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Les Chroniques de Cybérie
26 octobre 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

26 octobre 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Reporters sans frontières prend position dans l'affaire Yahoo!
L'état du réseau aux États-Unis
Weblogs : des précisions
Amnistie contre la torture
En bref...
Élections générales au Canada
Beau détour

 Reporters sans frontières prend position dans l'affaire Yahoo!
Robert Ménard, secrétaire général de l'organisme Reporters sans frontières, a pris position dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler l'affaire Yahoo!

Il s'agit du procès intenté contre Yahoo! par l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP).  Les plaignants contestaient la mise en vente libre d'objets de collection militaires nazis, et le juge Jean-Jacques Gomez avait statué que l'exposition en vue de leur vente constituait une contravention à la loi française et qu'elle offensait «la mémoire du pays.» Un comité d'experts se penche présentement sur la possibilité technique de filtrer tout accès, depuis le territoire français, aux serveurs américains de la société Yahoo! sur lesquels se déroulent ces enchères.

Le texte, que l'on pourrait qualifier de courageux, est intitulé «Internet sans frontières».  Robert Ménard ne veut pas se faire l'avocat de grands groupes qui profiteraient de l'attachement des utilisateurs du réseau pour conquérir de nouvelles parts de marché.  Mais, affirme-t-il, «Il est peut-être temps de comprendre que, au nom de la Shoah, on ne peut pas ériger un arsenal d'interdictions toujours plus draconiennes.  Il faut rappeler ici que de grandes organisations juives américaines sont les premières à refuser qu'on interdise l'expression de propos négationnistes au nom justement de la liberté d'expression.  La mondialisation, si souvent et parfois si justement vilipendée, a aussi des vertus, à commencer par celle de nous obliger à nous confronter à des pratiques de la démocratie défendues par d'autres, telles que l'incarne, par exemple, le premier amendement de la Constitution américaine.»

Et pour conclure, Ménard écrit : «oui, la liberté de la presse est dangereuse, à commencer par la liberté d'expression, mais les entraves à cette liberté, quelles qu'en soient les motivations, sont encore plus dangereuses.»

La France rejoindrait-elle la liste des vingt pays ennemis d'Internet publié en août 1999 par RSF? Deviendra-t-elle la première démocratie occidentale à censurer l'accès au réseau?

Autre élément à verser au dossier, donc, en attendant le 6 novembre, jour auquel le rapport du comité d'experts est attendu.

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 L'état du réseau aux États-Unis
L'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) vient de dévoiler un important rapport d'enquête sur l'utilisation d'Internet aux États-Unis sous le titre «Surveying the Digital Future».  Ce premier rapport de l'UCLA sera suivi par d'autres, et c'est peut être cette dimension de suivi qui lui confère sa valeur académique.  Les auteurs écrivent qu'ils ne veulent pas rater l'occasion d'analyser les incidences sociales du développement d'un médium peu de temps après sa naissance, comme ce fut le cas avec la télévision.

Un lot de statistiques parfois impressionnantes.  Par exemple, 76 % des Américains branchés à Internet vérifient leur boîte de courrier électronique au moins une fois par jour, soit 42 % de l'ensemble de la population américaine.  Les utilisateurs d'Internet passent 28 % moins de temps que les non utilisateurs à regarder la télévision.  En milieu de travail, 48,6 % des répondants ont dit que leur employeur exerçait un contrôle sur leur courrier électronique, et 54,1 % un contrôle sur leurs activités Web. 

Le commerce électronique aurait une incidence sur les ventes traditionnelles des détaillants.  Deux tiers des répondants (65,1 %) ont déclaré que leurs achats en ligne avait réduit un peu leurs achats traditionnels, mais cette désaffection des canaux marchands traditionnels augmente avec le degré d'utilisation du réseau.

Mais certaines données ne changent pas, ou si peu, par rapport à d'autres enquêtes.  La méfiance par rapport au respect des renseignements personnels constitue toujours un frein à l'expansion du commerce électronique.  C'est 91,2 % des répondants qui se disent, à divers degrés, préoccupés par la sécurité de leur numéro de carte de crédit lors d'achats en ligne.  Ces craintes s'estompent cependant avec la répétition des achats.

L'étude a été menée auprès de 2 096 personnes, utilisatrices ou non d'Internet, et comporte une marge d'erreur de 2 %.

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 Weblogs : des précisions
Dans notre chronique de la semaine dernière, nous vous parlions des Weblogs, ces sites de genre «journal» qui commencent à se faire de plus en plus nombreux sur le Web aidés en cela par de nouveaux services d'édition et de diffusion.  À en juger par la correspondance reçue, le thème intéresse, mais nos explications n'étaient peut-être pas suffisamment détaillées. 

Reprenons un peu l'explication technique qui a suscité le plus grand nombre de questions, à savoir la plate-forme de diffusion.  Nous prendrons l'exemple du service d'édition Blogger car c'est celui que nous avons mis à l'essai dans nos recherches sur les Weblogs.

D'entrée de jeu, précisons que le service est gratuit.  La seule contrainte est d'afficher le logo de l'entreprise sur son site.  Après vous être inscrit et avoir choisi un mot de passe, il vous faut déterminer où votre Weblog sera hébergé.  Si votre fournisseur d'accès n'offre pas la possibilité d'héberger une page personnelle, Blogger vous accueille sans frais sur son service Blogspot.  Vous pouvez ensuite créer votre page en HTML, ou bien utiliser un des gabarits standard qui sont offerts.  Il vous faudra cependant inclure les codes essentiels d'édition de Blogger.

Une fois votre page créée, vous devrez fournir à Blogger les renseignements pour qu'il charge votre page sur un serveur Web (transfert de protocole de fichiers, adresse du serveur, vos nom d'utilisateur et mot de passe).  Ces renseignements peuvent être mis en mémoire dans votre compte Blogger, ce qui vous évite de les réinscrire chaque fois que vous souhaitez ajouter au contenu de votre Weblog.  Ces derniers s'ajouteront au contenu déjà présent sur votre Weblog, en ordre chronologique direct ou inverse.  Il sera possible de faire afficher la date et l'heure de chaque nouvel ajout.  Blogger permet de créer automatiquement des archives hebdomadaires ou mensuelles.

Il est également possible, avec Blogger, de diffuser ou de publier «en équipe», et c'est cette option qui sert à créer en Intranet, ou sur des répertoires protégés, des forums d'échange entre personnes qui disposent toutes des coordonnées d'accès et de transfert sur serveur, ou encore qui permet à des groupes de publier collectivement.

Mais, répétons-le, les ajouts s'affichent sur votre Weblog en ordre chronologique direct ou inverse, ce qui donne l'aspect «journal» aux Weblogs.  En fait, c'est l'outil parfait pour les nouveaux diaristes du Web dont Emmanuèle Peyret nous parlait lundi dernier dans Libération.

Bien que Blogger soit reconnu comme le meilleur service et soit en nomination pour quelques prix d'excellence, il existe d'autres services vous permettant de créer des Weblogs, dont Pitas (généraliste), Groksoup (axé sur la publication de nouvelles).

Le seul irritant, pour l'instant, est le problème des caractères accentués.  Les services de Weblogs fonctionnent en anglais, et la publication d'un texte en français exigera que vous insériez les codes HTML des caractères spéciaux vous-même car l'interface d'édition ne les «traduit» pas.

Alors, est-ce qu'une géniale «start-up» incluera dans son «business plan» une interface francophone?

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 Amnistie contre la torture
La semaine dernière Amnesty International lançait une offensive contre la torture, sous toutes ses formes, sous toutes les latitudes.  Cette campagne est d'ailleurs appuyée par les diverses sections nationales ou régionales de l'organisme.

La lecture des documents préparés à l'occasion de cette campagne sont renversants.  On cite une étude de l'organisme portant sur la torture menée sur 195 pays et territoires et s'échelonnant de 1997 à la fin du premier semestre 2000.  Selon les résultats de cette étude, AI a reçu des informations relatives à des actes de torture ou mauvais traitements infligés par des agents de l'État dans plus de 150 pays.  Dans plus de 70 d'entre eux, ces agissements étaient monnaie courante ; dans plus de 80 pays, ils auraient entraîné la mort.  Toutes les techniques sont bonnes (coups, chocs électriques, viols et sévices sexuels) et personne n'y échappe.

Plus insidieux, encore, la torture qui ne laisse pas de traces physiques, et qui ne peuvent donc servir de preuve contre les tortionnaires.  On peut enfermer une personne dans un espace si restreint de sorte qu'en quelques heures, la douleur des crampes devienne insupportable.  Ou encore les enfermer dans une pièce avec un cadavre en putréfaction.  Ou des dans locaux où il y a quelques centimètres d'eau sur le plancher, et aucun moyen de rester au sec.  Peu à peu, le corps se vide de sa chaleur.  Pas de traces, pas vu pas pris.  Désolé, c'est un langage cru, mais il faut dire certaines choses.

Tous les moyens sont bon pour lutter contre de telles actions.  Le chroniqueur Phil Agre a, au cours de l'été dernier, lancé sa propre campagne sur Internet.  Son but : contribuer aux fonds de recherche des médecins qui tentent de trouver des moyens de déceler des cas de torture psychique.  La manière est originale pour Agre.  Depuis des années, il collectionne des stylos bon marché.  Un jour, il a confié cette marotte à ses lecteurs, et ces derniers se sont mis à lui faire parvenir par centaines des stylos bon marché, originaux, drôles, bizarres.  C'était devenu une blague à défilement entre lui et ses lecteurs.

Agre a donc trouvé un moyen astucieux pour contribuer, à sa manière, à la campagne d'Amnesty International contre la torture.  Il a invité ses lecteurs à lui faire parvenir un chèque de vingt dollars tiré au nom d'Amnesty International.  En échange, il s'engageait à faire parvenir, par la poste, à l'expéditeur du chèque un de ses désormais célèbres stylos, et évidemment à remettre le chèque à sa section locale d'AI.  Succès de sa campagne : il nous confiait dernièrement que sa collection baisse à vue d'oeil et qu'il en est très heureux.

Parlons ici d'effet levier d'Internet.  Les stylos ne lui ont rien coûté, et d'ailleurs valent peu cher, moins de un dollar.  Ses lecteurs qui partagent son désir d'action en faveur de Amnesty International jouent le jeu et lui envoient 20 $.  Il en coûte environ 1 $ à Agre pour leur faire parvenir le stylo, mais il vient de lever 20 $ pour AI, multipliant ainsi par un facteur de 20 un dollar qu'il aurait probablement versé de toute manière.  Et tout ça parce que Agre, professeur à UCLA, diffuse une lettre apériodique sur Internet à quelque 5 000 abonnés.

Brillant, non? Ça donne des idées...

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 En bref...
En Suisse, on veut savoir ce que vous pensez des prestations fournies par les administrations publiques sur Internet.  À cet effet, un questionnaire en ligne a été élaboré par Olivier Glassey (HEC - Lausanne) en collaboration avec des membres du groupe de travail Cyberadministration.ch.  Huit questions, anonymat assuré par les responsables, et l'occasion de formuler votre opinion sur une question éminemment importante.  Une synthèse des résultats sera publiée au cours du mois de décembre 2000 et communiquée directement aux personnes qui le souhaiteront.

Belle réussite pour le Grand dictionnaire terminologique (GDT) lancé le 18 septembre dernier l'Office de la langue française et la société Semantix.  Un mois après son lancement, il a répondu à 1,3 million de requêtes, atteignant des pointes de 60 000 par jour.  Rappelons que le GDT contient 3 millions de termes français et anglais du vocabulaire industriel, scientifique et commercial, dans près de 2000 domaines spécialisés.  Cette mine de renseignements équivaut à 3000 ouvrages de référence.

Après les régions de San Francisco (Silicon Valley), Seattle (Microsoft, Boeing) et Boston (Silicon Valley East), la ville de Montréal arrive au quatrième rang en Amérique du Nord pour le nombre d'emplois per capita dans le secteur des technologies. C'est la firme Price Watherhouse Coopers Canada qui publiait récemment un rapport établissant ce classement.  L'étude compare 15 régions métropolitaines qui comptaient au moins trois millions d'habitants en 1996 et se base sur les données recueillies auprès de 10 000 entreprises privées de moyenne et de grande taille (100 employés et plus) des secteurs des technologies de l'information, de la biopharmaceutique et de l'aérospatiale.

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 Élections générales au Canada
Pour le bénéfice de nos lecteurs et lectrices du Canada, ainsi que pour ceux et celles de l'étranger qui s'intéressent à la politique canadienne, nous tenons à souligner la mise en ligne d'un nouveau site consacré à l'élection générale canadienne qui se tiendra le 27 novembre prochain, Scrutin2000.Net, une coproduction des Éditions Cybérie et de la société de production et d'intégration de contenus Cogitex.  Un site en noir et blanc? Eh oui, question de ne pas se faire dire que nous avions une couleur politique.

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 Beau détour
Cette semaine, vers la galerie photo virtuelle de Sophie Thouvenin, un site qui mérite d'être vu de près.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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