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Les Chroniques de Cybérie
22 fevrier 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

22 février 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Sommet de Washington sur la vague d'attentats
Microsoft : pas de code ouvert...
...  et moins de contrats «ouverts»
Québec : projet de loi, campagne de pub
Bush rétablit ses chances en Caroline du Sud
Internet rend asocial?
Beau détour

 Sommet de Washington sur la vague d'attentats
Contrairement à ce que l'on s'attendait, le sommet de Washington destiné à faire le point sur la vague d'attaques dirigées contre des sites Web importants n'aura pas donné lieu à l'annonce de mesures extrêmes pour contrer une éventuelle répétition des incidents.  On a plutôt assisté à la mise sur pied d'une stratégie nationale, issue de la collaboration des secteurs public et privé, pour protéger l'infrastructure informatique de nouvelles attaques. 

Sur le plan des mesures concrètes décrétées par l'administration Clinton pour hausser le degré de sécurité de l'infrastructure de l'information, le budget de recherche et développement passe de 451 à 606 millions de dollars.  On consacrera aussi 25 millions de dollars à la mise sur pied d'un programme d'enseignement supérieur de premier et de deuxième cycle en sécurité informatique, les candidats devant toutefois s'engager à travailler par la suite pour l'administration publique.  Puis, entre autres, cinq millions seront affectés à une équipe de veille permanente pour l'évaluation des risques (sous l'égide du département du Commerce), et dix millions à un réseau de détection des intrusions dans les systèmes publics.

Les représentants de l'industrie ont poussé un soupir de soulagement à l'issue du sommet de Washington selon le Mercury News, et ont endossé la proposition de l'administration Clinton d'agir davantage en pompiers (prévention, sécurisation de l'environnement) qu'en policiers (surveillance, répression).  Dans un rare geste de solidarité avec l'industrie, les organismes de défense des cyberdroits (représentés par le Center for Democracy and Technology - CDT) ont donné leur aval au plan Clinton.  D'après James Dempsey, conseiller principal au CDT, «Peu de mesures proposées risquent de porter atteinte au droit à la vie privée».

Le président Clinton avait lui-même donné le ton des entretiens et fait preuve d'une grande ouverture à cet égard : «Nous savons qu'il faut préserver l'ouverture et la liberté du cyberespace.  Il faut en même temps rendre les réseaux informatiques plus sécuritaires et résilients, et faire davantage pour protéger la vie privée et les droits civils.»

Reconnaissons que l'industrie est en situation délicate car ses porte-parole ont toujours prôné l'auto-gestion du réseau et un minimum d'interventions du secteur public.  Il fallait donc éviter de donner l'impression d'appeler à l'aide, tout en s'assurant que le gouvernement américain soit conscient des enjeux, opération que le sommet de Washington aura permis de réussir.  Il ne reste donc plus à l'industrie que de faire ses devoirs et de colmater les brèches dans ses systèmes.

Ironiquement, l'industrie pourrait avoir recours à des systèmes de sécurité mis au point grâce à l'intervention de la société In-Q-Tel (anciennement In-Q-It), propriété de l'agence américaine de renseignement, la CIA.

En septembre dernier, John Markoff du New York Times (inscription requise) révélait que la CIA avait mis sur pied une société d'investissement de capital de risque, In-Q-It, et y avait affecté un budget de démarrage de 28 millions de dollars.  L'objectif de cette société est d'être à l'affût de toute nouvelle technologie jugée utile à la CIA, mise au point par des entreprises relativement modestes, et d'en favoriser le développement. 

Le même jour, par voie de communiqué, la CIA confirmait la nouvelle et expliquait : «Le rythme accéléré et sans précédent du changement technologique, ainsi que l'évolution du cadre de la sécurité nationale, exigent un changement dans la manière de fonctionner des agences de renseignement.  In-Q-It relève ce défi en offrant aux agences une occasion novatrice de travailler avec des particuliers, l'industrie et la communauté scientifique pour explorer des approches nouvelles et non conventionnelles à des problèmes d'intérêt commun.»

Quatre secteurs principaux retiennent l'attention de ce nouveau genre de capital-risqueur : l'intégration de la technologie et des applications Internet aux travail de la CIA; la mise au point de technologies de sécurité et de surveillance; les techniques d'extraction de données à partir des volumineuses bases de renseignements de l'agence; la modernisation du parc informatique.

On apprend maintenant du Washington Post que la société In-Q-Tel (nouveau nom de In-Q-It, site Web en construction), donc la CIA, investira trois millions de dollars pour accélérer le développement du logiciel netEraser par la société Science Applications International Corp. (SAIC).  Le logiciel netEraser pourra répondre aux attaques du type «déni de service» qui ont récemment paralysé de nombreux sites Web (intéressantes perspectives commerciales) mais, selon un responsable de la CIA, netEraser pourrait aussi avoir des applications offensives comme la consultation anonyme d'ordinateurs «ennemis».

Du côté de l'enquête officielle déclenchée au lendemain de la vague d'attaques, rien de bien nouveau, le FBI piétine.  Mais d'après le chroniqueur Gerry McGovern, les limiers fédéraux ne seraient pas seuls à tenter de débusquer le ou les responsables.  Certaines sociétés spécialisées dans la sécurité réseau mèneraient leur propre enquête, espérant profiter des retombées commerciales si elles parvenaient à identifier l'origine véritable des attaques.

Enfin, des retombées commerciales concrètes pour les compagnies d'assurance, comme la Tri-City Brokerage de San Francisco qui, par l'entremise de l'assureur britannique Lloyds offre une assurance «anti hacker», ou le American International Group de New York qui propose une couverture pouvant éponger les pertes subies par des sites cybermarchands jusqu'à hauteur de 25 millions de dollars.

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 Microsoft : pas de code ouvert...
Quelques heures après que Bill Gates ait dévoilé la nouvelle mouture du système d'exploitation Windows, la version 2000, le service d'information financière Bloomberg lui attribuait une citation selon laquelle il serait disposé à rendre public le code source de Windows dans le cadre d'un règlement négocié de la poursuite anti-trust engagée contre Microsoft.  Démenti rapide de la part de Greg Shaw, porte-parole de Microsoft, «Les commentaires attribués à Bill sont tout simplement faux»; «Bloomberg persiste et signe» déclare Matthew Winkler, rédacteur en chef de Bloomberg.

L'ouverture du code source permettrait théoriquement aux concurrents de Microsoft d'offrir leurs propres versions de Windows, ce qui désamorcerait l'argument du monopole devant le tribunal.  Sur le plan pratique, c'est autre chose, si ce n'est qu'en raison de la taille même de la bête, soit plus de 35 millions de lignes de code.  Il faudrait bien, aussi, offrir un produit supérieur à la version Microsoft.  Or, certains analystes de l'industrie estiment que Windows 2000 comporte jusqu'à 63 000 défauts potentiels, de quoi tenir une armée d'informaticiens occupés pour un bon bout de temps.

Ceci dit, rappelons que c'est aujourd'hui (mardi, 22 févier) que les procureurs de Microsoft et ceux du ministère américain de la Justice et des 19 États qui ont intenté le procès anti-trust déposent leurs plaidoiries devant le juge Thomas Penfield Jackson. 

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 ...  et moins de contrats «ouverts»
Revenons sur la question des «permatemps», ces personnes qui travaillent dans le cadre d'une affection à durée limitée, mais dont la période d'emploi est constamment prolongée de sorte qu'ils s'estiment des employés permanents.  Nous vous parlions en juin dernier du dossier des «permatemps» de Microsoft et de leurs demandes en vue d'obtenir les mêmes avantages sociaux que les employés permanents, dont des options d'achat d'actions de l'entreprise.

Microsoft vient d'annoncer qu'elle change les règles du jeu concernant la durée des périodes d'affectations temporaires et celle des «pauses» entre les affectations.  Dorénavant, les périodes d'affectation seront d'une durée maximale de douze mois, sans égard au nombre d'heures travaillées et avec possibilité de cumul de sous affectations ne pouvant dépasser 12 mois, après quoi l'employé ne sera admissible à une autre affectation de 12 mois qu'après une période de 100 jours de «pause».  Depuis juin 1998, la période de pause obligatoire entre deux périodes d'affectation était de 31 jours.

La Washington Alliance of Technological Workers (WashTech) qui avait pris fait et cause pour les permatemps affirme qu'il s'agit de mesures de représailles contre ses membres.  WashTech cite également les avis communiqués par les agences de placement, recruteurs intermédiaires des permatemps, dans lesquels Microsoft dit «regretter» de devoir imposer cette mesure dictée par le climat juridico/légal qui règne dans les relations de travail avec les permatemps.

Pour les travailleurs, une pause de 31 jours entre deux périodes d'affectations représentait en quelque sorte les vacances auxquelles ont droit les salariés permanents.  En revanche, une période d'inactivité de 100 jours peut s'avérer désastreuse sur le plan financier.  La plupart des agences de placement se sont dites disposées à aider les travailleurs temporaires à combler les manques à gagner en leur trouvant des affectations de plus courte durée, mais on ne peut voir dans cette manoeuvre de Microsoft qu'une tentative de disperser un noyau de revendicateurs de droits égaux pour un travail somme toute égal.

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 Québec : projet de loi, campagne de pub
Vendredi dernier, le ministre délégué à l'Autoroute de l'information et aux Services gouvernementaux, David Cliche, réunissait à Montréal un petit groupe de journalistes pour faire le point sur l'état d'avancement de quelques dossiers relatifs à Internet. 

Le ministre a confirmé l'imminence du dépôt, devant l'Assemblée nationale, du Projet de loi sur la sécurité inforoutière, un projet qu'il qualifie de «technologiquement neutre» mais qui verra à garantir la validité des documents et des signatures numériques sans les reléguer dans une catégorie distincte.  M.  Cliche n'entend pas utiliser de moyens pour forcer l'adoption à toute vapeur du projet de loi, préférant une démarche qui puisse donner lieu à la consultation et à la réflexion.

On verra aussi, ce printemps, le dévoilement d'une Politique de sécurité inforoutière comprenant un processus de certification de tiers dans une infrastructure de clés publiques, et l'amorce d'un processus de certifications de sites.

Ces deux mesures constituent un point charnière pour le ministre : il importe d'instaurer un climat de confiance propice aux transactions commerciales et informationnelles dans l'espace cyber.  Et comme, pour citer M.  Cliche, «une politique gouvernementale n'a de sens que si elle est appropriée par le secteur privé», l'État compte sur l'action de nombreux partenaires, entreprises et organismes.

Concernant le projet pilote d'adresse électronique pour chaque citoyen ou citoyenne qui en fait la demande, et dont l'inscription de nouvelles adresses était temporairement interrompue l'an dernier, le ministre concède que la démarche est plus laborieuse que prévue en raison des complexités juridiques et techniques.  Cependant, on serait sur le point d'obtenir l'aval de la Commission d'accès à l'information (CAI) sur une garantie de confidentialité des données personnelles.

Le ministre Cliche refuse d'accréditer la notion du «retard québécois» en matière de branchement et d'accès, citant à cet égard les résultats d'un récent sondage CEFRIO/Léger&Léger selon lequel 34,3 % des répondants disaient avoir utilisé Internet au moins une fois au cours de la semaine écoulée (41,4 % chez les hommes comparativement à 27,5 % chez les femmes).  Encore faudrait-il qualifier davantage l'accès et reconnaître qu'une utilisation par mois ne constitue pas, à proprement parler, une appropriation de l'outil.  Retard ou pas, le gouvernement québécois lancera, le 28 février prochain, une campagne publicitaire «sociétale» d'incitation au branchement.

L'échange informel qui a suivi l'exposé du ministre Cliche a permis d'aborder divers points, comme celui des clés publiques devant servir aux citoyens dans leurs transactions avec l'État.  La veille, le ministre rencontrait les journalistes de la tribune parlementaire à Québec.  Un point qui n'a pas été abordé à Montréal, mais que les collègues de Québec auront soulevé, est celui de la fiscalité et des achats en ligne.  Le correspondant de Reuters à Québec rapporte que le ministre Cliche a déclaré «Il ne faut pas laisser échapper le commerce électronique à l'assiette fiscale», évoquant l'application de la taxe de vente aux transactions effectuées sur le Web.

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 Bush rétablit ses chances en Caroline du Sud
Alors que les sondeurs et les observateurs hésitaient depuis quelques jours à se prononcer sur l'issue du vote, George W.  Bush a remporté la primaire de la Caroline du Sud, battant ainsi son opposant John McCain et rétablissant ses chances d'être candidat républicain à la présidentielle américaine de novembre.  Bush a obtenu 53 % des voix contre 42 % pour McCain.  La primaire républicaine en Caroline du Sud a attiré deux fois plus d'électeurs qu'en 1996. 

L'Associated Press, qui a mené un sondage des votants à leur sortie des bureaux de scrutin, rapporte que Bush a obtenu la faveur des électeurs conservateurs, chrétiens conservateurs, opposants à l'avortement, et d'une bonne partie de ceux qui croient qu'il a des chances de remporter la présidentielle.  McCain a obtenu l'appui des électeurs plus âgés et de ceux qui votaient pour la première fois, des électeurs indépendants, des anciens combattants, des personnes ayant terminé des études post-collégiales, de ceux qui se disent des modérés et n'endossent pas les thèmes de la droite religieuse.

En 1739, la Caroline du Sud a été la scène de la première révolte des esclaves noirs.  C'est aussi en Caroline du Sud, en 1861, que fut tiré le premier coup de feu de la Guerre civile américaine.  On se demande si c'est l'héritage d'un passé turbulent qui aura déclenché une des campagnes de publicité les plus négatives, de la part des deux candidats, au cours de cette primaire.  De quoi alimenter les projets de recherche en cours sur l'efficacité des campagnes négatives.  Un détail : publicité négative ou pas, on estime que les deux candidats ont dépensé 30 $ par électeur en publicité pour la primaire de Caroline du Sud.

De plus, les partisans de John McCain crient au scandale car les bureaux de vote dans 21 districts électoraux auraient été fermés, sans préavis, par les responsables locaux du parti républicain.  Ces districts électoraux sont situés dans la région de Grenville qui compte une population majoritairement noire et favorable à McCain.  Le président du parti républicain pour la Caroline du Sud a prétendu ne pas avoir le personnel nécessaire pour assurer la bonne marche du vote dans ces districts.  Dimanche matin, le New York Times rapportait que John McCain demandait une enquête approfondie sur ces incidents.

Autre sujet de préoccupation pour McCain, un «faux» site Web et une campagne de courrier électronique non sollicité (spam) misant sur l'efficacité de la campagne de McCain sur Internet (voir notre chronique précédente) pour passer à la caisse.  Le responsable, David Knell de la société Mediaking, se défend d'avoir eu des intentions malveillantes.  Il a déclaré au réseau MSNBC avoir communiqué avec les organisateurs de la campagne de McCain souhaitant les aider à la collecte de fonds, mais n'ayant reçu aucune réponse, il a alors décidé d'y aller de son propre chef.  Le site de Mediaking, dont l'infographie avait été empruntée aux sites officiels de John McCain, a depuis été fermé par le FBI, et Knell dit n'avoir récolté que 180 $.

Ce mardi, autre étape du processus des primaires, cette fois au Michigan, premier grand État industriel à procéder à l'exercice d'une primaire dans le présent cycle électoral, et en Arizona, l'État que représente John McCain au Sénat.  À suivre.

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 Internet rend asocial?
On m'en parle depuis une semaine.  Des copains au bar où je fais des cinq à sept, des collègues à une conférence de presse, ma voisine entre deux séances de pelletage, un couple d'amies qui s'étaient risquées à m'inviter pour un brunch, mon distributeur de café en vrac, mon vendeur de tabac et magazines, mon nouveau gérant de banque, bref, tout le monde et j'en passe.

Je parle évidemment de cette nouvelle étude de l'Institut de recherche quantitative sur la société de l'Université Stanford qui conclut qu'Internet isole ses utilisateurs, les rend asociaux, et qui plus est les rend ergomanes, sans compter que la dépendance croît avec l'usage.  En fait, ce sont surtout certains médias qui se sont attardés à cette conclusion des chercheurs et ont tout bonnement négligé le reste des constatations.  Mais la nouvelle était accrocheuse, et elle a accroché si on en juge par la couverture disproportionnée dont elle a joui.

Toute aussi imparfaite soit-elle (sondage non aléatoire, méthodologie discutable, échantillon peu représentatif), l'étude établit que plus les gens consacrent de temps à l'utilisation d'Internet, plus ils prennent de distance par rapport à leur milieu social, moins ils consultent les médias traditionnels, plus ils consacrent de temps à leur travail tant en milieu de travail qu'au foyer, sans pourtant diminuer le temps requis pour faire la navette de l'un à l'autre.

On retient cependant des conclusions moins interprétatives de l'étude sur le taux de pénétration du réseau aux États-Unis.  Par exemple, 65 % des foyers sont équipés d'un ordinateur (19 % de plus d'un ordinateur), et 43 % des foyers sont branchés à Internet.  Une ventilation des données permet de voir que 38 % des Américains âgés de plus de 18 ans ont accès à Internet au foyer, et que 34 % ont accès à Internet ailleurs qu'au foyer (17 % uniquement hors du foyer, et 17 % au foyer et ailleurs).

Conformément à toutes les études précédentes sur l'utilisation d'Internet, le courrier électronique demeure l'application la plus utilisée (90 %), suivi de la recherche d'information générale (77 %), du furetage Web (69 %).  Difficile de lire à l'écran? Pas pour 67 % des répondants qui disent s'adonner à la lecture de documents en ligne.  La consultation de contenus relatifs aux passe-temps (63 %), aux produits dont on envisage l'achat (62 %), aux destinations voyages (54 %) meublent aussi le temps en ligne des utilisateurs.

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 Beau détour
Des images d'ici...  venues d'ailleurs.  Depuis le tout début de l'exploration spatiale, la NASA nous a révélé des perspectives inédites sur notre planète.  Au cours de la présente mission de la navette spatiale, on a lancé un vaste projet de photographie par satellite du relief terrien.  Des exemples des premières images de ce projet unique.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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