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Les Chroniques de Cybérie
6 avril 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

6 avril 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Kosovo, la guerre de l’information
Melissa, Papa, etc.  : un message
AOL/Netscape : 850 licenciements et un départ volontaire
Cybersexe : majeurs et vaccinés...
...  et une industrie
Lectures rapides
En bref...
Beau détour

 Kosovo, la guerre de l'information
La crise qui fait rage dans les Balkans suscite l’attention de la planète et semble se dérouler sur deux fronts.  D’abord, sur le terrain, mais aussi dans les nouveaux espaces de circulation de l’information défrichés avec l’arrivée d’Internet.

Du côté des grands médias américains, le Industry Standard nous apprend que le pendant Web du réseau ABC, ABCNews.Com, ainsi que celui du réseau NBC, MSNBC.Com, sont les deux seuls grands organismes de presse à avoir dépêché des journalistes en ex-Yougoslavie pour produire sur place du matériel destiné uniquement à leurs sites Web.  La chaîne CNN et la National Public Radio publient, pour leur part, les échanges de courrier électronique entre un adolescent californien et une jeune kosovare.  Les autres organismes de presse reprennent sur le Web, pour l’essentiel, la couverture dans leurs médias respectifs.

Désintermédiation oblige, Internet permet de s’informer auprès de sources alternatives, ce qui constitue l’essentiel de notre Spécial Serbie/Kosovo régulièrement actualisé.  Mentionnons Eurimage Kosovo, quelques clichés d’imagerie satellite qui donnent, mieux que tout reportage télé, une idée du relief du terrain sur lequel se déroulent les opérations.  De la Fédération des scientifiques américains, une galerie impressionnante de cartes et photos des frappes fournies par l’OTAN.  Aussi, la collection cartographique Perry-Castañeda, la plupart des cartes provenant de sources militaires.

Révélation, si on peut dire, de cette guerre de l’information, le Decani News Group, initiative d’un moine orthodoxe, Sava Janjic, du monastère de Decani (ouest Kosovo).  Il s’agit d’une liste de diffusion par courrier électronique qui relaie témoignages sur le terrain et articles de presse.  Le volume de communications est impressionnant : 1 717 messages en mars.  Profil du responsable dans le trimestriel «In Communion».

Côté officiel, bravo pour les stratèges.  Le ministre canadien des Affaires extérieurs, Lloyd Axworthy, déclare au National Post que l’OTAN et ses alliés n’avaient pas «prévu» l’expulsion massive des Albanais du Kosovo suite aux frappes aériennes.  Quelle issue donc, pour l’OTAN, alors que même un retour au statu quo est impossible?

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 Melissa, Papa, etc.  : un message
Les récentes vagues d’infection de virus propagés par courrier électronique, bien qu’elles aient fait somme toute peu de dégâts, ont néanmoins servi un avertissement aux utilisateurs du réseau et aux gestionnaires de systèmes.  Dans une analyse fort à-propos, PCWeek Online dit que les incidents ont rappelé qu’en entreprise, la sécurité informatique est l’affaire de tous et toutes, sans égard au statut hiérarchique.  Seconde leçon à tirer : l’importance de la formation, de l’éducation et de la sensibilisation du personnel aux problèmes éventuels pouvant découler du fonctionnement en réseau.  Les entreprises qui s’en sont bien tirées étaient celles qui avaient en place des programmes de formation et des politiques d’utilisation (Amazon.Com, GTE); des utilisateurs informés et ponctuellement renseignés sont à même de désarmer la plupart des infections s’ils disposent des outils nécessaires.  Puis, tout serait dans la rapidité d’intervention, les plus lentes à réagir (Microsoft, Intel, Cognos) ont été forcées de fermer temporairement leurs installations.

Entre temps, la police fédérale américaine a procédé à l’arrestation du présumé auteur du virus Melissa.  David L. Smith, 30 ans, du New Jersey, a été accusé de complot, de tentative et d’interruption de communication publique, de vol de service informatique et d’accès non autorisé à des systèmes informatiques.  Il est passible d’une peine de 40 ans d’emprisonnement, et de 480 000 $ d’amende.  Il a été remis en liberté moyennant une garantie de 100 000 $.  Le récit de l’enquête «collaborative» qui a mené à l’arrestation dans Time.

Parallèlement, on apprenait de InternetNews.Com que le virus Papa, dérivé de Melissa, avait pour cible Fred Cohen, un spécialiste en sécurité informatique de Livermore (Californie).  Rappelons que Papa, si activé, envoyait un message à une série d’adresses du répertoire de courrier électronique.  Mais il tentait également d’envoyer en rafale un grand nombre de requêtes de validation de connexion (Packet Internet Groper, ping) sur le site Web de l’entreprise de Cohen et de sa connexion IP par câble sur le service @Home dans le but d’engorger le service et d’en empêcher l’accès.

C’est que Cohen avait découvert le mois dernier un autre virus, Caligula, et avait publiquement appelé la communauté informatique à prendre des mesures agressives contre le groupe nommé Codebreakers (site Web désactivé) qu’il disait être responsable de la mise au point de Caligula.  Le virus Papa aurait donc constitué une mesure de représaille pour les auteurs de virus.

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 AOL/Netscape : 850 licenciements et un départ volontaire
America Online, rappelons-le propriétaire de Netscape, a annoncé le 1er avril le licenciement de 850 employés devant toucher à parts égales les deux sociétés.  Producteurs de contenus pour les portails respectifs des deux entreprises, préposés au développement de nouveaux produits technologiques, employés de soutien administratif, on a sabré allègrement.  «Lorsque vous fusionnez deux entreprises, il est inévitable qu’il y ait des chevauchements administratifs» a déclaré le porte-parole de AOL pour expliquer les renvois.

Pour AOL, ces coupures se font à même un effectif de 12 000 employés, mais dans le cas de Netscape, c’est 20 % des 2 500 employés qui sont touchés.  Les personnes affectées par la restructuration ont droit à une prime équivalant à trois mois de salaire ainsi qu’à des services professionnels de placement.

Mais AOL/Netscape devra composer avec un départ imprévu, celui de Jamie Zawinski, un des principaux artisans du projet Mozilla.  Dans une lettre ouverte diffusée sur son site personnel, Zawinski semble amer lorsqu’il explique les motifs de son départ de chez AOL qu’il dit néanmoins préférer à une démission de chez Netscape.  «Les adresses Web sur les sacs d’épicerie, les panneaux-réclame, les camions, les génériques de film, c’était nous, c’était l’aboutissement de notre travail.  Nous avons mis Internet entre les mains des gens ordinaires.  Nous avons changé le monde.  Mais c’était en 1994 et 1995 car depuis 1996 nous nous sommes reposés sur nos lauriers.  Pourquoi? Parce que l’entreprise (Netscape) est devenue trop grosse, et que les grosses entreprises cessent d’innover.»

Zawinski dit que la version 5 de Netscape aurait due être livrée bien avant, et qu’il endosse sa part de responsabilités dans les difficultés que connaît le projet Mozilla de code source ouvert, fer de lance du développement de Netscape.  Il craint cependant que ces difficultés n’entachent la réputation du principe de code source ouvert et conclut sa lettre en disant que le principe fonctionne «mais ce n’est certainement pas une panacée.  S’il y a une leçon à tirer ici, c’est qu’on ne peut prendre un projet agonisant, le saupoudrer de levure magique “code ouvert” et s’attendre à ce que le pain lève par enchantement.»

On se souviendra qu’en décembre dernier, Zawinski avait exprimé de sérieuses réserves quant à l’avenir de Netscape et du projet Mozilla suivant la prise de contrôle par AOL de Netscape.

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 Cybersexe : majeurs et vaccinés...
Une étude récente réalisée par une équipe de chercheurs californiens se penche sur la consommation de contenus érotiques en ligne.  Publié dans un journal académique de l’Association américaine de psychologie, le rapport intitulé «Sexuality on the Internet: From Sexual Exploration to Pathological Expression» (Sexualité sur Internet : de l’exploration sexuelle à la manifestation pathologique) trace le portrait des différentes habitudes de consommation, et des facteurs déclencheurs pouvant contribuer à ce que cette consommation devienne problématique.  Corrélation forte au temps, 8 % de l’échantillon (par projection, 4,5 millions d’utilisateurs aux États-Unis) dit y passer plus de 11 heures/semaine, et d’après les auteurs, c’est dans cette catégorie de répondants que peuvent se manifester des troubles compulsifs.

L’enquête a été menée sur le site Web de la chaîne MSNBC en mars et avril 1998, avec un formulaire de 59 questions auxquelles ont répondu 9 177 personnes d’âge adulte ayant au moins une fois consulté des contenus érotiques.  Ratio hommes/femmes des répondants de 86/14, moyenne d’âge des hommes de 35,3 ans et de 32,6 ans pour les femmes.  La majorité des répondants se définissent comme hétérosexuels (86 %), alors que 14 % se disent gais/lesbiennes ou bisexuels.  La majorité des répondants (64 %) étaient mariés ou en «union libre stable».  Chez les célibataires (36 %), la moitié entretenaient une relation soutenue.  Près de 60 % étaient issus de catégories professionnelles, on relevait aussi 13 % d’étudiants et 2 % de sans emploi.  La consultation de sites érotiques se fait principalement au foyer (78,8 %), bien que 5,8 % des répondants avouaient utiliser leur connexion au bureau.

Les types de contenus consultés varient beaucoup selon que les réponses viennent d’hommes ou de femmes.  En outre, l’étude ne distingue pas entre les contenus «soft» et «hard».  Les hommes (moins imaginatifs, diraient certaines) préfèrent les sites Web proposant des images érotiques dans une proportion de 50 % , alors que ces sites n’attirent que 23 % des femmes.  Ces dernières consomment et s’expriment davantage, dans une proportion exactement inverse, sur les sites de bavardage (chat).  Soulignant que ces constatations correspondent au modèle suggéré par Bailey, Gaulin, Agyei, et Gladue (1994), les auteurs écrivent que «les femmes, sur le réseau comme ailleurs, préfèrent l’interaction et l’établissement de rapports au seul stimuli visuel proposés par les sites Web».

Près de trois répondants sur quatre (70 %) disent ne jamais révéler à d’autres le temps qu’ils ou elles passent à consulter des contenus érotiques, mais 87 % n’ont jamais ressenti de honte ou de culpabilité à le faire.  Les taux de satisfaction, d’excitation et de stimulation varient autour de 88 %, bien que seulement 20 % des répondants aient révélé avoir été simultanément «excités et stimulés» par les contenus érotiques.

Les auteurs concluent qu’il serait dommageable de réprimer la pratique et le discours sexuel sur Internet, surtout pour les sous-groupes (adolescents, personnes seules, personnes aux prises avec un handicap physique, victimes d’abus ou d’agressions, etc.), ces derniers risquant de s’enfermer dans un mutisme qui n’a rien de sain.

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 ...  et une industrie
En juillet 1995, le magazine Time titrait en page couverture «Cyberporn», accroche d’un reportage presque uniquement basé sur la recherche de Martin Rimm, étudiant en génie électrique à l’université Carnegie Mellon.  Rimm y affirmait que 83,5 % des images véhiculées sur les forums d’échanges (newsgroups) étaient à caractère pornographique.

Les politiciens américains, en plein débat sur le projet de loi du Communications Decency Act (CDA), s’emparèrent de cette statistique pour justifier le besoin d’une intervention juridique.  Vérification faite, les données de Rimm portaient sur une période de sept jours sur 17 des 32 forums qui véhiculaient des fichiers graphiques, et ignorait les milliers d’autres forums d’échange.  On ne trouvait qu’enfoui dans la masse de données publiées dans l’article la notion plus réaliste que les images à caractère pornographique représentaient 3 % des messages sur les forums, qui dans leur ensemble constituait 11,5 % de toutes les communications sur Internet.  On était loin du compte en citant les chiffres de Rimm au Congrès américain.  Les critiques sur les données avancées par Rimm et publiées dans Time vinrent principalement de chroniqueurs spécialisés, comme Brock Meeks qui publiait alors son bulletin d’information CyberWire Dispatch, et les co-directeurs du Project 2000 de l’université Vanderbilt, Donna Hoffman et Thomas Novak, dans une critique détaillée de l’article de Time.

Malgré tout, le mal était fait, Internet venait d’acquérir la réputation de repaire de prédateurs sexuels et de gens aux moeurs dévoyées.  La presse traditionnelle a renchéri à l’article de Time (et n’a pas cessé depuis), balançant entre alarmisme et sensationnalisme.  Les logiciels de filtrage de contenus, malgré toutes leurs failles, connurent une grande vogue, tentant de rassurer parents, instituteurs, bibliothécaires soucieux de protéger les enfants du fléau.

Mais l’industrie du sexe en ligne avançait à grands pas et s’établissait comme un des premiers modèles économiques viables sur Internet.  En décembre 1997, le magazine Wired publiait un article sur l’industrie du cybersexe.  Wired estimait alors à 28 000 le nombre de sites Web à caractère érotique, toutes tendances confondues, dont environ la moitié étaient commerciaux (accès payant, abonnement, vente de produits, etc.).  Les projections de revenus de cette industrie naissante variaient grandement, de 100 millions à trois milliards de dollars pour l’année 1997, selon les analyses.

D’après un article de l’édition de février 1999 du magazine Business 2.0, le nombre de sites à caractère érotique aurait peu augmenté depuis 1997, et se situerait autour de 30 000.  Forrester Research estime cependant que les revenus combinés de ces sites pourraient atteindre cette année le milliard de dollars, donc en moyenne un peu plus de 33 000 $.  Mais ce chiffre est trompeur, car le marché se partage entre de très gros joueurs qui peuvent encaisser plusieurs millions par mois, et des sites plus modestes qui pourraient espérer toucher quelques milliers de dollars mensuellement.

Les sites de cybersexe sont, pour la plupart, à la fine pointe de la technologie.  Le format GIF (graphic interchange format) a d'abord été développé sur CompuServe, avant qu'Internet connaisse la popularité qu'on lui connaît, principalement pour échanger des photos à caractère sexuel.  L'arrivée du JPEG/JPG (joint photographic exchange group), plus performant, a lui aussi eu pour moteur la diffusion de telles images.

Ce phénomène sexe/technologie n'est d’ailleurs pas nouveau.  Les historiens du septième art reconnaissent l'importance de la contribution de l'industrie du sexe dans le développement technique de la photo et du cinéma.  Playboy, fondé en 1953, a été le premier magazine a faire avancer les normes de qualité en reproduction imprimée en passant au 600ppp.  Ne faisons que regarder, d'histoire récente, l'arrivée de la vidéocassette.  Moitié des années soixante-dix, 90% du contenu disponible sur VHS était composé de titres XXX parce que les diffuseurs de ces produits voyaient dans le VHS un médium plus convivial et techniquement supérieur au 8mm, Super8 ou 16mm.  La clientèle est exigeante, mais prête à essayer les nouveautés.  Une fois la technologie mise au point, elle est récupérée par Disney, Blanche-Neige et les sept nains.

Le moteur principal de promotion de l’industrie du sexe en ligne est sans contredit le courrier électronique non sollicité (spam).  Qui n’a pas reçu un de ces messages vantant les «vertus» de tel ou tel site XXX.  Par contre, les moteurs de recherche enregistrent des millions de requêtes sur le sujet, comme en témoigne Searchterms, le palmarès des mots clés les plus souvent utilisés pour la recherche.  Trois des dix premiers mots clés (sex, xxx passwords, porn) portent sur le sujet, bien que le Rapport Starr y figure aussi...  L’an dernier, au Forum québécois de l'Internet, un des conférenciers était le créateur d’AltaVista, Louis Monier, qui estimait que 19 % des recherches effectuées dans AltaVista touchaient la technologie, 15 % le sexe, 11 % les affaires, 9 % les voyages, les loisirs ou les gens.  Pour mieux «protéger» sa clientèle, AltaVista a mis au point le AV Family Filter, filtre destiné à éliminer certains contenus, sans toutefois offrir de garantie.

On ne parle évidemment pas de répertoires spécialisés, comme Eroscan, ou encore SexTracker, réponses de l’industrie du cybersexe à la vogue des portails.  Mais pour les répertoires où l’inscription des sites se fait manuellement, la question est parfois plus délicate. 

Par exemple, Yahoo! France n’exclut aucun site nous dit Guillaume Ollendorff, un de ses responsables du référencement.  «Ils sont logés à la même enseigne que les autres.  Ils doivent avoir du contenu propre (et non pas une redirection vers un autre site), être en français, et légaux.  Nous demandons donc des mots de passe pour pouvoir les vérifier sur ce dernier point.  Une seule anicroche aux règles habituelles de classement, nous ne respectons pas la dichotomie commercial/non commercial (qui est centrale dans le classement Yahoo!), sachant par expérience que de nombreux sites entièrement gratuits finissent par devenir payants, nous les considérons tous comme commerciaux.  Sinon nous avons une arborescence de type Yahoo! tout à fait classique pour ce type de site, avec ses sous catégories pour un classement fin entre les différents secteurs, activités et pratiques du domaine.»

À la Toile du Québec, le mégarépertoire québécois, la politique est de ne pas accepter le référencement de sites pornographiques, s’entendant par là «les sites au contenu explicite, les images en particulier».  Stéphanie Simard, directrice de la recherche, explique : «Nous avons des sites sur la sexualité, la sexologie et même, parmi les commerces, quelques boutiques érotiques mais pas de sites XXX.  Nous avons adopté cette politique dès le début en tenant compte des usagers de La Toile du Québec.  La Toile est un site grand public (tous les âges) et elle est assez présente dans le milieu scolaire.» De préciser Madame Simard, «il peut arriver qu'un site inscrit dans notre répertoire change de vocation en cours de route.  Nous avons déjà trouvé un site sur les recettes de cuisine qui s'était transformé en site XXX! Nous vérifions chaque site au moment de l'inscription, mais une fois le site inscrit, il est difficile d'exercer un contrôle.  Ce type de problème nous est plutôt signalé par nos usagers.»

Mais dans l’univers du cybersexe, le Québec manifesterait-il, là aussi, son caractère de société distincte? Il semble que oui, si on en croit la récente étude ScienceTech «Cybermarketing Québec 1999» réalisée sous la direction de Jean-Guy Rens.  Non que le phénomène n’existe pas, mais «Il existe aujourd’hui un nombre limité de sites québécois “pour adultes” avec commerce en ligne (services bilingues).  Il s’agit généralement de simples pages unilingues anglaises sans identification québécoise ou canadienne avec de multiples bannières vers des sites américains.  Les revenus proviennent dans ce cas des visites sur la bannière.  L’argent est perçu par le site américain qui reverse une commission de 5 à 20 cents (É-U) par visite.  Ces sites à technologie bas de gamme sont peu rentables et l’arbitrage inter-sites engendre de multiples conflits [...] En résumé, la pornographie ne semble pas prospérer au Québec.» Et le commerce électronique non plus, serait-on tenté d’ajouter.

Ceci n’a cependant pas ébranlé la confiance de la montréalaise Sophie Desjardins qui lançait, début mars, un site «pour adultes» de facture très différente, Mea-Culpa.  Pas de bannières tapageuses, pas de langage vulgaire, des photos exclusives, et un serveur sécurisé pour le commerce électronique.  «De par notre style, la qualité de nos photographies et le mode de paiement que nous offrons je crois que nous offrons une solution intéressante et originale parmi la faune des sites du cybersexe» déclare Sophie Desjardins qui se dit satisfaite des premiers résultats obtenus, précisant que «les statistiques nous révèlent que la majorité de nos visiteurs proviennent des États-Unis» (le site dispose d’une interface bilingue).

L’univers des «sites adultes» connaîtra-t-il la même évolution que les autres sites à contenu? C’est ce que croit Gareth Branwyn qui publiait dans The Industry Standrard une analyse approfondie des tendances du cybersexe et concluait que les associations et partenariats seraient monnaie commune sous peu, et que seuls quelques indépendants tireraient leur épingle du jeu.

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 Lectures rapides
Dans Libération, «À l’ère des self-medias...», un texte qui prend toute son importance à la lueur des événements en Serbie/Kosovo et des possibilités de contourner les sources traditionnelles d’information.  Patrick Thomas, de l’Université Paul-Valéry de Montpellier répond à Dominique Wolton du CNRS qui affirmait récemment qu’Internet n'est pas un média.  Thomas écrit : «Certes, la transformation en connaissance du déluge de données (et non pas d'informations) produit par les mass-médias n'est pas à la portée de tous, et c'est même là un des enjeux majeurs de notre époque.  Mais cela ne saurait constituer un prétexte pour la confier à une nouvelle classe de scribes qui monopoliserait la production du sens.  La capacité de déconstruire le discours mass-médiatique, et de lui répondre est la condition nécessaire, sinon suffisante, de la production de sens par le “public”».

Dans Le Monde Interactif du 31 mars, «Gentleman formateur», portrait de Vincent Beaulieu-Camus désigné par Laurent Fabius pour former les députés français à Internet.  «Sa recette, il n'en fait pas mystère.  Employer des mots simples et surtout bannir de son vocabulaire les mots barbares comme “backbone”, “protocoles TCP/IP” et toute la litanie absconse du langage high-tech.  “Cela me demande beaucoup de travail.  Il faut sans cesse apprendre à vulgariser les choses, à trouver des images parlantes [...] Je ne suis pas comme les ingénieurs qui savent et qui n'expliquent pas.  Je comprends les gens qui en face de moi me disent qu'ils ne comprennent pas.  Je m'attache aux usages plus qu'à la technique.”»

Toujours dans Le Monde, «Internet et le livre : comment lirez-vous demain?» par Émilie Grangeray sur les grandes lignes qui se dégagent de la lecture des résultats d'une enquête réalisée par la Société des gens de lettres de France (SGDL).  «Ainsi, 64 % des personnes ayant répondu à ce questionnaire ont déclaré passer autant de temps à lire des supports papier depuis qu'ils utilisent Internet.  13 % d'entre elles ont même souligné que le recours au Web les incitent à consacrer davantage de temps aux livres.  Internet serait donc, contrairement aux idées reçues, un vecteur favorable au livre comme à la lecture d'une manière générale.  Le réseau permet en outre de faire découvrir ouvrages (dans 83 % des cas) et auteurs (pour 55 %).  Allant dans le même sens, il apparaît que la lecture sur écran d'un texte long ne concerne que 36 % des cas, les autres préférant soit l'impression soit le stockage sur disque dur, disquette ou CD-Rom.»

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 En bref...
Importante conférence ces jours-ci à Washington, CFP99 (Computers, Freedom, Privacy) visant à faire le point sur les questions de respect de la vie privée et de liberté d’expression.  Parmi les conférenciers et participants invités, notons Phil Zimmermann (concepteur du logiciel de chiffrement PGP), Michelle d'Auray (directrice exécutive du groupe de travail sur le commerce électronique d’Industrie Canada), Barry Steinhardt (directeur adjoint de l’American Civil Liberties Union - ACLU), Mozelle Thompson (Commissaire américaine au Commerce), Vint Cerf (président de l’Internet Society - ISOC), Michael Robertson (président de Mp3.com), Margarita Lacabe (Derechos Human Rights), Jagdesh Parikh (Human Rights Watch - HRW), Bruno Jactel (conseiller économique et commercial à l’ambassade de France).  Soulignons que de nombreux textes des présentations des conférenciers et participants sont en ligne sur le site de la conférence.  L’organisme de défense de la vie privée Privacy International profitera de l’occasion pour procéder à la remise des Prix Big Brother décernés aux entreprises et services publics manifestant un non respect des renseignements personnels des citoyens.  Il sera certainement question de l’appel interjeté par le ministère américain de la Justice à l’endroit de l’injonction préliminaire envers le Children Online Protection Act (COPA) accordée en février par un juge de Philadephie.

Dans le cadre de l’heure du FIM le mercredi 14 avril à 17h à l’Agora électronique du Centre des Congrès de Québec, présentation de l’étude du cabinet d’expert-conseils ScienceTech «Cybermarketing Québec 1999» dont nous vous parlions un peu plus haut.  C’est 880 des plus grandes entreprises du Québec qui ont été interrogées sur la gestion de leur site Web et leur expérience du monde transactionnel en ligne.  Si 60 % des entreprises québécoises de 100 employés et plus disposent d’un site Web, les résultats sont-ils probants? La présentation des rapports de l’étude sera suivie d’un débat sur la situation du commerce électronique au Québec.  Réservation obligatoire.

Parcourant la très complète étude de ScienceTech, certains chiffres étonnent.  Par exemple, les auteurs prévoient une progression de pas moins de 50 % des intranets d’entreprises au cours des 12 prochains mois.  On peut dire qu’intranet ou site Web, l’un confirme l’autre; ScienceTech nous apprend «qu’une écrasante majorité de 70 % d’entreprises déclarent consacrer moins de 10 000 $ par an à la mise à jour de leur site Web [...] près de la moitié des sites québécois sont mis à jour irrégulièrement, parfois jamais.» Dans son bulletin Alertbox du 4 avril, Jakob Nielsen traite du sous-financement des intranets et portails d’entreprise, spécifiquement de leur actualisation et mise à jour.  Et pourtant c’est une question de rentabilité.  Nielsen estime que pour une entreprise de 10 000 employés, le coût en productivité d’un titre de rubrique mal rédigé peut atteindre 5 000 $.  Il cite en outre l’exemple de Bay Networks qui, pour ses 7 000 employés, a investi 3 millions de dollars dans la convivialité de son intranet, et ce faisant a réalisé des économies de 10 millions de dollars.

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 Beau détour
Cette semaine, vers la Galerie d’un jour du peintre Luc Archambault, centre de documentation, lieu de communication, espace de création, théâtre d'événements.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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