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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 29 septembre 1998

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 29 septembre 1998.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

CDA, deuxième version
Tribunaux : au tour des logiciels de filtrage
IRIS, GILC et cryptographie
Netscape perd du terrain
Tendance : la navigation partagée?
États-Unis : coup d'État raté?
Sur le Net, vous dites?
En bref...
Beau détour

 CDA, deuxième version
Après avoir monopolisé le Web pour diffuser le rapport de Kenneth Starr, les législateurs américains reviennent à la charge avec une version modifiée du Communications Decency Act (CDA).  C'est le projet de loi HR 3783, le Children Online Protection Act (COPA), déposé par le représentant républicain de l'Ohio Michael Oxley, qui a obtenu l'approbation d'un comité de la Chambre des représentants.  Un projet de loi semblable, le S.  1482, déposé par le sénateur républicain de l'Indiana Don Coats, a été adopté par le comité sur le commerce du Sénat.

Forts de ces étapes préliminaires, les législateurs républicains, majoritaires en Chambre, espèrent obtenir l'adoption de l'un ou l'autre des projets très bientôt, peut-être même cette semaine selon le USA Today.

En vertu du COPA, quiconque diffuserait à l'intention de personnes d'âge mineur des contenus sexuellement explicites serait passible d'une amende de 50 000 $ par incident, et d'une peine d'emprisonnement de six mois.

Subtils, les républicains affirment que le COPA n'aurait pas interdit la diffusion du rapport Starr sur Internet car il permet la diffusion de contenus comportant une valeur sur le plan «littéraire, artistique, politique ou scientifique».  Selon eux, même la pornographie jugée nuisible aux mineurs ne serait pas interdite; on ne ferait qu'en rendre l'accès plus difficile par un système de vérification d'âge ou encore l'utilisation de numéros de cartes de crédit.

Pour l'Electronic Frontier Foundation (EFF) et la American Civil Liberties Union (ACLU), les nouveaux projets de loi font fi des décisions de tribunaux de juin 1996 (cour d'appel) et de juin 1997 (Cour suprême) invalidant le CDA et affirmant que «l'Internet mérite au plus haut point d'être mis à l'abri de l'intrusion gouvernementale».  Les opposants affirment que sous des prétentions de protéger les mineurs, les dispositions trop vagues de ces projets de loi toucheraient tout site commercial diffusant des contenus jugés offensants par une certaine partie d'une collectivité.

Faudra-t-il reprendre la chronologie de la saga juridique avec ce nouvel appel à la mobilisation de l'EFF et de l'ACLU?

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 Tribunaux : au tour des logiciels de filtrage
En octobre dernier, les responsables de la bibliothèque publique du comté de Loudon (Virginie) ont installé sur tous les postes de travail branchés à Internet le logiciel de filtrage de contenus X-Stop.  De plus, on autorisait le personnel à expulser de la bibliothèque quiconque tentait d'avoir accès à des contenus «non autorisés».

L'ACLU et l'organisme People for the American Way ont alors intenté une série de poursuites contre le conseil de direction de la bibliothèque dans le but de faire invalider cette politique qui, selon les plaignants, va à l'encontre du Premier amendement de la Constitution américaine.

Vendredi dernier, apprenait-on du service CMPnet, les deux parties se retrouvaient de nouveau devant magistrat.  Le conseil de direction de la bibliothèque demandait l'annulation pure et simple des procédures; les plaignants réitéraient l'inconstitutionnalité des logiciels de filtrage.  Ce n'est que cette semaine que la juge Leonie Brinkema déterminera si la cause sera finalement entendue et jugée.

Si la juge Brinkema, que l'on dit favorable aux arguments que l'ACLU a jusqu'ici présentés, tranchait contre l'utilisation des filtres, cette décision porterait un dur coup aux fabricants et utilisateurs de ces logiciels.  L'ACLU, dans sa preuve, a soumis que les logiciels utilisés à la bibliothèque de Loudon étaient si peu performants qu'ils bloquaient l'accès, entre autres, aux formulaires de déclaration de revenus de l'État du Kentucky (dont l'abréviation est KY, nom d'un gel lubrifiant), des toutous de peluche Beanie Babies (dont le fabricant commercialise aussi des produits pour adultes), ainsi que le cursus du programme de biologie de l'Université Yale.

Le site miroir en Israël du Vatican, celui d'un centre pour enfants aveugles, ainsi que celui de la communauté virtuelle pro-environnement Envirolink sont aussi au nombre des sites bloqués par X-Stop selon l'analyse de Peacefire, lui-même organisme militant contre les logiciels filtres, et viennent s'ajouter aux autres sites dont nous faisions état l'an dernier.

Populaires, les filtres? Selon un sondage de la revue Family PC dont faisait état ce dimanche le quotidien Seattle Times, seulement 6 % des 1 300 parents interviewés utilisent les logiciels commerciaux de filtrage Web.  Près de 20 % des parents ne prennent aucune mesure pour encadrer l'utilisation d'Internet faite par leurs enfants.

Pour Joe Panepinto, rédacteur en chef de Family PC, la technophobie éprouvée par de nombreux parents entraîne deux comportements : soit qu'ils débranchent complètement l'accès à Internet au foyer, soit qu'ils en confient la responsabilité complète aux enfants, ne souhaitant pas eux-mêmes s'en mêler.

C'est un peu pour contrer ces réactions pour le moins extrêmes qu'une quarantaine d'agences gouvernementales, d'organismes sans but lucratif et d'entreprises (dont America Online, AT&T, Microsoft) ont mis sur pied America Links Up, dans le but de sensibiliser les parents à l'utilisation judicieuse des outils réseau, et à l'importance de mieux guider, sans trop imposer, les choix de leurs enfants.

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 IRIS, GILC et cryptographie
Nous vous parlions la semaine dernière de l'importante conférence du Global Internet Liberty Campaign (GILC) qui se tiendra à Ottawa au mois d'octobre.  Le groupe IRIS (Imaginons un Réseau Internet Solidaire), qui coordonne le volet français de la campagne internationale pour la cryptographie, et la représentation auprès des trente-trois États signataires de l'accord de Wassenaar, nous informe de la disponibilité de documents en français sur la campagne.

Toujours chez IRIS, on annonce pour la tenue des «Premières Assises de l'Internet non marchand et solidaire», qui se tiendront le 7 novembre, à Paris, à la salle Victor Hugo de l'Assemblée nationale.  Le but des Assises, ouvertes au grand public, est de promouvoir l'utilisation d'Internet pour l'exercice des libertés et de la démocratie, ainsi que pour le progrès social.  Précisons qu'IRIS n'oeuvre pas seule dans la tenue de ces Assises qui sont le fruit de la collaboration de Globenet, de nos amis du Mini-Rézo, de Neuronnexion/Humanet et du R@S, le Réseau associatif et syndical.

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 Netscape perd du terrain
Netscape serait en perte de vitesse si on en croit un nouveau sondage rapporté par la presse spécialisée.  En fait, l'Internet Explorer de Microsoft détiendrait 43,8 % du marché comparativement à Netscape qui n'en aurait plus que 41,5 %.  Ces chiffres tiennent compte des 13 millions d'abonnés de America Online qui reçoivent d'office Internet Explorer au moment de leur abonnement.

Le sondage, mené par la société IDC Research, vient confirmer la réussite de la campagne de marketing de Microsoft, et la quasi indifférence de Netscape envers son fureteur au profit d'activités davantage liées aux produits serveurs et à son portail, le Netcenter.  Pour Joan-Carol Brigham, analyste chez IDC, la part de marché de Netscape devrait maintenant se stabiliser.

On attend aussi les résultats du groupe Mozilla créé pour coordonner le développement de nouveaux produits à la suite de l'ouverture du code source de Netscape.  De nombreux projets sont en cours et devraient bientôt déboucher sur des versions «personnalisées» de Netscape.

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 Tendance : la navigation partagée?
Ceux et celles qui sont friands des nouvelles tendances technologiques ont de quoi faire bouger leur souris cette semaine.  Nouveau concept, basé Java et Javascript, et nécessitant un fureteur de quatrième génération, voici l'ère de la navigation partagée avec Co-navigator de la société Hipbone.  En outre, la version de lancement n'est disponible que pour PC sous Windows 95/98/NT et requiert un débit de connexion minimum de 28,8 kbps.

Le produit est tout nouveau, ayant été lancé officiellement il y a moins d'un mois.  Mais la société Hipbone affirme qu'il y a déjà vingt mille utilisateurs inscrits.

Ceci dit, examinons la bête.  Il s'agit de télécharger (sans frais) un logiciel depuis le site Web de Co-navigator, de procéder à l'installation, puis de demander l'ouverture d'un compte d'utilisateur hôte.  Dès lors, jusqu'à une dizaine de personnes, d'où qu'elles soient branchées, pourront être invitées à se joindre au navigateur hôte et suivre sans intervention aucune de leur part le parcours de navigation. 

En clair, le détenteur du compte hôte tape un URL, et le contenu de ce même URL s'affiche sur les écrans de tous les invités.  Les participants peuvent échanger entre eux par messagerie instantanée, courrier électronique ou canal de bavardage.

Petit inconvénient de cette version initiale, du moins pour certaines applications de la navigation de groupe, un URL tapé par n'importe quel participant, hôte ou invité, amènera tout le groupe, y compris l'initiateur de la séance, dans son sillage.  Belle dérive en perspective. 

On ne parle pas non plus, du moins pour le moment, des questions de sécurité du logiciel et de l'application Java et Javascript, et aussi de l'incidence possible sur les statistiques d'achalandage.  Une page vue par un groupe sera-t-elle comptabilisée comme ayant été vue uniquement par l'hôte, ou tiendra-t-on compte de ses invités?

Mais on peut aussi envisager de nombreuses applications à la navigation partagée comme la formation à distance, les rencontres d'affaires, l'évaluation de sites, les questionnaires, les jeux.

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 États-Unis : coup d'État raté?
La proposition est forte.  Mais au fur et à mesure que la poussière tombe sur les restes de l'attaque acharnée, avec recours à des pratiques frisant l'illégalité, du procureur indépendant Kenneth Starr contre le président américain Bill Clinton, la question se pose de plus en plus.  L'Amérique, et le reste du monde, auraient-ils été témoins d'une tentative de coup d'État?

Commençons par cet appel international en faveur du président Clinton lancé jeudi dernier à l'initiative de l'ex ministre français de la Culture, Jack Lang, et publié dans le journal Le Monde.  On peut y lire «La démocratie est doublement menacée [...] S'érigeant lui-même en autorité absolue, Kenneth Starr a sans cesse dépassé sa juridiction et porté ainsi atteinte aux fonctions légitimes du Président.  [...] Le spectacle judiciaire orchestré par le procureur Starr n'est en fait qu'un paravent.  Son véritable combat est politique.  Avec l'appui de l'extrême-droite, il cherche à saper les idées de liberté et le programme social et libéral du Président Clinton.  Les femmes et les hommes signataires de ce texte adressent un message d'amitié au peuple américain qui, dans son immense majorité, est attachée au respect de la vie privée et aux idées de tolérance et de démocratie.  Les procédures arbitraires et injustes de Kenneth Starr ne doivent pas l'emporter. Une victoire en Amérique contre ce procureur sera une victoire de ceux qui, dans le monde, sont attachés aux principes de liberté.»

Parmi «les femmes et les hommes signataires», citons Carlos Fuentes, Gabriel García Márquez, Gérard Depardieu, Jeanne Moreau, Claudia Cardinale, Costa Gavras, Jacques Derrida, Sofia Loren, Charlotte Rampling, Liv Ullmann, Maurice Béjart, Edgar Morin, Jean-Michel Jarre, Yehudi Menuhin, Yves Saint Laurent.

À Washington, selon l'influent Washington Post, la riposte s'organise sur le terrain politique, avec des alliés jusqu'ici demeurés silencieux.  Parmi eux, les groupes féministes qui étaient tiraillés entre prendre partie pour la victime présumée et appuyer une administration qui, malgré tout, a considérablement fait avancer leur cause depuis six ans.

À San Jose, au coeur de la Silicon Valley, le Technology Network, un groupe d'entreprises de haute technologie, a accueilli le président Clinton pour un dîner bénéfice qui a rapporté plus de 800 000 $ pour les caisses du parti démocrate lisait-on dans News.Com.

Puis, mobilisation sur le Web avec Move On, une pétition en ligne qui demande au Congrès de réprimander le président, et d'en finir une fois pour toutes avec cette affaire.

Mais l'acharnement de Kenneth Starr, appuyé par l'extrême droite américaine, serait-il en fait le reflet d'une tentative de coup d'État? C'est la conclusion à laquelle en arrive Alan J.  Weberman, auteur de «Coup d'Etat in America» où il expose sa théorie sur l'assassinat de John Kennedy.

Pour écrire ce livre publié en 1992, et mener ses enquêtes (certaines aux côtés d'élus américains), Weberman a constitué une vaste base de données de noms de personnes impliquées dans des assassinats politiques et des coups d'État, ou travaillant au Pentagone ou à la CIA.  Quand l'affaire Clinton/Lewinsky a éclaté, Weberman s'est mis à effectuer des recoupements dans sa base de données.  Les résultats sont inquiétants.

Linda Tripp, qui a secrètement enregistré ses conversations avec Monica Lewinsky avec l'aide du FBI, travaillait à l'époque dans une des sections du Pentagone responsable d'«opérations spéciales».

Lucianne Goldberg, agent littéraire avec qui Linda Tripp entretenait des relations, a collaboré avec la CIA à de nombreuses reprises, en plus de participer à des «coups fourrés» contre le parti Démocrate dès 1972 sous l'administration Nixon. 

Quand Goldberg a voulu vendre les droits du livre de Tripp sur l'affaire Lewinsky, elle s'est adressée à Alfred Regnery, ami de Kenneth Starr et propriétaire de Regnery Press, maison d'édition subventionnée par la CIA dans les années cinquante.

Plato Cacheris, avocat de Monica Lewinsky, a eu de nombreux rapports avec la CIA et a représenté Sheik Kamal Adham impliqué dans l'affaire de la faillite de la BCCI (qui servait à faire transiter des fonds de la CIA), le milliardaire traficant d'armes Adnan Kashoggi, Fawn Hall, secrétaire de Oliver North (Contragate), John Mitchell (Watergate),

Et la liste des recoupements établis par Weberman s'allonge encore, au point où il sera désormais difficile de parler de coïncidences.

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 Sur le Net, vous dites?
Dimanche dernier se tenait la treizième remise des prix Gémeaux visant à souligner les meilleures réalisations dans le petit monde de la télévision québécoise.  En plus de diffuser le gala, Radio-Canada n'a rien ménagé pour marquer l'événement sur Internet avec album photos et extraits vidéo.

Cette année, on rendait hommage à Madame Lise Payette en lui remettant le Grand Prix de l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision - section Québec. 

Émotion et souvenirs étaient au rendez-vous, ainsi que le franc parler de cette grande dame des communications qu'est Madame Payette.  Hésitant entre une version longue ou courte de son discours, si Madame Payette a opté pour la brièveté, elle n'en a pas moins profité pour formuler des commentaires assez sévères sur le menu télévisuel proposé par les diffuseurs.  Elle a entre autres déploré «la commandite qui s'insinue partout», la «langue parlée qui écorche» ses oreilles, et la «multiplication effrénée des chaînes» qui ne font que diluer la qualité.  «Esprit et intelligence ne font pas fuir les téléspectateurs [...] bêtise, sottise et connerie nous apauvrissent collectivement [...] tout réduire aux cotes d'écoute nous ramène vers le bas».

Mais revenons aux deux versions du discours de la lauréate.  Avant de prononcer la version courte, Madame Payette a dit de la version longue, «On va demander tout à l'heure à Andréanne [Bournival, présidente de la section Québec de l'Académie] si on peut la mettre sur le "Net", ça pourrait intéresser quelqun.» En effet, en plus d'en intéresser bon nombre, les propos de Lise Payette auraient intérêt à être lus par tous ceux et celles qui font de la communication leur métier, que ce soit dans les médias traditionnels ou autres.

Mais n'attendez pas le texte de la «version longue» sur Internet.  Il n'est certainement pas assez «nouveau média» pour daigner figurer sur le site de Radio-Canada.  Et c'est bien dommage.

Dommage à ce point que nous offrons à Madame Payette de diffuser sur le Net, depuis notre site, la «version longue» de son constat sur notre industrie de la télévision.  L'invitation est lancée.

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 En bref...
Nouveau site, «Si la Terre m'était contée», le site d'introduction aux sciences de la Terre de l'INRS-Géoressources.  Un site référence très riche en informations et en illustrations, et mis en ligne par des professionnels en plus.  Vous ne trouvez pas réponse à une question, ou avez besoin de plus amples détails? Rien de plus simple, écrivez depuis le site au géologue en résidence.  Parions que ce site deviendra très populaire auprès des jeunes devant présenter des travaux en géographie et autres disciplines connexes, ce qui n'empêchera pas les vieux comme nous de se coucher moins idiots le soir après notre visite de ce site.

Une des bonnes nouvelles de la semaine, Le Dictionnaire est un logiciel écrit par deux Hollandais, Tom van der Meijden et Frits van Zanten, et pour lequel existe une dizaine de modules linguistiques.  Le logiciel, distribué gratuitement, permet de chercher un mot dans la liste, d'enrichir les modules avec vos propres mots, d'apprendre des mots à votre rythme, à partir d'une liste personnelle d'apprentissage.

Pour poursuivre cette oeuvre de diffusion bénévole, on cherche des gentils volontaires pour s'occuper de distribuer et de développer le programme, entretenir à cet effet une page Web, répondre au courrier reçu, ou travailler à la vérification et à l'enrichissement des listes de mots. 

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 Beau détour
Êtes-vous chappatiste? Nous oui, depuis que nous avons découvert le site du caricaturiste de presse Chappatte.  Un autre regard sur l'actualité.

Sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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