Salutations à tous les Cybériens et
Cybériennes!
Cette Chronique n'est optimisée ni pour
Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour
ses lecteurs et lectrices.
Cette semaine...
MacWorld : N'ajustez pas votre appareil
Départs chez Wired
IT Informer cesse d'informer
Sous haute surveillance?
Moteur de recherche : Microsoft y songe
Nouvelles des fureteurs
La Beat Generation n'est plus
Débat sur le rôle de l'État
Inondations en Pologne : Mobilisation
Beau détour
12/18
MacWorld : N'ajustez pas votre appareil
Tout était prêt : café, jus,
petit déjeuner. Après tout, on ne
rate pas l'occasion d'entendre Steve Jobs discourir sur
l'avenir de la société Apple à
l'occasion de l'ouverture de la foire MacWorld qui se tient à
Boston cette semaine. À défaut de
nous y rendre, nous avions réservé une
partie de notre matinée, et prévu
soutenance, pour l'écoute en direct et en
RealAudio de l'allocution de Jobs prévue pour 9 h. Premier hic, le petit prince de Apple
accuse un retard de 30 minutes. Passe toujours,
on ne bouscule pas quelques milliards de dollars comme
ça. Deuxième problème, le
service AudioNet qui devait assurer la retransmission
en RealAudio,
ne suffit plus à la demande une fois l'allocution
entamée, et le flot de transmission
s'avère discontinu au point de rendre
l'écoute impraticable. Soudainement, le
flot se rétablit mais, cette fois, avec une
tonalité à 1 kHz. Puis après
quelques cric-crac, on a droit à une complainte
musicale s'apparentant à de la musique
country. N'ajustez pas votre appareil.
AudioNet a toutefois pu mettre un enregistrement de
l'allocution en ligne plus tard dans la journée,
et on a pu procéder à l'écoute en
différé.
La grande nouvelle que Jobs a livrée, sous
quelques huées de la part de son auditoire, est
évidemment la prise de participation de
Microsoft à hauteur de 150 millions de dollars dans la
société Apple. Cette infusion de
capital s'accompagne d'un train de mesures visant le
rapprochement des deux entreprises :
règlement des litiges relatifs aux brevets,
utilisation du fureteur MS Explorer sur les prochains
Mac, mise au point d'une suite Office 98 pour Mac,
etc. Les actions de Apple achetées par
Microsoft sont des actions non votantes, et Microsoft
ne peut s'en départir avant trois ans.
L'annonce de cette nouvelle, ainsi que la
présentation du nouveau conseil de direction
(qui n'a toujours pas de président) et le ton
optimiste de Steve Jobs ont fait bondir le cours des actions de Apple de 33 %. On prévoit cependant une correction
du cours une fois l'enthousiasme initial passé.
Le succès du système d'exploitation Mac OS 8 surnommé Tempo, et son successeur
déjà prévu, nom de code Allegro,
pourront aussi contribuer à éviter que
l'on chante le requiem de Apple, donc nouvelle
encourageante pour les utilisateurs. Autre bonne
nouvelle, Jobs a promis qu'Apple améliorerait le
service après-vente et le soutien technique.
Départs chez Wired
La publication phare de la cyberculture
américaine, Wired, traverse une zone de
turbulences. On apprenait cette semaine que John
Battelle, le rédacteur-en-chef adjoint, migre
chez IDG Corp. pour diriger un nouvel hebdo
consacré aux cybermédias, et que Russ
Mitchell, chef de la rédaction, quitte pour
U.S. News & World Report. Mais plus lourd de
conséquences, le visionnaire, co-fondateur et
premier dirigeant, Louis Rossetto, quittera son poste
dès qu'on lui aura trouvé un
remplaçant.
Des trois entités qui composent Wired Ventures
(le mensuel, les espaces Web comme HotWired et la
division livres), seul le mensuel imprimé
affiche une certaine rentabilité. La
concurrence est forte, certes, mais certains
observateurs y voient un essoufflement de
«l'esprit Wired» qui avait fait sa
réussite. Pour Nicholas Negroponte, un des
fondateurs et toujours chroniqueur dans les pages du
mensuel, les gens qui lancent ces initiatives
brillantes ne sont pas nécessairement les
mêmes personnes dont l'entreprise a besoin
lorsqu'arrive l'étape de croissance.
Lancé en pleine révolution cyber en 1994,
Rossetto décrivait Wired comme le
«système nerveux central de la
planète en temps réel». Pour
Bruce Sterling, il y a une métaexplication
à la simili déroute de Wired.
«Au début de la révolution
numérique, il s'agissait vraiment d'une
révolution et tout semblait possible. Tout
le monde avait intérêt à lire Wired
car personne ne savait vraiment décoder ce qui
se passait» dit-il en ajoutant une
intéressante allégorie, «[...]
après la révolution arrive toujours le
gouvernement provisoire et, typiquement, la
révolution dévore ses petits».
IT Informer cesse d'informer
Nous avons souvent cité l'IT Informer comme
source d'information et de communiqués; cette
publication électronique britannique
indépendante, une des seules en langue anglaise
en provenance d'Europe, faisait partie des signets de
bon nombre d'observateurs du milieu de la technologie
et des réseaux. Faisait partie,
disons-nous, car jeudi dernier les responsables
annonçaient laconiquement, après deux ans
d'activité, la fin du bulletin pour cause de
manque de financement. Selon son chef de
rédaction, Charles Newman, la faiblesse des
ventes publicitaires et des revenus provenant
d'abonnements ne lui permettait plus de
continuer. Malgré ses modestes moyens et
sa présentation minimaliste, IT Informer s'était acquis le respect de ses
concurrents. Le responsable du service Newshub, Tom
McDonald, avait même vanté à
certaines occasions la qualité d'affût
journalistique et de sélection de IT Informer. Le jour de l'annonce de sa fermeture,
le conglomérat CMP Media lançait un site
d'information technologique, CMPnet, qui entend occuper le
créneau laissé vide par le départ
de la petite publication indépendante.
Sous haute surveillance?
L'intégration de l'Internet en milieu de travail
amène les employeurs à se pencher sur une
série de questions, dont celle du contrôle
de l'utilisation qu'en fait le personnel durant les
heures de travail. Un récent article du
service de dépêches du New York Times offrait des données
révélatrices : 98 % des
sociétés inscrites sur la liste Fortune 1000 offrent à une
partie de leur personnel et à des degrés
divers l'accès à l'Internet; près
de 40 % de celles-ci ne disposent d'aucune
politique régissant l'utilisation de
l'accès au réseau durant les heures de
travail; plus de 15 % ont admis avoir
constaté des utilisations peu
appropriées.
Parmi les sociétés, entreprises et
organismes qui contrôlent l'utilisation que font
leurs employés du réseau, certains se
contentent de tenir un fichier journal de
l'accès (méthode simple sur des
réseaux internes partagés avec passerelle
extérieure) et le communiquent aux
supérieurs hiérarchiques des
employés. D'autres entreprises installent
des logiciels filtres (genre NetNanny, CYBERsitter), mais doivent
composer avec toutes les imperfections
qu'on leur connaît.
Le problème de la consultation de contenus ayant
peu de rapport au travail, entraînant ainsi une
perte de productivité, serait sérieux si
on en croit le propriétaire d'un service Web
destiné aux adultes selon qui le gros de
l'achalandage sur son site se fait entre 8 h 15 et
10 h 15 alors que les travailleurs de la côte est
américaine se «mettent au travail».
La surveillance de l'utilisation de l'accès
réseau, bien que légitime du point de vue
de l'entreprise, amène cependant la question de
la surveillance à outrance du personnel et des
droits civils des employés, question loin
d'être résolue. La recommandation
des spécialistes aux entreprises :
élaborer une politique claire en matière
d'accès Internet durant les heures de travail,
et la communiquer au personnel.
Va pour les entreprises, mais reste la question de
l'accès à domicile et des
inquiétudes des parents à l'égard
de l'utilisation qui est faite de l'accès
Internet par les jeunes du ménage.
Nouvelle donne dans le domaine des
présumées solutions logicielles,
NetSnitch, le
cybermouchard. Ce logiciel ne filtre aucun site,
mais présente sur demande un compte rendu des
sites visités et du temps passé sur
chacun de ces sites au cours de séances en ligne
antérieures. Si on a
désactivé NetSnitch pour une
séance de consultation, la désactivation
sera signalée en lieu et place du compte
rendu. Orwellien pour certains, le principe a
tout de moins l'avantage d'établir un dialogue
parents/enfants sur la question des contenus Web et de
l'utilisation judicieuse de l'Internet.
Astuce Netscape sur PC. Le répertoire
où loge votre Navigateur héberge aussi un
fichier nommé netscape.hst qui est
essentiellement une liste des sites visités au
cours des jours précédant la date de
péremption (expiration) des liens
consultés (Options, préférences
générales). En tapant
«about:globalhistory» dans la case d'adresse,
le Navigateur récupère le fichier
netscape.hst et l'affiche à
l'écran. Attention, l'opération
peut prendre un certain temps selon la taille du
fichier, mais vous pourrez consulter la liste des sites
visités et des éléments
téléchargés à
l'écran (pages web et graphiques) à
l'aide de votre fureteur. Vous pouvez aussi
sauvegarder ce fichier en format HTML pour
référence ultérieure.
Moteur de recherche : Microsoft y songe
On apprenait du service de veille Search Engine News que Microsoft songe
à lancer son propre moteur de recherche dont une
première version beta serait
présentée cet automne, l'objectif
étant de disposer d'une version complète
au début de la prochaine année. Il
s'agirait d'un projet entièrement
réalisé à l'interne sans recours
à la participation des acteurs
déjà présents dans ce
marché.
Aussi lu dans Search Engine News, la rentabilité
des services de moteurs de recherche n'est pas aussi
évidente qu'on le croyait. Contrairement
à ce que les responsables de Yahoo! avaient annoncé, il n'y
a pas eu profit au deuxième trimestre de 1997,
mais bien perte : 20,5 millions de dollars d'encre
rouge, de quoi donner les bleus. Au cours de la
même période, Infoseek
et Excite enregistraient respectivement
des pertes de 11,9 millions et 7,9 millions de dollars.
Toujours concernant Yahoo!, selon @g News, aux dernières nouvelles, le service
répertoire/recherche est
préféré par 31,27 % de la
clientèle des milieux de l'agriculture,
Webcrawler arrive au
deuxième rang avec une cote de
préférence de 15,79 %, suivi
d'AltaVista
(13,31 %) et d'Infoseek (8,36 %). Yahoo
aurait aussi la faveur des gens d'affaires selon PC Meter
qui lui attribue un indice de préférence
de 48,8 % de cette clientèle. Suivent
Webcrawler avec 20,3 %, Lycos avec 19,2 % et Excite avec
18,3 %.
Pour terminer ce survol de l'actualité motrice,
les pages hébergées sur des services sans
frais comme GeoCities, AOL et Tripod
sont-elles indexées par
les robots renifleurs? On peut en douter, selon
Danny Sullivan du Search Engine News. Il y aurait
eu trop d'abus d'astuces d'indexation, mais cette
désaffection des services d'hébergement
gratuit serait aussi lié à la
méthode employée par les robots pour
indexer les contenus. Un robot comme celui, entre
autres, du moteur HotBot ne
fait qu'une requête de page par minute sur un
site pour ne pas surcharger le serveur
consulté. Mais si on prend l'exemple de
GeoCities qui héberge plus de 500 000 pages, on
comprendra qu'il est impossible de tout indexer le
domaine GeoCities.Com, ce qui force les responsables
d'espaces Web à inscrire eux-mêmes leurs
pages dans les moteurs et répertoires.
Mais l'affaire se complique : Infoseek ne permet
plus l'indexation de pages hébergées sur
GeoCities à l'aide du formulaire en ligne depuis
son site, il faut procéder par courrier
électronique. AltaVista agit de la sorte
avec les pages hébergées chez Tripod,
HotBot néglige GeoCities, Tripod et AOL.
Nouvelles des fureteurs
La société Netscape vient d'annoncer
qu'elle délaissera la pratique de diffuser avec
les prochaines versions de son Navigator les trousses
d'applications Communicator (Collabra, Composer,
Messenger, etc.) pour ne conserver que Netcaster,
rapportait cette semaine PCWeek. Cette mesure réduit de
moitié la taille des fichiers à
télécharger. Ce vendredi, Netscape
rend disponible sa version 4.02 de Communicator et
offrira dès le 18 août la version 4.0
allégée.
Par ailleurs, PC World Online a rendu publics les
résultats d'une enquête auprès de
ses lecteurs concernant le fureteur Explorer de Microsoft en
version beta 4.0. On y apprend que près
des trois quarts des répondants l'avaient
chargé et installé, que 96,1 %
disposaient d'une version précédente
d'Explorer, que 75 % utilisaient aussi une des
versions du Navigateur de Netscape, mais que seulement
un peu plus de la moitié (54,8 %)
recommanderaient l'installation du fureteur de
Microsoft. À la question de savoir combien
de fois par jour l'application «plantait»,
19,7 % des gens ont répondu une fois par
jour, 18,3 % deux fois par jour, 10,5 % trois
fois par jour et 19,3 % quatre fois ou plus par
jour. Ah, ce qu'on peut être patient quand
on sert de cobaye.
La Beat Generation n'est plus
Dernière figure du mouvement beat, William
Burroughs s'est
éteint cette semaine à la suite d'un
incident cardiaque. Tout comme les autres
monuments littéraires de la
génération beat, William Burroughs est
très présent sur le Web où on lui
a même consacré des espaces en
français. Comme bien
d'autres auteurs de sa génération,
Burroughs avait plus d'une fois été aux
prises avec les censeurs. Selon Levi Asher,
responsable de l'espace Literary Kicks,
Burroughs n'a jamais joué le jeu politique des
censeurs, à l'instar de ce que fait maintenant
toute une génération avec, dans et sur
l'Internet. Burroughs comprenait le jeu, mais
tenait à s'en éloigner. Il ne
combattait pas la censure, il la subvertissait.
À lire aussi, le profil de Burroughs que
dressait Wired et les archives en fin d'article.
Débat sur le rôle de l'État
C'est dans le cadre d'un débat en ligne que
l'équipe de Mémento pose la question
«l'État doit-il ou non intervenir sur
Internet?». À compter du 12 août, un groupe d'intervenants (dont le
professeur et auteur Jean-Claude Guédon, le
spécialiste des questions de vie privée
Pierrôt Péladeau, le très
communautique Pierre-Léonard Harvey de l'UQAM)
échangeront sur la question au moyen d'une liste
de discussion diffusée par courrier
électronique. Ceux et celles qui veulent
être témoins des échanges, voire y
participer, peuvent le faire en s'inscrivant
auprès du modérateur depuis
l'écran sur le site.
Question de camper le débat, quelques
participants proposent déjà des
réflexions depuis l'agora virtuelle où se
déroulera le débat. Michel Cartier
(professeur et auteur du livre «Le nouveau monde
des infostructures» (entrevue en RealAudio, SRC) articule sa thèse autour de sept
thèmes, soit vie privée, libre
accès à l'information, langue
française, contenu, recherche et
développement, formation et veille. Selon
Cartier, depuis 1990, nous ne vivons plus en
continuité avec le passé, nous vivons
plutôt une rupture. Il soumet que «les
étapes que vivent les sociétés se
développent autour d'un propulseur technologique
capable de créer une valeur économique et
de tirer l'ensemble de la croissance de ces
sociétés». Le passage au XXIe siècle est défini par les inforoutes,
mais il importe de déterminer maintenant les
stratégies adaptées pour favoriser
l'innovation et éviter la
déstabilisation. Débat prometteur.
Dans cette même veine de l'intervention de
l'État, et revenant sur l'affaire opposant
l'Office de la langue française du Québec
à un détaillant montréalais et
à son site Web où l'anglais est
prépondérant, Daniel Côté et
Clément Laberge publiaient le 29 juillet dernier
dans le quotidien Le Devoir (texte repris sur le site
Vigile) un article sous le titre «Intervenir, mais
différemment». Parmi les constats des
auteurs, retenons celui selon lequel «il serait
maladroit de vouloir transposer aux inforoutes
l'expérience légale acquise "dans les
rues de Montréal". Des différences
fondamentales entre la consommation "dans la rue" et la
consommation "sur écran" devraient nous inviter
à la prudence.»
Inondations en Pologne : Mobilisation
Un peu partout sur la planète, la nature se
déchaîne ou encore modifie à un
point tel ses habitudes qu'on assiste à de
sérieux dérèglements comme les
incendies qui ont ravagé le sud de la France, ou
les inondations qui perturbent encore la vie
quotidienne de millions de gens ailleurs en
Europe. En Pologne seulement, 56 victimes,
137 000 personnes évacuées, 976 localités inondées, près de
10 % du territoire national affecté.
Pour amasser des fonds destinés aux secours
d'urgence des sinistrés polonais,
l'horticultrice bien connue Thérèse Romer
invite la population de la région de
Montréal à une visite de son jardin le
mardi 12 août prochain. C'est
à Saint-Eustache, maximum de 30 personnes par
visite, on vous suggère de réserver
tôt.
Beau détour
Vers le Big Apple du début du siècle et
l'exposition Metropolitan Lives: The Ashcan Artists and
Their New York :
les oeuvres de six artistes américains qui ont
raconté à leur manière les grandes
transformations sociales, culturelles et
économiques qui s'opéraient à
l'époque et qui faisaient de New York la
«shock city».
12/18
Il y a 12 mois nous faisions relâche.
Il y a 18 mois, dans la Chronique du 8 mars 1996, nous
vous avons signalé le site du Conseilinterinstitutionnel pour le progrès de la
technologie éducative qui annonce la tenue, les
24 et 25 octobre prochains, de son XIe colloque sous le
thème Université, milieu scolaire et
entreprises. Il avait aussi été
question de l'excellent site de Gilles Laporte, Les Patriotes de 1837-38, et de celui de Timothy Leary,
contemporain de Burroughs, décédé
peu de temps après. |