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Les Chroniques de Cybérie

Le 10 janvier 1997.
© Les Éditions Cybérie

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

ALEA JACTA EST
L'ancien premier ministre canadien, Brian Mulroney, a jeté les dés (une fois de plus) et le gouvernement actuel a jeté la serviette.  Enquête sur une présumée affaire de pots-de-vin relatifs à l'achat d'appareils Airbus, fuite à la presse d'un document de la Gendarmerie royale du Canada demandant la collaboration des autorités suisses, procès pour diffamation intenté par Mulroney et, ce lundi 6 janvier, annonce d'un règlement hors cour et déclarations de Messieurs Allan Rock, ministre de la Justice, et Herb Gray, Solliciteur général du Canada.  Dossier de presse très complet et chronologie de l'affaire, en anglais, disponible chez Southam Press.

Toujours ce lundi 6 janvier, ironie du sort, on apprenait qu'Airbus consolide sa position sur le marché des transporteurs aériens.  En 1996, Airbus Industrie a reçu de 31 clients des commandes fermes pour 326 nouveaux avions évalués à 23,6 milliards de dollars.

ACTUALITÉS PLURIELLES
On l'avait déjà déploré, L'Actualité, un des périodiques québécois les plus lus, utilisait son site Web comme simple vitrine électronique, sans y mettre de véritable contenu à la disposition du lectorat électronique.  Les choses ont bien changé, et c'est avec satisfaction que nous avons constaté que, depuis peu, il y a beaucoup à lire et à voir sur le site de l'Actualité.  Au sommaire du numéro de janvier, dossier complet sur l'événement de l'année au Québec, soit le «déluge» de juillet dernier au Saguenay.  Mais aussi au sommaire, un texte de Michel Vastel sur «Les vrais enjeux du brasse-camarade : Que s'est-il réellement passé lors du congrès du PQ, en novembre?», où il décortique les motifs du psychodrame du 23 novembre dernier, imposé par le Premier ministre aux membres de son parti.

Actualités politiques en abondance aussi sur un site découvert presque par hasard, Vigile, qui recense et reproduit à peu près tout ce qui traite de politique québécoise dans la presse imprimée d'ici.  À défaut de disposer de quotidiens qui offrent gracieusement des archives au public, Vigile s'impose comme un site intéressant, tant pour les gens d'ici qui ne peuvent tout lire au jour le jour, que pour ceux et celles de l'étranger où les ressources pour se documenter sur la situation politique au Québec ne sont que trop rares.  Je vous suggère la section de l'Index des articles (octobre, novembre et décembre 1996) ou encore la consultation des articles par auteur (Lise Bissonnette, Josée Legault, Gilles Lesage, Denis Monière, Jean-Robert Sansfaçon, et bien d'autres).  Près d'une centaine d'articles récents pour comprendre et interpréter le Québec d'aujourd'hui, une ressource majeure.

Et on parle du Québec aussi dans Le Monde diplomatique, édition de janvier, disponible en kiosque maintenant, ou sur le Web, édition intégrale, à la fin du mois.  Deux articles, donc, «Un pays à portée de la main» par Bernard Cassen et «Régime minceur, version social-démocrate» par Jean Pichette.  Sans oublier, bien entendu, l'éditorial du mois sous la plume d'Ignacio Ramonet, déjà en ligne, portant sur les «Régimes globalitaires».

En terminant ce volet sur les actualités politiques, et si vous en avez poursuivi la lecture jusqu'ici, c'est que la chose vous intéresse, je vous glisse l'adresse du Politologue internaute de David Irwin.  C'est une liste de liens très étoffée sur la chose politique, perspectives nationales et internationales, une ressource fort valable.

DES MÉDIAS À APPRIVOISER
Journaux, radio, télévision et maintenant le Web, autant de médias qu'il faut comprendre, tant dans leur essence que dans leur fonctionnement, si on veut en tirer le meilleur.  Apprendre la nature et la fonction des médias certes, mais aussi transmettre cette connaissance aux jeunes pour qu'ils maîtrisent bien le corollaire de la liberté d'informer, c'est-à-dire la liberté de pouvoir choisir ses sources.  C'est à toute cette problématique que s'attaque le Réseau Éducation-Médias qui, comme son nom l'indique, traite de l'éducation aux médias et de leur influence sur le quotidien des enfants et des adolescents.  Mais attention, ce site s'adresse surtout aux éducateurs, parents, travailleurs communautaires, fonctionnaires et professionnels des médias qui contribuent à faire de l'influence des médias un élément positif dans la vie des jeunes.  Trois grands axes : encourager une connaissance critique des médias dans les foyers et dans les écoles; augmenter la pro-activité des consommateurs dans notre société médiatisée; agir en faveur de la production d'émissions de télévision de qualité à l'intention des enfants.  Le Réseau Éducation-Médias est un organisme national, sans but lucratif, dont la principale manifestation est ce site Internet.  Parmi les principaux commanditaires du projet on trouve des ministères fédéraux (Patrimoine, Industrie), des organismes para-publics (Office national du film, Radio-Canada), le Centre canadien pour le développement de la politique étrangère, et des intervenants du secteur privé dont Bell Canada.  Une initiative sérieuse à haut degré d'inter et rétroaction.

LA PAROLE DU PÈRE
Il fallait le voir à INET'96, cet homme grand et mince à l'allure presque nonchalante qui, même quelques moments avant de prononcer une allocution devant l'assemblée générale, répondait consciencieusement à son volumineux courrier électronique avec un portable posé en équilibre précaire sur ses genoux.  Moment de réflexion, il se tourne et esquisse un sourire.  «Ça n'arrête jamais?».  «Non,» murmure-t-il sans que le sourire ne s'efface, «je m'en inquiéterais».  L'homme, c'est Vint Cerf, surnommé le «Père de l'Internet», celui qui mit au point, en 1974 avec Bob Kahn, le protocole de connexion TCP/IP pour l'ARPAnet, sur lequel repose depuis la communication entre ordinateurs sur Internet.  Président de l'Internet Society de 1991 à 1995, Cerf est de retour, après quelques années d'absence, chez le géant américain des communications MCI, à titre de vice-président principal à l'architecture des données.  On trouve dans le numéro courant de Australian PC (repris dans RRE) une entrevue en profondeur, menée avec brio par le journaliste Dan Tebbutt.  Tout y passe : Internet II, la solidité de l'infrastructure de l'Internet, la réglementation, la question des droits d'auteurs, sa perception du surnom de «père de l'Internet».  Nous avons particulièrement retenu les propos de Cerf sur l'effet de «géodiversité» du réseau, et ses considérations à savoir si la sécurité est un phénomène purement psychologique ou une crainte justifiée.  À lire, une entrevue qui longtemps demeurera actuelle.

WEBMESTRIA
On ne s'en entiche pas trop de cette expression, webmestre, mais elle semble maintenant acquise au langage courant, et comme l'usage est maître...

Le ou la webmestre, c'est la personne responsable de la gestion d'un site Web.  Et qu'est-ce que la gestion d'un site Web?  La définition de cette tâche variera selon le contexte, l'entreprise ou l'organisme, comme en témoigne un article de l'excellente revue WebMaster qui a recensé quelques profils de webmestres employés dans de grandes entreprises.  Sur ce même site, on pourra lire un article révélateur sur l'importance de la dotation en personnel d'un projet Web, un aspect souvent négligé par les entreprises ou groupes qui veulent s'assurer une présence sur le Web sans en évaluer les incidences réelles et nouvelles sur leurs structures existantes.

Et qu'est-ce qui se passe dans la tête des webmestres?  De quoi parlent-ils, entre eux, en prenant un pot?  Non, je ne vous rapporterai pas les propos de ceux et celles que je connais, secret professionnel oblige.  Mais un groupe de webmestres français qui avaient commencé à se concerter, surtout par courrier électronique, a lancé un site où ces échanges sont généreusement partagés avec la collectivité.  C'est uZine qui se définit ainsi : «L'idée de base d'uZine est très simple : un site commun, dont tous les membres du mini-rézo ont les clefs (login [données de connexion] et le code du FTP), chacun y postant ce qu'il désire.  Ni webmestre principal, ni ligne éditoriale prédéfinie.  Et on attend de voir ce qui se passe...».  Démarche généreuse, aussi, dans cette proposition d'aider particuliers ou groupes à monter leurs sites Web, les webmestres français ne sont pas avares de coups de main, ni de conseils.  Un site rafraîchissant dans le tumulte des controverses, civilisé dans le respect mutuel des participants, mais direct et qui va au coeur des choses.  De belles heures à y passer et le goût d'y retourner.

UN CENSEUR S'INSURGE
Il a souvent été question des logiciels qui filtrent ou qui bloquent carrément l'accès à certains sites auxquels parents ou employeurs «paternalistes» veulent soustraire ceux et celles dont ils se disent responsables.  Voilà que se dessine aux États-Unis une cause qui, à défaut de devenir célèbre, méritera notre attention.  Un jeune homme de dix-huit ans, Bennett Haselton, a fondé un groupe militant, organisme sans but lucratif, pour la liberté d'expression et contre la censure, baptisé Peacefire.  Depuis août dernier, le groupe compte une centaine de membres : moyenne d'âge, 15 ans.

Haselton a analysé le logiciel CYBERsitter de la société Solid Oak Software pour répertorier les sites Web qu'interdit le logiciel lorsqu'installé sur un ordinateur et jumelé à un fureteur.  À partir d'une base de données de mots clés à censurer, les logiciels «filtre» remplacent ces mots par des espaces vides lorsqu'une page est consultée.  Ultimement, ils bloquent des sites entiers; si ces derniers sont appelés, la communication sera refusée et un message apparaîtra à l'écran pour en avertir l'utilisateur.

Parmi les sites mis au ban par CYBERsitter, celui du National Organization of Women, organisme féministe américain, 250 000 membres en une centaine de chapitres locaux; la société Community ConneXion, spécialiste des logiciels de cryptage de données et qui a mis au point le service Anonymizer servant à assurer son anonymat sur le Web; et la communauté virtuelle The Well, rendez-vous de ce que l'on pourrait appeler l'intelligentsia californienne du Web.

Haselton souligne que, contrairement à son principal concurrent CyberPatrol, CYBERsitter ne prévoit pas de mécanisme d'appel lorsqu'un site est interdit d'accès.  Ainsi, certains sites diffusant de l'information sur le cancer du sein, sur la prévention des maladies transmises sexuellement ou sur les droits des personnes homosexuelles sont, en vertu des mots employés, carrément interdits par CYBERsitter.

Et voilà que Solid Oak Software menace Haselton de poursuite devant les tribunaux pour avoir illégalement obtenu la liste des sites interdits (en déchiffrant le code du logiciel), menace Media3, le service qui héberge Peacefire et 2 500 autres domaines, de bloquer entièrement l'accès à l'ensemble de ses sites s'il ne chasse pas Peacefire de son serveur.  À suivre.

LE «M'AS-TU VU, M'AS-TU LU» DU WEB
On publie pour être lu, méfiez-vous des gens qui disent le contraire et écrire pour eux.  Et le Web, comme médium de diffusion et d'édition, n'échappe pas à cette règle.  Ceux et celles qui montent des pages et des sites Web, particuliers et entreprises, espèrent évidemment que le plus grand nombre possible de personnes les consulteront, y reviendront au gré de la périodicité des actualisations du contenu ou du besoin auxquels ils répondent.  Et c'est légitime.  Promotion, sensibilisation et visibilité sont donc de mise et prennent sur le Web la forme de collectifs d'échange de bandes publicitaires pour inviter la clientèle d'un site A à visiter aussi le site B (modèle calqué sur celui de la publicité à vocation commerciale).  On connaît déjà sur le Web américain des services comme LinkExchange et ComeVisit.  Voilà que trois groupes québécois proposent aux «petits sites» des réseaux semblables visant à augmenter l'achalandage sur leurs pages.

Le tout nouveau Groupe de sites Web Québécois (GSWQ) propose aux «petits sites» l'installation d'une bande publicitaire qui, lorsqu'invoquée, pointera vers une page du type répertoire qui présentera une liste de sites membres du Groupe.  Le tout vise à augmenter la fréquentation.  Le service est gratuit et s'adresse uniquement aux sites francophones québécois.  On propose aux «gros sites» de devenir commanditaires, bien que les explications et la démarche ainsi que les avantages demeurent nébuleux.

Tout aussi nébuleux, le réseau de sites WebRing qui souhaite, là encore, constituer une chaîne dont les maillons seraient des sites francophones, d'où qu'ils soient en francophonie.

Un peu plus clair sur son mode de fonctionnement, Le Relais francophone propose, comme les autres, un système d'échange de bandes publicitaires, mais aussi de crédits en fonction de l'achalandage, qui se traduisent en retour par une plus grande visibilité sur les autres sites.

Derrière cette légitime démarche de vouloir faire connaître des sites Web reposent, à notre avis, deux inconnues.

Premièrement, dans bien des cas, les mesures de rendement relèvent de l'utilisation de «cookies», une technique initialement mis au point par Netscape, mais dont on étudie l'élimination dans les prochaines versions de ce navigateur en raison de son utilisation douteuse par certains responsables de sites.  Douteuse au point que la nouvelle loi allemande régissant l'Internet, et qui prendra effet en août 1997, interdira le recours aux cookies.  En outre, le cadre juridique de cette législation fait l'objet d'un suivi attentif de la part des autres pays de l'OCDE.

Plus subtile, moins pondérable, on pourrait cependant craindre, à suivre les maillons de ces chaînes qui inévitablement se recouperont, l'effet de «tourner en rond».  En fait, si le contenu d'une page est susceptible de nous intéresser, l'adresse de cette page figurera dans le résultat d'une recherche, soit par moteur de recherche ou par l'action d'un agent intelligent.

ALERTES PRISES EN GRIPPE
Si c'est la saison de la grippe c'est aussi, semble-t-il, la saison des fausses alertes aux virus informatiques.  Bien qu'il ne faille pas prendre le phénomène des virus à la légère, il convient cependant de se rendre à l'évidence : les cas réels d'«infection» sont assez rares.  La prochaine fois que vous recevrez un courrier électronique qui, sur un ton alarmant, vous met en garde contre une source potentielle d'infection, pourquoi ne pas consulter la page de Rob Rosenberger, Computer Virus Myths, et en avoir le coeur net.  L'auteur de cette page, spécialiste reconnu en la matière, suit attentivement l'«actualité virale» et tient à jour des dossiers très complets sur chaque source d'infection possible.  Et souvenez-vous, il est impossible de transmettre un virus dans un fichier texte de courrier électronique.

BEAU DÉTOUR
Cette semaine, notre détour nous emmène chez les tziganes d'Europe de l'Est, plus particulièrement chez les Roms de Roumanie.  C'est un portfolio de photos de Yves Leresche, qui a fait l'objet d'une exposition à la Galerie Focale de Nyon (Suisse) et qui est maintenant offert sur le Web.  Au nombre de six millions en Europe de l'Est, les Roms constituent dix pour cent de la population de la Roumanie, soit deux millions et demi de personnes.  Superbe exposition virtuelle, véritable incursion dans l'univers visuel des Roms, entrevue avec l'auteur des photos, un très beau détour pour les amateurs de photographie noir et blanc.

12/18
Il y a 12 mois, dans la Chronique du 12 janvier 1996, il était question de la mort de François Mitterrand, des tendances pour 1996 en matière d'Internet, des MOOndes virtuels de Martine Gingras, et du très beau site hommage à François Truffaut.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 11 août 1995, nous vous avons présenté le site du mensuel scientifique La Recherche, où on trouve la fascinante histoire sur «Comment la France a fait sa bombe H».  Il a aussi été question de statistiques et d'Internet, et du Statistics Generator de Robert Orenstein, selon lequel il y aurait, aujourd'hui le 10 janvier 1997, 63 822 065 personnes qui utilisent l'Internet, soit 1,06 % de la population mondiale.

Bonne semaine à tous et à toutes,

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca

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