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Les Chroniques de Cybérie

Le 20 septembre 1996
© Les Éditions Cybérie



Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

«L'État-nation n'est pas près de disparaître.  Mais l'ancien concept de souveraineté, de gestes posés par des gouvernements qui ne peuvent faire l'objet d'examen par une quelconque autre autorité, n'est plus valide».  Discours d'un radical (gauche ou droite, peu importe)?  Manifeste enflammé?  Non, pas du tout, c'est Walter Wriston qui, pendant 17 ans, a été le premier dirigeant de la Citicorp/Citibank et qui est interviewé par Thomas Bass dans le plus récent numéro de Wired, magazine phare de la cyberculture.  Et pourquoi tant de scepticisme à l'égard de nos élus quand on promet la croissance, qu'on nous dit que le chômage est incontournable, qu'on tente d'imposer la censure des réseaux en nous disant que c'est pour notre bien, ou qu'on essaie de nous convaincre de remettre nos clés d'encryptage de courrier électronique à des tiers?  Le manque de confiance, de toute évidence, nous dit Wriston.  Un excellent survol de la nouvelle économie et de la société transformée, disponible à compter du vendredi 20 octobre à http://wwww.wired.com/wired/4.10/features/wriston.html.

Société transformée, sous haute surveillance, c'était le thème de la deuxième conférence annuelle de Privacy International (PI), (http://www.privacy.org/pi/), sur les technologies de surveillance, tenue à Ottawa ce lundi 16 septembre, dans un hôtel ironiquement situé à 200 mètres du QG des services secrets canadiens.  Programme chargé avec neuf conférenciers à l'ordre du jour, public peu nombreux, une soixantaine de personnes.  Propos liminaires de Simon Davies, directeur général de PI, et de David Banisar, du Electronic Privacy Information Center (EPIC) (http://www.epic.org/) pour bien camper le sujet et décrire les quatre grands axes de la question : identification des individus, collecte de renseignements, traitement des données sur les personnes, puis maillage entre les bases et détenteurs de données.

Premier conférencier, Mike Frost, ancien agent de renseignement au Centre de sécurité des télécommunications (CST) et auteur du livre Spyworld dont on trouve certains extraits à http://www.bme.med.ualberta.ca/~fwang/sworld.html.  Ayant quitté le CST avec fracas en 1994, Frost est maintenant un vieux routier du circuit des conférences.  Selon lui, même si son mandat l'interdit, le CST exerce une surveillance sur de nombreux citoyens canadiens.  À preuve, il cite le cas du «French problem», cellule de surveillance des contacts politiques France-Québec lors du référendum de 1980.  Inquiétant pour les particuliers, car les bases de données dans lesquelles sont stockés ces renseignements échappent aux recours des citoyens en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.  On peut donc à votre insu recueillir des renseignements à votre sujet sans que vous ne puissiez en vérifier la validité, ou demander un rectificatif.

Frost est catégorique, la situation a déjà dérapé, il faut faire quelque chose.  Mais le problème est que le CST reçoit des ordres de gens qui n'ont aucune obligation de rendre des comptes; il relève directement du Bureau du premier ministre; le Bureau du Vérificateur général n'a pas accès, par les voies habituelles, aux dossiers de gestion financière du CST, son budget est secret.  Le CST a un site Web à http://www.cse.dnd.ca/ où il fait part de son mandat et de ses objectifs, mais je vous suggère aussi un site «non officiel» et un peu plus critique à http://watserv1.uwaterloo.ca/~brobinso/cse.html.  Rappelons que c'est le CST qui veut imposer une infrastructure de clés publiques au Canada, tel qu'indiqué à http://www.cse.dnd.ca/cse/francais/gov.html.

Autre conférencier entendu à Ottawa, Simson Garfinkel, auteur bien connu, tant pour son ouvrage Pretty Good Privacy: A Handbook qui traite du logiciel de cryptage PGP disponible à http://www.pgp.com/, que pour sa collaboration hebdomadaire au périodique électronique Packet, nouveau rejeton du groupe Wired à http://www.packet.com.  Pour Garfinkel, l'Internet se prête à merveille à la surveillance des individus car en raison de la nature même des systèmes d'exploitation de type UNIX, sur lesquels repose le fonctionnement du réseau, on peut suivre à la trace les déplacements et communications des utilisateurs.  Garfinkel recommande donc l'utilisation du cryptage par PGP, mais livre aussi une mise en garde contre les cookies, ces petits paquets de données qui s'inscrivent souvent à votre insu sur votre disque dur et qui peuvent servir à vous identifier sur un site Web.  Par exemple, en utilisant votre logiciel de traitement de texte, ouvrez le répertoire où loge votre fureteur et vous trouverez probablement un fichier nommé COOKIES.TXT.  En l'ouvrant, vous verrez quels sont les sites qui ont marqué votre passage.  On peut bien sûr effacer ce fichier sans nuire au fonctionnement du fureteur, mais il se créera de nouveau à la première occasion.  On trouve chez Netscape à http://www.netscape.com/newsref/std/cookie_spec.html une description du fonctionnement des cookies et de leurs utilisations possibles.  Par contre, si vous ne tenez pas à ce que certains sites conservent des données sur vos visites, on suggère sur la page No Cookies Please à http://www.whyron.com/cookies.htm une méthodepour effacer ces fichiers.  En outre, on vous invite à écrire aux responsables des sites utilisant cette méthode pour leur demander de cesser ces pratiques.  Efficace?  L'effacement automatique du fichier lors de la mise sous tension de l'ordinateur, oui.  Par contre, on peut douter que les exploitants de sites cesseront d'utiliser les cookies sur simple réception d'un mot de votre part.

Un excellent résumé de ressources sur le cryptage, Crypto 101, est disponible à http://wirehead.it.hq.nasa.gov/~jmoore/netsurfer.html.  En outre, pour nos lecteurs et lectrices de Paris, l'EPIC (Electronic Privacy Information Center) et le magazine Planète Internet vous invitent à une conférence internationale sur la cryptologie et les enjeux sociaux du secret informatique face au développement d'une politique internationale.  C'est ce 25 septembre et c'est ouvert au public, mais attention, il faut réserver.  Les détails à http://www.netpress.fr/.

Lectures préparatoires si vous entendez y assister, ou tout simplement pour vous documenter en français sur cette question, un document de l'OCDE sur la sécurité, la vie privée, le chiffrement et les droits de la propriété intellectuelle à http://www.oecd.org/dsti/iccp/legal/top-fr.html.

Rappelons que le Global Internet Liberty Campaign (http://www.gilc.org/gilc/) présentera aux responsables de l'OCDE le texte d'une résolution demandant que l'organisme fonde ses politiques sur le droit fondamental des citoyens à s'assurer de la confidentialité de leurs communications, demandant que l'on résiste à la tentation de développer des réseaux de communication à des fins de surveillance, et demandant que l'OCDE se penche sur la question du respect de la vie privée dans les communications, et ce à l'échelle de la planète.

Dangereux, l'Internet.  À voir les moyens que certains pouvoirs publics voudraient prendre pour en limiter ou en contrôler l'utilisation, on pourrait le croire.  Mais pour Hervé Le Crosnier, il convient d'aborder une réflexion en profondeur sur d'autres axes.  «Le débat économique tend à restreindre la question des services, de leur valeur culturelle et de leur capacité à offrir de nouveaux terrains au développement du lien social» écrit-il en préambule à un texte éclairant, dans le Journal Virtuel des Humains associés à http://www.ina.fr/CP/HumainsAssocies/JournalVirtuel2/HA.JV2.LeCrosnier.html.  Conclusion de Le Crosnier : «Le réseau nous donne aujourd'hui le moyen de réfléchir concrètement à ce que pourrait être une "économie politique de la connaissance"».

Et pourtant l'économie traditionnelle se porte bien sur le Web.  Aliasing Concept nous présente une étude sur la répartition thématique des sites Web français et on constate que 29 % sont à teneur commerciale, 15 % relèvent de la recherche, et 12 % de l'enseignement.  Les médias arrivent bien loin avec 3 % des contenus des Webs de France.  On nous dit que cette étude sera bientôt étendue à l'ensemble des sites francophones; les détails à http://www.acorus.fr/general/aliasite.htm.

Difficile ces temps-ci de passer un certain temps sans parler de moteurs de recherche.  Ce sont, et toutes les études le confirment, les sites qui ont la cote de fréquentation la plus élevée, reflet de la douce anarchie de l'internet.  Actualité du Net passe en revue trois des moteurs de recherche les plus populaires, AltaVista, HotBot et Lycos pour essayer de comparer leurs avantages respectifs et voir comment, à l'usage, ils se sont comportés avec des mots ou phrases comme «France», «Chirac», «Lucien Bouchard» et d'autres.  Le banc d'essai à http://msn.axime.com/LeGuide/ADN/Focus.htm.

Premières semaines du Libertel de Montréal, le réseau communautique d'accès à l'Internet, et le rodage se poursuit.  Selon les responsables, si la démarche est discrète par les temps qui courent, c'est qu'on veut bien préparer la machine avant une campagne de promotion qui se tiendra plus tard cet automne.  Mais ça bouge, à preuve sur le site Web à http://www.libertel.montreal.qc.ca/, plus de 80 organismes régionaux y ont déjà leur vitrine électronique.

Du côté du Libertel d'Ottawa, les choses vont aussi très bien.  Selon David Sutherland, premier responsable et initiateur du National Capital Freenet, le nombre de personnes inscrites au service est passé depuis un an de 46 000 à 57 800.  En moyenne le NCF accueille 95 000 connexions par semaine; au cours des 12 derniers mois, il n'a été hors service que pour l'équivalent de 3,5 jours.  En outre, les forums d'échanges communautaires sont passés de 185 à 253, et 89 nouveaux fournisseurs d'information ont maintenant des services à partir du NCF.  Au cours des semaines qui viennent, en plus de chercher à offrir encore plus de services à sa clientèle, le NCF inaugurera un centre d'accès dans une bibliothèque publique qui disposera de cinq postes de travail multimédia.  On entend aussi bonifier les services Web, un peu comme le fait le Libertel de Montréal.  La vitrine Web du NCF est à http://www.ncf.carleton.ca/.

Pour avoir une idée de l'ampleur du phénomène des freenets/libertels à travers le monde, et de l'esprit communautique qu'on y trouve, on peut consulter le site très complet de Paul Baker, Community Networks: an On-line Guide to Resources à http://ralph.gmu.edu/~pbaker/.

Journée portes ouvertes au Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM), le jeudi 26 septembre de 10 h à 17 h dans ses locaux au 1801, avenue McGill College, bureau 800, à Montréal.  Le CRIM est avantageusement connu du public grâce à des activités de recherche et développement, de formation et de transfert ainsi qu'à des activités dans lesquelles il a joué un rôle déterminant, notamment la venue à Montréal d'INET'96, ainsi que la création du Réseau interordinateurs scientifique québécois (RISQ) et du Centre d'expertise et de services en applications multimédias (le CESAM).  Le CRIM sur Web, pour ceux et celles qui ne pourront répondre présent à l'invitation, à http://www.crim.ca/.  Profitons de l'occasion pour vous rappeler que, si vous ne l'avez déjà fait, il ne vous reste que dix jours pour répondre au questionnaire du sondage/enquête du RISQ à http://www.risq.qc.ca/enquete/.  Déjà plus de 4 000 personnes ont répondu et des résultats partiels sont déjà en ligne.

En terminant, un site assez spécial, le Grand Prix Fabergé 1996.  Non, pas une course de Formule 1, c'est un concours de design de flacon de parfum de voyage et de son étui, concours organisé par la société Fabergé et auquel étaient invités à participer des étudiants et étudiantes des écoles d'art françaises et britanniques.  On a reçu 95 projets dont 44 ont été retenus en présélection.  Les créations primées sont exposées à Paris depuis le 11 et jusqu'au 29 septembre, et sur le Web à http://www.faberge-paris.com/.  De très beaux objets, de la grande classe.

Il y a douze mois, dans la Chronique du 23 septembre 1995 (950923.html), il était question, entre autres, du Whebdo devenu le Webdo auquel nous revenons régulièrement, du Manifeste du Unabomber (le suspect Theodore Kaczynski est en attente de procès) , d'un cours sur la physiologie de l'arbre, automne oblige, et de l'exposition Treasures of the Czars.

Il y a dix-huit mois, dans la Chronique du 22 avril 1995 (950422.html), place aux Oiseaux de l'autoroute électronique, à Communipomme, à la Page du grand Jacques, devenue introuvable, et à Vellum Gallery.

Rappel médias : À la télé de Radio-Canada, l'émission BRANCHÉ le samedi à 17 heures, nouvelle série d'émissions et de reportages, et site Web remanié à http://www.src-mtl.com/tv/branche/index.htmlDemain la veille, dimanche à 13 heures (heure de l'Est) et sur le Web à http://www.src-mtl.com/radioam/demain.html.  Du nouveau du côté de TVO/TFO, la chaîne publique ontarienne, on attend l'émission On se branche qui prendra l'antenne dès le 29 septembre.  Concept intéressant, c'est la première dramatique à explorer le thème d'une famille qui apprivoise les nouvelles technologies de l'information.  Un site Web à http://204.41.126.30/tfo/onsebranche/.  Pour les abonnés et abonnées du service de câblodistribution de la ville de Québec, MICRO-INFO sur Télé-Mag 24, horaires de diffusion sur le site Web à http://www.telemag.qc.ca/micro-info/.  Tous les jeudis, la section Technologies de Voir à http://www.voir.qc.ca.  Aussi, tous les mardis, la section PL@NÈTE du quotidien Le Devoir à http://www.cam.org/~bmunger/.

Bonne semaine à tous et à toutes,

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca


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