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Les Chroniques de Cybérie
Cette semaine

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 8 août 1997.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.
Cette semaine...
MacWorld : N'ajustez pas votre appareil
Départs chez Wired
IT Informer cesse d'informer
Sous haute surveillance?
Moteur de recherche : Microsoft y songe
Nouvelles des fureteurs
La Beat Generation n'est plus
Débat sur le rôle de l'État
Inondations en Pologne : Mobilisation
Beau détour
12/18

MacWorld : N'ajustez pas votre appareil
Tout était prêt : café, jus, petit déjeuner.  Après tout, on ne rate pas l'occasion d'entendre Steve Jobs discourir sur l'avenir de la société Apple à l'occasion de l'ouverture de la foire MacWorld qui se tient à Boston cette semaine.  À défaut de nous y rendre, nous avions réservé une partie de notre matinée, et prévu soutenance, pour l'écoute en direct et en RealAudio de l'allocution de Jobs prévue pour 9 h.  Premier hic, le petit prince de Apple accuse un retard de 30 minutes.  Passe toujours, on ne bouscule pas quelques milliards de dollars comme ça.  Deuxième problème, le service AudioNet qui devait assurer la retransmission en RealAudio, ne suffit plus à la demande une fois l'allocution entamée, et le flot de transmission s'avère discontinu au point de rendre l'écoute impraticable.  Soudainement, le flot se rétablit mais, cette fois, avec une tonalité à 1 kHz.  Puis après quelques cric-crac, on a droit à une complainte musicale s'apparentant à de la musique country.  N'ajustez pas votre appareil.  AudioNet a toutefois pu mettre un enregistrement de l'allocution en ligne plus tard dans la journée, et on a pu procéder à l'écoute en différé.

La grande nouvelle que Jobs a livrée, sous quelques huées de la part de son auditoire, est évidemment la prise de participation de Microsoft à hauteur de 150 millions de dollars dans la société Apple.  Cette infusion de capital s'accompagne d'un train de mesures visant le rapprochement des deux entreprises : règlement des litiges relatifs aux brevets, utilisation du fureteur MS Explorer sur les prochains Mac, mise au point d'une suite Office 98 pour Mac, etc.  Les actions de Apple achetées par Microsoft sont des actions non votantes, et Microsoft ne peut s'en départir avant trois ans.  L'annonce de cette nouvelle, ainsi que la présentation du nouveau conseil de direction (qui n'a toujours pas de président) et le ton optimiste de Steve Jobs ont fait bondir le cours des actions de Apple de 33 %.  On prévoit cependant une correction du cours une fois l'enthousiasme initial passé.

Le succès du système d'exploitation Mac OS 8 surnommé Tempo, et son successeur déjà prévu, nom de code Allegro, pourront aussi contribuer à éviter que l'on chante le requiem de Apple, donc nouvelle encourageante pour les utilisateurs.  Autre bonne nouvelle, Jobs a promis qu'Apple améliorerait le service après-vente et le soutien technique. Haut de la page


Départs chez Wired
La publication phare de la cyberculture américaine, Wired, traverse une zone de turbulences.  On apprenait cette semaine que John Battelle, le rédacteur-en-chef adjoint, migre chez IDG Corp. pour diriger un nouvel hebdo consacré aux cybermédias, et que Russ Mitchell, chef de la rédaction, quitte pour U.S. News & World Report.  Mais plus lourd de conséquences, le visionnaire, co-fondateur et premier dirigeant, Louis Rossetto, quittera son poste dès qu'on lui aura trouvé un remplaçant.

Des trois entités qui composent Wired Ventures (le mensuel, les espaces Web comme HotWired et la division livres), seul le mensuel imprimé affiche une certaine rentabilité.  La concurrence est forte, certes, mais certains observateurs y voient un essoufflement de «l'esprit Wired» qui avait fait sa réussite.  Pour Nicholas Negroponte, un des fondateurs et toujours chroniqueur dans les pages du mensuel, les gens qui lancent ces initiatives brillantes ne sont pas nécessairement les mêmes personnes dont l'entreprise a besoin lorsqu'arrive l'étape de croissance.  Lancé en pleine révolution cyber en 1994, Rossetto décrivait Wired comme le «système nerveux central de la planète en temps réel».  Pour Bruce Sterling, il y a une métaexplication à la simili déroute de Wired.  «Au début de la révolution numérique, il s'agissait vraiment d'une révolution et tout semblait possible.  Tout le monde avait intérêt à lire Wired car personne ne savait vraiment décoder ce qui se passait» dit-il en ajoutant une intéressante allégorie, «[...] après la révolution arrive toujours le gouvernement provisoire et, typiquement, la révolution dévore ses petits». Haut de la page


IT Informer cesse d'informer
Nous avons souvent cité l'IT Informer comme source d'information et de communiqués; cette publication électronique britannique indépendante, une des seules en langue anglaise en provenance d'Europe, faisait partie des signets de bon nombre d'observateurs du milieu de la technologie et des réseaux.  Faisait partie, disons-nous, car jeudi dernier les responsables annonçaient laconiquement, après deux ans d'activité, la fin du bulletin pour cause de manque de financement.  Selon son chef de rédaction, Charles Newman, la faiblesse des ventes publicitaires et des revenus provenant d'abonnements ne lui permettait plus de continuer.  Malgré ses modestes moyens et sa présentation minimaliste, IT Informer s'était acquis le respect de ses concurrents.  Le responsable du service Newshub, Tom McDonald, avait même vanté à certaines occasions la qualité d'affût journalistique et de sélection de IT Informer.  Le jour de l'annonce de sa fermeture, le conglomérat CMP Media lançait un site d'information technologique, CMPnet, qui entend occuper le créneau laissé vide par le départ de la petite publication indépendante. Haut de la page


Sous haute surveillance?
L'intégration de l'Internet en milieu de travail amène les employeurs à se pencher sur une série de questions, dont celle du contrôle de l'utilisation qu'en fait le personnel durant les heures de travail.  Un récent article du service de dépêches du New York Times offrait des données révélatrices : 98 % des sociétés inscrites sur la liste Fortune 1000 offrent à une partie de leur personnel et à des degrés divers l'accès à l'Internet; près de 40 % de celles-ci ne disposent d'aucune politique régissant l'utilisation de l'accès au réseau durant les heures de travail; plus de 15 % ont admis avoir constaté des utilisations peu appropriées.

Parmi les sociétés, entreprises et organismes qui contrôlent l'utilisation que font leurs employés du réseau, certains se contentent de tenir un fichier journal de l'accès (méthode simple sur des réseaux internes partagés avec passerelle extérieure) et le communiquent aux supérieurs hiérarchiques des employés.  D'autres entreprises installent des logiciels filtres (genre NetNanny, CYBERsitter), mais doivent composer avec toutes les imperfections qu'on leur connaît.

Le problème de la consultation de contenus ayant peu de rapport au travail, entraînant ainsi une perte de productivité, serait sérieux si on en croit le propriétaire d'un service Web destiné aux adultes selon qui le gros de l'achalandage sur son site se fait entre 8 h 15 et 10 h 15 alors que les travailleurs de la côte est américaine se «mettent au travail».

La surveillance de l'utilisation de l'accès réseau, bien que légitime du point de vue de l'entreprise, amène cependant la question de la surveillance à outrance du personnel et des droits civils des employés, question loin d'être résolue.  La recommandation des spécialistes aux entreprises : élaborer une politique claire en matière d'accès Internet durant les heures de travail, et la communiquer au personnel.

Va pour les entreprises, mais reste la question de l'accès à domicile et des inquiétudes des parents à l'égard de l'utilisation qui est faite de l'accès Internet par les jeunes du ménage.  Nouvelle donne dans le domaine des présumées solutions logicielles, NetSnitch, le cybermouchard.  Ce logiciel ne filtre aucun site, mais présente sur demande un compte rendu des sites visités et du temps passé sur chacun de ces sites au cours de séances en ligne antérieures.  Si on a désactivé NetSnitch pour une séance de consultation, la désactivation sera signalée en lieu et place du compte rendu.  Orwellien pour certains, le principe a tout de moins l'avantage d'établir un dialogue parents/enfants sur la question des contenus Web et de l'utilisation judicieuse de l'Internet.

Astuce Netscape sur PC.  Le répertoire où loge votre Navigateur héberge aussi un fichier nommé netscape.hst qui est essentiellement une liste des sites visités au cours des jours précédant la date de péremption (expiration) des liens consultés (Options, préférences générales).  En tapant «about:globalhistory» dans la case d'adresse, le Navigateur récupère le fichier netscape.hst et l'affiche à l'écran.  Attention, l'opération peut prendre un certain temps selon la taille du fichier, mais vous pourrez consulter la liste des sites visités et des éléments téléchargés à l'écran (pages web et graphiques) à l'aide de votre fureteur.  Vous pouvez aussi sauvegarder ce fichier en format HTML pour référence ultérieure. Haut de la page


Moteur de recherche : Microsoft y songe
On apprenait du service de veille Search Engine News que Microsoft songe à lancer son propre moteur de recherche dont une première version beta serait présentée cet automne, l'objectif étant de disposer d'une version complète au début de la prochaine année.  Il s'agirait d'un projet entièrement réalisé à l'interne sans recours à la participation des acteurs déjà présents dans ce marché.

Aussi lu dans Search Engine News, la rentabilité des services de moteurs de recherche n'est pas aussi évidente qu'on le croyait.  Contrairement à ce que les responsables de Yahoo! avaient annoncé, il n'y a pas eu profit au deuxième trimestre de 1997, mais bien perte : 20,5 millions de dollars d'encre rouge, de quoi donner les bleus.  Au cours de la même période, Infoseek et Excite enregistraient respectivement des pertes de 11,9 millions et 7,9 millions de dollars.

Toujours concernant Yahoo!, selon @g News, aux dernières nouvelles, le service répertoire/recherche est préféré par 31,27 % de la clientèle des milieux de l'agriculture, Webcrawler arrive au deuxième rang avec une cote de préférence de 15,79 %, suivi d'AltaVista (13,31 %) et d'Infoseek (8,36 %).  Yahoo aurait aussi la faveur des gens d'affaires selon PC Meter qui lui attribue un indice de préférence de 48,8 % de cette clientèle.  Suivent Webcrawler avec 20,3 %, Lycos avec 19,2 % et Excite avec 18,3 %.

Pour terminer ce survol de l'actualité motrice, les pages hébergées sur des services sans frais comme GeoCities, AOL et Tripod sont-elles indexées par les robots renifleurs?  On peut en douter, selon Danny Sullivan du Search Engine News.  Il y aurait eu trop d'abus d'astuces d'indexation, mais cette désaffection des services d'hébergement gratuit serait aussi lié à la méthode employée par les robots pour indexer les contenus.  Un robot comme celui, entre autres, du moteur HotBot ne fait qu'une requête de page par minute sur un site pour ne pas surcharger le serveur consulté.  Mais si on prend l'exemple de GeoCities qui héberge plus de 500 000 pages, on comprendra qu'il est impossible de tout indexer le domaine GeoCities.Com, ce qui force les responsables d'espaces Web à inscrire eux-mêmes leurs pages dans les moteurs et répertoires.  Mais l'affaire se complique : Infoseek ne permet plus l'indexation de pages hébergées sur GeoCities à l'aide du formulaire en ligne depuis son site, il faut procéder par courrier électronique.  AltaVista agit de la sorte avec les pages hébergées chez Tripod, HotBot néglige GeoCities, Tripod et AOL. Haut de la page


Nouvelles des fureteurs
La société Netscape vient d'annoncer qu'elle délaissera la pratique de diffuser avec les prochaines versions de son Navigator les trousses d'applications Communicator (Collabra, Composer, Messenger, etc.) pour ne conserver que Netcaster, rapportait cette semaine PCWeek.  Cette mesure réduit de moitié la taille des fichiers à télécharger.  Ce vendredi, Netscape rend disponible sa version 4.02 de Communicator et offrira dès le 18 août la version 4.0 allégée.

Par ailleurs, PC World Online a rendu publics les résultats d'une enquête auprès de ses lecteurs concernant le fureteur Explorer de Microsoft en version beta 4.0.  On y apprend que près des trois quarts des répondants l'avaient chargé et installé, que 96,1 % disposaient d'une version précédente d'Explorer, que 75 % utilisaient aussi une des versions du Navigateur de Netscape, mais que seulement un peu plus de la moitié (54,8 %) recommanderaient l'installation du fureteur de Microsoft.  À la question de savoir combien de fois par jour l'application «plantait», 19,7 % des gens ont répondu une fois par jour, 18,3 % deux fois par jour, 10,5 % trois fois par jour et 19,3 % quatre fois ou plus par jour.  Ah, ce qu'on peut être patient quand on sert de cobaye. Haut de la page


La Beat Generation n'est plus
Dernière figure du mouvement beat, William Burroughs s'est éteint cette semaine à la suite d'un incident cardiaque.  Tout comme les autres monuments littéraires de la génération beat, William Burroughs est très présent sur le Web où on lui a même consacré des espaces en français.  Comme bien d'autres auteurs de sa génération, Burroughs avait plus d'une fois été aux prises avec les censeurs.  Selon Levi Asher, responsable de l'espace Literary Kicks, Burroughs n'a jamais joué le jeu politique des censeurs, à l'instar de ce que fait maintenant toute une génération avec, dans et sur l'Internet.  Burroughs comprenait le jeu, mais tenait à s'en éloigner.  Il ne combattait pas la censure, il la subvertissait.  À lire aussi, le profil de Burroughs que dressait Wired et les archives en fin d'article. Haut de la page


Débat sur le rôle de l'État
C'est dans le cadre d'un débat en ligne que l'équipe de Mémento pose la question «l'État doit-il ou non intervenir sur Internet?».  À compter du 12 août, un groupe d'intervenants (dont le professeur et auteur Jean-Claude Guédon, le spécialiste des questions de vie privée Pierrôt Péladeau, le très communautique Pierre-Léonard Harvey de l'UQAM) échangeront sur la question au moyen d'une liste de discussion diffusée par courrier électronique.  Ceux et celles qui veulent être témoins des échanges, voire y participer, peuvent le faire en s'inscrivant auprès du modérateur depuis l'écran sur le site.

Question de camper le débat, quelques participants proposent déjà des réflexions depuis l'agora virtuelle où se déroulera le débat.  Michel Cartier (professeur et auteur du livre «Le nouveau monde des infostructures» (entrevue en RealAudio, SRC) articule sa thèse autour de sept thèmes, soit vie privée, libre accès à l'information, langue française, contenu, recherche et développement, formation et veille.  Selon Cartier, depuis 1990, nous ne vivons plus en continuité avec le passé, nous vivons plutôt une rupture.  Il soumet que «les étapes que vivent les sociétés se développent autour d'un propulseur technologique capable de créer une valeur économique et de tirer l'ensemble de la croissance de ces sociétés».  Le passage au XXIe siècle est défini par les inforoutes, mais il importe de déterminer maintenant les stratégies adaptées pour favoriser l'innovation et éviter la déstabilisation.  Débat prometteur.

Dans cette même veine de l'intervention de l'État, et revenant sur l'affaire opposant l'Office de la langue française du Québec à un détaillant montréalais et à son site Web où l'anglais est prépondérant, Daniel Côté et Clément Laberge publiaient le 29 juillet dernier dans le quotidien Le Devoir (texte repris sur le site Vigile) un article sous le titre «Intervenir, mais différemment».  Parmi les constats des auteurs, retenons celui selon lequel «il serait maladroit de vouloir transposer aux inforoutes l'expérience légale acquise "dans les rues de Montréal".  Des différences fondamentales entre la consommation "dans la rue" et la consommation "sur écran" devraient nous inviter à la prudence.» Haut de la page


Inondations en Pologne : Mobilisation
Un peu partout sur la planète, la nature se déchaîne ou encore modifie à un point tel ses habitudes qu'on assiste à de sérieux dérèglements comme les incendies qui ont ravagé le sud de la France, ou les inondations qui perturbent encore la vie quotidienne de millions de gens ailleurs en Europe.  En Pologne seulement, 56 victimes, 137 000 personnes évacuées, 976 localités inondées, près de 10 % du territoire national affecté.  Pour amasser des fonds destinés aux secours d'urgence des sinistrés polonais, l'horticultrice bien connue Thérèse Romer invite la population de la région de Montréal à une visite de son jardin le mardi 12 août prochain.  C'est à Saint-Eustache, maximum de 30 personnes par visite, on vous suggère de réserver tôt. Haut de la page


Beau détour
Vers le Big Apple du début du siècle et l'exposition Metropolitan Lives: The Ashcan Artists and Their New York : les oeuvres de six artistes américains qui ont raconté à leur manière les grandes transformations sociales, culturelles et économiques qui s'opéraient à l'époque et qui faisaient de New York la «shock city». Haut de la page


12/18
Il y a 12 mois nous faisions relâche.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 8 mars 1996, nous vous avons signalé le site du Conseilinterinstitutionnel pour le progrès de la technologie éducative qui annonce la tenue, les 24 et 25  octobre prochains, de son XIe colloque sous le thème Université, milieu scolaire et entreprises.  Il avait aussi été question de l'excellent site de Gilles Laporte, Les  Patriotes de 1837-38, et de celui de Timothy Leary, contemporain de Burroughs, décédé peu de temps après.

Sur ce, bonne semaine à tous et à toutes,
Jean-Pierre Cloutier
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