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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 14 juillet 1998

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 25 août 1998.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

iMac : la suite
Business 2.0 s'arrête au portail
Rapport au temps
Personnellement vôtre?
Rentrée médias
Beau détour

 iMac : la suite
Le nouveau de produit de Apple, l'iMac, a continué sa lancée sur le marché américain ce qui, malgré la tourmente qui a agité les marchés boursiers, n'a pas nui à la valeur en bourse des actions de l'entreprise.  L'action de Apple s'était échangée aussi bas que 12,75 $ au cours de l'année écoulée; le titre atteint maintenant presque le quadruple.

Bonne nouvelle pour Apple : l'iMac effectue une percée chez les acheteurs d'un premier ordinateur, et parvient à convertir des utilisateurs de PC. 

Dans l'économie nouvelle, on vote avec son fric.  S'inspirant donc des sondages à la sortie des bureaux de vote, la firme californienne Market Metrics a interrogé un échantillon de 500 nouveau propriétaires d'iMac à la sortie de succursales d'un important détaillant.  Il appert que 15 % des acheteurs d'iMac en étaient à leur premier ordinateur, et que 13 % des acheteurs possédaient déjà un ordinateur, mais exploité sous la plate-forme Windows.

Il y a de quoi réjouir les apôtres.  En tenant compte d'estimations très conservatrices selon lesquelles Apple vendra 400 000 unités du iMac d'ici la fin de l'année, et si cette percée se maintient, ce serait donc 60 000 unités vendues aux anciens agnostiques, et 52 000 unités vendues aux convertis.

Évidemment, la prêche de Steve Jobs le 13 août dernier sur la performance du processeur G3/233 qu'il estime supérieure au Pentium II/400, gnose reprise par la congrégation Apple dans sa campagne de promotion, alimente toujours le vain débat du genre «mon père est plus fort que le tien».

La filiale du groupe de presse électronique CMP, NSTL, a procédé à des bancs d'essai dont les résultats ont été publiés sur le service TechWeb.  Selon Stephen Platt de NSTL, bien que la performance de base du processeur G3 soit meilleure que celle des Pentium II, cet avantage s'efface en raison des capacités d'affichage graphique plus lentes, donc d'une performance moindre lors d'applications réelles qui nécessitent de régénérer souvent l'image d'écran.  Ainsi, pour les logiciels Excel, Word, FileMaker et Photoshop, les processeurs de type Pentium se sont avérés deux fois plus rapides que les G3 de Apple en situations réelles.

Autre son de cloche, celui de Nathan Brockwood, analyste chez Dataquest, qui plus nuancé admet aussi la supériorité des microprocesseurs Pentium sur le G3 selon des bancs d'essai SPEC (Standard Performance Evaluation Corporation) rapportait CNN.  Le processeur G3/233 atteint une cote de 10.3 pour le traitement de nombres entiers, et de 6.6 pour le traitement des chiffres à virgules flottantes (floating point numbers).  Un Pentium II 400 obtient respectivement des cotes de 15.8 et 11.4 pour ces opérations.  Les opérations sur nombres entiers sont caractéristiques des logiciels qui exécutent des transferts de données (base de données, traitement de texte); les logiciels effectuant des opérations mathématiques complexes (animations 3D, jeux et graphiques) exploitent davantage le traitement des virgules flottantes.

Ce qui frappe dans ces bancs d'essai, c'est la vulnérabilité de la plate-forme Mac dans ce qu'on lui croyait une chasse gardée, celle du graphisme et donc de l'affichage des contenus sur le Web.  Le «i» de ce Mac est supposé signifier une optimisation pour Internet, ce qui semble moins qu'évident à la lecture des bancs d'essai.

Côté connectivité, certains propriétaires d'iMacs ont éprouvé des difficultés à se brancher à un autre fournisseur d'accès Internet que Earthlink, fournisseur désigné par Apple.  On parle cependant de cas isolés.  En vertu d'une entente entre les deux entreprises, Earthlink dispense les acheteurs d'iMacs aux États-Unis des frais de «bienvenue» de 25 $ et offre en plus un mois d'accès gratuit.  Earthlink a de longue date courtisé les utilisateurs de Mac en offrant des services et logiciels spécialisés, de sorte que 20 % de sa clientèle est déjà composée d'utilisateurs sous plate-forme Mac.

Y a-t-il un bilan à tirer de ces chiffres? Nous avons consulté notre sympathique revendeur virtuel WebShopper qu'on ne peut accuser de parti pris, il vend de tout. 

Si vous êtes travailleur autonome ou dirigez une petite entreprise, et que vous êtes tombé d'amour pour l'iMac, et si vous n'avez pas perdu tous vos moyens, allez-y.  Vous pourriez trouver une alternative à moindre coup, mais pas suffisamment pour faire contrepoids à une «obsession émotive».

Si vous vous trouvez à la case départ pour équiper une école ou une PME, considérez sérieusement l'iMac.  Les possibilités d'interconnexion en réseau des diverses unités en font le candidat idéal pour un réseau local ou un laboratoire d'enseignement, et le choix d'une plate-forme unique vous fera économiser des coûts de soutien technique.  Vérifiez toutefois la disponibilité de logiciels.

L'iMac viendra aussi compléter à merveille un parc Mac déjà en place en entreprise, ou conviendra aux petites installations qui ont besoin d'une ou plusieurs unités supplémentaires.

Mais si le prix, la souplesse du système et les applications spéciales sont au nombre de vos priorités, il serait bon de regarder ailleurs.

Heureusement qu'il y a encore des gens pour se dilater la rate après toutes ces considérations, comme Chris White et ses dix surprises à propos de l'iMac dont : Apple a décidé de ne pas utiliser comme prévu dans sa campagne de promotion le slogan «Bill Gates nous a donné une tonne de fric, et voici ce que nous en avons fait»; une erreur de communication au sein de l'équipe de conception a fait en sorte que le modèle prototype portait le nom de IMAX et était doté d'un écran de 30 mètres; l'ensemble de l'équipe responsable du nouveau «look» a signé l'intérieur du boîtier...  en braille.

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 Business 2.0 s'arrête au portail
Si le mensuel de l'économie nouvelle Business 2.0 promettait une site riche en contenu, à la Wired, on a été fort déçu de constater qu'il optait pour une formule portail à l'intention des «cadres de l'économie nouvelle» et offrait somme toute, outre les liens traditionnels de la formule, un contenu véritable assez mince.  En fait, seulement un article et trois synopsis d'article de son numéro de lancement sont disponibles sur le site.

Ironique, car en choisissant de procéder ainsi, Business 2.0 contredit certains principes contenus dans ce qu'il énonçait lui-même être les dix règles de l'économie nouvelle.  Par exemple, que «la valeur croît avec l'abondance», ce qui n'est pas évident avec le peu de contenu sur le site de Business 2.0, et que les intermédiaires seront remplacés par les «infomédiaires», repiquage de la notion de «désintermédiation» dans l'acquisition de l'information et sa transformation en connaissance.

Business 2.0 va aussi à l'encontre d'un des textes fédérateurs du principe de l'économie nouvelle dont nous vous parlions l'an dernier, soit les douze lois de l'économie nouvelle présentées dans Wired par Kevin Kelly.  Nous ne mentionnerons ici que la Loi sur la générosité (Follow the free) et la Loi sur l'allégeance (For maximum prosperity, feed the web first).

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 Rapport au temps
«Et le temps qui s'en va se fout pas mal de nous» chante Gérard Presgurvic qui ne pensait jamais si bien dire quand on pense au Web, et à la lenteur d'accès à certains sites.  Pour l'utilisateur moyen à domicile, c'est neuf minutes par jour, 55 heures par année, 26 % du temps passé en ligne qui se perd à attendre le chargement de pages Web.  C'est le calcul de NetRatings, firme spécialisée dans les études statistiques sur le Web, qui estime donc sur une base de 43 millions d'utilisateurs à 2,4 milliards d'heures le temps perdu annuellement à attendre le chargement de pages.

D'une part, l'infrastructure de bande passante a peine à suivre la croissance d'utilisation d'Internet, et les accès à haut débit ne sont pas disponibles partout.  Ajoutez à cela des concepteurs de sites Web qui se croient à la télé, des créatifs publicitaires qui voudraient y être, et vous comprendrez facilement la frustration des utilisateurs du réseau qui, justement, fuient en nombre toujours croissant l'insipidité de la programmation télévisuelle, seulement pour s'empêtrer sur des sites lourds et inaccueillants.

Mais voilà que le fabricant de microprocesseurs Intel vient compliquer les choses.  D'une part, il propose sur son site des applications que l'on peut inclure dans des pages Web, applications graphiques qui nécessitent pour être visionnées convenablement la puissance de traitement d'un Pentium II, sans parler d'une bande passante costaude.

Et Intel va plus loin.  Depuis quatre mois, le fabricant de microprocesseurs offre de généreuses subventions aux éditeurs de contenus Web qui conçoivent des sections de leurs sites soi-disant optimisées pour être visionnées avec des systèmes munis de processeurs Pentium, comme le rapportait le service C|Net

Intel rembourse déjà 50 % des coûts publicitaires de fabricants qui annoncent sur le Web, à condition d'y voir affiché son logo.  Il vient de faire monter ce pourcentage d'un autre 25 % si ces publicités sont placées sur des pages Web optimisées pour Pentium (graphiques, animations, et autres dispositifs nécessitant une capacité de traitement supérieure), si ces pages font partie de la liste de sites «endossés» par Intel, et s'il est clairement indiqué sur la page que l'utilisateur obtiendra un meilleur rendement avec un système Pentium.

Jusqu'à présent, CNN, Ziff Davis et IDG ont mis en ligne de telles pages, et CBS Sportline a même émis un communiqué pour souligner l'événement.  C|Net (propriété de Intel) se prépare à le faire.  Ce qui dérange certains critiques, c'est que ces pages constituent en fait de la publicité sous le couvert d'une présentation d'information journalistique, sans parler de l'imposition sans cesse croissante d'exigences techniques poussées qui n'ont pour effet, finalement, que de fractionner les auditoires potentiels.

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 Personnellement vôtre?
Difficile de se promener sur le Web ces jours-ci sans se faire offrir un service de personnalisation quelconque, surtout sur ces sites qui poussent et se reproduisent à la vitesse des champignons, les portails.  Que ce soit Yahoo!, Netcenter de Netscape, Lycos ou bien d'autres, partout on vous invite à personnaliser selon vos goûts, vos intérêts, vos humeurs l'expérience des fonctionnalités et des contenus proposés.

Le modèle, bien que récent, est déjà remis en question par certains observateurs.  Pour Peter Merholz, tout est dans la formulation.  Yahoo! comme bien d'autres utilise l'adjectif possessif «mon» (mon Yahoo!, mon Netcenter, mon Excite) alors qu'il faudrait en toute bonne foi que ces sites utilisent l'adjectif possessif «votre». 

On coupe les cheveux en quatre? On tombe dans la dérive sémantique? Pas du tout selon Merholz pour qui la distinction se situe au coeur même de notre rapport avec la technologie.  Puisque l'utilisateur n'est pas propriétaire de cette partie du service qu'il appelle «Mon Yahoo!», pas plus que de l'information qui s'y trouve, tout ce qu'il a fait en personnalisant le service équivaut à modifier les réglages de sa chaîne stéréophonique.  Rien de plus.

Merholz associe ce «mon» à une infantilisation de la clientèle, tout comme Ellen Ullman trouvait puéril, voire presque insultant, l'icone «Mon ordinateur» des systèmes Windows.  Les seuls produits à utiliser l'adjectif possessif «mon» sont destinés aux enfants (par exemple, «Mon premier Sony»).  Achèteriez-vous un produit appelé «Mon appareil téléphonique», «Mon lecteur de vidéocassette»?

Il en conclut que «cette condescendance est somme toute une tentative de rassurer les gens face à une technologie potentiellement dominante.  Toutefois, en traitant les gens comme des enfants, sans les éduquer sur le fonctionnement de nos systèmes, nous ne ferons que perpétuer ce manque de compréhension.  Utilisez "votre" lorsque vous parlez de l'espace personnalisé d'un site.  Laissez le "mon" aux dialogues intérieurs torturés des narratifs à la première personne des écoliers.»

Autre falsetto dans la mélodie des sirènes de la personnalisation, cette fois de Robert Seidman dans son bulletin Seidman's Online Insider (numéro du 23 août).  Seidman estime que la personnalisation, parce que son processus est trop compliqué en fonction des avantages réels qu'elle procure, sera longue à s'implanter dans les moeurs des utilisateurs.  Il estime que les méthodes actuelles ne sauront attirer tout au plus que 10 % de la clientèle des réseaux, à moins que les concepteurs ne consacrent beaucoup plus d'efforts à des interfaces vraiment utiles.  C'est une chose de concevoir un questionnaire destiné à établir un profil; c'est une autre chose de le faire correspondre à une sélection judicieuse de contenus et fonctionnalités.

Seidman a tenté d'obtenir auprès de Yahoo!, Excite et America Online des données sur le nombre d'utilisateurs qui personnalisent les services.  Aucune des trois entreprises n'a voulu fournir de chiffres, ce qui fait croire à Seidman que la mode de la «personnalisation» aura une demie vie très courte.

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 Rentrée médias
C'est le temps de l'année où il est bon de signaler les activités de rentrée de quelques médias qui traitent d'Internet et des nouvelles technologies, et qui ont tous leurs pendants sur le Web.

Commençons ce bref tour d'horizon par l'émission Branché diffusée à la télévision de Radio-Canada, mais qui est aussi regardée dans toute la Francophonie sur la chaîne en câblodistribution TV5.  Un départ regretté, celui de l'animatrice Sophie Lambert qui retourne à la réalisation et qui sera remplacée à l'animation par Jean-Hugues Roy.  Une arrivée, celle de la journaliste Martine Pagé qui signait la saison dernière, depuis la Silicon Valley, une chronique hebdomadaire dans le quotidien montréalais La Presse.  Rien n'est arrêté quant au site Web sur le plan du contenu bien qu'on entende en changer la facture de présentation.  À noter : l'émission sera désormais diffusée le dimanche (et non plus les samedis) à 16 h 30.  On pourra au moment propice vérifier les jours et heures de rediffusion dans la Francophonie sur le site de TV5 et sur celui du Réseau de l'information (RDI).  À compter du 6 septembre sur un écran près de vous.

Toujours à Radio-Canada, mais sur la première chaîne radio cette fois, l'émission Cl@ir et Net animée et réalisée par Stéphane Garneau reprend l'antenne à compter, elle aussi, du dimanche 6 septembre dans le créneau de 14 à 15 heures (et non plus de 17 à 18 h).  Le site Web continuera, selon le responsable de l'émission, à être un fidèle reflet de l'émission (archives textes et fichiers RealAudio), sans préciser toutefois la nature de certains ajouts qui pourraient s'y greffer.  On a prévu cette saison une chronique sur les jeux et davantage de tables rondes, dont une revue mensuelle de l'actualité de la culture numérique avec la participation de journalistes invités.  Les «éditorialistes» Martine Gingras, Pierre-Léonard Harvey et Michel St-Germain (auquel se joindra un quatrième nom bientôt) reviendront, mais dans une formule à mi-chemin entre la chronique et le commentaire.  Et pour une troisième saison consécutive, Michel Coulombe, que certains mauvais esprits verraient plutôt s'inscrire dans le créneau des «midi à quatorze heures», sévira en vous racontant tout ce qui n'est pas vraiment utile de savoir sur le Web, mais qui pour des raisons occultes attire son attention.

Si le Cahier Multimédia de Libération a fait relâche cet été, ce n'est que pour mieux revenir en force à la rentrée avec une formule enrichie.  La Cahier sera appuyé par une heureuse initiative de la rédaction de Libération, soit un traitement quotidien renforcé avec le lancement d'une rubrique de trois pages médias-multimédia chaque jour dans le journal.  Ce contenu, en tout ou en partie, sera reproduit sur le site Web du Cahier.  Libé lancera aussi un courrier des lecteurs auquel on entend greffer une liste de diffusion.  Selon Laurent Mauriac de Libération, «Il me semble en effet que c'est un outil sous-utilisé par la presse et qui vaut le coup d'être expérimenté.  Une sélection des échanges serait reprise chaque semaine dans le cahier»

À la Radio-Suisse Romande, l'émission Village Global (en vacances jusqu'au 29 août) se poursuit, du moins jusqu'en janvier, avec Pierre Philippe Cadert et Noël Tortajada, mais sans Jean-Marc Sandoz.  Ce dernier rejoint les rangs du groupe Ringier et sera désormais responsable du Webdo.  Il remplacera à ce poste José Rossi qui devient chef de projet chez Artemedia.  Village Global est diffusé chaque samedi, de 15 à 16 heures, heure de Suisse, et est disponible depuis le site de la RSR en RealAudio.

Pas de nouvelles du quotidien parisien Le Monde qui maintiendra, on le souhaite, son excellent Cahier Multimédia

Montréal, parent pauvre? Le Devoir devrait lui aussi poursuivre sa couverture hebdomadaire en trois tiers : un article informatique, un article Internet, un article cédérom.  Nous disons «devrait» car nous n'avons pas réussi à recevoir les informations de la part des responsables.  Même chose du côté de La Presse, et de sa Cyberpresse dont le contenu est repris, avec au moins une semaine de retard, sur le site de l'émission Cl@ir et Net.  Puis, au Journal de Montréal, on attend toujours l'arrivée d'une formule de vrai média en ligne.  Pauvre reflet médiatique d'une ville qui se dit une technopole.

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 Beau détour
En fait, un beau retour chez Jacques Vapillon, photographe de mer, et sa galerie virtuelle.

Sur ce, bonne semaine à tous et à toutes.

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Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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