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6 avril 1999 |
Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!
Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.
Cette semaine...
- Kosovo, la guerre de linformation
- Melissa, Papa, etc. : un message
- AOL/Netscape : 850 licenciements et un départ volontaire
- Cybersexe : majeurs et vaccinés...
- ... et une industrie
- Lectures rapides
- En bref...
- Beau détour
Kosovo, la guerre de l'information
La crise qui fait rage dans les Balkans suscite lattention de la planète et semble se dérouler sur deux fronts. Dabord, sur le terrain, mais aussi dans les nouveaux espaces de circulation de linformation défrichés avec larrivée dInternet.Du côté des grands médias américains, le Industry Standard nous apprend que le pendant Web du réseau ABC, ABCNews.Com, ainsi que celui du réseau NBC, MSNBC.Com, sont les deux seuls grands organismes de presse à avoir dépêché des journalistes en ex-Yougoslavie pour produire sur place du matériel destiné uniquement à leurs sites Web. La chaîne CNN et la National Public Radio publient, pour leur part, les échanges de courrier électronique entre un adolescent californien et une jeune kosovare. Les autres organismes de presse reprennent sur le Web, pour lessentiel, la couverture dans leurs médias respectifs.
Désintermédiation oblige, Internet permet de sinformer auprès de sources alternatives, ce qui constitue lessentiel de notre Spécial Serbie/Kosovo régulièrement actualisé. Mentionnons Eurimage Kosovo, quelques clichés dimagerie satellite qui donnent, mieux que tout reportage télé, une idée du relief du terrain sur lequel se déroulent les opérations. De la Fédération des scientifiques américains, une galerie impressionnante de cartes et photos des frappes fournies par lOTAN. Aussi, la collection cartographique Perry-Castañeda, la plupart des cartes provenant de sources militaires.
Révélation, si on peut dire, de cette guerre de linformation, le Decani News Group, initiative dun moine orthodoxe, Sava Janjic, du monastère de Decani (ouest Kosovo). Il sagit dune liste de diffusion par courrier électronique qui relaie témoignages sur le terrain et articles de presse. Le volume de communications est impressionnant : 1 717 messages en mars. Profil du responsable dans le trimestriel «In Communion».
Côté officiel, bravo pour les stratèges. Le ministre canadien des Affaires extérieurs, Lloyd Axworthy, déclare au National Post que lOTAN et ses alliés navaient pas «prévu» lexpulsion massive des Albanais du Kosovo suite aux frappes aériennes. Quelle issue donc, pour lOTAN, alors que même un retour au statu quo est impossible?
Melissa, Papa, etc. : un message
Les récentes vagues dinfection de virus propagés par courrier électronique, bien quelles aient fait somme toute peu de dégâts, ont néanmoins servi un avertissement aux utilisateurs du réseau et aux gestionnaires de systèmes. Dans une analyse fort à-propos, PCWeek Online dit que les incidents ont rappelé quen entreprise, la sécurité informatique est laffaire de tous et toutes, sans égard au statut hiérarchique. Seconde leçon à tirer : limportance de la formation, de léducation et de la sensibilisation du personnel aux problèmes éventuels pouvant découler du fonctionnement en réseau. Les entreprises qui sen sont bien tirées étaient celles qui avaient en place des programmes de formation et des politiques dutilisation (Amazon.Com, GTE); des utilisateurs informés et ponctuellement renseignés sont à même de désarmer la plupart des infections sils disposent des outils nécessaires. Puis, tout serait dans la rapidité dintervention, les plus lentes à réagir (Microsoft, Intel, Cognos) ont été forcées de fermer temporairement leurs installations.Entre temps, la police fédérale américaine a procédé à larrestation du présumé auteur du virus Melissa. David L. Smith, 30 ans, du New Jersey, a été accusé de complot, de tentative et dinterruption de communication publique, de vol de service informatique et daccès non autorisé à des systèmes informatiques. Il est passible dune peine de 40 ans demprisonnement, et de 480 000 $ damende. Il a été remis en liberté moyennant une garantie de 100 000 $. Le récit de lenquête «collaborative» qui a mené à larrestation dans Time.
Parallèlement, on apprenait de InternetNews.Com que le virus Papa, dérivé de Melissa, avait pour cible Fred Cohen, un spécialiste en sécurité informatique de Livermore (Californie). Rappelons que Papa, si activé, envoyait un message à une série dadresses du répertoire de courrier électronique. Mais il tentait également denvoyer en rafale un grand nombre de requêtes de validation de connexion (Packet Internet Groper, ping) sur le site Web de lentreprise de Cohen et de sa connexion IP par câble sur le service @Home dans le but dengorger le service et den empêcher laccès.
Cest que Cohen avait découvert le mois dernier un autre virus, Caligula, et avait publiquement appelé la communauté informatique à prendre des mesures agressives contre le groupe nommé Codebreakers (site Web désactivé) quil disait être responsable de la mise au point de Caligula. Le virus Papa aurait donc constitué une mesure de représaille pour les auteurs de virus.
AOL/Netscape : 850 licenciements et un départ volontaire
America Online, rappelons-le propriétaire de Netscape, a annoncé le 1er avril le licenciement de 850 employés devant toucher à parts égales les deux sociétés. Producteurs de contenus pour les portails respectifs des deux entreprises, préposés au développement de nouveaux produits technologiques, employés de soutien administratif, on a sabré allègrement. «Lorsque vous fusionnez deux entreprises, il est inévitable quil y ait des chevauchements administratifs» a déclaré le porte-parole de AOL pour expliquer les renvois.Pour AOL, ces coupures se font à même un effectif de 12 000 employés, mais dans le cas de Netscape, cest 20 % des 2 500 employés qui sont touchés. Les personnes affectées par la restructuration ont droit à une prime équivalant à trois mois de salaire ainsi quà des services professionnels de placement.
Mais AOL/Netscape devra composer avec un départ imprévu, celui de Jamie Zawinski, un des principaux artisans du projet Mozilla. Dans une lettre ouverte diffusée sur son site personnel, Zawinski semble amer lorsquil explique les motifs de son départ de chez AOL quil dit néanmoins préférer à une démission de chez Netscape. «Les adresses Web sur les sacs dépicerie, les panneaux-réclame, les camions, les génériques de film, cétait nous, cétait laboutissement de notre travail. Nous avons mis Internet entre les mains des gens ordinaires. Nous avons changé le monde. Mais cétait en 1994 et 1995 car depuis 1996 nous nous sommes reposés sur nos lauriers. Pourquoi? Parce que lentreprise (Netscape) est devenue trop grosse, et que les grosses entreprises cessent dinnover.»
Zawinski dit que la version 5 de Netscape aurait due être livrée bien avant, et quil endosse sa part de responsabilités dans les difficultés que connaît le projet Mozilla de code source ouvert, fer de lance du développement de Netscape. Il craint cependant que ces difficultés nentachent la réputation du principe de code source ouvert et conclut sa lettre en disant que le principe fonctionne «mais ce nest certainement pas une panacée. Sil y a une leçon à tirer ici, cest quon ne peut prendre un projet agonisant, le saupoudrer de levure magique code ouvert et sattendre à ce que le pain lève par enchantement.»
On se souviendra quen décembre dernier, Zawinski avait exprimé de sérieuses réserves quant à lavenir de Netscape et du projet Mozilla suivant la prise de contrôle par AOL de Netscape.
Cybersexe : majeurs et vaccinés...
Une étude récente réalisée par une équipe de chercheurs californiens se penche sur la consommation de contenus érotiques en ligne. Publié dans un journal académique de lAssociation américaine de psychologie, le rapport intitulé «Sexuality on the Internet: From Sexual Exploration to Pathological Expression» (Sexualité sur Internet : de lexploration sexuelle à la manifestation pathologique) trace le portrait des différentes habitudes de consommation, et des facteurs déclencheurs pouvant contribuer à ce que cette consommation devienne problématique. Corrélation forte au temps, 8 % de léchantillon (par projection, 4,5 millions dutilisateurs aux États-Unis) dit y passer plus de 11 heures/semaine, et daprès les auteurs, cest dans cette catégorie de répondants que peuvent se manifester des troubles compulsifs.Lenquête a été menée sur le site Web de la chaîne MSNBC en mars et avril 1998, avec un formulaire de 59 questions auxquelles ont répondu 9 177 personnes dâge adulte ayant au moins une fois consulté des contenus érotiques. Ratio hommes/femmes des répondants de 86/14, moyenne dâge des hommes de 35,3 ans et de 32,6 ans pour les femmes. La majorité des répondants se définissent comme hétérosexuels (86 %), alors que 14 % se disent gais/lesbiennes ou bisexuels. La majorité des répondants (64 %) étaient mariés ou en «union libre stable». Chez les célibataires (36 %), la moitié entretenaient une relation soutenue. Près de 60 % étaient issus de catégories professionnelles, on relevait aussi 13 % détudiants et 2 % de sans emploi. La consultation de sites érotiques se fait principalement au foyer (78,8 %), bien que 5,8 % des répondants avouaient utiliser leur connexion au bureau.
Les types de contenus consultés varient beaucoup selon que les réponses viennent dhommes ou de femmes. En outre, létude ne distingue pas entre les contenus «soft» et «hard». Les hommes (moins imaginatifs, diraient certaines) préfèrent les sites Web proposant des images érotiques dans une proportion de 50 % , alors que ces sites nattirent que 23 % des femmes. Ces dernières consomment et sexpriment davantage, dans une proportion exactement inverse, sur les sites de bavardage (chat). Soulignant que ces constatations correspondent au modèle suggéré par Bailey, Gaulin, Agyei, et Gladue (1994), les auteurs écrivent que «les femmes, sur le réseau comme ailleurs, préfèrent linteraction et létablissement de rapports au seul stimuli visuel proposés par les sites Web».
Près de trois répondants sur quatre (70 %) disent ne jamais révéler à dautres le temps quils ou elles passent à consulter des contenus érotiques, mais 87 % nont jamais ressenti de honte ou de culpabilité à le faire. Les taux de satisfaction, dexcitation et de stimulation varient autour de 88 %, bien que seulement 20 % des répondants aient révélé avoir été simultanément «excités et stimulés» par les contenus érotiques.
Les auteurs concluent quil serait dommageable de réprimer la pratique et le discours sexuel sur Internet, surtout pour les sous-groupes (adolescents, personnes seules, personnes aux prises avec un handicap physique, victimes dabus ou dagressions, etc.), ces derniers risquant de senfermer dans un mutisme qui na rien de sain.
... et une industrie
En juillet 1995, le magazine Time titrait en page couverture «Cyberporn», accroche dun reportage presque uniquement basé sur la recherche de Martin Rimm, étudiant en génie électrique à luniversité Carnegie Mellon. Rimm y affirmait que 83,5 % des images véhiculées sur les forums déchanges (newsgroups) étaient à caractère pornographique.Les politiciens américains, en plein débat sur le projet de loi du Communications Decency Act (CDA), semparèrent de cette statistique pour justifier le besoin dune intervention juridique. Vérification faite, les données de Rimm portaient sur une période de sept jours sur 17 des 32 forums qui véhiculaient des fichiers graphiques, et ignorait les milliers dautres forums déchange. On ne trouvait quenfoui dans la masse de données publiées dans larticle la notion plus réaliste que les images à caractère pornographique représentaient 3 % des messages sur les forums, qui dans leur ensemble constituait 11,5 % de toutes les communications sur Internet. On était loin du compte en citant les chiffres de Rimm au Congrès américain. Les critiques sur les données avancées par Rimm et publiées dans Time vinrent principalement de chroniqueurs spécialisés, comme Brock Meeks qui publiait alors son bulletin dinformation CyberWire Dispatch, et les co-directeurs du Project 2000 de luniversité Vanderbilt, Donna Hoffman et Thomas Novak, dans une critique détaillée de larticle de Time.
Malgré tout, le mal était fait, Internet venait dacquérir la réputation de repaire de prédateurs sexuels et de gens aux moeurs dévoyées. La presse traditionnelle a renchéri à larticle de Time (et na pas cessé depuis), balançant entre alarmisme et sensationnalisme. Les logiciels de filtrage de contenus, malgré toutes leurs failles, connurent une grande vogue, tentant de rassurer parents, instituteurs, bibliothécaires soucieux de protéger les enfants du fléau.
Mais lindustrie du sexe en ligne avançait à grands pas et sétablissait comme un des premiers modèles économiques viables sur Internet. En décembre 1997, le magazine Wired publiait un article sur lindustrie du cybersexe. Wired estimait alors à 28 000 le nombre de sites Web à caractère érotique, toutes tendances confondues, dont environ la moitié étaient commerciaux (accès payant, abonnement, vente de produits, etc.). Les projections de revenus de cette industrie naissante variaient grandement, de 100 millions à trois milliards de dollars pour lannée 1997, selon les analyses.
Daprès un article de lédition de février 1999 du magazine Business 2.0, le nombre de sites à caractère érotique aurait peu augmenté depuis 1997, et se situerait autour de 30 000. Forrester Research estime cependant que les revenus combinés de ces sites pourraient atteindre cette année le milliard de dollars, donc en moyenne un peu plus de 33 000 $. Mais ce chiffre est trompeur, car le marché se partage entre de très gros joueurs qui peuvent encaisser plusieurs millions par mois, et des sites plus modestes qui pourraient espérer toucher quelques milliers de dollars mensuellement.
Les sites de cybersexe sont, pour la plupart, à la fine pointe de la technologie. Le format GIF (graphic interchange format) a d'abord été développé sur CompuServe, avant qu'Internet connaisse la popularité qu'on lui connaît, principalement pour échanger des photos à caractère sexuel. L'arrivée du JPEG/JPG (joint photographic exchange group), plus performant, a lui aussi eu pour moteur la diffusion de telles images.
Ce phénomène sexe/technologie n'est dailleurs pas nouveau. Les historiens du septième art reconnaissent l'importance de la contribution de l'industrie du sexe dans le développement technique de la photo et du cinéma. Playboy, fondé en 1953, a été le premier magazine a faire avancer les normes de qualité en reproduction imprimée en passant au 600ppp. Ne faisons que regarder, d'histoire récente, l'arrivée de la vidéocassette. Moitié des années soixante-dix, 90% du contenu disponible sur VHS était composé de titres XXX parce que les diffuseurs de ces produits voyaient dans le VHS un médium plus convivial et techniquement supérieur au 8mm, Super8 ou 16mm. La clientèle est exigeante, mais prête à essayer les nouveautés. Une fois la technologie mise au point, elle est récupérée par Disney, Blanche-Neige et les sept nains.
Le moteur principal de promotion de lindustrie du sexe en ligne est sans contredit le courrier électronique non sollicité (spam). Qui na pas reçu un de ces messages vantant les «vertus» de tel ou tel site XXX. Par contre, les moteurs de recherche enregistrent des millions de requêtes sur le sujet, comme en témoigne Searchterms, le palmarès des mots clés les plus souvent utilisés pour la recherche. Trois des dix premiers mots clés (sex, xxx passwords, porn) portent sur le sujet, bien que le Rapport Starr y figure aussi... Lan dernier, au Forum québécois de l'Internet, un des conférenciers était le créateur dAltaVista, Louis Monier, qui estimait que 19 % des recherches effectuées dans AltaVista touchaient la technologie, 15 % le sexe, 11 % les affaires, 9 % les voyages, les loisirs ou les gens. Pour mieux «protéger» sa clientèle, AltaVista a mis au point le AV Family Filter, filtre destiné à éliminer certains contenus, sans toutefois offrir de garantie.
On ne parle évidemment pas de répertoires spécialisés, comme Eroscan, ou encore SexTracker, réponses de lindustrie du cybersexe à la vogue des portails. Mais pour les répertoires où linscription des sites se fait manuellement, la question est parfois plus délicate.
Par exemple, Yahoo! France nexclut aucun site nous dit Guillaume Ollendorff, un de ses responsables du référencement. «Ils sont logés à la même enseigne que les autres. Ils doivent avoir du contenu propre (et non pas une redirection vers un autre site), être en français, et légaux. Nous demandons donc des mots de passe pour pouvoir les vérifier sur ce dernier point. Une seule anicroche aux règles habituelles de classement, nous ne respectons pas la dichotomie commercial/non commercial (qui est centrale dans le classement Yahoo!), sachant par expérience que de nombreux sites entièrement gratuits finissent par devenir payants, nous les considérons tous comme commerciaux. Sinon nous avons une arborescence de type Yahoo! tout à fait classique pour ce type de site, avec ses sous catégories pour un classement fin entre les différents secteurs, activités et pratiques du domaine.»
À la Toile du Québec, le mégarépertoire québécois, la politique est de ne pas accepter le référencement de sites pornographiques, sentendant par là «les sites au contenu explicite, les images en particulier». Stéphanie Simard, directrice de la recherche, explique : «Nous avons des sites sur la sexualité, la sexologie et même, parmi les commerces, quelques boutiques érotiques mais pas de sites XXX. Nous avons adopté cette politique dès le début en tenant compte des usagers de La Toile du Québec. La Toile est un site grand public (tous les âges) et elle est assez présente dans le milieu scolaire.» De préciser Madame Simard, «il peut arriver qu'un site inscrit dans notre répertoire change de vocation en cours de route. Nous avons déjà trouvé un site sur les recettes de cuisine qui s'était transformé en site XXX! Nous vérifions chaque site au moment de l'inscription, mais une fois le site inscrit, il est difficile d'exercer un contrôle. Ce type de problème nous est plutôt signalé par nos usagers.»
Mais dans lunivers du cybersexe, le Québec manifesterait-il, là aussi, son caractère de société distincte? Il semble que oui, si on en croit la récente étude ScienceTech «Cybermarketing Québec 1999» réalisée sous la direction de Jean-Guy Rens. Non que le phénomène nexiste pas, mais «Il existe aujourdhui un nombre limité de sites québécois pour adultes avec commerce en ligne (services bilingues). Il sagit généralement de simples pages unilingues anglaises sans identification québécoise ou canadienne avec de multiples bannières vers des sites américains. Les revenus proviennent dans ce cas des visites sur la bannière. Largent est perçu par le site américain qui reverse une commission de 5 à 20 cents (É-U) par visite. Ces sites à technologie bas de gamme sont peu rentables et larbitrage inter-sites engendre de multiples conflits [...] En résumé, la pornographie ne semble pas prospérer au Québec.» Et le commerce électronique non plus, serait-on tenté dajouter.
Ceci na cependant pas ébranlé la confiance de la montréalaise Sophie Desjardins qui lançait, début mars, un site «pour adultes» de facture très différente, Mea-Culpa. Pas de bannières tapageuses, pas de langage vulgaire, des photos exclusives, et un serveur sécurisé pour le commerce électronique. «De par notre style, la qualité de nos photographies et le mode de paiement que nous offrons je crois que nous offrons une solution intéressante et originale parmi la faune des sites du cybersexe» déclare Sophie Desjardins qui se dit satisfaite des premiers résultats obtenus, précisant que «les statistiques nous révèlent que la majorité de nos visiteurs proviennent des États-Unis» (le site dispose dune interface bilingue).
Lunivers des «sites adultes» connaîtra-t-il la même évolution que les autres sites à contenu? Cest ce que croit Gareth Branwyn qui publiait dans The Industry Standrard une analyse approfondie des tendances du cybersexe et concluait que les associations et partenariats seraient monnaie commune sous peu, et que seuls quelques indépendants tireraient leur épingle du jeu.
Lectures rapides
Dans Libération, «À lère des self-medias...», un texte qui prend toute son importance à la lueur des événements en Serbie/Kosovo et des possibilités de contourner les sources traditionnelles dinformation. Patrick Thomas, de lUniversité Paul-Valéry de Montpellier répond à Dominique Wolton du CNRS qui affirmait récemment quInternet n'est pas un média. Thomas écrit : «Certes, la transformation en connaissance du déluge de données (et non pas d'informations) produit par les mass-médias n'est pas à la portée de tous, et c'est même là un des enjeux majeurs de notre époque. Mais cela ne saurait constituer un prétexte pour la confier à une nouvelle classe de scribes qui monopoliserait la production du sens. La capacité de déconstruire le discours mass-médiatique, et de lui répondre est la condition nécessaire, sinon suffisante, de la production de sens par le public».Dans Le Monde Interactif du 31 mars, «Gentleman formateur», portrait de Vincent Beaulieu-Camus désigné par Laurent Fabius pour former les députés français à Internet. «Sa recette, il n'en fait pas mystère. Employer des mots simples et surtout bannir de son vocabulaire les mots barbares comme backbone, protocoles TCP/IP et toute la litanie absconse du langage high-tech. Cela me demande beaucoup de travail. Il faut sans cesse apprendre à vulgariser les choses, à trouver des images parlantes [...] Je ne suis pas comme les ingénieurs qui savent et qui n'expliquent pas. Je comprends les gens qui en face de moi me disent qu'ils ne comprennent pas. Je m'attache aux usages plus qu'à la technique.»
Toujours dans Le Monde, «Internet et le livre : comment lirez-vous demain?» par Émilie Grangeray sur les grandes lignes qui se dégagent de la lecture des résultats d'une enquête réalisée par la Société des gens de lettres de France (SGDL). «Ainsi, 64 % des personnes ayant répondu à ce questionnaire ont déclaré passer autant de temps à lire des supports papier depuis qu'ils utilisent Internet. 13 % d'entre elles ont même souligné que le recours au Web les incitent à consacrer davantage de temps aux livres. Internet serait donc, contrairement aux idées reçues, un vecteur favorable au livre comme à la lecture d'une manière générale. Le réseau permet en outre de faire découvrir ouvrages (dans 83 % des cas) et auteurs (pour 55 %). Allant dans le même sens, il apparaît que la lecture sur écran d'un texte long ne concerne que 36 % des cas, les autres préférant soit l'impression soit le stockage sur disque dur, disquette ou CD-Rom.»
En bref...
Importante conférence ces jours-ci à Washington, CFP99 (Computers, Freedom, Privacy) visant à faire le point sur les questions de respect de la vie privée et de liberté dexpression. Parmi les conférenciers et participants invités, notons Phil Zimmermann (concepteur du logiciel de chiffrement PGP), Michelle d'Auray (directrice exécutive du groupe de travail sur le commerce électronique dIndustrie Canada), Barry Steinhardt (directeur adjoint de lAmerican Civil Liberties Union - ACLU), Mozelle Thompson (Commissaire américaine au Commerce), Vint Cerf (président de lInternet Society - ISOC), Michael Robertson (président de Mp3.com), Margarita Lacabe (Derechos Human Rights), Jagdesh Parikh (Human Rights Watch - HRW), Bruno Jactel (conseiller économique et commercial à lambassade de France). Soulignons que de nombreux textes des présentations des conférenciers et participants sont en ligne sur le site de la conférence. Lorganisme de défense de la vie privée Privacy International profitera de loccasion pour procéder à la remise des Prix Big Brother décernés aux entreprises et services publics manifestant un non respect des renseignements personnels des citoyens. Il sera certainement question de lappel interjeté par le ministère américain de la Justice à lendroit de linjonction préliminaire envers le Children Online Protection Act (COPA) accordée en février par un juge de Philadephie.Dans le cadre de lheure du FIM le mercredi 14 avril à 17h à lAgora électronique du Centre des Congrès de Québec, présentation de létude du cabinet dexpert-conseils ScienceTech «Cybermarketing Québec 1999» dont nous vous parlions un peu plus haut. Cest 880 des plus grandes entreprises du Québec qui ont été interrogées sur la gestion de leur site Web et leur expérience du monde transactionnel en ligne. Si 60 % des entreprises québécoises de 100 employés et plus disposent dun site Web, les résultats sont-ils probants? La présentation des rapports de létude sera suivie dun débat sur la situation du commerce électronique au Québec. Réservation obligatoire.
Parcourant la très complète étude de ScienceTech, certains chiffres étonnent. Par exemple, les auteurs prévoient une progression de pas moins de 50 % des intranets dentreprises au cours des 12 prochains mois. On peut dire quintranet ou site Web, lun confirme lautre; ScienceTech nous apprend «quune écrasante majorité de 70 % dentreprises déclarent consacrer moins de 10 000 $ par an à la mise à jour de leur site Web [...] près de la moitié des sites québécois sont mis à jour irrégulièrement, parfois jamais.» Dans son bulletin Alertbox du 4 avril, Jakob Nielsen traite du sous-financement des intranets et portails dentreprise, spécifiquement de leur actualisation et mise à jour. Et pourtant cest une question de rentabilité. Nielsen estime que pour une entreprise de 10 000 employés, le coût en productivité dun titre de rubrique mal rédigé peut atteindre 5 000 $. Il cite en outre lexemple de Bay Networks qui, pour ses 7 000 employés, a investi 3 millions de dollars dans la convivialité de son intranet, et ce faisant a réalisé des économies de 10 millions de dollars.
Beau détour
Cette semaine, vers la Galerie dun jour du peintre Luc Archambault, centre de documentation, lieu de communication, espace de création, théâtre d'événements.Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.
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