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Les Chroniques de Cybérie

Le 31 mai 1996
© Les Éditions Cybérie

Oui, à la liberté d'expression sur l'Internet!



Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette semaine...

Ce jeudi à 18 h, lancement du site Web de l'hebdo des arts, de la culture et de la publicité, VOIR, à http://www.voir.qc.ca.  Chroniques, bien sûr, tirées de l'imprimé, mais aussi calendrier d'événements et rubriques.  Fait intéressant, on nous invite à communiquer avec le journal et à participer à des forums, dimension interactive trop rare sur des sites Web issus de l'imprimé.  Belle utilisation du multi-fenêtrage qui sert à loger les boutons de navigation.  VOIR se positionne donc sur le marché des chroniques et agendas culturels et artistiques sur le Web, un secteur qui commence à être passablement peuplé au Québec.

Le Centre de promotion du logiciel québécois (CPLQ), dont je vous parlais la semaine dernière, a inauguré son nouveau site à http://w3.CPLQ.org/.  Pour l'occasion, le CPLQ livre les faits saillants de son enquête sur les conditions salariales dans l'industrie du logiciel.  Régimes d'avantages sociaux, commissions, participation aux bénéfices et primes d'intéressement y sont aussi traités.  Cette enquête a été effectuée auprès des producteurs de logiciels membres du CPLQ.  Les salaires de plus de 2 000 employés ont été sondés pour établir des moyennes : programmeur intermédiaire (34 835 $), analyste intermédiaire (41 156 $), représentant principal (48 853 $), président directeur général (74 870 $).  L'analyse selon la taille de l'entreprise constate qu'il est plus avantageux (du point de vue de la rémunération) de travailler pour une entreprise qui compte entre 13 et 24 employés que pour une entreprise plus petite ou plus grosse.  Enfin, ce sont là des points saillants; pour le rapport complet, il faudra débourser.

Parlons un peu du service InfiniT de la société Vidéotron, dont la porte principale est à http://www.infinit.net/.  Style dégagé qui semble, en revanche, un peu trop copié sur celui du service Sympatico de Bell à http://www2.sympatico.ca/.  Autre chose qui nous frappe, alors que les services «en ligne» comme AOL, CompuServe, Prodigy et d'autres s'ouvrent à l'universalité de l'Internet, se décloisonnent, c'est un peu à l'«Internet selon Vidéotron» qu'on nous ouvre la porte sur InfiniT.  Un univers relativement clos où on peut entrer avec statut de visiteur (accès limité aux soi-disant ressources), mais où pour être admis résident(e) il faut remplir un questionnaire qui rivalise certainement de complexité (et d'indiscrétion) avec celui du ministère canadien de la Citoyenneté.  On nous répondra que c'est pour mieux nous comprendre, nous connaître, aller au devant de nos besoins...  non merci, j'ai donné au dernier recensement.  Soyons franc et disons que c'est une savante enquête de marketing.

Publication, jeudi dernier, du document traçant le cadre stratégique du gouvernement canadien, qui vise à orienter l'aménagement de l'autoroute canadienne de l'information.  Sous le titre «La société canadienne à l'ère de l'information : Pour entrer de plain-pied dans le XXIe siècle», le document étale cinq principes directeurs et trois objectifs.  Beaucoup d'accent sur les partenariats entre le public et le privé, les actions concertées d'envergure, les contenus canadiens et l'accès au plus grand nombre possible, mais pas de grandes révélations.  On nous informe que d'autres annonces suivront dans les semaines et les mois qui viennent.  Tout de même, un document balise disponible à http://xinfo.ic.gc.ca/info-highway/society/toc_f.html.

Créée en 1961 à l'Université de Montréal où elle siège, l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française et l'Université des réseaux d'expression française (AUPELF-UREF) a lancé, elle aussi jeudi dernier, un nouveau site Web, Le site de l'espace scientifique francophone à http://www.refer.qc.ca/ESF/.  Ce lancement coïncidait avec l'inauguration du Centre SYFED-REFER de Montréal, qui fait partie d'un réseau international de production et de diffusion d'information en Francophonie, le Système francophone d'édition et de diffusion (SYFED), auquel participent 23 pays.  L'ensemble de ces centres sont reliés au Réseau électronique francophone pour l'éducation et la recherche (REFER), boulevard francophone de convivialité identifié au sein des autoroutes de l'information.  Bonne nouvelle donc pour tout le secteur académique francophone, car ce site regorge de ressources à l'intention de la population étudiante, du personnel enseignant et des chercheurs de toute la Francophonie, en plus de fournir un espace commun à cette collectivité.

Le mensuel Québec Science, dans son numéro de juin, nous propose un article de Jean-Hugues Roy sous le titre Ça passe ou ça casse, et pour lequel l'auteur a recueilli l'opinion d'intervenants québécois, dont la nôtre.  On y aborde les grandes tendances qui agitent l'Internet en cette année 1996 que plusieurs qualifient d'année charnière pour les inforoutes.  Le texte est disponible depuis le site Web de Québec Science à http://www.QuebecScience.qc.ca/net9606.html, mais revenons sur certains des thèmes abordés.

Les cyberbanques.  La société VeriFone a annoncé le 24 mai dernier qu'elle s'associait avec la Banque Royale du Canada pour offrir la première solution «de bout en bout» pour le commerce électronique au Canada.  Communiqué de presse à http://www.royalbank.com/english/news/news/e052496.html.  Basé sur le protocole Secure Electronic Transaction (SET), élaboré de concert avec Netscape, Visa, Mastercard, IBM, Microsoft et d'autres, le système permettra, d'ici quelques mois, de régler des transactions à partir de cartes de crédit, de débit ou à crédit réapprovisionnable, de même qu'à l'aide d'autres modes de paiement électronique.  Aussi, dans le dossier du commerce électronique, soulignons le service TelPay qui offre la possibilité de régler en ligne les factures d'un nombre grandissant de fournisseurs de biens et services canadiens.  Il vous faudra télécharger un logiciel, vous inscrire au service TelPay qui vous attribuera un numéro d'identification personnel (NIP), puis voir quelles factures d'un nombre grandissant de fournisseurs vous pourrez ainsi régler.  Mais le modèle est bon, on le dit à l'épreuve des fraudes, et l'entreprise semble sérieuse.  Les détails à http://www.telpay.ca (en anglais).

Les ordinateurs à 500 $.  La société Oracle vient de rendre public les normes techniques de son ordinateur de réseau (Network Computer - NC) conçu pour se vendre environ 500 $ US.  FTP, décodage HTML et des formats graphiques, mais pas de disque dur.  Le NC devra puiser ses auxiliaires à même les ressources du réseau.  Ces normes, acceptées par Apple, IBM, Netscape, Oracle et Sun, régiront donc la production du matériel et des logiciels destinés à ces terminaux muets sur Internet.  Personnellement, nous y voyons deux failles.  Tel quel, le NC n'offre pas la possibilité de produire du contenu destiné à la diffusion sur le Web.  Puis, cette petite phrase dans la fiche technique du produit : «The NC Reference Profile does not specify an implementation for a Network Computer, nor does it preclude additional features and functions outside the scope of the profile».  Autrement dit, on commencera par vous vendre un NC à 500 $, puis on vous proposera, pour être plus efficace, une gamme de périphériques et d'auxiliaires, portant ainsi le prix de l'investissement à ce que l'on pourrait s'attendre à payer pour un PC ou un Mac usagé.  Enfin, pour les amateurs de fiches techniques, c'est à http://www.nc.ihost.com/nc_ref_profile.html.

Le Net sera réglementé plus sévèrement.  Nos lectrices et lecteurs assidus connaissent notre parti pris pour la liberté d'expression sur l'Internet.  Voici un autre beau cas de tentative de réglementer, de manière tout à fait irréaliste, les activités de certains producteurs de contenus.  Tentative, disons-nous, car si l'assemblée législative de l'État américain de Georgie l'a adoptée, on se demande comment cette loi peut être appliquée.  Il s'agit du House Bill 1630 en vertu duquel il serait illégal, pour quiconque, de transmettre ou d'échanger des données par courrier électronique si de telles données utilisent des nominatifs qui masquent l'identité réelle de la personne qui les transmet.  De plus, il serait illégal d'arborer un logo sans la permission du détenteur des droits, et d'afficher un hyperlien sans la permission du propriétaire du site vers lequel il pointe.  D'un ridicule consommé, direz-vous.  Eh oui, imaginez, par exemple, le nombre d'autorisations que devraient accorder des entreprises comme Microsoft ou Apple s'il fallait demander la permission d'afficher un hyperlien menant à leurs pages.  Concrètement?  Eh bien, la rédaction, la production et la diffusion des présentes Chroniques seraient illégales si j'habitais Atlanta!  En fait, 99 % des sites Web le seraient en Georgie.  Ironiquement, le parrain du projet de loi (ancien employé de Bell South), a avoué, au cours du débat à l'assemblée législative, ne pas être branché à l'Internet et ne pas pouvoir décrire au juste ce qu'est un site Web.  Le ridicule ne tue pas, les législateurs de Georgie en sont la preuve vivante.  Dossier complet à http://www.gahouse.com/docs/whatsnew/parsons.htm.

Mais qui, donc, devrait arbitrer les conflits potentiels dans la cité cybernétique.  Si les gouvernements n'ont point l'autorité reconnue, si les litiges échappent à la compétence des tribunaux, «si le sel de la terre s'affadit»...  proposition intéressante qui nous vient depuis le site du Virtual Magistrate à http://vmag.law.vill.edu:8080 [NDLR : inactif].  Quatre organismes juridiques américains proposent un service d'arbitrage qui, pour la modique somme de 10 $ (traitement de la demande), tranchera des différends impliquant des utilisateurs et utilisatrices de services de réseaux, des personnes qui se croiraient lésées par des messages qui leur auraient causé un tort, ou des exploitants de systèmes dans la mesure où des plaintes ou mises en demeure de corriger des situations leurs sont adressées.  Loufoque?  Marginal?  Si on en juge par le sérieux des organismes, cette initiative est à surveiller.  L'élaboration des politiques est le fruit du Cyberspace Law Institute.  L'administration des cas relève du American Arbitration Association.  Le fonctionnement, comme tel, du service d'arbitrage est confié au Villanova Center for Information Law and Policy.  Les crédits d'exploitation proviennent du National Center for Automated Information Research.  Mais les décisions, bien sûr, n'auront que force morale, comme celles de la plupart des tribunaux internationaux.

Si vous êtes amateur de romans policiers, vous connaissez certainement le nom du locataire du 221-B Baker Street à Londres.  Élémentaire, diraient certains.  Eh oui, c'est Sherlock Holmes, le personnage né de la plume et du cerveau de Sir Arthur Conan Doyle mondialement connu pour sa lutte incessante contre le crime.  Très présent sur le Web de langue anglaise, il était, jusqu'à très récemment, inconnu au bataillon de la toile francophone.  Mais voilà que Sébastien Canevet y a vu et nous propose le site, Les dix-sept marches, à http://www.interpc.fr/mapage/canevet/index.html.  Et quel site!  Un des meilleurs contenus thématiques qu'il nous ait été donné de voir depuis longtemps, ce site s'impose par la qualité de la recherche et par la structure de présentation.  Parions qu'il sera un sérieux candidat aux Webs d'Or; quelle que soit la catégorie dans laquelle il sera inscrit.  Moriarty n'a qu'à bien se tenir, Holmes vient d'embrigader de nombreux auxiliaires.  À consulter : la liste des autres liens (anglophones) sur Holmes.  À lire : les liens entre Holmes et la France.  S'abonner à : la liste de discussion sur Sherlock Holmes.  Un défi à relever : à quand un site de qualité égale sur Arsène Lupin?  Bonne continuation, Monsieur Canevet.

Quelques autres sites à voir, tant pour la qualité du contenu que pour l'élégance de la présentation.  Commençons par celui de la revue Première, le périodique cinéma bien connu.  Depuis 20 ans la référence en la matière, Première a lancé son site Web à l'occasion du plus récent Festival de Cannes.  Très complet avec son calendrier des sorties, ses nouvelles en bref, ses rapports de tournage et de critiques, Première y ajoute un série impressionnante d'hyperliens sur le cinéma, des biographies et filmographies inédites, ainsi que des affiches et des photos à télécharger.  Fortement suggéré aux cinéphiles, c'est à http://www.premiere.fr.

Septième art, tendance photo, il faut aussi voir le Photojournalist's Coffee House à http://www.intac.com/~jdeck/index3.html.  C'est une série d'expositions virtuelles thématiques, présentées à la manière des plus beaux livres de table.  Les thèmes : les sans abris, les forains, l'intégration sociale.  À souligner les excellentes pages de Dan Habib sur la sexualité adolescente, où les textes qui accompagnent les photographies nous décrivent ces sentiments d'urgence, ce besoin de modèles, cette concurrence entre pairs que vivent les ados à la recherche d'une identité sexuelle.  Traitement révélateur de ces rites de passage.

Moins recherché sur le plan visuel, plus «artisanal» que les deux sites précédents, mais véritable pont littéraire entre les générations, celles des moins de vingt-cinq ans et des plus de quarante-cinq ans, c'est Literary Kicks à http://www.charm.net/~brooklyn/LitKicks.html.  Les divers courants musicaux des années soixante sont bien documentés sur le Web en comparaison des courants littéraires, qui reflètent bien tous les deux cette époque dominée aux États-Unis par la Guerre du Vietnam.  Eh oui, on l'a presque oubliée celle-là, tant on nous banalise les conflits présents.  Suffit-il de rappeler qu'entre 1961 et 1973, deux millions de Vietnamiens et Vietnamiennes et 58 000 militaires américains y ont laissé leur vie.  Et puis, les séquelles : l'association américaine des anciens combattants handicapés du Vietnam compte 700 000 membres, et on évalue à 130 000 le nombre de suicides attribuables aux désordres post-traumatiques chez les vétérans de cette campagne militaire.  Sur le continent américain, on regardait à tous les soirs, à la télé en noir et blanc, les Walter Cronkite et Mike Wallace pateaugeant dans la boue des marais du Mékong.  Au Québec, on regardait Marc Charpentier à Radio-Canada, on aidait à cacher dans nos villes et campagnes les insoumis de la conscription venus du Sud (on a tellement réussi que certains sont restés).  On écoutait Hendrix, Baez et Dylan.  Et on lisait Kerouac, Ginsberg, Burroughs, Cassady, Kesey.  «Turn off your mind, relax, and float downstream.»  C'est à cet univers que vous convie Levi Asher sur son site Literary Kicks, projet personnel, collection de textes et de liens sur les literati américains de la nouvelle culture des années soixante.  Un site qui, comme vous le constatez, nous a rappelé de nombreux souvenirs.

Changement de registre pour terminer.  Allons, avouez- le, vous grignotez en furetant le Web, en naviguant sur vos sites favoris, en traitant votre correspondance électronique, ou en évoluant dans un MOO ou sur un CHAT.  Que «grusinez-vous», par exemple, en ce moment?  Selon un récent sondage/enquête mené en ligne depuis le site de la Snack Food Association et du National Potato Promotion Board, 82 % de la population cybérienne consomme un petit quelque chose devant son écran.  Le maïs soufflé, ce bon vieux popcorn, est la «gueulardise» préférée par 24 % des répondants et répondantes, suivi de près par les bretzels, à 23 %.  La pomme de terre en croustille arrive bonne troisième à 16 % et les chips tortillas recueillent 14 % de la faveur des internautes.  Ce sont d'abord les personnes de la «génération X» (51 %) qui grignotent en utilisant l'Internet, les 40 à 49 ans ne représentent que 21 % des cybergrignoteurs.  Pas très scientifique, peut-être, mais amusant tout de même à http://www.snax.com/.

Ah oui, j'oubliais, juin est un mois très spécial en Cybérie.  Non pas parce que ce sera un mois de deux pleines lunes, phénomène qui ne se reproduit, en moyenne, que tous les 2,7 ans (attention, en 1999 il y aura deux mois de deux pleines lunes, janvier et mars, et un mois sans pleine lune en février), mais bien parce que Montréal et le Québec tout entier accueillera la conférence INET'96 ( http://www.crim.ca/inet96/) et le Marché international multimédia (http://cite.artech.org/mim/).  On en parlera donc beaucoup à compter de la semaine prochaine.

Rappel média : INTERACTIF, au réseau TVA, samedi à 17 h, et sur Web à http://www.interactif.tva.ca/ [NDLR : inactif].  L'émission BRANCHÉ, en reprise estivale en attendant la nouvelle saison, sur les ondes de Radio-Canada, samedi à 17 h 30 et sur Web à http://www.src-mtl.com/tv/branche/index.html.  Pour les abonnés et abonnées du service de câblodistribution de la ville de Québec, MICRO-INFO sur Télé-Mag 24, horaire de diffusion sur le site Web à http://www.telemag.qc.ca/micro-info/.  Pour nos lecteurs et lectrices de l'étranger, RADIONET@ (l'émission) sur le service international ondes courtes de Radio-Canada, horaire de diffusion pour tous les pays et références des adresses mentionnées au cours de l'émission sur le site Web, et émissions précédentes disponibles en RealAudio depuis http://radioworks/src.ca/radionet/ [NDLR : inactif].  Le segment RADIONET@ dans le cadre de l'émission DEMAIN LA VEILLE à la radio de Radio-Canada, sur l'ensemble du réseau les dimanches à 13 h 04 (une heure plus tard dans les Maritimes) et sur le Web à http://www.src-mtl.com/radioam/demain.html.  Aussi, tous les mardis, la section PL@NÈTE du quotidien Le Devoir à http://WWW.CAM.ORG/~bmunger/.

Bonne semaine à tous et à toutes,

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca


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