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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 12 mai 1998

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 12 mai 1998.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Apple surprend et bat des records
Wired : Vente et restructuration
Retour de deux sites à contenu, positionnement majeur pour Zap
Quand la marine devient pirate
Dossier pub : Faiblesse de la représentation
Accès universel
Mai 1968
Foglia déménage
TVA version 1, Radio-Canada version 3
Beau détour

 Apple surprend et bat des records
Branle-bas chez Apple alors que la société dévoilait la semaine dernière sa nouvelle ligne de portables PowerBook G3, mais, surtout, un tout nouveau concept d'ordinateur de table/bureau, le iMac doté d'un processeur PowerBook G3 oscillant à 233 MHz. La coquille translucide intègre tout sauf le clavier et la souris, soit l'écran, la carte-mère, 32 Mo de mémoire vive, un disque dur de 4 Go, un lecteur cédérom 24x, un soutien Ethernet BASE-T, un modem 33Kbps, et deux enceintes acoustiques. La bonne nouvelle: un prix au détail suggéré de seulement 1 300 $ US. La mauvaise nouvelle: les premiers iMac ne seront disponibles qu'en août, et en stocks appréciables en décembre.

Clairement, le iMac et son concept «prêt pour Internet» risque de faire fureur tant dans les entreprises que les établissements d'enseignement en raison de son prix plus qu'abordable, ainsi qu'auprès des particuliers souhaitant un système intégré.

À la suite de l'annonce des nouveaux produits, le site transactionnel de Apple a établi un nouveau record acceptant en une seule période de 24 heures une valeur de 1,9 millions de dollars en commandes. Autre nouveauté chez Apple, un site transactionnel destiné au secteur de l'éducation qui lui-même, en 24 heures, a traité pour plus d'un million de dollars en commandes.

Wall Street n'a pas tardé à réagir à ces annonces, la cote de Apple a franchi le cap des 30 $, sa meilleure performance depuis 1996 Haut de la page


 Wired : Vente et restructuration
Nous vous parlions la semaine dernière de rumeurs persistantes concernant la vente du mensuel phare de la cyberculture Wired. La nouvelle a été confirmée vendredi matin par voie de communiqué émis par la société Wired Ventures propriétaire du magazine. L'acquéreur est Advance Magazine Publishers Inc., propriétaire Condé Nast, éditeur de quelques-uns des plus prestigieux titres américains tels Vogue, GQ et Vanity Fair.

Wired Ventures ne se départit que de son magazine et conserve ses produits en ligne, soit HotWired, le service Wired News et le moteur de recherche HotBot qui accueillent huit millions de visiteurs par mois. La filiale de Wired Ventures, Wired Digital, qui exploite ces trois sites conserve aussi à perpétuité l'exclusivité pour l'utilisation en ligne de la marque «Wired». Le montant de la transaction n'a pas été dévoilé, mais serait de l'ordre de 75 millions de dollars. Advance Magazine Publishers était actionnaire de Wired Ventures depuis janvier 1994.

Rappelons que le magazine Wired a été créé en 1993 par Louis Rossetto et Jane Metcalfe (auquel s'est joint plus tard Nicholas Negroponte) en se donnant comme mandat de couvrir tous les aspects de la «révolution numérique», expression qu'il fut le premier à lancer. En cinq ans, il s'est mérité à deux reprises le prix d'excellence, National Magazine Award, et une fois le prix du meilleur design.

Bien que le magazine ait été rentable avec un tirage de 400 000 copies, certaines expériences de Wired Ventures en télévision et en édition le furent moins. Les sites Web, pour leur part, devraient atteindre le seuil de rentabilité au quatrième trimestre de cette année. Le fruit de la transaction servira donc à éponger les dettes à court terme des produits en ligne et à en assurer le fonctionnement d'ici l'atteinte de l'équilibre financier.

En 1996, Wired Ventures ratait son entrée en bourse car l'estimation que faisait Rossetto de sa valeur, 400 millions de dollars, ne correspondait pas à la réalité selon les banquiers de Wall Street. Quelques mois plus tard, seconde tentative à hauteur de 272 millions de dollars. Même réticence des banquiers qui cette fois accusaient Rossetto de surévaluer illégalement les actions. En début d'année, la firme de conseillers en investissement Lazard Frères cherchait un acheteur disposé à payer 150 millions de dollars, mais ne trouvait pas preneur. Haut de la page


 Retour de deux sites à contenu, positionnement majeur pour Zap
En mars dernier, deux sites américains à contenu se voyaient contraints de cesser leurs activités. Charged et Word n'auront cependant pas été inactifs très longtemps, un investisseur s'étant présenté pour les rescaper de leurs difficultés financières.

Dans le plus récent numéro d'un autre NetMag, @newyork, l'éditrice de Word Marisa Bowe signe un billet sur l'avenir du contenu en ligne, les modèles économiques, les coûts de production relativement faibles, la patience que devraient avoir les investisseurs. Elle conclut en disant espérer que l'achat de Word et Charged démontrera la viabilité du contenu en ligne dans des conditions financières propices.

Autre son de cloche sur Word et Charged, celui de l'éditeur de Tabloid Ken Layne dans les pages du Online Journalism Review. Layne fustige les anciens propriétaires de ces deux NetMags et leur reproche d'avoir à l'occasion censuré certains contenus jugés trop osés.

Si Word et Charged ont pu reprendre leurs activités, donc, c'est après avoir été achetés par la société américaine Zap Corp. dont l'histoire n'est pas sans intérêt. Ci-devant connue sous le nom de Zapata Corporation, l'entreprise d'exploitation pétrolière fut fondée en 1953 par George Bush, avant qu'il ne se départisse de ses actions en 1963 pour entrer en politique, devenir ambassadeur américain aux Nations Unies de 1971 à 1973 et directeur de la CIA en 1976, accéder à la vice-présidence des États-Unis en 1981, puis à la présidence en 1989. Le choix du nom? Aucun lien avec le Chiapas ou le Mexique, si ce n'est que Bush s'inspira spontanément d'une affiche annonce du film «Viva Zapata» mettant en vedette Marlon Brando.

Zap Corp. est en profonde mutation et offre un des premiers exemples d'envergure de passage de l'économie traditionnelle à la «nouvelle économie.» La société se départit de ses intérêts dans l'exploitation pétrolière et l'industrie agro-alimentaire pour changer radicalement de cap et monter un réseau mondial de sites Web. Cité dans un communiqué de Zap, le premier dirigeant Avie Glazer affirme que la démarche de positionnement consiste à faire «agressivement et rapidement» l'acquisition du plus grand nombre possible de sites Web à contenu et axés sur le commerce électronique. Zap Corp. a les moyens de ses ambitions: aucun passif, et des liquidités et actifs de 425 millions de dollars. Un nouveau joueur, donc, et de taille dans l'industrie des cybermédias. Le nouveau nom et la nouvelle orientation de la société devraient sans problème être entérinés en juin à l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires. Haut de la page


 Quand la marine devient pirate
Le 28 avril dernier, la Whale and Dolphin Conservation Society (OSBL britannique pour la protection des dauphins et des baleines) enregistrait trois tentatives infructueuses d'accès à des documents confidentiels sur son site Web. De courte durée, l'attaque n'a duré que 45 secondes. La piste de vérification suivie par le fournisseur d'accès/hébergement de la WDCS pour tenter d'identifier l'intrus a mené directement à l'adresse d'utilisateur donhqnsl.hq.navy.mil liée au nom de domaine www.hq.navy.mil, rien de moins que le département de la Marine des forces armées américaines.

La WDCS annonçait par voie de communiqué avoir signalé l'incident à l'ambassade américaine à Londres ainsi qu'aux autorités britanniques compétentes. Selon la BBC, le gouvernement américain admet qu'une demande d'accès a été effectuée à partir d'un des ordinateurs du Pentagone, mais n'a pu en identifier l'auteur ni en déterminer les motifs.

Il semble que la Navy américaine s'intéresse à un rapport de recherche menée par la WDCS selon lequel des dauphins entraînés à des fins militaires par les soviétiques auraient été revendus, depuis l'éclatement de l'URSS, à des pays tiers car les coûts d'entretien s'avéraient trop élevés.

En raison de leur intelligence et de leurs capacités sensorielles exceptionnelles, les dauphins se prêtent fort bien à des «missions» intrusives de minage et de surveillance. D'ailleurs, les américains conduisent eux-mêmes des expériences avec des dauphins, mais il semble que les méthodes d'entraînement des russes aient été plus efficaces.

Le rapport de la WDCS sera rendu public sous peu. Selon le directeur de la WDCS, les Américains ont demandé à deux reprises, par les voies officielles, à en avoir copie, mais ils devront attendre comme tout le monde la diffusion publique. Haut de la page


 Dossier pub : Faiblesse de la représentation
Une enquête menée par la firme The Laredo Group auprès de représentants publicitaires de médias interactifs dépeint un portrait inquiétant de ceux et celles qui sont chargés de commercialiser les espaces publicitaires Web. Publiés dans un NetMag spécialisé, les résultats préliminaires révèlent que malgré des rémunérations alléchantes (41 % des répondants ont touché plus de 75 000 $ en 1997), 49 % des cadres d'agence et vendeurs de publicité en ligne ne croient pas dans le médium, 29 % se disent neutres et seulement 22 % estiment que l'industrie offre des perspectives de croissance. Le médium étant nouveau, on comprend pourquoi 67 % des répondants ont moins de deux ans d'expérience avec Internet. Plus troublant, c'est que 22 % des répondants ont moins de deux ans d'expérience en vente (quel que soit le domaine), et 29 % moins d'un an en vente de publicité sur le réseau.

On pourra donc allègrement taxer les éditeurs de cybermédias et producteurs de contenus en ligne de naïveté dans leurs attentes de rentabilisation à l'aide de la publicité et d'amateurisme sur le plan commercial. Mais les responsables de l'enquête, Leslie Laredo et Jeff Leibowitz, affirment que les agences de représentation devront faire beaucoup plus pour mieux faire comprendre l'industrie, le médium et ses produits aux représentants. Haut de la page


 Accès universel
Une des mesures annoncées récemment dans la politique cadre du gouvernement québécois en matière d'inforoute vise à doter ceux et celles qui le souhaitent d'une adresse de courrier électronique personnelle même lorsqu'ils ne sont pas abonnés à un service d'accès Internet. Jumelée à l'accroissement des possibilités d'accès dans les lieux publics (écoles, bibliothèques, etc.), cette mesure sera mise à l'essai sous peu dans une ou plusieurs régions désignées.

Notre collègue Francis Pisani signale dans Le Devoir le travail dans le dossier de l'accès universel au courrier électronique effectué par la Fondation Markle qui, à partir d'une étude publiée en 1995 par la Rand Corporation, estime que «les forces du marché ne sont pas suffisantes pour favoriser une interconnectivité totale, et les prix empêchent un usage généralisé. La Rand estime que sans intervention du gouvernement et des secteurs sociaux les plus importants, l'abîme qui sépare ceux qui ont accès à l'information et les autres ne cesse de s'approfondir et de s'élargir.»

Depuis le 4 mai et jusqu'au 15 de ce mois, l'organisme américain E-mail For All (EMFA) tient, avec la collaboration de la fondation Markle, un grand débat en ligne sur quatre thèmes, l'accès universel au courrier électronique, l'accès universel à Internet, le maillage des collectivités grâce au réseau, et les rôles respectifs des secteur privé et public à l'égard de ces questions.

D'un intérêt particulier pour ceux et celles qui suivent de près ce dossier de l'accès universel, les sections du site du EMFA portant sur chacun de ces thèmes proposent une liste impressionnante de documents de référence, études, analyses et articles (surtout en anglais) sur ces questions.

Précisons que le Québec n'est pas seul à songer à des mécanismes d'accès universel, cette notion est aussi présente dans la stratégie Suisse pour une société de l'information, et que le concept des Plates-formes Locales díAccès, díÉchanges et de Services (PLACES) figure dans la liste des priorités de démocratisation du réseau de l'Initiative française de l'Internet (IFI). Haut de la page


 Mai 1968
Une année de bien des choses, 1968. Ce fut l'année où les jupes et robes midi échouèrent à remplacer les mini, où les américains ont testé la première bombe à hydrogène à 100 km de Las Vegas alors que les Beatles chantaient «Hey Jude» et concurrençaient Aretha Franklin et Jimi Hendix au palmarès. En France, Jacques Dutronc disait qu'à cinq heures, Paris s'éveillait, à peu près l'heure où votre chroniqueur rangeait sa surcylindrée Triumph pour aller dormir.

Le Goncourt allait à Bernard Clavel pour «Les fruits de l'hiver», trente ans plus tard il refuserait la Légion d'honneur. Le Nobel de littérature était accordé au Japonais Yasunari Kawabata pour sa maîtrise du style narratif, Roger Peyrefitte publiait «Les Américains» et Simone de Beauvoir «La femme rompue». Au grand écran on voyait «2001 : Odyssée de l'espace» et «Je t'aime, je t'aime» d'Alain Resnais.

Au Canada, Pierre Trudeau devenait premier ministre et parlait de «société juste» (juste comme ça). Aux États-Unis, Nixon accédait à la présidence et promettait la fin de la guerre au Vietnam. Robert Kennedy et Martin Luther King tombaient sous les balles assassines. La gauche américaine était mise à mal par les policiers à Chicago, «Le monde entier vous regarde!» répliquaient les manifestants.

C'était l'année du «printemps de Prague» violemment réprimé par les autorités de Moscou, puis de Paris partait le mouvement de Mai 68 qui allait avoir des répercussions à l'échelle du globe.

De nombreux dossiers et publications soulignent le trentième anniversaire de mai 68. Commençons par l'AFP qui nous propose un dossier d'actualités où retentissent encore les échos de la mouvance de mai 68.

Excellent dossier aussi chez Libération qui reprend la série d'articles-témoignages «Contes, légendes et réalités de mai 68» de Serge July. À lire aussi, le texte de Jean-Baptiste Marongiu sur le livre d'Isabelle Sommier, «La Violence politique et son deuil. L'après-68 en France et en Italie».

C'est sous le titre «Mai 68 : La grande fresque» que Paris Match présente son dossier en trois sections: les intervenants, les dates, l'analyse.

Dans Le Monde, «Mai 68, la lutte continue» en profite pour vendre le cédérom «68 une révolution mondiale».

«Que retenir des slogans de Mai 68?» demande l'Express, question à laquelle répondent quatorze intellectuels. Perception originale des auteurs du dossier, «les intellectuels ont de la tendresse pour les événements de Mai, mais peu de pitié pour ses idées. Les jeunes n'ont pas de pitié pour la génération de 68, mais de la tendresse pour ses idées.»

Côté des sites personnels, «Les affiches de mai 68» offre une sélection intéressante, reprise avec photos et textes en anglais sur BURN par des étudiants californiens. Puis «Une révolution française», ouvrage pas tout à fait achevé, mais avec un contenu original. Enfin, une relecture critique des événements sur «Un autre mai 68». Haut de la page


 Foglia déménage
Pour ceux et celles d'entre vous abonnés à la version électronique des Chroniques de Cybérie, veuillez noter la nouvelle adresse des articles de Pierre Foglia dont nous vous parlions la semaine dernière. En effet, le fournisseur d'accès qui hébergeait ces pages en a bloqué l'accès en raison du trop fort achalandage sur ce site personnel. Ce n'est pas la première fois que ce fournisseur réagit ainsi à la popularité du site d'un de ses abonnés, rappelons en janvier dernier le cas de Winternet, site référence qui a depuis été pris en charge par Planète Québec. Haut de la page


 TVA version 1, Radio-Canada version 3
Les deux plus importants télédiffuseurs au Québec (selon les données rapportées par le Centre d'étude des médias de l'Université Laval) prennent le Web très au sérieux. Pour TVA (36 % de part du marché télévisuel), premier site Web complet avec sections consacrées à certaines émissions «locomotives» du réseau privé, actualités, sports, et questions/sondages. Pour sa part, Radio-Canada (21 % du marché), change d'adresse et refait la présentation de son site, une troisième version Web pour la société d'État qui sera en ligne ce mercredi. Haut de la page


 Beau détour
Vers Cuba avec le photographe bruxellois, Nicolas Glinoer. Une exposition intitulée «Aquí, nadie se rinde!» (Ici, personne ne baisse les bras). Une exposition virtuelle de seize photographies en noir et blanc réalisées entre 1992 et 1996. Technique Web irréprochable, présentation élégante, une belle sortie.

Sur ce, nous vous souhaitons une bonne semaine à tous et à toutes.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier

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URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/980512.html