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Les Chroniques de Cybérie
19 octobre 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

19 octobre 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Haïti et la politique réseau
Echelon, cybermanif et filière canadienne
Un anonyme de «pssst...» se dévoile
Journalisme, une question de famille?
Corel, délit d’initié?
L’EPIC poursuit le FTC
Suivi de dossiers
Citation de la semaine
Beau détour

 Haïti et la politique réseau
Une affaire étrange et qu’il nous a été difficile d’approfondir, on le comprendra, vient perturber le marché de l’accès Internet en Haïti.

Le 27 septembre dernier, le Conseil national des télécommunications (Conatel) qui régit ce secteur dans le pays, et la Teleco, compagnie locale de téléphonie, exigent de la société Alpha Communication Network (ACN) qu’elle cesse immédiatement ses activités de prestataire d’accès Internet. Du même coup, c’est environ 80 % du marché local (entreprises, ministères, organisations non gouvernementales) qui se trouve privé de services.

Les autorités reprochent à ACN l’exploitation de dispositifs permettant les appels internationaux, ce qui entraînerait pour la Teleco des pertes de l’ordre de cinq millions de dollars par mois.  Les services Internet offerts par ACN ne sont pas en cause, mais écopent de la sanction des autorités.

Portait des télécommunications en Haïti.  L’été dernier, lors de la conférence INET’99, le professeur Jon M. Peha de la Carnegie Mellon University livrait un portrait détaillé et à jour de la situation.  La Teleco dispose de 0,9 lignes téléphoniques par 100 habitants.  Hors de la capitale, Port-au-Prince, cette proportion chute à 0,2 lignes par 100 habitants.  À l’échelle nationale, c’est inférieur à la moyenne constatée sur le continent africain.  Il y aurait 100 000 demandes de branchement téléphonique en attente; le tiers du réseau téléphonique en place est, à n’importe quel moment, hors service en raison de pannes techniques et d’interruption de courant électrique.  Dans ce marché on ne peut plus difficile, quatre prestataires de services d’accès Internet, dont le plus important est ACN.

À la suite de l’interruption forcée des activités Internet de ACN, le Réseau de Développement Durable Haïtien (RDDH) décide de mettre les acteurs en présence (Conatel, Teleco, ACN) et de clarifier la situation sur le plan technique.  Bilan, le RDDH reproche au Conatel de fonctionner dans un flou réglementaire, et conclut que «Le rôle même d'un organe aussi important que le Conatel, en l'absence de règles publiques claires et dûment appliquées, pourrait tôt ou tard être remis en question.»

Ceux et celles qui connaissent la langue créole savent qu’elle est une mine intarissable d’images, de proverbes, de paraboles.  Deryè mon gen mon.  Derrière les montagnes, d’autres montagnes.  Et derrière cette affaire, d’autres affaires.

Comme le RDDH, l’Association Réseaux & Développement (FUNREDES) proteste contre la décision du Conatel, mais rappelle que ACN n’en est pas à ses premiers démêlés avec le Conatel.  «En mars 1997, ACN avait été dépossédée de la gestion technique du domaine national (.HT) en même temps que REHRED [Ndlr.  Réseau Haïtien pour la Recherche et le Développemen] de la gestion administrative au profit d'une nouvelle entreprise sur le terrain, liée à MCI.  Cette scandaleuse action avait pu se faire à la suite de pressions politiques sur la IANA [Ndlr.  Internet Assigned Numbers Authority] qui avait alors contredit ses propres règlements dans une décision maladroite qui avait provoqué un débat public [...] On pourrait craindre une tentative de création brutale d'un monopole des télécommunications, très lié à l'entreprise Nord-Américaine MCI, qui contrôlerait à la fois voix et données, fixes et mobiles.  La situation est trop confuse pour en être sûr, mais ce qui est certain c'est que l'entreprise qui a investi le plus et depuis plus longtemps dans l'expansion de l'Internet est brutalement sortie du marché et que cela profitera à d'autres.».

ACN a en effet investi beaucoup, et ce dès 1993 alors que le pays était sous la domination des militaires depuis le coup d’État de septembre 1991 qui avait renversé le président élu Jean-Bertrand Aristide.  ACN fait partie du complexe financier Industries Nationales Réunies S.A.  (INR), propriété de la famille Apaid dont André Apaid est le doyen.  INR est très présente dans l’industrie de l’assemblage et de la sous-traitance, sa filiale la plus lucrative étant Alpha Electronics qui assemble des composantes pour des sociétés américaines telles Sperry/Unisys, IBM, Remington et Honeywell.

En décembre 1991, trois mois après le coup d’État, se tenait à Miami une conférence sur les investissements dans les Caraïbes.  André Apaid avait été invité à prendre la parole à un déjeuner causerie sur la stratégie à adopter face aux récents événements en Haïti.  Interrogé à savoir quelle serait sa réaction si le président renversé Jean-Bertrand Aristide revenait en Haïti, M. Apaid a déclaré «Je l’étranglerais».  Le ton de la rencontre était tel que l’ambassadeur britannique en Haïti, présent au déjeuner, se sentit obligé de quitter la salle.

ACN, fournisseur d’accès Internet, est une filiale de Alpha Electronics et est dirigée par Claude Apaid, fils de André Apaid.  Y aurait-il à comprendre dans la décision des autorités haïtiennes un règlement de compte politique contre la famille Apaid en raison de ses liens étroits avec les régimes précédents, dont celui de la famille Duvalier? D’autre part, le bruit court qu’une nouvelle société de télécommunications serait sous peu mise sur pied, et qu’elle compterait parmi ses actionnaires l’ex-président Jean-Bertrand Aristide.  Le Conatel et la Teleco s’apprêteraient-ils à accorder des droits et privilèges à cette nouvelle société en matière d’accès Internet?

Ce qui est sûr, c’est que la sanction imposée à ACN prive d’accès Internet 80 % des abonnés au réseau, y compris les organismes des Nations Unies, les ONG, les universités et les entreprises créatrices d’emploi, et qu’on ne peut qu’être d’accord avec les organismes du milieu qui réclament un règlement rapide de toute cette affaire.

Pour le professeur Jon Peha, à qui nous avons demandé de commenter l’interruption des services d’ACN, cette mesure risque d’avoir, à terme, de lourdes conséquences.  «Ça pourrait signifier la fin d’une saine concurrence, ce qui entraînerait un ralentissement du déploiement d’une infrastructure Internet en Haïti, une diminution des services, et une hausse des prix.»

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 Echelon, cybermanif et filière canadienne
Tout est en place pour la cybermanif, ce jeudi 21 octobre, contre le système mondial de surveillance des télécommunications Echelon que nous vous décrivions dans notre précédente édition.

Rappelons que pour brouiller le système de repérage de mots clés, l’opération «Jam Echelon Day» suggère d’échanger des messages par courrier électronique contenant des mots déclencheurs du système Echelon, de préférence insérés dans un texte pour éviter la détection et le filtrage en vrac des mots clés.

Poursuivant nos lectures sur le sujet, nous avons été étonnés d’apprendre d’un document récent sur le système Echelon, produit par l’unité Évaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA) du Parlement européen, qu’en 1990 le Centre de la sécurité des télécommunications (CST), le joyau des services secrets canadiens, avait accordé le premier d’une série de contrats de recherche au Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM).  L’objet du contrat : mettre au point un système de repérage permettant de localiser et de reconnaître des mots dans une conversation courante par un système de reconnaissance vocale.  Cette technologie devait s’appliquer à la surveillance des communications téléphoniques.

En 1993, autre contrat accordé au CRIM, portant cette fois sur la livraison pour 1995 d’un module d’identification de locuteur (comparaison d'un ensemble de modèles de référence vocaux correspondant à plusieurs personnes afin de déterminer celle qui a parlé).  La STOA dispose de peu de renseignements, mais estime que le produit fut livré.

Puis en 1997, troisième contrat, celui-ci répertorié sur le site Web du CRIM.  «Dans le cadre d'un contrat de R-D avec la Défense nationale du Canada, l'équipe Parole effectue des travaux de recherche visant le développement d'un système de détection et d'extraction de thèmes d'un signal de parole.  Il s'agit de l'identification du sujet d'une conversation entre deux personnes parmi un ensemble de sujets (sports, religion, etc.). »

Ça laisse une drôle d’impression, non, de savoir que le CRIM (contribution du gouvernement du Québec qui représente 23 % de son budget annuel) soit de mèche avec le CST, le ministère de la Défense et les partenaires d’Echelon pour mettre au point des outils qui aboutissent à des systèmes de surveillance mondiale des télécommunications? Quant à la participation active du CST dans la mise sur pied d’un système d’infrastructure de clés publiques pour Internet, ce n’est guère rassurant.  On nous dira que c’est pour notre bien, que si on n’a rien à se reprocher, on n’a rien à craindre, etc.  Mais reste que...

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 Un anonyme de «pssst...» se dévoile
Nous vous parlions, la semaine dernière, du Webabillard «pssst...» dont les rubriques sont alimentées par des correspondants anonymes, ce qui n’a pas l’heur de plaire à certaines personnes et entreprises visées par les critiques qui y sont formulées.

Après la diffusion de notre chronique, nous avons reçu un message du confrère journaliste et animateur de l’émission Branché sur les ondes de Radio-Canada, Jean-Hugues Roy, qui suggérait la visite d’une page.  Finie la cachette, Jean-Hugues avouait être le Groov3 du site «pssst...», pseudonyme qu’il utilisait depuis deux mois.

D’écrire Jean-Hugues Roy, «Je me suis mis à m'interroger sur la pertinence de cet anonymat il y a environ trois semaines [...] Je m'étais placé dans une situation éthiquement discutable.  Mais aucun manuel de déontologie journalistique ne réfère à pareille situation [...] Dans le cas présent, donc, je me suis rendu compte que mon métier exige que j'opère en tout temps à visage découvert.  Si les sources doivent parfois être anonymes, les journalistes, eux, ont le devoir de travailler au vu et au su de ceux à qui ils doivent des comptes, c'est-à-dire le public [...] L'anonymat des autres collaborateurs à pssst reste leur affaire.  J'invite les journalistes du lot à faire le même examen de conscience.  Mais pour ceux dont le métier n'est pas d'informer, l'anonymat me paraît tout à fait convenable, louable même [...] Je ne retire absolument rien de cette participation, sinon du plaisir à partager.»

En consultant les archives des collaborations de Groov3, il nous est apparu que Jean-Hugues Roy avait été très critique à l’égard de deux entités bien connues du Web québécois, soit le site d’InventionMédia, Branchez-Vous!, et la société Netgraphe, récemment entrée en bourse et éditrice de Multimédium.

Pour Sophie Bernard, rédactrice en chef du netmag Branchez-Vous!, un site comme «pssst...» est sain pour le milieu, mais touche essentiellement les initiés.  «Je ne crois pas que le grand public y trouve intérêt.  Le problème avec ce site est qu'il est réservé à quelques observateurs, des “happy few” qui sont en réalité eux-mêmes des joueurs.  On a l'impression parfois qu'ils se servent de cette plate-forme pour régler des comptes avec des compétiteurs.» Et l’anonymat? «Le fait de se cacher derrière un pseudonyme permet de ne pas avoir à vérifier ses informations, à lancer des coups bas et à ne pas permettre aux personnes "critiquées" de répondre».  Madame Bernard trouve un peu «agaçant» le second manifeste publié par les responsables du site.  «De dire que Pssst! suscite la critique est un peu facile.  Il ne "suscite" pas la critique, il critique, un point c'est tout.  Ce qui n'est pas mauvais en soi, mais appelons un chat un chat [...] Ceci dit, un site tel que Pssst! a sa raison d'être.  Règle générale, les informations qu'on y trouve sont intéressantes, parfois amusantes ou révélatrices.  Mais on veut des noms!!! ;-)».

Du côté de chez Netgraphe/Multimédium, aucune réponse à notre demande de commentaires adressée à l’éditeur, Yves Williams, et au chef de l’information, André Bélanger. 

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 Journalisme, une question de famille?
Dans son numéro de septembre/octobre, le Columbia Journalism Review (CJR) livre les résultats d’une enquête menée auprès de 91 rédacteurs en chef et chefs de nouvelles des médias imprimés et électroniques (un seul média en ligne).  Le thème de l’enquête : si votre fils ou votre fille vous demandait conseil sur un choix de carrière, recommanderiez-vous la profession de journaliste?

Plus des deux tiers des répondants (68 %) ont affirmé que, oui, ils encourageraient leur fils ou leur fille à faire carrière en journalisme.  En revanche, 19 % ont répondu qu’ils tenteraient de les dissuader d’un tel choix, alors que 2 % des répondants ont dit qu’ils avaient des sentiments mitigés par rapport à la question.

De ceux et celles qui recommanderaient la profession à leur enfant (possibilité de choix multiples), 59 % suggéreraient de travailler dans un journal.  Mais, réponse inattendue, les médias en ligne recueillent la faveur de 58 % des parents journalistes.  Viennent ensuite les périodiques (31 %), la télévision (21 %) et la radio (13 %).

Pourquoi recommander à son enfant le journalisme? Parmi les commentaires reçus, on cite l’importance du travail de journaliste, l’aspect noble de la profession, l’apprentissage continu qu’offre le métier, la possibilité de «changer des choses».  Par contre, ceux et celles qui tenteraient de dissuader leur enfant de faire carrière en journalisme évoquent la pression du métier, la montée du sensationnalisme, l’importance moindre accordée de nos jours à la qualité et aux questions d’éthique, les salaires inférieurs à d’autres professions.

La profession de journaliste pour un média en ligne recueille, comme nous le disions, l’aval de 58 % des parents journalistes.  Dans leurs commentaires, ceux-ci ont mentionné qu’il s’agit du médium de l’avenir, que les salaires y sont généralement plus élevés que dans les médias en général, que les novices et apprentis ont de meilleures chances d’avancement, et qu’à terme la demande pour du contenu solide et pour des gens possédant l’instinct journalistique sera forte.

Une personne ayant recommandé les médias en ligne a de plus recommandé les journaux et les périodiques : «Le journalisme du XXIe siècle aura besoin de femmes et d’hommes dotés d’un esprit universel, de compétences plurielles, et qui pourront évoluer dans n’importe quel médium.» Peut-être était-ce là une allusion à Balzac qui disait «Les qualités du journaliste : le brillant et la soudaineté de la pensée».

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 Corel, délit d'initié?
Le secteur technologique canadien a été secoué, jeudi dernier, alors que la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) a annoncé qu’elle mettait en examen le président et chef de la direction de la société Corel, Michael Cowpland, pour délit d’initié et présentation de fausses informations à la Commission. 

M.  Cowpland est donc assigné à comparaître le 22 novembre prochain devant un magistrat d’un tribunal provincial, et s’est vu interdire de transiger personnellement ou par l’entremise de son holding M.C.J.C.  toute action de la société qu’il dirige pour une période de quinze jours.

Les accusations tournent autour de la vente, en août 1997, d’un bloc de 2 431 200 actions pour la somme de 20,5 millions de dollars.  La question est de savoir s'il y a eu délit d'initié, c'est-à-dire si Cowpland savait, au moment de la vente de ses actions, que Corel essuierait d'importantes pertes pour le troisième trimestre qui se terminait quinze jours plus tard.  Le délit d'initié (insider trading) survient lorsqu'une personne détient des informations privilégiées qui peuvent influer sur le cours d'un titre en bourse, et qu'elle utilise cette information à ses fins, avant qu'elle ne soit rendue publique.

Ce n’est pas la première fois que la société Corel est aux prises avec des soupçons de magouillage boursier.  En mars dernier, on apprenait que sept cadres auraient vendu pour près d’un million de dollars en actions de Corel au début du mois de février, un mois avant l’annonce de résultats financiers désastreux qui ont eu une influence à la baisse sur le titre de Corel.

Dans un bref communiqué, M. Cowpland a déclaré attendre avec impatience l’occasion de faire la lumière sur cette affaire qui traîne depuis deux ans et de pouvoir blanchir son nom.  La société Corel maintient qu’il s’agit d’une affaire entre la CVMO et M. Cowpland à titre de particulier, et qu’il ne devrait y avoir aucune incidence sur le fonctionnement de la société Corel.

L’affaire ne pouvait pas tomber plus mal pour Corel qui s’apprête à lancer la version officielle de sa mouture Linux, disponible en version beta depuis septembre.  Corel prétend avoir grandement simplifié le processus d’installation de Linux, facilité l’utilisation et accru la compatibilité avec divers logiciels.  La version Linux Corel offrira une configuration réseau semblable à Windows, une gestion «intuitive» des fichiers avec fureteur Web intégré, ainsi qu’une foule de fonctionnalités destinées à rapprocher Linux de l’utilisateur grand public. 

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 L'EPIC poursuit le FTC
Le Electronic Privacy Information Center (EPIC), organisme américain militant pour le respect de la vie privée, entame une procédure de redressement par voie d'injonction contre la Commission américaine au Commerce (FTC).  C’est en vertu de la Loi sur l’accès à l’information que l’EPIC demandait au FTC, en juin dernier, accès aux copies de tous les dossiers relatifs aux enquêtes de la Commission en suite aux plaintes concernant le respect de la vie privée.  L’EPIC cherchait ainsi à déterminer si certaines entreprises faisaient plus fréquemment que d’autres l’objet de plaintes, et quelles étaient les mesures d’aide ou de soutien accordées dans de tels cas.  L’organisme soupçonne le FTC de faire preuve de laxisme dans ses enquêtes.

La Loi américaine sur l’accès à l’information accorde un délai de trente jours à un organisme fédéral pour donner suite à une requête d’information.  Ayant communiqué à de nombreuses reprises depuis juin dernier avec le FTC, l’EPIC n’a eu pour réponse que la Commission au Commerce ne disposait d’aucun système pour effectuer un suivi des plaintes en matière de vie privée, et ne pouvait déterminer à quel moment elle pourrait donner suite à sa requête d’information. 

L’EPIC exige donc dans les meilleurs délais que le FTC lui remette les informations complètes relatives aux plaintes reçues en matière de respect de la vie privée, et que la Commission dédommage l’EPIC pour les frais juridiques encourus.

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 Suivi de dossiers
En bref, quelques suivis de dossiers que nous vous avons présentés récemment dans les présentes Chroniques.

Surveillance des salariés.  Le 21 septembre dernier, nous faisions état d’un projet de loi qui aurait interdit aux employeurs californiens de surveiller secrètement le courrier électronique des salariés, de même que tout document électronique produit par ces derniers.  Cette dernière disposition se serait étendue aux fichiers d’antémémoire (cache) et d’historique de consultation Web des logiciels fureteurs.  Le 10 octobre dernier, le gouverneur de la Californie, Gray Davis, a opposé son veto au projet de loi, affirmant que de telles mesures de surveillance de la part des employeurs ne visaient qu’à accroître la productivité des employés.  La marraine du projet de loi, la sénatrice Debra Bowen, s’est dite déçue de la décision du gouverneur Gray, et a soutenu que s’il y avait surveillance, les employés étaient en droit d’en être avertis.

Accès aux infrastructures des câblodistributeurs.  C’est aussi dans notre édition du 21 septembre dernier que nous faisions état de la décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d’exiger des entreprises de câblodistribution qu'elles vendent à rabais leurs services Internet à haute vitesse aux autres fournisseurs de services d’accès Internet pour que ces derniers puissent l’offrir à leur clientèle.  Voilà que Cogeco Câble inc. dépose une requête auprès de la Cour d'appel fédérale pour obtenir l'autorisation d'en appeler de la décision du CRTC.  D’après le communiqué émis par le câblodistributeur, «Cogeco Câble est troublée par le fait que toute tierce partie, incluant les filiales de compagnies de téléphone établies qui détiennent déjà une part importante du marché des services Internet de détail au Canada et n'ont pas l'obligation de consentir la revente à rabais, ainsi que de très grandes entreprises étrangères de fourniture de services Internet telles que AOL, pourraient bénéficier pendant une période de temps indéterminée d'un avantage injuste sur les entreprises de câblodistribution en raison de cette exigence sélective et sans précédent de revente à rabais.» De plus, Cogeco soutient que le CRTC a occulté des questions importantes dans sa décision, par exemple, «la décision ne précise pas si les entreprises de câblodistribution seront requises par le CRTC de fournir les modems câble comme partie des services qui seront assujettis à la revente par des tiers, et auront conséquemment l'obligation d'immobiliser leur capital au bénéfice de leurs concurrents et d'interfinancer des concurrents qui profitent déjà d'une part globale beaucoup plus grande du marché des services Internet de détail.»

Le 28 septembre, l’arrestation de Patrick Naughton, vice-président exécutif de la société Infoseek (partenaire des entreprises en ligne de la société Disney) et responsable des sites Go Network, retenait notre attention.  Naughton est accusé, entre autres, d'avoir franchi la frontière d'un État dans le but d'avoir une relation sexuelle avec une personne âgée de moins de 16 ans.  Mercredi dernier, Naughton a enregistré un plaidoyer de non culpabilité à trois accusations portées contre lui.  La date du procès a été fixée au 30 novembre prochain.  S’il est reconnu coupable en vertu des trois chefs d’accusation, Naughton est passible d’une peine de 35 ans de prison, bien que des lignes directrices fédérales pourraient venir alléger cette peine.

Dans notre édition du 5 octobre, il était question de la première audience en Cour supérieure dans la requête en recours collectif de l’Association des journalistes indépendants du Québec contre les éditeurs québécois de journaux.  Cette première audience avait été consacrée à l'exposé d'une demande des éditeurs qui exigeaient que leur soient divulgués les noms des journalistes pigistes pour lesquels l'AJIQ réclame dans cette poursuite des dédommagements de 30 millions de dollars.  Dans un jugement rendu le 7 octobre, la juge Duval Hesler a repoussé les prétentions des éditeurs pour justifier leur demande de déposer la liste des membres de l'AJIQ requérants parce que cela «est susceptible de nuire à l'exercice du recours ou de le rendre illusoire [...] Le tribunal tient à souligner que les intimées (les éditeurs) connaissent déjà les noms des journalistes pigistes dont elles acceptent des articles.  Elles savent aussi lesquels leur ont accordé des droits de reproduction sur support informatique.  Si les affirmations contenues dans la requête (de l'AJIQ) sont fausses, elles sauront bien le démontrer.» La décision de la juge Duval Hesler est sans appel; prochaine étape, l'autorisation ou le refus par la Cour supérieure de déposer le recours collectif.

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 Citation de la semaine
Étrange que ce soit toujours en politique qu’on retrouve les citations les plus incongrues.  Voilà que le chef de l’Action démocratique du Québec, Mario Dumont, donne dans le multipostage.

«Mes amis ont patenté [sic] un serveur de messages.  Chaque message expédié par quelqu'un de mon site se rend automatiquement aux 74 députés du gouvernement d'un seul coup.»

Source : http://www.mario.dumont.net

Devrait-on rappeler à M. Dumont que le courrier électronique en vrac non sollicité (multipostage) est interdit en vertu des articles 342.1 et 430 du Code criminel, comme le rappelle à juste titre Industrie Canada?

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 Beau détour
Cette semaine, un site consacré à la photographie en noir et blanc, PhotoZone.Org de Jacques-Bertrand Pichette.  Sympathique, sans prétention, c’est pour le partage des images.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/991019.html