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Les Chroniques de Cybérie


Le 16 février 1996
© Les Éditions Cybérie

Oui, à la liberté d'expression sur l'Internet!

Candidat aux Webs d'Or 1995.


Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette semaine...

Levée de boucliers aux États-Unis et ailleurs contre la censure, les internautes réagissent à l'adoption du Telecommunications Act of 1996; (texte complet à http://www.technologylaw.com/techlaw/telecom_bill.html) et, pendant 48 heures, nombre de sites ont réglé au noir la couleur de fond de leurs pages.  Démarche à plus long terme, et pour ne pas compromettre tout l'effort graphique des pages, la campagne du ruban bleu dont le site est à http://mirrors.yahoo.com/eff/blueribbon.html est suivie par nombre de sites, dont celui des présentes Chroniques de Cybérie.

Dix-neuf organismes ont interjeté appel devant les tribunaux d'instance supérieure pour faire invalider les nouvelles dispositions de la loi.  On peut consulter la liste de ces organismes, et leurs motifs d'opposition, avec liens à leurs sites Web à http://pathfinder.com/@@qSs7BlEcpgMAQEiN/pathfinder/politics/netpol/plaintiff.html.

En fait, ces dispositions ne représentent qu'une petite partie du texte de la Loi, nommément l'article 502.  En revanche, ces quelques paragraphes compromettent la liberté d'expression de manière sérieuse.  Toute une foule de sites pourraient se voir interdits en raison du vocabulaire employé, des mots utilisés pour décrire de dures réalités.

En vertu de la Loi, se rend coupable d'un délit toute personne utilisant un dispositif informatique interactif pour afficher, d'une manière qui soit disponible à une personne âgée de moins de 18 ans, tout commentaire, suggestion, proposition, image, ou toute autre communication qui, en contexte, décrit en termes jugés offensifs, selon les normes contemporaines de la collectivité, des activités ou organes sexuels ou excréteurs, sans égard au fait que l'utilisateur d'un tel service ait placé l'appel ou engagé la communication.

Quand on connaît la précocité de nos jeunes, et qu'on sait que plusieurs ont leurs premières expériences sexuelles de plus en plus tôt, une telle disposition est-elle réaliste?

En effet, comment animer un site de soutien aux personnes touchées par le SIDA, d'information sur les techniques de reproduction, et de sensibilisation à des problèmes comme le viol de personnes incarcérées, sans utiliser les «mots pour le dire».  Pensons aussi aux sites destinés aux jeunes et qui prônent des comportements sexuels «sécuritaires», aux sites qui proposent aux femmes une réflexion sur l'avortement, et à toute une panoplie de sites de service, de création récente, qui jouent un rôle important dans la diffusion d'information.

Tous ces sites seront menacés de bâillonnement, et c'est là où le bât blesse.  Sous prétexte d'enrayer certaines pratiques douteuses, déjà punissables en vertu de lois existantes, on a adopté une autre loi dont l'étendue dépasse les limites du raisonnable (et de l'applicable) dans une société qui se veut de plus en plus ouverte, une loi qui permet, pour bien peu de choses, de fabriquer des coupables.  Sans compter que le Telecommunications Act amendé discrédite, par association, l'ensemble des utilisateurs et utilisatrices de l'Internet, et jette une ombre sur les applications possibles de ce nouveau médium.  De plus, les pouvoirs d'enquête liés à cette Loi, en vertu des autres lois connexes, risquent de compromettre le droit à l'anonymat et de briser la garantie de cet anonymat, si essentiel dans bon nombre de services.

Prenons pour exemple Élysa, une initiative intéressante d'un groupe d'enseignants du département de sexologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).  Élysa a pour but de fournir des informations et des conseils de haut niveau sur la sexualité humaine, depuis un site Web à http://www.unites.uqam.ca/~dsexo/elysa.htm.  Bien que les responsables assurent que les mesures de confidentialité usuelles sont scrupuleusement respectées (ces personnes étant liées par le secret professionnel), l'effet «douche froide» des mesures législatives n'a rien pour rassurer un être déjà fragilisé par les difficultés auxquelles il est confronté.

D'autres ont pris des positions, pour divers motifs, contre cette nouvelle loi, dont le chroniqueur de l'hebdomadaire suisse Whebdo, Bruno Giussani, qui présente son dossier à http://www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1996/hebdo_02/adf_02_ndi.html, l'hebdo La Rafale qui nous présente une édition spéciale «La mort d'un [certain] Net?» à http://www.imaginet.fr/rafale/act.html [NDLR : inactif], ainsi que QUATERNET à http://www.quaternet.fr:8080/liberte.html [NDLR : inactif].

Changement de registre, trêve de considérations juridiques, pause bienvenue pour tous, même si certains ou certaines d'entre vous contesterez mon choix du prochain site.  L'émission télévisée L'heure Jean-Marc Parent, ça vous dit quelque chose?  Pour les lecteurs et lectrices de l'étranger, ou ceux et celles d'ici qui auraient été en état d'hibernation depuis quelques semaines, disons que Jean-Marc Parent est un des comiques québécois qui fait le plus parler de lui, au Québec, en ce moment.  Pourquoi?  C'est l'anti-héros.  Il avoue ses kilos en trop, il défile des monologues avec un léger zézaiement, il attaque ses sujets, doux ou durs, comme un pirate se lance à l'abordage d'un navire.  Et voilà que la critique est partagée, mais pas celle qu'on peut lire sur le site Web du phénomène JMP à http://jmp.infinit.net/.  Certains accusent JMP de «nivellement par le bas», mais il n'en continue pas moins ses émissions éclatées qui relèvent plus du happening/participation que d'un spectacle d'humoriste traditionnel, entouré de sa «gang» et de ses «fans».  Et si vous lui écrivez par courrier électronique, ne vous surprenez pas s'il fait lire à son auditoire votre message sur écran géant.  Une grosse expérience de communication, esprits «souffrant de rétention» s'abstenir.

Toujours au Québec, on se pose beaucoup de questions sur le site du Voyant Rouge.  Pourquoi?  C'est une première ici : un site dont le ou les responsables se cachent sous le voile de l'anonymat pour pourfendre de manière sarcastique (certains disent méchante) le chef du Parti Libéral du Québec, M. Daniel Johnson. Anonymat : on dit sur ce site que c'est nécessaire car le PLQ est tellement noyauté qu'agir autrement serait impossible et que, de toute manière, c'est le style de M. Johnson lui-même.  Méchanceté : on dit qu'on tente de faire de l'humour, même si ce n'est pas toujours très drôle.  C'est mince comme argument, c'est facile comme méthode, mais des questions se posent sur l'origine de ce site.  Coup de rage d'un cadre supérieur du PLQ, désabusé par la perte de vitesse et de faveur du Parti, coup médiatique par un fournisseur de services Web en mal de publicité, coup fourré venant de quelque officine d'Ottawa ou de Québec (on en a vu d'autres), coup machiavélique du clan Johnson pour se prétendre attaqué et recueillir la sympathie du public, difficile à déterminer.  Mais c'est tout de même dommage.  Si la liberté d'expression sur Internet doit être défendue (comme nous l'affirmons), il importe avant tout de comprendre que cette liberté d'expression, comme tous les droits, s'accompagne de responsabilités comme celle de signer ses actes.  Souvenons-nous du tollé lorsque, il y a quelques années, des politiciens avient signé un traité avec des autochtones masqués, donc anonymes.  Ce genre d'anonymat n'a pas bon goût dans notre société, et la diffusion ici de tracs électroniques, anonymes, risque d'être mal perçue et de se retourner contre l'arroseur.  Autre question soulevée par un collègue : comment un site si peu fréquenté (compteur à 584 lors de notre plus récente visite, environ une demi journée en temps de Cybérie) a-t-il pu s'assurer une telle couverture de presse?  On sait que les Libéraux sont communicateurs, mais...  Enfin, pour ceux et celles qui croiraient y tirer quelque chose, l'adresse est http://www.pubnet.qc.ca/voyantrouge/start.htm [NDLR : inactif].

Nouvelle version de Netscape 2.0, celle dite «officielle» dans la série 2.  Peu de changements si vous avez suivi les six mises à jour beta jusqu'à maintenant, disponible depuis les sites usuels ou à http://home.netscape.com/.  Par contre, on apprenait dans le New York Times cette semaine que nous aurons bientôt droit à des logiciels de protection d'écran (screen savers) qui nous offrirons des dépêches nouvelles de Reuter, ESPN, du Boston Globe et du Los Angeles Times (et de la pub).  Ces dispositifs de protection d'écran seront intégrés aux prochaines versions de Netscape.

Bien sûr, tout le monde veut faire la java sur le Web, et les nouvelles versions de Netscape disposent des caractéristiques nécessaires.  Java, c'est un langage de programmation de la société Sun, qui permet de créer des effets graphiques et d'animation sur les pages Web.  Le problème c'est que, en ce moment, Java ne s'adresse qu'à une minorité d'utilisateurs et utilisatrices.  Disons qu'il n'y a pas encore de version Mac, et qu'il exige les systèmes d'exploitation Win95 ou Windows NT.  On prend donc la masse critique (à peine atteinte) des internautes sur Web, on enlève 25 % (systèmes Mac) et on divise par trois (Win95 et NT).  Puis, Java exige une bande passante assez large car il faut télécharger ces applications, évidemment.  Par exemple, nous avons vu un globe terrestre auquel on imprime un mouvement de rotation.  Bel effet, mais il faut d'abord télécharger une vingtaine de graphiques GIF d'environ 10 ko chacun.  Pas pour tout de suite, donc, les applications de masse.  Enfin, pour ceux et celles que ça intéresse, Gilles Maire vient d'ajouter à son Nouveau Guide de l'Internet une section sur Java.  C'est à http://www.imaginet.fr/ime/.  Puis, les gens de l'Université de Bordeaux ont un centre de ressources Java à http://www.labri.u-bordeaux.fr/java/.  Enfin, une page de ressources, Gamelan à http://www.gamelan.com/ où on peut télécharger des applications.

C'est le 20 février, donc mardi prochain, que se tiendra la première «primaire» aux États-Unis, coup d'envoi du très long processus de consultation des électeurs inscrits pour la désignation du candidat républicain devant affronter Bill Clinton cet automne.  Les résultats des «caucus» tenus jusqu'à maintenant permettent de constater une forte propension aux idées de droite, ce qui se confirmera certainement au New Hampshire mardi prochain, premier État à tenir une primaire.  Si vous êtes un peu maniaque de politique américaine, comme moi, un site recommandé est celui du Foster's Daily Democrat (Dover, NH) et du Citizen (Laconia, NH) à http://www.fosters.com/FOSTERS/staging/elect96.htm.

Maintenant, une histoire comme on les aime bien, une histoire de David et Goliath.  Dans le coin gauche, deux assistés sociaux britanniques, Helen Steel et Dave Morris, âgés respectivement de 30 et 41 ans.  Dans le coin droit, McDonald's Corporation (McDo), la grande transnationale du hamburger, chiffre d'affaires annuel de 26 milliards de dollars.  McDo reproche aux deux Londoniens d'avoir distribué, en 1989 et 1990, des circulaires libelleuses à son endroit.  Il s'agissait de documents produits par le bureau de Londres de Greenpeace, qui dénonçaient certaines pratiques de McDo, jugées peu écologiques.  Assignés à comparaître devant un tribunal le 28 juin 1994, les deux accusés tiennent tête, depuis lors, à une armée d'avocats retenus par McDo (des millions de dollars en frais juridiques) dans ce qui est désormais le procès en libelle le plus long de l'histoire du Royaume-Uni.  La cause McLibel a entendu près de 180 témoins et recueilli plus de 10 000 pages de témoignages.  Le groupe de soutien qui s'est formé autour des deux accusés lance, vendredi le seize, son site Web à http://www.mcspotlight.org/.  On y trouvera tout l'historique du dossier et on pourra suivre les rebondissements de l'affaire.  Mais déjà, le duo dynamique avait un site Web «prêté» par la revue torontoise Eye, à http://www.interlog.com/eye/Misc/McLibel/ [NDLR : inactif], et un serveur de liste à laquelle nous sommes abonnés depuis un bon moment.  Je vous y suggère la lecture du communiqué 115, daté du 5 septembre 1995, disponible sur ce Web.  On y raconte certaines des déclarations pour le moins amusantes (le ridicule ne tue plus) entendues lors de la comparution de témoins.

Nous vous parlions, en octobre dernier, du MADITUC (Modèle d'analyse désagrégée des itinéraires de transport urbain collectif) développé sous la direction du professeur Robert Chapleau de l'École Polytechnique de Montréal et de son site Web à http://www.transport.polymtl.ca/.  Enquêtes origine/destination, calcul rapide des meilleurs trajets, analyses, simulations de la circulation automobile.  Dans la même veine, un outil Web destiné à s'implanter dans tous les lieux publics importants de Paris (gares, aéroports, foires, expositions), SYTADIN, une vue globale de la circulation sur le réseau des autoroutes de L'île-de-France.  Un affichage graphique en temps réel permet de voir les zones de circulation fluide, les embouteillages, les accidents et les zones où on effectue des travaux.  Une superbe application sur Internet pour éviter de se lancer dans des artères déjà congestionnées, SYTADIN sera développé dès l'an prochain par les grands constructeurs automobiles pour installation dans les voitures sur terminaux CARMINAT.  Une expérience à voir à http://www.club-internet.fr:80/sytadin/.

Et comment passer sous silence le duel humain/machine dans le monde des échecs, Kasparov/Big Blue.  Deux sites pour vous, d'abord un site officiel (IBM) à http://www.chess.ibm.park.org/.  On a dû ajouter des sites miroirs (http://198.133.20.115/deep/blue/home.html [NDLR : inactif]) en raison du grand achalandage au site original.  Imaginez si on y utilisait du Java.  Puis, le quotidien USA Today offre les dernières nouvelles sur ce tournoi particulier, depuis son site à http://www.usatoday.com/sports/other/chess01.htm.

Pas de duel, à peine des interrogations.  Pas de machine, seulement de l'humain.  Ce sont les billets que Gilles Archambault livre à l'émission de radio CBF-Bonjour (SRC), à Montréal, et qu'on peut maintenant lire depuis le site de Club-Culture à http://club-culture.com/rubrique/gilles/index.htm.

Convergence radio/Web, Cité Rock Détente, la chaîne FM québécoise, annonce l'ouverture de son site Web le 19 février prochain à 17 heures.  Les amateurs de la chanteuse Marjo ne seront pas déçus à http://www.rock-detente.com/.

Comment une artiste-peintre s'est dotée d'une galerie virtuelle sur Internet.  Lynn Courtemanche (http://www.iconode.ca/metadyne/lc/) sera interviewée dans le cadre de l'émission Espace Libre (SRC) diffusée vendredi le 16 février à 21 h 30 sur les ondes de CBOFT (Ottawa), puis en reprise à RDI à 23 h 30 dimanche.

Fin des Webs d'Or le jeudi, 15 février, à minuit GMT.  Les résultats officiels ne seront connus que le 20 février, pour permettre une vérification préalable des votes, et diffusés sur le site à 23 h 59 GMT, http://www.france.com/webdor/.

Rappel média : La première de l'émission BRANCHÉ le 17 février à 17 h et le site Web déjà ouvert en partie à http://www.src-mtl.com/tv/branche/index.html.  On nous annonce un entretien cette semaine avec Nicholas Negroponte.  Pour nos lecteurs et lectrices de l'étranger, Radionet@ (l'émission) sur le service international ondes courtes de Radio-Canada, horaire de diffusion pour tous les pays sur le site Web, et émissions précédentes disponibles en RealAudio depuis http://radioworks/src.ca/radionet/ [NDLR : inactif].  Le segment Radionet@ dans le cadre de l'émission Demain la veille à la radio de Radio-Canada, sur l'ensemble du réseau les dimanches à 13 h 04 (une heure plus tard dans les Maritimes) et maintenant sur le Web à http://www.src-mtl.com/radioam/demain.html.  Aussi, tous les mardis, la section Pl@nète du quotidien Le Devoir à http://www.vir.com/~wily/inforoute/planete.htm.

Bonne semaine à tous et à toutes,

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca


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