RechercheAbonnementArchivesCourrier

Page d'accueil

Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 2 juin 1998

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 2 juin 1998.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Mario Pelletier quitte Imaginor
Couac couac fit le canard
Un vieux dossier
Compuserve néanmoins condamnée
Courrier rebut : Certains voient rose
Pas de répit dans la guerre des fureteurs
Lectures rapides
Ils sont fous ces Montréalais
Beau détour

 Mario Pelletier quitte Imaginor
Mario Pelletier, président et fondateur de la maison d'édition Imaginor responsable des sites Web Multimédium et ÉconoMédia annonçait hier en fin de journée par voie de communiqué qu'il quittait son poste et cédait ses actions dans l'entreprise à ses associés de Pluricom Internet, Marc Copti et Normand Drolet. Selon le communiqué «En décembre 1997, Imaginor avait recouru à des investisseurs par suite d'une situation financière difficile. C'est ainsi que Pluricom avait acquis une majorité des actions de l'entreprise au début de 1998».

Christian Aubry, rédacteur en chef de Multimédium, et Renato Cudicio son homologue à ÉconoMédia, continuent pour l'instant d'assumer leurs fonctions respectives à ces sites Web qui, toutefois, passent sous la direction de Netgraphe dans laquelle Pluricom Internet est également actionnaire majoritaire.

Yves Williams, président de Netgraphe, parlant des deux sites d'Imaginor nous a déclaré hier en fin de journée vouloir «donner un certain essor dans la continuité de la chose [...] ce sont deux produits qui ont leur identité, il reste à les approfondir».

Pour sa part, Mario Pelletier, lui aussi rejoint en fin de journée hier, nous a dit se sentir «soulagé», laissant entendre que l'expérience de tenir à bout de bras ses deux sites Web dans la situation d'effritement sous couvert de «regroupement stratégique» que traverse le milieu de la production de contenus sur Internet au Québec n'avait pas été de tout repos.

Selon lui, le Québec est en voie de perdre l'avance qu'il détenait en matière de contenus de qualité sur Internet, situation qui n'est pas près de s'améliorer avec le dynamisme qu'on retrouve ailleurs dans la Francophonie.

Mario Pelletier entend se consacrer à d'autres projets, misant sur l'expérience et la compétence acquises dans la conception, la production et l'édition de contenus sur Internet. Cependant, la vente de ses actions est assortie d'une clause de non concurrence d'une durée d'un an, ce qui le tiendra pour cette période à l'écart de produits Web pouvant s'apparenter à Multimédium ou ÉconoMédia.

Rappelons que les nouveaux propriétaires d'Imaginor (Pluricom Internet, Marc Copti et Normand Drolet) s'étaient retrouvés il y a quelques semaines impliqués dans un différend les opposant au président fondateur de la régie publicitaire Web Soussy.Com, Olivier Soussy, dont nous avons fait état dans nos chroniques précédentes et qui s'est soldé par le retrait de M. Soussy de l'entreprise. Haut de la page


 Couac couac fit le canard
On aimait bien le ton mordant et satirique du journal «Le Couac», mensuel en six pages grand format distribué en kiosque dans la région montréalaise. Mais la rédaction aurait du éviter de s'engager sur la pente glissante du dossier pédophilie et Internet car la question a été vidée depuis longtemps.

Dans son numéro de juin, le journal titre en première page «Vidéotron et la pédophilie», une charge à fond de train contre le fournisseur d'accès Vidéotron, son p.d.g. et un important actionnaire soit la Caisse de dépôt et de placement du Québec. L'article dénonce aussi l'inaction des forces policières car, selon l'auteur anonyme, «Vidéotron détient en toute impunité du matériel pédophilique dans ses ordinateurs et le distribue à ses clients (le leur vend, en réalité) sans qu'un seul flic ait eu vent de l'affaire». Haut de la page


 Un vieux dossier
C'est un très vieux dossier. Ce que «Le Couac» croit avoir fait comme trouvaille, c'est que certains des forums d'échange (newsgroups) contenaient du matériel de pornographie juvénile. L'enquête journalistique, s'il y a eu enquête, aurait du s'étendre à l'ensemble des fournisseurs d'accès car ils sont nombreux à relayer en vrac le contenu des forums d'échange et tout ce qui vient avec.

Vieux dossier, sur lequel l'Association des utilisateurs d'Internet (AUI) de France prenait position en 1996, lors de l'interpellation de deux fournisseurs d'accès français accusés d'avoir diffusé et transmis des images à caractère pédophile. L'AUI rappelait que «la réception, le stockage, et la distribution des groupes de nouvelles constituent les trois activités nécessaires à la fourniture d'accès à Usenet, l'un des services d'Internet. Fournir cet accès à leurs clients est partie intégrante de l'activité commerciale de tous les fournisseurs d'accès à Internet».

L'AUI soulignait aussi «la quasi-impossibilité humaine, technique, et économique, de surveiller et filtrer le contenu des quelques centaines de milliers d'articles transitant quotidiennement par les serveurs de groupes de nouvelles des fournisseurs d'accès à Internet, des universités et des organismes privés ou publics. Si le filtrage par mots-clé sur le nom d'un groupe est possible, il est souvent rendu arbitraire et inefficace par une inadéquation entre ce nom de groupe et le contenu des articles véhiculés à l'intérieur de ce groupe».

Il y a eu peu de cas à franchir l'étape de l'accusation de fournisseurs d'accès (voir plus bas) mais un consensus semble établi: les fournisseurs d'accès et services Internet ne peuvent être tenus responsables des contenus qui circulent sur le réseau. Les codes de conduite des fournisseurs, tenant compte de cette réalité, abondent dans le sens d'une surveillance volontaire.

Par exemple, l'Association canadienne des fournisseurs Internet (ACFI) stipule dans son code de conduite que «Bien que les fournisseurs Internet ne soient pas en mesure de surveiller tous les contenus, les membres de l'ACFI feront un effort raisonnable pour étudier les plaintes légitimes visant les contenus présumés illégaux ou l'usage abusif du réseau, et prendront des mesures appropriées».

Les propositions de l'Association française de prestataires Internet (AFPI) vont dans le même sens pour les hébergeurs de services Internet, proposant l'obligation d'«assurer une diligence minimale a posteriori sur tous les services hébergés et notamment les titres des forums publics, dans le cadre d'une obligation de moyens. Un PSI, sous réserve du respect des règles ci-dessus, ne saurait être tenu pour responsable d'actes illégaux dont il ne serait pas directement et intentionnellement responsable. Ainsi, tout producteur ou auteur qui fournit de l'information en demeure responsable, à l'exclusion du PSI».

Comprenons-nous bien. Il ne s'agit nullement, et il n'a jamais été question, d'avaliser la pédophilie, la pornographie juvénile ou l'exploitation sexuelle des enfants. Il ne faudrait cependant pas tomber à bras raccourcis sur un prestataire de services techniques isolé, comme le fait «Le Couac», alors que le vrai problème se situe du côté des producteurs, diffuseurs et... consommateurs. Vidéotron a depuis la publication de l'article bloqué l'accès aux forums d'échange jugés offensants. Haut de la page


 Compuserve néanmoins condamnée
Ailleurs, un citoyen suisse et ancien dirigeant de la filiale allemande de CompuServe, Felix Somm, vient d'être condamné par un tribunal bavarois de première instance à une peine de deux ans d'emprisonnement avec sursis et à une amende de 100 000 marks (56 000 $ US) parce que du matériel de pornographie juvénile avait été hébergé sur les systèmes de CompuServe en 1995. À l'époque, avertie de cet état de fait, CompuServe avait immédiatement bloqué l'accès à 200 sites Web diffusant du matériel offensant et offert des logiciels de filtrage de contenu à ses abonnés. Malgré les demandes d'acquittement venant même des procureurs chargés de poursuivre l'intimée, et une loi allemande adoptée l'an dernier déchargeant les fournisseurs d'accès et d'hébergement de la responsabilité des contenus, le tribunal a tenu à prononcer un verdict de culpabilité. La cause sera portée en appel. Haut de la page


 Courrier rebut : Certains voient rose
Un projet de loi adopté par le Sénat américain et devant faire l'objet d'une étude devant le Congrès tendrait à faciliter la vie des entreprises qui inondent nos boîtes aux lettres électroniques de courrier rebut, le spam. Bien qu'un amendement proposé par le sénateur républicain d'Alaska Frank Murkowski obligerait tout expéditeur à s'identifier et à inclure son adresse de retour de manière à permettre aux récipiendaires de demander, s'il le souhaite, d'être retiré d'une liste d'envoi, ces derniers devraient néanmoins agir ainsi avec chacune des sources individuelles de courrier rebut. Vaste programme par les temps qui courent.

Selon l'organisme Forum for Responsible and Ethical Email (FREE), si le projet devait avoir force de loi, il légitimerait l'envoi de courrier rebut et interdirait aux fournisseurs de services Internet de filtrer ces messages à l'envoi. D'où la campagne de sensibilisation qui invite les webmestres à protester et à afficher un fond rose sur leurs pages. Notons que ceux et celles qui sont allergiques à cette couleur peuvent afficher un bandeau. Selon FREE, près de 10% du prix versé à un fournisseur de connexion Internet est absorbé par les coûts d'infrastructure et de bande passante que nécessitent l'envoi de messages non sollicités de toutes sortes.

Un autre organisme, la Coalition Against Unsolicited Commercial Email (CAUCE) n'endosse pas la campagne «tout rose» du FREE, mais invite à écrire à ses représentants élus pour leur souligner leur désaccord avec ce projet de loi. Pour résumer l'ampleur du problème, CAUCE utilise (avec permission) une citation du «père» de l'Internet, Vint Cerf: «L'envoi de courrier non sollicité est une plaie pour le courrier électronique et les forums d'échange sur Internet. Cette pratique peut sérieusement porter atteinte au fonctionnement de services publics, sans parler des inconvénients causés aux systèmes de courrier des particuliers. En fait, les expéditeurs de courrier électronique non sollicité s'approprient sans vergogne les ressources des fournisseurs et de leurs clients, sans autorisation ni rétribution».

Cette nouvelle campagne anti-spam n'a toutefois pas empêché une candidate californienne au poste de juge d'une cour municipale de faire parvenir pas moins de 68'000 messages non sollicités pour mousser sa campagne électorale lisait-on dans le Orange County Register. Invoquant des raisons d'économie, un de ses organisateurs a déclaré que l'achat de la liste de 68'000 adresses de courrier électronique ciblées dans cette circonscription n'avait coûté que 300 $, alors qu'une liste comparable d'adresses de courrier traditionnel serait allé chercher dans les 28 500 $. Haut de la page


 Pas de répit dans la guerre des fureteurs
En janvier 1997 selon ZD Market Intelligence, 21 % de la consultation du Web se faisait à l'aide du MS Explorer. Ce pourcentage a grimpé à 39 % en un an (17,3 millions d'ordinateurs). Au cours de la même période, la part de marché de Netscape passait de 63 % à 54 % (24,2 millions d'ordinateurs).

Avant que toute mesure (si mesure il y a) ne soit prise par le ministère américain de la Justice contre la société Microsoft pour la forcer à dissocier son système d'exploitation Windows 98 et son fureteur MS Explorer, des dizaines de millions de copies de ces logiciels siamois seront déjà installés dans des ordinateurs de par le monde. Cette poussée d'utilisateurs potentiels de l'Explorer viendra à coup sûr rétrécir l'écart qui sépare Microsoft et Netscape.

Netscape ne jette pas la serviette pour autant et mise sur Netcenter, sa porte d'entrée sur le réseau qui s'enrichira un peu plus tard ce mois-ci de contenus d'actualités et de nouvelles dans sa version 2.0, en plus d'offrir une option de «personnalisation» semblable à celle de Yahoo! et Excite.

Pour profiter pleinement de ces nouvelles fonctions, il faudra cependant disposer de la version 4.6 de Netscape dont la sortie devrait coïncider avec la mise en service de Netcenter 2.0. Le public suivra-t-il avec cette plus récente mise à jour? Bien que Netscape se dise confiant, Robert Seidman dans Online Insider rapportait des chiffres, dévoilés par Netscape, qui portent à réfléchir sur la rapidité d'adoption des nouvelles versions. La version 4.X du fureteur représenterait 35 % des utilisateurs, la version 3.X aussi 35 %. Ce qui surprend, c'est que 20 % des utilisateurs naviguent toujours avec une version 2.X et 10 % avec une version 1.X. On se demande alors où est la logique des sites soi-disant «optimisés» pour la version 4.X de Netscape.

Autre nouvelle du front des fureteurs, la personnalisation de la page affichée lors du démarrage du logiciel. Bien qu'implicitement Microsoft et Netscape règlent leurs fureteurs pour aboutir sur leurs sites Web respectifs, ces fureteurs offrent tous deux l'option de modifier la page affichée lors du démarrage. Des sites comme Yahoo!, Excite, Lycos et autres portiques d'entrée invitent aussi les utilisateurs à changer cette page, s'assurant ainsi un plus grand nombre d'accès sur leurs sites, et donc des recettes publicitaires plus importantes.

Mais l'analyste Peter Krasilovsky dans un article récent affirmait que 65 % des utilisateurs ne modifient pas l'option de la page de départ et se retrouvent sur les sites de Microsoft ou Netscape à chaque fois qu'ils démarrent leur logiciel, même si peu d'entre eux tiennent à atteindre cette destination. Pour ma part, ma page départ est ma liste de signets. Mais tentez l'expérience et personnalisez la vôtre, si ce n'est déjà fait, en fonction de vos intérêts et non de ceux de Netscape ou Microsoft. Ce n'est pas le choix de ressources spécialisées qui manque. Haut de la page


 Lectures rapides
«L'Indonésie, atout maître du jeu américain», analyse de Noam Chomsky dans Le Monde diplomatique sur les récents événements ayant amené le transfert du pouvoir du président Suharto à un de ses proches. «Homme du sérail, son successeur, M. Bacharuddin Jusuf Habibie, a donné des signes d'ouverture: annonce d'élections, libération de prisonniers politiques, mutations à la tête de l'armée. Toutefois, c'est un profond changement que réclame l'Indonésie, ramenée en quelques mois au statut de pays pauvre. Un bilan peu glorieux pour un régime qui s'est installé au pouvoir après un terrible bain de sang cautionné par les États-Unis.» Aussi, chronologie des événements ayant marqué la vie politique de l'archipel depuis 1942.

«Ruettgers, l'américain qui stocke la planète» dans Libération, entretien avec le président de la société EMC qui se spécialise dans les systèmes de stockage de l'information. Explosion de l'information, dites-vous? «Au début des années 60, l'ensemble de l'information numérique pouvait représenter deux gigaoctets. Et, dix ans plus tôt, moins d'un mégaoctet. Aujourd'hui, l'estimation est impossible à faire. L'évolution des prix est beaucoup plus parlante. Le coût du stockage devient chaque année moins cher. Il y a vingt ans, stocker un mégaoctet coûtait 250 000 dollars. Il y a cinq ans, cela n'en coûtait que 15. Aujourd'hui, c'est un dollar. Et, dans dix ans, peut-être que cela ne coûtera que deux cents.»

«Pour ou contre les NTIC à l'école?», c'est la question qu'on pose dans la section «Songé» du périodique Édumédia. «Jusqu'ici, l'énergie a été dépensée à en faire des outils utilisables, ils sont de plus en plus utilisés, mais sont-ils utiles? Y a-t-il des résultats? Voilà la question.»

«Tout commence» selon Marc Couraud, conseiller technique des ministres français de l'Éducation et de l'Enseignement scolaire. «Contrairement à l'informatique, l'enjeu n'est pas ici [avec Internet] affaire de productivité: il s'agit de se demander ce que l'élève peut retirer, au bout du compte, de l'expérience. Or il semble que l'on manque encore d'outils satisfaisants.» Haut de la page


 Ils sont fous ces Montréalais
C'est le jour de l'année où les livreurs de pizza, les établissements de restauration-minute et les vendeurs de bière enregistrent leur plus gros chiffre d'affaires. C'est le jour où les camions de location sont introuvables, sauf à prix d'or. C'est le premier juillet, bien sûr, date à laquelle bon an mal an plus de 100'000 Montréalais et Montréalaises déménagent.

Cette grande migration annuelle des métropolitains a déjà été traitée dans le film «Voisins mur à mur». L'an dernier, une équipe d'une chaîne française de télévision était venue tourner des scènes de cette mouvance urbaine. Cette année, c'est la BBC qui dépêche une équipe de tournage pour produire un documentaire dans le cadre d'une série télévisée sur les «phénomènes inusités» de par le monde. Beau coup de chapeau.

Le service Sympatico propose un site ressource pour les migrants annuels, Démén@gement.Net, où on trouvera même un forum de discussion sur les trucs pour déménager sans trop se fatiguer. Haut de la page


 Beau détour
Cette semaine, si jamais vous avez le goût d'un ailleurs, l'exposition SI/JAMAIS d'Isabelle Hayeur, une collection d'oeuvres électroniques qui exploite bien la technique réactive au curseur (mouse over).

Et sur ce, nous vous souhaitons une bonne semaine à tous et à toutes,

Écrire à Jean-Pierre Cloutier

Haut de la page


Page d'accueilRechercheAbonnementArchivesCourrier
© Les Éditions Cybérie inc. | Revue de presse | Publicité

URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/980602.html