RechercheAbonnementArchivesCourrier

Page d'accueil

Les Chroniques de Cybérie
23 mai 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

23 mai 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Longitude extrême, latitude zéro
Citation de la semaine
Branchement : Québec encore bon dernier
Canada : fin de la gratuité des noms de domaines
Votre enfant, ce mouchard (suite)
Pas de références Web dans les manuels scolaires
Politique réseau : Microsoft, Internet, sites ponctuels,
humour présidentiel, sondage en France
En bref...
Beau détour

 Longitude extrême, latitude zéro
Il existe dans l'administration publique canadienne certains chiens de garde dont les rapports annuels sont toujours attendus, comme le Vérificateur général, la Commissaire aux langues officielles, et le Commissaire à la protection de la vie privée.  Ce dernier remettait son rapport (1,5 Mo) il y a sept jours.  Documentation inestimable pour ceux et celles qui suivent les grands dossiers relatifs à la vie privée.  On y parle de l'inforoute canadienne de la santé, de la disparition d'ordinateur portatif d'un fonctionnaire des services correctionnels (et des données qu'il contenait), du marketing destiné aux enfants sur Internet, des techniques de biométrie.

Mais le Commissaire, Bruce Phillips, réservait au public canadien une bien mauvaise surprise.  Un dossier unique sur chaque citoyen existe au ministère du Développement des ressources humaines (DRH).  Il s'agit du «Fichier longitudinal sur la main-d'œuvre», une immense base de données de recherche contenant des données sur près de 34 millions de personnes.  On apprend du rapport du Commissaire que «les données ne sont jamais épurées, ce qui explique pourquoi il y a plus de dossiers que de Canadien(ne)s.»

On apprend aussi qu'il s'agit «d'une base de données extraordinairement détaillée, qui pourrait contenir jusqu'à 2 000 éléments composites sur une personne, notamment la scolarité, l'état civil, la langue, la citoyenneté et le statut d'immigrant reçu, l'origine ethnique, la mobilité, les incapacités, le revenu, les antécédents professionnels, les activités sur le marché du travail, le recours à l'aide sociale et à l'assurance emploi.  Le fait de centraliser et d'intégrer continuellement autant de données personnelles sur presque chaque habitant du Canada présente des risques importants pour la protection de notre vie privée.»

On se demande un peu pourquoi le Commissaire n'a dévoilé que cette année l'existence du fichier longitudinal, alors que le fichier existe depuis longtemps.  «Les uns après les autres, les commissaires fédéraux à la vie privée ont rassuré la population en lui disant que le gouvernement ne disposait d'aucun dossier unique sur eux.  Nous avions tort… ou pas suffisamment raison, selon le cas» affirme humblement M.  Phillips.

Le bureau du Commissaire a fait part au ministère du Développement des ressources humaines de ses inquiétudes relatives au fichier, aux données qu'il contient, et à son utilisation.  Mais la réponse du ministère, et l'annonce de certaines mesures, ne le satisfait pas, ce qu'il a fait remarquer aux responsables du ministère en affirmant que «ces mesures protégeaient la sécurité des données, et non la vie privée des Canadien(ne)s.»

Drôle de compassion du Commissaire quand il écrit «Le ministère passe de mauvais moments, et nous ne voulons pas rajouter à ses difficultés», évoquant le scandale d'une mauvaise gestion de plus d'un milliard de dollars en subventions, mais il précise toutefois que «voilà plus de deux ans que nous avons lancé le débat, et il est grand temps d'y faire participer tous ces gens dont le ministère fouille les renseignements personnels à des fins de “développement de politiques sociales”.»

Le ministère du DRH a été vite à réagir en publiant sur son site Web une Formule de demande d'accès à l'information, formule générale pour toute base de données de ce ministère.  Les citoyens et citoyennes peuvent donc, moyennant certains frais, obtenir copie des renseignements qui les concernent et qui sont contenus dans le Fichier longitudinal.  Les contribuables ayant payé, bien malgré eux, pour la constitution, à leur insu, d'un fichier unique qui frise l'illégalité doivent payer de nouveau pour avoir accès à leur dossier.  Au Canada, on appelle ça la récupération des coûts.  Sur le site «pssst...», on y va plus directement avec un formulaire de lettre type de demande d'accès à son dossier : latitude zéro au ministère du DRH.  Personne ne peut cependant dire si la présentation d'une demande d'accès ne deviendra pas par la suite un des éléments composites versés à votre dossier.

On apprend que le ministère du DRH connaît une hausse importante de demandes venant de citoyens curieux de consulter leur dossier.  Le ministère entend demander au Commissaire une dérogation à la loi qui l'oblige à répondre à toute demande dans les trente jours. 

À consulter, la section du site Web du quotidien Le Devoir sur la vie privée, et aussi dans le même journal l'éditorial de Michel Venne «À bas le fichier!».

Haut de la page

 Citation de la semaine
«Fondée sur l'autonomie morale et physique de la personne, la notion de vie privée est essentielle à son bien-être.  Ne serait-ce que pour cette raison, elle mériterait une protection constitutionnelle, mais elle revêt aussi une importance capitale sur le plan de l'ordre public.  L'interdiction qui est faite au gouvernement de s'intéresser de trop près à la vie des citoyens touche à l'essence même de l'État démocratique.»

Gérard La Forest, juge à la Cour suprême, 1988
Décision dans la cause R.  c.  Dyment

Haut de la page

 Branchement : Québec encore bon dernier
D'après la plus récente Enquête sur l'utilisation d'Internet par les ménages (EUIM) de Statistique Canada, les Canadiens et Canadiennes sont de plus en plus nombreux à être branchés à Internet.  La proportion de ménages comptant au moins un utilisateur régulier d'Internet a fait un bond, passant à 41,8 % par rapport à 35,9 % en 1998.  L'utilisation d'Internet à la maison et à l'école a continué de progresser, l'accès à partir du travail a légèrement diminué, alors que le taux d'accès à partir des bibliothèques publiques est resté inchangé.

Hausse de l'utilisation au foyer, baisse de l'utilisation en milieu de travail : l'utilisation à partir du foyer est maintenant la plus répandue, 28,7 % des ménages en 1999, en hausse par rapport à la proportion de 22,6 % des ménages enregistrée en 1998.  On rapporte aussi que l'utilisation d'Internet dans d'autres lieux, par exemple, chez les amis, les voisins ou les parents et dans les cafés Internet, a connu une augmentation, passant de 2,6 % en 1998 à 4,1 % en 1999.

Si la moyenne nationale d'utilisation régulière d'Internet est de 41,8 %, le Québec traîne encore de l'arrière et se classe au dernier rang des provinces canadiennes à 33,1 %, derrière Terre-Neuve (35,2 %) et le Nouveau-Brunswick (38 %).  C'est l'Alberta qui remporte la palme du branchement avec 50,8 %, suivi de la Colombie-Britannique (48,1 %) et de l'Ontario (44,5 %). 

Calgary (Alberta) est la région métropolitaine où on rapporte le plus haut taux d'utilisation d'Internet avec 60,1 %.  Suit Ottawa (secteur ontarien de la région de l'Outaouais) avec 59,9 %.  Montréal arrive au douzième rang avec 39,1 % et la ville de Québec au quatorzième rang avec 33,9 %.

Au total, 43 034 ménages étaient admissibles à l'EUIM et 36 241, ou 84,2 %, y ont répondu.

Au sujet du programme québécois «Brancher les familles», et des délais de versement de l'aide gouvernementale aux fournisseurs d'ordinateurs dont nous faisions état la semaine dernière, une bonne nouvelle.  Le ministre québécois délégué à l'Industrie et au Commerce, M. Guy Julien, a annoncé que le gouvernement les remboursera dès l'achat d'un ordinateur par les familles bénéficiant du programme.  Le ministre a tenu à remercier les représentants du ministère des Finances et du Conseil du Trésor «qui ont traité ce dossier avec célérité, ce qui nous a permis d'agir promptement.»

Le Ministère de l'Industrie et du Commerce a également précisé qu'au 16 mai, deux semaines après l'entrée en vigueur du programme de branchement des familles, plus de 39 800 attestations d'admissibilité ont été émises et plus de 900 fournisseurs se sont inscrits auprès du Ministère.  «Nous avons aussi recensé plus de 625 branchements à Internet par des familles admissibles et plus de 665 achats ou locations d'ordinateurs effectués chez plus de 116 marchands participants.  Cela démontre que le programme est populaire et apprécié et qu'il répond à un besoin», a conclu le ministre Julien. 

C'est ce que l'édition 2000 de l'Enquête sur l'utilisation d'Internet par les ménages canadiens permettra d'établir.  Pour 1999, le taux de branchement au foyer au Québec était de 21,2 %.

Haut de la page

 Canada : fin de la gratuité des noms de domaines
Depuis 1987, CDNnet est registraire du nom de domaine canadien .CA et des sous-domaines provinciaux (.QC.CA pour le Québec, .ON.CA pour l'Ontario, etc.).  À ce titre, CDNnet est responsable de l'élaboration des politiques, de l'attribution des noms de domaines, de la gestion de la base de données du domaine .CA, et du règlement de différends.  C'est John Demko de la faculté d'informatique de l'Université de Colombie-Britannique qui gère CDNnet avec la collaboration d'un comité pan-canadien.

Les personnes, organismes ou entreprises qui souhaitent exploiter un nom de domaine .CA peuvent s'adresser directement à CDNnet, ou à des intermédiaires.  Jusqu'à maintenant, la réservation auprès de CDNnet d'un nom de domaine .CA était gratuite.  Les seuls frais imposés étaient ceux des intermédiaires qui, pour une somme généralement modique, s'occupaient des démarches administratives.

On apprend toutefois la fin, pour bientôt, de la gratuité des noms de domaines.  Il en coûtera désormais 50 $ CAN (plus taxes) par année pour enregistrer un nom de domaine, et ces frais seront également imposés pour le maintien de noms de domaines déjà inscrits.  Si le règlement des droits s'effectue par chèque, des frais additionnels de 25 $ CAN seront exigibles.  CDNnet explique que la croissance exponentielle du nombre de demandes la force à imposer ces frais.

Si en 1988 on comptait 60 noms dans le domaine .CA, au 20 mai dernier ce chiffre était passé à 88 207.  CDNnet pourrait donc tirer près de 4,5 millions de dollars de l'imposition des nouveaux frais de services.

Les règlements afférents à l'attribution de noms de domaines ne changeront cependant pas.  Par exemple, l'attribution est réservée aux personnes ou entités canadiennes, ces dernières ne peuvent se voir attribuer qu'un seul nom de domaine, et le nom de domaine doit correspondre au nom de la personne ou de l'organisme, le nom sous lequel un organisme est connu, ou le nom d'une marque de commerce déposée au Canada.

Incidemment, soulignons que toute la documentation et le site Web de cet organisme «national» qu'est CDNnet sont présentés uniquement en anglais.  L'imposition des nouveaux frais de services permettra peut-être l'embauche d'un bon cabinet de traduction.

Et si le Québec est au dernier rang des provinces canadiennes en matière de branchement, comme nous le rapportons plus haut, il se classe avec .QC.CA au troisième rang pour le nombre de noms de sous-domaines enregistrés (14 549), précédé par le ON.CA ontarien (18 549) et le BC.CA de la Colombie-Britannique (15 128).

Haut de la page

 Votre enfant, ce mouchard (suite)
Si on parle de suite, c'est qu'en juin 1998 nous utilisions ce même titre de rubrique pour vous parler d'un rapport de la Commission fédérale américaine sur le commerce (Federal Trade Commission - FTC) qui recensait les catégories de données recueillies sur des sites Web, dont certains s'adressent à des enfants, et les politiques des exploitants de ces sites sur l'utilisation de ces données.  On apprenait alors que 89 % des sites recueillaient des données personnelles, 54 % fournissaient à des degrés divers des informations sur la cueillette et l'utilisation de ces données, seulement 23 % suggéraient aux enfants d'obtenir l'accord de leurs parents avant de divulguer des données personnelles, moins de 8 % disaient informer les parents sur leurs pratiques de cueillette et d'utilisation de ces données.

Une nouvelle étude, cette fois du Annenberg Public Policy Center, met en garde contre certaines pratiques constatées sur des sites Web et ayant pour but d'inciter les enfants à fournir des renseignements sur les habitudes de consommation de leurs parents.  Souvent, pour encourager les enfants à fournir des renseignements, on propose de petits cadeaux aux enfants.  Et pour recevoir le petit cadeau en question, il faudra évidemment donner son nom et son adresse postale.  Ces renseignements sont ensuite utilisés pour des campagnes de cybermarketing destinés aux parents.

À 89 %, les parents estiment que le branchement à Internet aide les enfants dans leurs devoirs scolaires.  De plus, 85 % des parents croient qu'Internet apporte une ouverture unique sur le monde.  Et si 96 % des parents répondants disent que les enfants devraient demander la permission des parents avant de livrer des renseignements personnels, cette préoccupation n'est présente que chez 79 % des enfants répondants.

En échange d'un petit cadeau, 65 % des enfants sont prêts à nommer leurs magasins préférés, 54 % à nommer les magasins préférés de leurs parents, et un nombre égal à dire la marque de la voiture familiale.  Aussi, 39 % sont prêts à dire combien d'argent leurs parents leur donnent en allocation, si leurs parents parlent souvent de politique au foyer, et quelles sont les activités familiales les fins de semaine.  Brrrr....

Ce mouchardage a des répercussions sur la vie familiale, car 49 % des parents et 36 % des enfants disent que cette trop grande transparence à l'égard des renseignements personnels a créé des tensions au foyer.  Le groupe des 10/12 ans serait moins porté à livrer des renseignements sur les parents (16 %) que le groupe des 13/17 ans (39 %).

Que faire? Les auteurs de l'étude suggèrent un dialogue franc, ouvert, et complet entre parents et enfants sur cette question.  Il ne suffit pas de dire «ne donne pas ton nom» ou «ne parle pas aux étrangers sur le Web», il faut expliquer les conséquences du geste.

Mais face à un pourcentage important (49 %) de parents qui ignorent même l'existence de ces pratiques, les auteurs suggèrent aux groupes communautaires, écoles, bibliothèques et organismes gouvernementaux de travailler de concert à des campagnes de sensibilisation.

En outre, les auteurs suggèrent l'adoption d'une «Loi sur l'accès à l'information Web» en vertu de laquelle toute personne pourrait obtenir copie des renseignements que certains sites détiennent sur eux ou leur ménage.

Les parents qui souhaiteraient se documenter davantage (en français) sur la question peuvent consulter la section destinée aux parents du document de la Commission d'accès à l'information cité plus haut.

Haut de la page

 Pas de références Web dans les manuels scolaires
Surpris, étonnés.  C'est un peu la réaction que nous avons eue en lisant une des brèves d'actualité du site L'Infobourg consacré au monde de l'éducation.  On y apprenait qu'en vertu d'une récente décision du ministère de l'Éducation du Québec, aucun ensemble didactique ne sera approuvé si les manuels de l'élève concernés contiennent des adresses de sites Web.  Toujours dans l'Infobourg : «Selon Gilles Allen, coordonnateur du Bureau d'approbation du matériel didactique, cette mesure est justifiée par la détermination du ministre pour maintenir hors de l'école toute forme de publicité incitant les enfants à la consommation, comme celle qu'on retrouve sur de nombreux sites Web.»

L'Infobourg s'interroge aussi sur le bien-fondé de cette directive, et souligne que le ministère a pourtant affecté des crédits de 300 millions de dollars à un plan d'intervention sur les nouvelles technologies de l'information et des communications (NTIC), et affirme que «le ministère soutiendra l'élaboration et la diffusion (...) de contenus pédagogiques conçus en fonction de l'inforoute» et que «le matériel didactique informatisé joue un rôle clé dans l'intégration des TIC en éducation».

En vertu de cette directive, un manuel scolaire ne pourrait donc pas citer aucun élément de l'immense bassin de ressources qu'on trouve sur le Web, y compris les ressources spécialisées en éducation, en sciences, en arts, en technologie, et dont plusieurs ont été constituées grâce à des fonds publics.  Le ministère devrait reconnaître que c'est là priver les éditeurs et pédagogues d'une richesse documentaire inestimable, et ce sous prétexte de protéger les enfants de la publicité.

S'il existe des risques à exposer les enfants au cybermarketing (voir plus haut), doivent-ils primer sur l'avantage de pouvoir faire référence aux contenus, même non commerciaux, qu'on trouve sur le Web? À ce compte là, la directive du ministère interdit même de citer en référence, par exemple, l'excellent guide de la Commission d'accès à l'information (CAI) «Inforoute, attention zone scolaire», une série de recommandations visant à sensibiliser les élèves et les parents à la question de la protection de la vie privée sur Internet.

Toujours est-il que si cette décision est maintenue, elle reflétera le manque de coordination des efforts gouvernementaux dans la gestion globale du médium Internet au Québec. 

Cependant, si elle est levée, même assortie de certaines conditions, ceux et celles qui souhaiteront éventuellement citer des pages Web dans quelque document écrit auront intérêt à consulter le guide «Comment citer un document électronique».  Un exemple :

Caron, Rosaire.  «Comment citer un document électronique?». 
In Université Laval.  Bibliothèque.  Site de la Bibliothèque de l'Université Laval,
[En ligne].  http://www.bibl.ulaval.ca/doelec/citedoce.html
(Page consultée le 27 mars 2000)

Haut de la page

 Politique réseau : Microsoft, Internet, sites ponctuels,
humour présidentiel, sondage en France

Le Wall Street Journal (abonnement requis) rapporte que la société Microsoft fournira un million de dollars en argent, en logiciels et en services aux deux principaux partis politiques américains pour la tenue, cette été, de leurs congrès à l'investiture.  Cette somme viendra s'ajouter aux 2,6 millions de dollars en contributions aux diverses caisses politiques depuis le début du cycle électoral 1999/2000. 

De plus, le WSJ révèle que Microsoft a financé à hauteur de 215 000 $ la National Taxpayers Union (NTU - regroupement national des contribuables), organisme associée à la droite républicaine.  La NTU s'est déjà prononcée en faveur de l'abandon des poursuites contre Microsoft, estimant que le gouvernement avait gaspillé 35 millions de dollars dans ces poursuites, et que les caisses de retraite et les investisseurs privés avaient perdu 80 milliards de dollars en raison de la chute du titre boursier de Microsoft.  Même chose pour d'autres organismes «amis» de Microsoft, comme la Citizens for a Sound Economy (380 000 $), le Independent Institute (95 000 $), société éditrice du livre pro-Microsoft «Winners, Losers & Microsoft», l'organisme Americans for Technology Leadership (100 000 $) et l'Association for Competitive Technology (100 000 $).

Chez Microsoft, on nie vouloir faire jouer le poids politique de ces organismes, et on affirme ne vouloir que contrer des démarches semblables de la part des concurrents.

On le sait, Internet change radicalement le déroulement des campagnes politiques.  Au cours d'un atelier/conférence organisé par le Joan Shorenstein Center on the Press (en collaboration avec la chaîne CNN), deux attachés de presse de candidats à l'investiture de leurs partis ont expliqué certaines des mutations.  Selon Eric Hauser, attaché de presse de l'ex-candidat démocrate Bill Bradley, en raison du flot continu d'information sur Internet, d'une forte demande pour cette information, et de l'accès restreint à certains candidats, les attachés de presse ont une moins grande influence sur les médias que les médias n'en ont entre eux.

On cite l'exemple de Al Gore, vice-président et candidat assuré de remporter l'investiture du Parti démocrate, qui ce printemps a passé 61 jours sans donner de conférence de presse.  Gore était néanmoins dans tous les médias, y compris dans les médias en ligne, mais par l'entremise d'opinions interposées.

Howard Opinsky, attaché de presse de l'ex-candidat républicain John McCain a pour sa part parlé d'Internet comme lubrifiant économique d'une campagne.  Il est possible, en ligne, de lever des fonds rapidement et de réduire le temps de traitement des contributions, ce qui permet un accès rapide à ces fonds.

Les sites ponctuels à caractère politique qui ne relèvent pas directement de partis seront éphémères selon quelques observateurs.  Sauf pour Vote.Com, qui est consulté entre 50 000 et 100 000 fois par jour, les revenus anticipés ne sauraient couvrir les dépenses de maintien permanent de ces sites dans un marché déjà saturé.  Pour les sites montés par des tiers, les revenus proviennent principalement de la publicité et de services qu'ils revendent à des candidats ou partis.  Mais tout est une question d'achalandage.  Cité par le service News.Com, Charlie Rentschler, principal artisan du site BetterVote.Com, dit avoir constaté une grande apathie du public américain.  Le site, très documenté, proposait une foule d'informations sur les candidats, les partis, les programmes, mais selon Rentschler, «les gens n'ont jamais aimé consulter des masses de documents.»

Il est de plus en plus relax, Bill.  Clinton, bien sûr.  Lors du récent souper annuel de la galerie de la presse, à Washington, on a présenté une bande vidéo humoristique le mettant en vedette.  Le président s'est en effet prêté au jeu pour le tournage de la bande d'une durée de six minutes le montrant dans diverses activités, comme lavant la limousine présidentielle, tentant d'obtenir de la monnaie d'une distributrice automatique, se promenant à vélo dans les corridors déserts de la Maison Blanche.  Le directeur des services d'information sur Internet de la Maison Blanche, Mark Kitchens, a déclaré au site AlterNet que la bande vidéo se voulait un au revoir humoristique du président à la galerie de la presse, mais s'est dit surpris de constater le phénomène qu'elle a déclenché.  En effet, mise en ligne sur le site AdCritic en format QuickTime (fichier de 16 Mo), la bande vidéo a été téléchargée 200 000 fois!

Enfin, en France, un sondage TN Sofres et Figaro-Magazine établit le «Premier baromètre politique des internautes» comparant les résultats des sondages effectués auprès de ces derniers aux résultats obtenus pour le grand public.  Politisés, les utilisateurs et utilisatrices d'Internet : 63 % disent s'intéresser à la politique, contre 38 % pour l'ensemble des Français.  D'après la Sofres, «Il s'agit d'un profil particulier d'internautes qui s'y intéressent : les moins jeunes, les hommes, ceux qui se situent à gauche, autrement dit ceux qui avaient une bonne culture politique avant Internet et qui l'ont conservée.» Gauche et droite aussi, semble-t-il.  Délaissant les positions intermédiaires, toujours selon la Sofres, «ce sont les plus de 35 ans qui se situent aux extrêmes, comme si les vétérans soixante-huitards et les défenseurs de l'Algérie française se retrouvaient sur la toile pour régler leurs comptes.» L'enquête a été réalisée en ligne du 28 avril au 3 mai auprès d'un échantillon de 595 personnes.

Haut de la page

 En bref...
«Ni sérieux, ni raisonnable».  C'est la réponse du ministère américain de la Justice (DoJ) et des co-plaignants aux propositions de Microsoft de mesures volontaires visant à mettre fin à son monopole.  Élément nouveau, les attorney general de l'Ohio et de l'Illinois ont rejoint le consensus.  On se souviendra qu'à la fin avril, ils avaient présenté une proposition minoritaire au juge Jackson, se disant réticents à proposer l'imposition de mesures structurelles avant que l'on ne prenne le temps de déterminer si la simple imposition des mesures de conduite ne suffiraient pas à changer les pratiques anti-concurrentielles de Microsoft.  Et ce lundi, Microsoft devait déposer un nouveau bref devant le tribunal, cette fois tirant un parallèle avec un jugement de 1995 rendu en sa faveur.  Prochaine étape demain, 24 mai, alors que les procureurs des parties retournent devant le juge Jackson.  On sait que Microsoft demandera une extension des délais impartis pour étayer ses propositions, vu la sévérité d'une mesure comme le fractionnement.  Le juge Jackson est donc dans une position délicate.  Il a maintes fois déclaré être en faveur d'un processus expéditif, ce qui nous aurait amené à une décision finale en juin.  En revanche, s'il refuse d'accorder plus de temps à Microsoft, cette dernière pourra invoquer ce refus à l'étape de l'appel (qui ne fait plus aucun doute) et affirmer avoir été flouée sur cet aspect du processus.  Quoiqu'il en soit, si le juge Jackson accorde le délai demandé, sa décision finale pourrait n'arriver qu'en septembre.

La American Electronics Association (AEA), qui regroupe les principaux acteurs de l'industrie technologique américaine, vient de publier son rapport Cyberstates 4.0, portrait du secteur techno par États.  Peu de surprises quand on apprend que la Californie domine au chapitre de l'emploi avec 835 000 salariés dans le secteur techno, suivi du Texas (411 000).  C'est au Colorado qu'on rapporte cependant le plus haut pourcentage de travailleurs en technologie par rapport à l'ensemble du secteur privé (84 pour 1000).  Depuis 1993, il y a eu aux États-Unis création de 1,2 million d'emplois dans le secteur technologique, portant le total à 5 millions.  La rémunération moyenne est de 58 000 $, de 82 % supérieure à la rémunération dans les autres secteurs.  Cependant, certains États affichent des moyennes de salaires supérieures, comme l'État de Washington (106 000 $), du New Jersey (69 000 $), de la Californie (67 000 $), de la Virginie (66 000 $), et du Connecticut (65 000 $).

Du 1er au 3 juin se tiendra au Massachusetts une conférence sur l'économie Internet regroupant des élus, des investisseurs et des chefs d'entreprises.  On entend y remettre en question la concentration d'entreprises technologiques dans un nombre limité de villes ou de régions, et proposer une plus grande dispersion des occasions d'emploi.  Le gouverneur du Massachusetts, Paul Cellucci, prononcera le discours d'ouverture.  En conférence de presse, récemment, le gouverneur Cellucci a déclaré que «la croissance soutenue d'Internet hors des grands centres urbains est essentielle pour assurer la prospérité économique qui a marqué la dernière décennie.  Cette conférence sur l'économie Internet proposera des modèles pour favoriser le déploiement d'Internet dans les collectivités plus petites à l'échelle du pays.»

Haut de la page

 Beau détour
Vous avez peut-être vu le livre chez votre libraire : «La terre vue du ciel» du photographe Yann Arthus Bertrand.  Perspectives inédites sur notre planète, préoccupation environnementale, un livre magistral, et un site Web à voir.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


Page d'accueilRechercheAbonnementArchivesCourrier
© Les Éditions Cybérie inc. | Revue de presse | Publicité

URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/20000523.html