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Les Chroniques de Cybérie
29 février 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

29 février 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

La drôle d'histoire de Serge Humpich
Journalisme en ligne : des questions
Finie, la «prospection» boursière?
Politique réseau : McCain continue de surprendre...
...  et on votera par Internet en Arizona
Microsoft recentre son poids politique
Monique Neubourg a vu pour nous...
Canada : Budget 2000
En bref...
Beau détour

 La drôle d'histoire de Serge Humpich
En fait, une drôle d'histoire qui ne fait rire personne.  Serge Humpich, ingénieur de 36 ans, a été condamné vendredi dernier à Paris à 10 mois de prison avec sursis, 12 000 FF d'amende (1 760 $ US) et 1 FF symbolique de dommages et intérêts au Groupe d'intérêt économique Cartes bancaires (GIE-CB).  L'accusation : contrefaçon de carte bancaire et intrusion frauduleuse dans un système automatisé de données.

L'histoire commence en 1995 alors que Serge Humpich se met à examiner de près un terminal de paiement électronique, du type utilisé chez les commerçants.  Il constate que le terminal ne communique pas par téléphone avec une centrale de vérification.  Il croit détecter une faille de sécurité et, à l'aide de techniques de rétroingénierie, parvient à percer le secret des cartes à puce.  Il met au point des cartes de mouture originale qui permettent de s'interfacer avec les terminaux de paiement.  Par l'entremise d'un avocat spécialisé en propriété intellectuelle, il dépose sa «découverte» à l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), et par la suite communique avec le Groupe d'intérêt économique cartes bancaires (GIE-CB, responsable des cartes bancaires en France) en vue de négocier un transfert technologique. 

Le GIE-CB est sceptique, puis demande des preuves de l'efficacité de la méthode Humpich.  Ce dernier s'exécute : il achète 10 carnets de billets de métro d'un distributeur automatique à l'aide de 10 numéros de cartes inexistants différents.  Le GIE-CB manifeste alors son intérêt et fournit à Humpich un jeu de quatre cartes bancaires à reproduire. 

Mais le GIE-CB joue un double jeu et, tout en prétendant de continuer à négocier, porte plainte à la police contre Humpich, à son insu.  En septembre 1998, une trentaine de policiers et experts perquisitionnent au domicile de l'ingénieur qui fait désormais l'objet de surveillance et de filature.  L'affaire éclate dans la presse en mai 1999, le GIE-CB exerce des pressions pour effectuer une censure, Humpich est licencié par son employeur, l'hébergeur Altern est poursuivi par La Poste pour avoir hébergé un site Web où on voit une carte bleue coupée en deux, le tout se termine par le procès en cour correctionnelle et par le verdict de culpabilité.

Mais est-ce vraiment terminé? Humpich souhaite aller en appel «pour l'honneur» car il estime n'avoir rien fait de mal, et n'avoir nullement voulu profiter illégalement de sa découverte.  Cité dans Libération, Humpich déclare «Je pouvais gagner un peu d'argent honnêtement, beaucoup d'argent malhonnêtement.  J'ai eu affaire à des bandits et j'ai tout perdu.» Sans emploi, entaché par la «justice», il se résigne à vivre avec 500 FF par mois.

Par ailleurs, le système-passoire des cartes bancaires en France est sur le point d'éclater après la diffusion sur un forum d'échange de trois clés publiques de 321 bits utilisées par le système, dont deux avaient déjà été «cassées».

Force est de constater que le GIE-CB a perdu, avec l'affaire Humpich, une belle occasion de colmater les brèches de son système et de recruter un expert valable.  À combien se chiffreront les mesures correctives pour la GIE-CB?

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 Journalisme en ligne : des questions
C'est en parcourant Internet Actu qu'on s'est arrêté sur une information, en éditorial, qui nous a fait tiquer.  Les organisateurs de la foire commerciale technologique CeBIT 2000, qui se tient du 24 février au 1er mars à Hanovre, ont refusé d'étendre à la presse en ligne les privilèges accordés aux journalistes de l'imprimé.  Internet Actu commente : «Pas mal pour un des plus importants salons dans le monde consacré aux nouvelles technologies de l'information et de la communication [...] L'argument développé par les organisateurs du CeBIT? Les journalistes ne payent pas leur entrée au salon mais (sous-entendu) encombrent les allées.  Quitte à en limiter le nombre, le CeBIT a choisi de privilégier ceux de la presse papier.  On peut à la rigueur comprendre cette logique mercantile, même si les sociétés qui payent très cher leur stand ne sont pas de cet avis.»

En effet, comme le souligne la publication en ligne britannique The Register, si un salon comme CeBIT 2000 (dont le slogan cette année est «there is no IT business without Internet business», littéralement, pas de marché en technologie de l'information sans Internet) peut écarter un Thomas Pabst qui accueille sur son site Web «Tom's Hardware Guide» un million de visiteurs par mois, les choses doivent aller très bien.

Réaction de certains fabricants? Accorder aux journalistes en ligne des laisser-passer à titre d'exposants.  Vous me direz qu'on joue dangereusement avec l'éthique, mais nous avons appris que de telles entorses ont eu lieu récemment au MILIA, alors, rien de nouveau sous le soleil, et la presse spécialisée continue d'avoir...  mauvaise presse.

Cette affaire du CeBIT 2000 nous rappelle une certaine conférence sur la vie privée en septembre 1997 à Montréal où il y avait eu de la part des responsables une attitude semblable.  «Parlez de nous avant, c'est bon pour les inscriptions, ça assurera la rentabilité.  Pendant ou après la conférence, pour nous, ça ne vaut rien» nous avait-on dit.

Et pourtant, la presse imprimée (du moins aux États-Unis) s'approvisionne de plus en plus auprès de sources en ligne.  Le chroniqueur Steve Outing du respecté Editor & Publisher rapportait récemment que des contenus initialement destinés au Web se frayaient de plus en plus souvent un chemin dans les pages des imprimés, soit par l'achat ponctuel de textes ou encore d'ententes de publication simultanée et régulière dans plusieurs journaux (syndication). 

Outing donne de nombreux exemples, comme celui du site d'information financière Motley Fool dont certains contenus sont revendus à 170 journaux, et de celui du site 4Kids.Org consacré à l'exploration d'Internet par les enfants dont des extraits sont repris dans 120 journaux.  S'il existe encore des réticences culturelles dans l'imprimé à l'égard des contenus pur Web, Outing estime que la tendance à la reprise des contenus dans l'imprimé est forte car, si les journaux se doivent de trouver des contenus d'intérêt pour leurs lectorats, Internet s'avère une source très riche.

Autre son de cloche, l'effectif des journaux (toujours aux États-Unis) accuse des pertes au profit des publications en ligne.  Stephanie Siegel écrit dans le Freedom Forum que les publications en ligne recrutent de plus en plus souvent des journalistes d'expérience à l'emploi de quotidiens.  Elle cite entre autres l'exemple du Philadelphia Inquirer et du San Jose Mercury News qui, à eux deux, auraient perdu une vingtaine de journalistes, sans parler des stagiaires qui quittent rapidement une fois leur formation terminée.

Les principaux facteurs d'attrait des médias en ligne seraient les salaires légèrement plus élevés, la possibilité de travailler au foyer et de s'éviter de faire la navette entre le travail et la maison, mais aussi la latitude plus grande qu'offrent les médias en ligne.  Siegel voit cependant un avantage à l'ouverture des nouveaux médias, soit une plus grande facilité pour les jeunes d'«entrer dans le métier».

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 Finie, la «prospection» boursière?
Que ce soit Netgraphe avec Ressources Cristobal, Technologies Lyre et la minière Normabec, Zaq Technologies avec Ressources Plexmar ou InventionMédia avec Explorations Fairtstar, les prises de contrôle inversées de sociétés d'exploitation de ressources naturelles sont devenues la voie de prédilection des sociétés de la nouvelle économie pour entrer en bourse.  La technique consiste à regrouper deux entreprises, l'une inscrite en bourse (celle des ressources naturelles) et l'autre pas (celle de l'économie Internet).  On modifie alors la vocation de la nouvelle société, et le tour est joué.

Comme nous l'expliquions en juillet dernier, cette technique d'«inscription déguisée» comporte de nombreux avantages pour les sociétés de la nouvelle économie sur une inscription traditionnelle.  D'abord, des économies substantielles de frais de courtiers, puis une dispense de l'obligation de devoir compter au moins 300 actionnaires avant de faire son entrée sur le parquet.

Mais voilà qu'on apprenait la semaine dernière que la bourse Canadian Venture Exchange (CDNX), issue de la fusion des parquets de Vancouver et d'Alberta en novembre dernier, entend à compter du 1er mars passer à la loupe les prochaines prises de contrôle inversées de sociétés d'exploitation de ressources naturelles.  Le Financial Post rapporte que le CDNX souhaite resserrer les règles qui régissent ces transactions pour s'assurer qu'elles sont motivées par des pratiques commerciales saines.  Citant Gerry Romanzin, v.-p. exécutif du CDNX, «Nous voulons nous assurer que ces changements de vocations sont motivées par les bonnes raisons, qu'il y a un plan d'affaires solide, et que ce n'est pas le fruit d'une mode passagère.» Par exemple, les prises de contrôle inversées seront désormais sujettes aux mêmes vérifications diligentes que les nouvelles inscriptions en bourse. 

Réactions mixtes chez les courtiers.  Si certains avouent vendre de l'air et des titres spéculatifs, d'autres disent que le marché a besoin d'être alimenté en capital de risque, qu'ils ne font qu'offrir un produit recherché par les investisseurs, et qu'à ce jour les résultats ont été positifs.

Depuis janvier, pas moins de 15 sociétés minières inscrites au CDNX ont demandé aux autorités un changement de vocation ou l'autorisation d'une prise de contrôle inversée.  L'an dernier, dans les six mois qui ont précédé la fusion des bourses de l'ouest du pays, on a assisté à 15 prises de contrôle inversée et à 25 changements de vocation de sociétés, et dans au moins trente de ces cas il s'agissait d'une mutation de société minière en société liée à Internet.

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 Politique réseau : McCain continue de surprendre...
Si les sondeurs donnaient George W. Bush et John McCain à égalité dans les primaires républicaines de la semaine dernière, les résultats du vote ont été différents, surprenants.  McCain a évidemment remporté (par une marge de 24 % des votes) la primaire de l'Arizona, l'État qu'il représente au Sénat, mais la surprise est venue du Michigan où il a obtenu 8 % de plus de votes que son opposant George W. Bush.  Les observateurs ont commenté que la campagne McCain avait maintenant avec elle le «Big Mo», expression tirée du jargon politique (de l'anglais momentum) pour signifier qu'une campagne a pris son élan, qu'elle décolle.

Ce qui surprend de la performance de McCain, comme nous l'avons déjà souligné dans ces chroniques, c'est que les analystes ne le donnaient pas gagnant, si ce n'est qu'en raison des moyens financiers limités dont il dispose si on les compare à ceux de Bush.  Ce dernier est entré dans le présent cycle électoral avec une caisse de 70 millions de dollars; McCain faisait figure de parent pauvre avec seulement 15 millions.  Il est donc intéressant de voir que l'argent ne garantit pas automatiquement le succès en politique américaine, et qu'il y ait encore place aux débats.

Mis à part le total des sommes recueillies, examinons la provenance des contributions aux deux caisses électorales.  Dans le cas de Bush, les plus importantes contributions sont venues de cabinets d'avocats, d'entreprises de services publics, du secteur des finances et de l'assurance, des courtiers, des entreprises du secteur de la chimie et des métaux.  Le secteur des communications arrive au douzième rang.  Pour ce qui est de McCain, le secteur le plus généreux a été celui des communications, suivi des cabinets d'avocats, des sociétés de transport aérien, des services de divertissement et de l'industrie des transports.  On voit donc que le candidat des uns n'est pas nécessairement celui des autres.

Difficile de parler des primaires américaines sans parler de la «gaffe» de l'Université Bob Jones (BJU) à laquelle le New York Times de ce dimanche (inscription sans frais requise) consacre un long article.  Au lendemain de sa défaite au New Hampshire, George W. Bush rendait visite à la BJU, un établissement d'enseignement évangélique depuis longtemps considéré comme une escale obligatoire pour les politiciens conservateurs.  Tollé chez les adversaires de Bush : pourquoi visiter une université qui interdit les fréquentations entre personnes de races différentes et professe des enseignements jugés anti-catholiques?

Au cours de son allocution devant 5 000 étudiants de la BJU, Bush a réitéré sa profession de foi conservatrice, effaçant ainsi l'image de «conservatisme avec compassion» qu'il tentait depuis des mois de communiquer à l'électorat modéré.  Pat Robertson, fondateur de la Coalition chrétienne, a même avoué au New York Times avoir déconseillé à Bush d'inscrire la BJU à son itinéraire de campagne.  «[L'Université] Bob Jones a une réputation d'extrémisme.  Ces gens là sont vraiment éclatés.» Évidemment, John McCain a saisi l'occasion pour marteler le message d'intolérance qu'il reproche à Bush.

Longue réponse de la BJU sur son site Web dont nous ne retiendrons qu'un extrait : «L'Université Bob Jones croit fermement dans la liberté de parole et de religion, un des principes fondateurs des États-Unis que nous devons tous travailler à maintenir et à défendre.  Le Premier amendement [Ndlr.  de la Constitution] accorde à l'Université Bob Jones la liberté d'élaborer les politiques et les lignes directrices qui la gouvernent.»

Prochain point tournant des primaires républicaines : le 7 mars, pour le «Super Tuesday», ce super mardi où se tiendront des primaires en Californie, au Connecticut, en Georgie, au Maine, au Maryland, au Massachusetts, au Missouri, à New York, en Ohio, au Rhode Island et au Vermont.  Il se tiendra aussi pour les républicains, ce même jour, des caucus dans l'État de Washington, au Dakota du Nord, en Idaho et au Minnesota.  Ce super mardi permet de désigner plus du tiers des délégués au congrès d'investiture, et représente donc un moment capital des élections primaires.

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 ...  et on votera par Internet en Arizona
Puis, pour la première fois dans une primaire, le ministère américain de la Justice a autorisé un processus de vote par Internet.  La primaire démocrate en Arizona (qui se tient, on l'aura compris, à une date différente de celle des Républicains), se tiendra le 11 mars prochain, mais du 7 au 10 mars, les électeurs inscrits pourront voter par Internet, de leur lieu de travail ou de leur domicile.  Ils pourront aussi, le jour du vote, se présenter à l'un ou l'autre des 90 bureaux de scrutin équipés pour accepter un vote par Internet.

Le vote par Internet exige de disposer d'un logiciel fureteur Netscape 4.2 ou Microsoft Internet Explorer 4.0 (ou version plus récente), l'identification des électeurs se fait par numéro d'identification personnel (NIP) remis par la société de contrôle et de certification Verisign.

Cette première sera évidemment scrutée à la loupe.  Cortland Coleman, directeur par intérim du Parti démocrate de l'Arizona, a déclaré à Cnet News «Nous savons que les yeux de la nation seront tournés vers nous, on veut donc s'assurer que le processus soit sans faille.»

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 Microsoft recentre son poids politique
La récente nomination de Edward Tobin au poste de directeur principal des affaires corporatives chez Microsoft signifie-t-elle que la société soit en train de recentrer son influence politique? Tobin arrive de chez USWest, importante société de télécommunications où il occupait le poste de v.-p.  aux politiques publiques.  Il exerçait auparavant la fonction de conseiller principal du gouverneur républicain du Massachusetts, Willian Weld, considéré comme un centriste du Parti.

Non, ça ne changera rien à votre Windows qui plantera aussi souvent qu'avant.  Mais comme disait Gorge profonde dans «Les hommes du président», suivez la piste de l'argent.

Le USA Today rapporte que l'aile droite du Parti républicain s'inquiète de cette nomination chez Microsoft et affirme que Tobin manque de crédibilité chez les politiciens conservateurs.  Et là encore, c'est une question d'argent.  En 1998, Microsoft a dépensé en frais de lobbying auprès des élus américains près de deux millions de dollars.  Pour la première moitié de 1999 seulement, les frais de lobbying se sont élevés à deux millions de dollars.  On comprendra que s'amorçait alors la poursuite anti-trust contre Microsoft, et que sur un autre front on voulait limiter l'imputabilité de failles relatives au passage à l'an 2000.

Ces efforts de lobbying sont coordonnés par le bureau des affaires corporatives de Microsoft, qu'Edward Tobin dirigera.  Mais Microsoft fait aussi appel à onze sociétés privées de lobbyistes, dont deux sont dirigées par des personnes proches du Parti démocrate.  Le USA Today rapporte également une diminution importante des contributions de Microsoft au Parti républicain et, vases communicants oblige, une augmentation proportionnelle des contributions au Parti démocrate.

Dans le cycle électoral 1997/1998, 67 % des contributions électorales de Microsoft allaient à des candidats républicains, et 33 % à des candidats démocrates.  Au cours des six premiers mois de 1999, seulement 54 % des contributions électorales de Microsoft sont allé à des candidats républicains, alors que les démocrates recevaient 46 % des contributions.  On constate le même fléchissement d'appui au Parti républicain en matière de «soft money», ces sommes versées directement aux partis (et non à des candidats) pour lesquelles il n'y a aucune limite de fixée et qui ne sont pas réglementées.

Soulignons que Edward Tobin, à titre de directeur principal des affaires corporatives chez Microsoft, sera également responsable du comité d'action politique des employés de Microsoft et de ses 2 000 millionnaires. 

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 Monique Neubourg a vu pour nous...
Chose promise, chose due.  La critique de cinéma Monique Neubourg a vu pour nous Cybertr@que, le film prétendument basé sur les exploits de Kevin Mitnick, le mythique hacker surnommé le Condor.  À vous de juger.

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«Cybertr@que», avec l'arobase en guise de @, est le titre français donné à «Takedown», sans arobase, le film adapté du livre éponyme qui faisait son miel de la vie hackeuse voire crackeuse (sans arobase) du traqué Kevin Mitnick.  (Le titre s'explique sans doute d'une tendance très cyber d'une France qui vient de découvrir que l'Internet c'est chouette et que de ne pas l'avoir, c'est comme de faire la vaisselle avec ses pieds.  Le cyber, l'arobase et le > fleurissent partout, parfois même à contresens.  Mais là n'est pas le sujet du débat.)

Cybertr@que est un film de la catégorie bio, sous-section livre d'images.  Il fait un peu penser au récent «Trader», sans arobase, la bio presque hagio de Nick Leeson, le courtier qui, depuis Singapour, avait en quelques transactions hasardeuses vidé les bourses de la Barings.

Il était une fois Kevin Mitnick donc.  Une fois mais pas deux puisque ne sont traités ici que quelques mois, ceux où le chemin de Kevin croise celui de Tsutomu Shimomura, auteur du livre et co-producteur du film (et joué par le très joli Russel Wong, nul doute que Shimomura lui-même a dû peser en faveur ce choix décoratif).  Kevin cracke l'ordinateur de Shimomura, autre génie du hack passé, lui, du bon côté de la force.  Il est très fort.  Très. 

Bon.  Et alors? Puisqu'on est dans la plus pure illustration, inutile de chercher ici un soupçon de psychologie ou une amorce de raisonnement.  Qui est Mitnick? Pourquoi s'amuse-t-il avec les bits? On n'en saura rien.  Quant à John Chappelle, c'est à n'en pas douter un vrai cinéaste expérimental.  À chaque plan, il tente des angles de prise de vue inédits.  Hélas pour lui, et pour nous, aucun n'est le bon. 

À vue de nez, seul Jean-Kevin va se précipiter à la première séance!

Monique Neubourg

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 Canada : Budget 2000
Jour de dépôt de budget fédéral, hier, à Ottawa.  Peu de mesures directes concernant Internet, si ce n'est 160 millions de dollars qui serviront à financer deux projets sur deux ans.  Le premier porte sur la conception et le lancement d'une initiative visant à offrir les services du gouvernement fédéral en direct aux Canadiens et à favoriser l'utilisation du commerce électronique.  Le deuxième vise à offrir des contenus culturels en ligne, soit la poursuite de la numérisation de collections et d'expositions des Archives nationales du Canada, de la Bibliothèque nationale du Canada et d'établissements connexes et également la mise sur pied d'un musée virtuel qui rassemblera les collections et les expositions de près d'un millier de musées.  À ces fins, l'administration publique fédérale affectera une somme de 20 millions de dollars pour l'exercice 2000/2001 à la bonification du contenu canadien sur Internet, somme qui sera portée à 30 millions d'ici 2002/2003.  Mesure fiscale, aussi, d'intérêt pour les jeunes entreprises et ceux et celles qui y travaillent : on reportera l'inclusion dans le revenu des avantages découlant des options d'achat d'actions accordées aux employés, afin d'inciter ces derniers à participer davantage au sein de l'entreprise qui les embauche.

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 En bref...
La société Netgraphe annonçait hier que les usagers de ses portails La Toile du Québec et InfiniT.com auraient désormais accès à l'excellent moteur de recherche Google directement sur ces portails, pouvant ainsi «étendre leur recherche de façon optimale à l'ensemble du Web francophone et anglophone partout à travers le monde [sic]».  Et de poursuivre le communiqué, «”les internautes du Québec n'auront plus à quitter leur portail favori pour accéder au Web hors Québec'', a déclaré le président et chef de la direction de Netgraphe, Normand Drolet.» Bon.  Si on comprend bien, les utilisateurs auront le choix entre consulter Google pour faire des recherches sur le Web «partout à travers le monde» depuis les portails de Netgraphe, ou bien consulter Google en version d'origine tout aussi efficace, sans publicité et au téléchargement ultra rapide.  On se demande parfois si ces gens oublient que les utilisateurs ont des signets.

Parlant des portails, le netmag Inter@ctive Week annonce l'extinction darwinienne des portails généralistes et la naissance du marché de créneaux spécifiques (attention cynéphiles, on ne parlera pas de «niche»).  En fait, l'écart grandissant entre le leader incontesté de l'achalandage, Yahoo!, et les autres portails force ces derniers à réévaluer leur stratégie.  «Avec le temps, chaque portail devra se distinguer par un élément spécifique dans lequel il excelle» affirme Steve Wadsworth du portail Go.Com, ajoutant qu'il est devenu très difficile pour un portail d'être bon à tout, et facile de devenir propre à rien.  Pour Wadsworth, la spécialisation dans des créneaux précis fait partie de l'évolution du Web.  Pour survivre, les portails «déclinés» devront revoir leurs alliances avec des médias traditionnels.  Plutôt que de diriger la circulation vers des médias externes ou des sites marchands, ils devront se concentrer sur leurs points forts, c'est-à-dire les logiciels et les modes de diffusion permettant aux éditeurs de livrer leurs contenus.  Pour George Bell, président de Excite@Home, la loyauté des utilisateurs est au contenu, et non à son mode de diffusion.  On estime qu'à long terme, la spécialisation peut s'avérer rentable en raison du ciblage publicitaire.

Dans Le Devoir du 23 février, Paul Cauchon signait un article sur les durs lendemains de grève à Radio-Canada et décrivait l'étrange sort (non directement lié aux compressions actuelles) de l'émission Branché qui traite des nouvelles technologies.  «Alors que Radio-Canada voulait cesser la production de Branché, Télé-Québec a décidé de prendre en charge le financement de l'émission [...] Télé-Québec cherche actuellement à compléter ce financement avec RDI.  Télé-Québec diffusera donc Branché cet automne et Radio-Canada pourrait lui “acheter” l'émission pour la diffuser en reprise l'été suivant [...] Selon l'entente, le très populaire site Internet de Branché continuerait à loger sur le site Web de Radio-Canada mais comprendrait des hyperliens entre la SRC et Télé-Québec.» On reste sceptique quant à l'intérêt d'une émission comme Branché, qui traite du dernier cri en technologie, en reprise à Radio-Canada avec un décalage de neuf mois.  On comprend cependant très bien la logique de Télé-Québec, car comme l'explique Cauchon, «Télé-Québec semble bien satisfaite de l'entente puisqu'on peut ainsi se doter d'une émission connue et respectée avec un budget moindre que si on avait voulu créer une nouvelle émission consacrée à Internet et aux nouvelles technologies.»

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 Beau détour
Cette semaine, un bref détour vers le site du photographe illustrateur John Manno.  À ne pas manquer, ses tryptiques originaux.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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