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Les Chroniques de Cybérie
8 aout 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

8 août 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

La semaine Napster...
... et les points de broderie de mémé et tatie
Commentaire
Politique réseau : Dubya?
En bref...
Beau détour

 La semaine Napster...
Tentons de résumer. Lundi, 24 juillet, on est en attente de la décision de la juge Marilyn Patel sur le sort de Napster, le logiciel/répertoire d'échange de fichiers musicaux en format MP3. La société Napster est poursuivie devant les tribunaux par le Recording Industry Institute of America (RIAA) pour piratage d'oeuvres protégées par le droit d'auteur. Les spéculations vont bon train, on s'attend à ce que la juge Patel n'y aille pas de main morte. Elle a même, lors d'une audience préalable, selon le Washington Post, qualifié Napster de «Microsoft de l'industrie musicale».

Mercredi, le couperet tombe : la juge Patel émet une injonction temporaire ordonnant la fermeture du service Napster dans les 48 heures, et ce jusqu'à ce que la poursuite du RIAA soit jugée sur le fond. Pour justifier sa décision, la juge Patel dit que Napster «perdra probablement» le procès que lui intente le RIAA! Déclaration étonnante pour un magistrat, surtout avant l'exposé complet des faits dans cette cause. C'est la ruée des utilisateurs qui se pressent de télécharger des fichiers musicaux avant que le service ne soit définitivement fermé. On enregistre un volume d'achalandage de quatre à cinq fois plus élevé qu'à l'habitude sur les serveurs de Napster. La presse traditionnelle et spécialisée publie déjà les post-mortems.

Vendredi, 28 juillet, quelque neuf heures avant son entrée en vigueur, deux juges d'une cour d'appel fédérale invalident l'injonction émise par la juge Patel et accordent un sursis à Napster. Déception au RIAA, soupir de soulagement chez Napster qui maintient son opération «Buycott», invitation aux utilisateurs à acheter des disques d'artistes qui appuient Napster, et à boycotter ceux des artistes qui s'y opposent.

Les dépositions préliminaires dans la poursuite RIAA c. Napster sont maintenant prévues pour le 18 août.

Mais qui sont les amateurs de Napster, ces millions d'adeptes du libre-échange musical en ligne. La société NetValue est venue jeter un peu de lumière sur le sujet en publiant des données fraîches (période d'observation : juin 2000) sur les utilisateurs aux États-Unis, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

D'abord, ce sont surtout de jeunes étudiants (67 % en Allemagne) de sexe masculin. Aux États-Unis, seulement le tiers des utilisateurs sont... des utilisatrices, et cette proportion chute à 13,4 % au Royaume-Uni.

Selon les résultats de l'enquête, «Au mois de juin, les utilisateurs américains ont téléchargé près de 20 chansons par personne, ce qui équivaut à 3,5 millions d'heures de musique. Si une personne voulait écouter la totalité de la musique téléchargée via Napster durant le mois de juin aux États-unis, cela lui prendrait 463 000 jours, ce qui correspond à plus de 11 millions d'heures de musique.»

En trois mois, le nombre d'utilisateurs français de Napster a atteint les 286 000, une hausse de 260 %. On trouverait aussi 324 000 utilisateurs en Allemagne, 464 300 en Grande-Bretagne, et 5,8 millions aux États-Unis. NetValue estime que ce nombre serait passé à environ 8 millions en juillet.

Différences sensibles dans les comportements : 61 % du volume échangé par les Américains consiste à transmettre des fichiers (52 % en Allemagne) tandis que 89 % du volume échangé par les Français consiste à recevoir des fichiers (87 % en Angleterre).

NetValue fournit aussi une statistique qui serait de nature à rassurer les opposants à Napster. Les analystes constatent que les usagers de Napster visitent autant, et dans certains cas plus fréquemment que les autres utilisateurs du réseau, les sites cybermarchands. Par exemple, en France, 81,7 % des utilisateurs de Napster ont visité des sites en rapport avec la musique et la littérature au mois de juin, alors que l'audience de ces secteurs pour tous les utilisateurs confondus était de 42,7 % au cours de la même période. D'en déduire les analystes, étant donné la popularité des sites transactionnels pour les utilisateurs de Napster, «peut-on continuer à considérer Napster comme une réelle menace pour les sites de ventes de musique en ligne?»

Dans la foulée du débat entourant Napster, on a eu droit à quelques bonnes analyses prospectives, dont celle de Paul Goldstein, professeur de droit à l'université Stanford, qui, contrairement à la juge Patel, n’a pas voulu prévoir l'issue de la poursuite intentée par le RIAA. Cette analyse a été publiée dans le New York Times (abonnement requis, sans frais).

Goldstein est l'auteur de l'ouvrage «Copyright's Highway: From Gutenberg to the Celestial Jukebox» (littéralement, L'Inforoute du droit d'auteur : de Gutenberg au juke-box céleste). Il rappelle de manière éloquente l'évolution de certaines technologies permettant la reproduction d'oeuvres protégées par les droits d'auteur. Des cylindres piqués et des bandes perforées des pianos mécaniques aux premiers enregistrements phonographiques, en passant par la diffusion musicale à la radio, la vidéocassette au foyer, les clubs de location de bande vidéo, et enfin la musique en ligne.

Goldstein écrit : «Presque toutes les confrontations entre l'industrie du divertissement et les nouvelles technologies se sont soldées de la même manière : quatre ou cinq ans après la fin des contentieux et des manoeuvres législatives, la nouvelle technologie -- autrefois perçue comme l'ennemie jurée de l'industrie -- devient sa plus fidèle alliée. En fait, la nouvelle technologie devient une source abondante de redevances pour ceux qui détiennent les droits de reproduction [...] En bout de ligne, les sociétés de diffusion musicale s'adapteront à ces changements. L'industrie peut réussir à exiger la fermeture de Napster, mais elle ne peut freiner le développement de la technologie.»

Pour la chroniqueure Patricia Fusco de Internet News, Napster a facilité l'échange de la musique en ligne. Si Napster, l'entreprise, disparaît, le modèle technologique demeurera. Il est déjà exploité par des services comme MediaGrab, RiffShare, radio spy, CuteMX.com, iMesh et RioPort. Et c'est sans parler de Gnutella, un projet à code source ouvert qui a ceci de différent qu'il ne maintient pas de base de données sur un serveur. Fusco soutient que l'industrie de la musique sera coincée car «Si le RIAA veut bloquer Gnutella, elle devra poursuivre individuellement les amateurs de musique sur le Web, certainement pas une victoire pour les artistes si l'industrie crache dans la soupe.»

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 ... et les points de broderie de mémé et tatie
L'exemple Napster d'échange horizontal «peer-to-peer», d'un usager à un autre, inquiète les diffuseurs, et pas seulement ceux de l'industrie de la musique. À terme, c'est aussi toute l'industrie du divertissement qui voit une menace, sans parler de l'industrie du logiciel et de tous les autres contenus dématérialisés, numérisés.

Ce qui nous amène aux patrons et modèles de points de broderie. Un article du Los Angeles Times, sous la plume de P.J. Huffstutter, avait de quoi faire sourire au beau milieu du débat entourant Napster, son créateur âgé de 19 ans, la technologie novatrice qu'il a répandu aux quatre coins du globe, les vedettes rock qui geignent, une industrie paresseuse et milliardaire, et les poursuites qui aboutiront probablement devant la Cour suprême.

Huffstutter nous parle de groupes d'échange de patrons de broderie sur Internet. Une véritable sous-culture composée de milliers de mémés et de taties qui, branchées à Internet, s'échangent librement des patrons dénichés ça et là et qu'elles ont numérisé. Le principe du patron est un peu celui de la peinture par numéros : une grille représentant les «points» constituant une figure, puis des instructions sur le calibre de fil, la couleur, le point, etc.

Un patron acheté en magasin coûte entre 5 $ et 7 $; on en trouve aussi dans les périodiques spécialisés et dans des livres de compilations. Dans un cas comme dans l'autre, les patrons sont des oeuvres protégées par droit d'auteur et droit de reproduction. Un petit producteur et diffuseur de patrons, la société Pegasus, tire des revenus annuels d'environ 500 000 $ de cette activité. Mais depuis 1997, Pegasus a vu son chiffre d'affaires chuter de 40 %, situation que ses responsables attribuent à l'échange de patrons piratés sur Internet. «Ce sont peut-être de simples ménagères, mais ce sont aussi des "hackers"» déclare Jim Hedgepath, fondateur de Pegasus, ajoutant «Je me fous qu'elles soient des mères de familles, je me fous qu'elles soient grand-mères, ce piratage pourrait nous pousser à la faillite.»

Contrairement à Napster, pas de logiciel spécial, pas de répertoire centralisé, seulement les bons vieux outils de communication d'Internet et du Web, comme les forums d'échange (newsgroups, on cite rec.crafts.textiles.needlework), les forums Web/courrier (comme eGroups), des sites Web personnels, des listes de diffusion. Si la situation inquiète les petits diffuseurs de patrons, elle terrifie les gros éditeurs comme Leisure Arts, et ses «auteurs» à succès. Eh oui, l'industrie de la broderie a ses stars, comme Marilyn Leavitt-Imblum qui affirme avoir tiré, de fil en aiguille, huit millions de dollars en quatorze ans de la vente de ses patrons exclusifs.

Les amateurs de broderie évoquent de nombreux motifs qui les poussent à s'échanger ainsi des patrons. Par exemple, la broderie étant très populaire en régions rurales, les amateurs n'ont pas toujours un accès facile aux détaillants spécialisés. La question de coût, aussi : pourquoi payer le plein prix d'un livre de compilation alors que seulement deux ou trois patrons les intéressent? On évoque aussi une comparaison aux recettes de cuisine qui, de longue date, s'échangent entre ménagères.

L'industrie tente d'élaborer une stratégie de contre-attaque juridique pour combattre l'échange de patrons entre particuliers, mais en l'absence d'un gros vilain à la Napster, l'exercice s'avère délicat.

Entre temps, les panthères grises ont pris le maquis. Le groupe nommé «PatternPiggies» s'est retiré du service eGroups, trop visible à son goût, pour se rendre plus discret, et a adopté le nom de «OinkersDelight», une espèce de club privé. Toute personne souhaitant se joindre au groupe doit être parrainée par un membre, question d'éviter les infiltrateurs à la solde des procureurs de l'industrie.

Précisons que le plus important éditeur de patrons de broderie, et donc le plus apte à monter une action devant les tribunaux, est Leisure Arts, société propriété du géant des communications Time Warner.

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 Commentaire
MP3s et points de broderie. Deux extrêmes, dira-t-on. D'abord en raison de l'ampleur des pertes présumées pour les industries respectives, mais aussi par rapport au nombre de personnes participant à ces échanges. Vingt millions d'utilisateurs de Napster, et quelques milliers d'amateurs de broderie.

D'une part, c'est tout le modèle de communication horizontale d'Internet, ce fameux «peer-to-peer», qui est mis en cause. Exploiter comme Napster un répertoire d'oeuvres protégées, sans pour autant héberger le dit répertoire, constitue-t-il un délit? Que dire, alors, de tous les hyperliens qui redirigent vers des contenus protégés? Yahoo! est-il coupable parce qu'il pointe vers le contenu protégé du New York Times ou du Webdo? Nuances, mais fondamentales, et si vous aimez les sagas juridiques, vous aller adorer celle vers laquelle se dirigent le RIAA et Napster.

À moins que cette dernière n'épuise ses maigres ressources financières en frais d'avocats avant d'avoir pu faire valoir son point de vue, ce qui est dans le domaine du possible. Initialement prévu pour une rentabilité basée sur les revenus publicitaires, le modèle n'aura pas eu le temps de décoller.

D'autre part, à voir la similitude des arguments des partisans de Napster et de ceux avancés par nos mémés et taties brodeuses, une autre constatation s'impose, celle de l'échec de l'industrie à implanter un système ou une norme de micro-paiement en ligne sûr, efficace, à la portée de tous.

Certes, on peut se procurer en ligne des biens et services et régler par carte de crédit. Va pour les achats de logiciels, disques compacts, livres, et autres produits vedettes du commerce électronique. Il y a cependant un seuil de prix en deça duquel les paiements par carte de crédit sont difficilement justifiables.

Pour fin de discussion, établissons ce seuil à deux dollars. Deux dollars, ce serait dans un système d'achat à la carte de musique le prix d'une pièce musicale (exemple d'un disque compact qui coûte 20 $ et qui offre dix pièces).

Difficile, dans ce contexte, de ne pas parler de l'expérience d'auto-édition de Stephen King pour son roman «The Plant», et de l'engagement «sur l'honneur» des lecteurs à payer 1 $ du 5 000 mots. Au 31 juillet, King avait enregistré 152 132 téléchargements du premier chapitre, et 116 200 lecteurs et lectrices (76,38 %) ont payé leur redevance avec des cartes de crédit par l'entremise du service de paiement d'Amazon.Com; 23 000 ont promis de payer plus tard, par chèque ou mandat postal.

Si elle représente une formule d'avenir pour les auteurs, et inquiète certains grands éditeurs de livres, l'expérience doit être mise en perspective. Il s'agit de Stephen King, auteur vedette qui peut atteindre une masse critique de lecteurs assurant la rentabilité de l'exercice, et qui avait les moyens de dépenser 124 150 $ pour, entre autres, deux pleines pages de publicité dans le quotidien USA Today et le Publisher's Weekly.

Un dollar, ou moins, c'est un chapitre de Stephen King (l'oeuvre complète reviendra à 15,50 $ si on télécharge tous les chapitres); mais ce pourrait être aussi le prix d'un patron de broderie. Allons plus loin, 0,10 $ pourrait être le prix de la chronique que vous lisez en ce moment.

Mais revenons aux MP3s et aux patrons de broderie. Soumettons que la consommation à la carte de ces produits, vendus séparément et non en lots, et à un prix correspondant à l'unité vendue, aurait pu décourager l'échange à grande échelle. Les échanges horizontaux sont à la base d'Internet, l'ont toujours été. Mais un système efficace et normalisé de micro-paiement aurait empreint un contexte bien différent aux conflits qui surgissent aujourd'hui.

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 Politique réseau : Dubya?
Les cybermédias pur Web et les dérivés Web des médias traditionnels étaient en force au congrès d'investiture du Parti républicain, à Philadelphie, la semaine dernière. Mais si le «contenant» y était, il est demeuré relativement vide, à l'image d'un congrès sans surprise, et où le contenu et la substance ont été livrées en doses homéopathiques. Des heures et des heures de vidéo en défilement continu de discours, d'interventions, d'hommages... le plus grand gaspillage de bande passante depuis l'affaire Lewinsky.

L'exercice des congrès d'investiture est-il vain? En principe, non, mais en cette année de polarisation extrême et précoce dans la course à l'investiture (comme c'est aussi le cas pour le Parti démocrate), disons que le suspense est absent et que le spectacle en souffre. Néanmoins, la maison de sondages Gallup rapporte que 67 % des Américains estiment qu'ils ont une certaine utilité, bien que 24 % pensent qu'on devrait cesser de les tenir.

Il aura donc fallu se rabattre sur les amuse-gueules médiatiques, comme ce nouveau surnom pour le candidat George W. Bush, celui de «Dubya» (prononcé «dobyah» en français), amalgame phonétique de l'initiale «W» telle que prononcée en slang texan. Donc, DubyaDubyaDubya.bush2000.Com.

Assez terne, l'allocution de réception de Dubya, que les observateurs qualifiaient pourtant du plus important discours de sa carrière politique. Jake Tapper, du bureau de Washington du netmag Salon, a fait une analyse de récurrence de certains mots prononcés lors de son allocution : les mots «jeunes» et «enfants» sont revenus 18 fois, et le mot «tolérance» 8 fois; deux références au sexe, deux aux sans abri, trois aux drogues illégales, trois à l'économie, quatre à son père. Une seule fois le mot «Internet» a-t-il été prononcé, et ce dans le contexte d'une moquerie à l'endroit de son rival démocrate, Al Gore, qui a déclaré l'avoir inventé.

Dubya a eu, à quatre reprises, des compliments à l'égard du président Clinton, mais a fait des références implicites trois fois à l'affaire Lewinsky. Il a cependant critiqué, avec des arguments assez vagues, l'administration Clinton, réservant surtout ses attaques pour Al Gore, son rival démocrate. Difficile de s'en prendre aux pensionnaires de la Maison Blanche dans cette Amérique qui connaît sa plus longue période de croissance économique soutenue. Toujours selon Gallup, la cote de popularité de Bill Clinton atteint 59 %; 66 % des Américains estiment que l'économie est en bonne ou excellente santé, et 61 % se disent satisfaits de l'état de la nation. Malgré tout, Bush devance Al Gore dans les intentions de vote, mais si le cirque médiatique entourant les congrès fait grimper, en moyenne, l'indice de popularité des candidats de 6 %, Dubya a dû se satisfaire d'un maigre 2 % selon les sondeurs.

Imaginons un congrès d'investiture d'un des principaux partis politiques à Moscou, La Havane ou Port-au-Prince qui se serait soldé par l'arrestation musclée de près de 400 manifestants. La presse occidentale n'aurait pas dérougi pendant des jours. C'est pourtant ce qui s'est passé à Philadelphie sans que les observateurs n'en fassent grand cas, sauf le collectif Phildelphia Independent Media Center (PIMC), centre de presse «off congrès» piloté par un groupe qu'on trouvait aussi à Seattle il y a quelques mois.

D'ailleurs, armés de balayeurs de fréquences permettant de capter les communications des forces de l'ordre, un petit contingent de bénévoles du PIMC s'est fait un plaisir de signaler aux journalistes présents les points chauds des manifestations tout au long des trois jours du congrès. «Un nouveau genre d'hacktivisme», titrait Declan McCullagh du service de presse Wired, qui vantait la qualité des dispositifs techniques de transmission sur réseau et de sites Web dont bénéficiait le PIMC, gracieuseté de la communauté locale des hackers et du groupe de développement de logiciels Debian.

Le groupe qui publie le site 2600 consacré au hacking n'a pas été épargné par les arrestations alors qu'un de ses cadres, nom de code ShapeShifter, a été interpellé par des policiers alors qu'il déambulait simplement dans la rue et entretenait une conversation sur son téléphone cellulaire. Le groupe 2600 présume donc que ShapeShifter était fiché par la police bien avant son arrestation.

Si on regrette que le journaliste Hunter S. Thompson ne donne plus dans la couverture des grandes assemblées politiques, on se réjouit de la relève assurée par Ken Layne («Citizen Layne» pour les intimes) qui, depuis les rues de Philadelphie, a alimenté en articles le Online Journalism Review (OJR) armé de son seul Palm V. D'ailleurs, l'OJR et son équipe de journalistes chevronnés nous ont fourni une des meilleures couvertures du congrès de Philadelphie.

Rendez-vous au congrès du Parti démocrate la semaine prochaine, à Los Angeles.

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 En bref...
L'inscription sur les listes électorales de l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) se terminait le 31 juillet et plus de 158 000 personnes ont choisi de devenir ainsi membres de l'organisme et de participer à l'élection de délégués régionaux l'automne prochain (voir notre chronique précédente). Contrairement à ce que l'on aurait pu prévoir, l'Amérique du Nord ne compte pas le plus grand nombre d'inscrits, la palme revient à la région Asie/Pacifique avec 93 742 membres. Suit l'Europe avec 35 942 membres, l'Amérique du Nord avec 21 596 membres, la région Amérique latine et Caraïbes avec 6 486 membres et l'Afrique avec 787 inscrits. Parmi les nations de la région Asie/Pacifique qui comptent le plus de membres, soulignons le Japon (38 931), la Chine (33 670), Taïwan (9 133) et la Corée du Sud (6 439). En Europe, c'est l'Allemagne qui domine avec 20 475 inscrits, la France en compte 3 040, la Suisse 1 879 et la Belgique 221. Aux États-Unis, on a attiré 19 501 membres et 2 094 au Canada.

L'affaire de la poursuite LICRA/UEJF contre Yahoo! a peu progressé. Convoqué devant le juge Gomez, le 24 juillet dernier, pour expliquer comment Yahoo! entendait bloquer les accès en provenance de France à son site d'enchères, Yahoo! a dit être dans l'impossibilité technique, pour le moment, de satisfaire aux exigences du tribunal. Libération rapporte qu'un témoin expert en faveur de Yahoo!, Jean-Denis Gorin, chef de projet sécurité à la société Edelweb, a évoqué certaines solutions, chacune assortie de réserves sur le plan technique. Le juge Gomez a donc reconvoqué les parties pour ce vendredi, 11 août, soit pour entendre des témoignages supplémentaires, soit pour rendre une décision.

Si les divers groupes qui s'en prennent à Yahoo! obtiennent gain de cause et qu'une solution technique à la censure géographique de l'accès au Web est trouvée, s'en prendront-ils alors au New York Times? La semaine dernière (29 juillet), la journaliste Sarah Boxer se demandait si le temps n'était pas venu de réhabiliter la croix gammée, et pour la société civile de se réapproprier le swastika qui, dans nombre de cultures, est un symbole religieux ou mystique. Le mot swastika appartient au vocabulaire sanskrit et signifie bien-être et chance. On le voit dans l'iconographie des indiens Navajo en Amérique du Nord, on dit que les pas du Bouddha laissaient des traces en forme de swastika. On le voit aussi au Japon et en Chine, toujours avec une connotation religieuse. Certaines études établissent son origine en Inde d'où il aurait migré, au cours du premier millénaire, vers la Perse, l'Asie mineure et la Grèce. De sénestrogyre (sens contraire aux aiguille d'une horloge), il aurait été transformé en dextrogyre par un certain Friedrich Krohn, dentiste de son état, qui dans les années vingt dessina le premier drapeau nazi. Aux États-Unis, deux clans s'opposent dans ce délicat débat : ceux qui tiennent à dissocier le symbole de ceux qui se l'ont approprié et ont commis sous sa bannière des actes ignobles; et ceux qui souhaitent le contraire, pour ne pas que ces actes sombrent dans l'oubli. Long débat en perspective.

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 Beau détour
Cette semaine, nous vous proposons le site/portfolio du photographe Ralph Gibson.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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