sont des valeurs fondamentales.

CyberlexNet
http://www.grolier.fr/cyberlexnet/SECU/cookies.htm

Site du Nouveau parti démocratique
http://www.ndp.ca/

Site du Parti libéral du Canada
http://www.liberal.ca/

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Courrier
Mise en ligne : Le 3 mai 1997.
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