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Les Chroniques de Cybérie
17 aout 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

17 août 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Remise en valeur du domaine .ca...
... et cap sur le commerce électronique pour le .qc.ca
Red Hat, la locomotive de Linux
Netscape à 25 %, RealAudio à 30 %
Lettre ouverte à Microsoft
Israël, Gaza et la piraterie
Nazie nostalgie
Réalisme boursier
En bref...
Beau détour

 Remise en valeur du domaine .ca...
L’organisme d’attribution des noms de domaines canadiens .CA, la Canadian Internet Registration Authority - CIRA (Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, version française du site Web en attente depuis des mois), entend présenter début septembre sa nouvelle structure de fonctionnement et remettre en valeur, auprès des entreprises et organismes le domaine canadien.  Le système pourrait prendre effet d’ici la fin de l’année.  Formé en janvier conformément aux recommandations du Comité consultatif sur les noms de domaines canadiens, le CIRA a pris la relève des bénévoles de l’Université de Colombie-Britannique qui géraient, depuis 1987, l’attribution des domaines .CA.

La lenteur administrative de l’ancien système (attente d’une semaine) ainsi que les exigences dont il était assorti (dont l’attribution d’un seul nom de domaine par entreprise ou personne morale) ont provoqué un exode des particuliers, entreprises et organismes canadiens vers les domaines génériques .COM, .NET et .ORG.  On estime à 90 % le pourcentage d’entreprises et organismes canadiens détenteurs d’un nom de domaine générique, mais qu’un système plus souple et plus rapide insufflera au domaine .CA un regain de popularité. 

D’après Rob Hall, président du CIRA, le développement du commerce électronique suscitera un intérêt pour les noms de domaines .CA.  «Les entreprises seront heureuses de détenir un domaine .CA car ce sera communiquer aux clients qu’ils sont régis en vertu des lois canadiennes.»

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 ... et cap sur le commerce électronique pour le .qc.ca
En son point 5.2, le rapport du Comité consultatif sur les noms de domaines canadiens (CCNDC) précisait que les sous-domaines provinciaux, territoriaux et municipaux (comme .QC.CA pour le Québec) ne seront plus réservés à certaines catégories d’inscriptions, mais demeureront disponibles, leur attribution se faisant par l’entremise d’organismes publics locaux.

Au cours d’un entretien téléphonique, le ministre québécois délégué à l’Autoroute de l'information et aux Services gouvernementaux, M. David Cliche, nous a déclaré que le Québec était prêt à toute nouvelle structure d’attribution des noms de domaines, déplorant cependant le manque de consultation de la part du CIRA.  Il a évoqué la possibilité que le Réseau interordinateurs scientifique québécois (RISQ) devienne l’organisme responsable de l’attribution des noms de domaines .QC.CA, bien qu’aucune décision n’ait encore été prise, le projet du CIRA n’ayant pas encore été officiellement déposé.

Cependant, rien d’attentiste dans l’attitude du ministre qui entend procéder rondement dans certains dossiers connexes avec le commerce électronique en ligne de mire.  M. Cliche partage l’idée selon laquelle il est important, dans une économie mondialisée reposant en bonne partie sur des échanges électroniques à distance, que le consommateur sache avec qui il fait affaire.  «Vous savez, une entreprise qui a un nom de domaine .QC.CA communique un message de fiabilité et de sérieux.  Au Québec, nous avons parmi les meilleures lois au monde en matière de protection des renseignements personnels et de protection des consommateurs.  Ça ne passe pas inaperçu.»

«Déjà, le personnel de mon ministère a travaillé étroitement avec les spécialistes du ministère de la Justice sur un train de mesures législatives qui seront proposées à l’automne» a affirmé le ministre qui souligne que la législation, telle que proposée, sera conforme aux normes et directives de l’OCDE.  «La législation d’encadrement du commerce “papier” aura son équivalent pour le commerce électronique» nous a déclaré M. Cliche, rappelant aussi le précieux apport du forum d’échange et de consultation qu’il mettait sur pied en juin de cette année.  «Il sera question de cryptographie, de signatures électronique, d’homologation de clés, et de tous les éléments d’infrastructure nécessaires au développement du commerce électronique.»

N’y a-t-il pas un retard au Québec en cette matière? «Quand une technologie fonctionne, qu’elle est transparente, et que le public peut l’utiliser en toute confiance, elle se développe.  Prenez les guichets bancaires électroniques.  C’est maintenant près de 85 % des transactions bancaires et des paiements de factures qui se font par cet intermédiaire, et les Québécois et les Québécoises sont parmi les plus fréquents utilisateurs des guichets.  Pourquoi? La technologie est simple et fiable.  Si de nôtre côté [au gouvernement] on fait bien les choses, les entreprises et les consommateurs verront les grands avantages du commerce électronique, auront confiance dans cette manière de procéder, et elle connaîtra une progression aussi fulgurante qu’a connue l’utilisation des guichets électroniques.»

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 Red Hat, la locomotive de Linux
Malgré l’incertitude qui plane sur les marchés boursiers, un distributeur du système d’exploitation Linux, Red Hat, a fait une entrée remarquée en bourse mercredi dernier.  Lancé à 14 $, le titre a terminé la journée à 52 $, la huitième meilleure performance jamais enregistrée sur le parquet de la NASDAQ; il terminait la semaine à 85 $.  Avec cette émission de 6 millions d’actions, Red Hat a donc amassé 84 millions de dollars, une somme qu’elle entrevoit consacrer principalement au développement de nouveaux marchés et de nouvelles applications.

Red Hat est le plus important distributeur du système Linux et détenait 56 % de ce marché en 1998.  Le système d’exploitation est commercialisé sur cédérom, et demeure un système ouvert aux améliorations que quiconque veut y apporter.  La réussite du placement de Red Hat a aussi eu des effets appréciables pour d’autres entreprises qui commercialisent des versions et applications de Linux tel VA Linux Systems, Caldera Systems et Linuxcare.com. 

On estime que 17 % des serveurs d’entreprises roulent sous Linux, un pourcentage que Red Hat entend bien voir augmenter.  Windows NT détiendrait 38 % du marché serveurs, Novell 23 % et Unix 19 %.  Adaptation pour PC du système Unix, Linux a aussi séduit quelques utilisateurs individuels, mais conserve la réputation d’être complexe à installer et de ne pas pouvoir exploiter autant de logiciels que les produits Windows de Microsoft.

Double déception, cependant, chez les centaines de collaborateurs bénévoles ayant aidé Red Hat à mettre au point sa version de Linux.  Il y a trois semaines, Red Hat avait invité plusieurs d’entre eux à se prévaloir, au prix plancher de 12 $, d’actions en pré-lancement.  Surprise pour bon nombre d’entre eux, rapportait News.Com, ils étaient inadmissibles au service de courtage électronique E*Trade en raison du filtrage des clients exigé par l’association américaine des courtiers.  Les acheteurs prospectifs devaient pouvoir garantir qu’ils disposaient de la somme équivalente à un bloc de 100 actions.  Deuxième surprise, toujours selon News.Com , le prix plancher de 12 $ haussé à 14 $ quelques heures seulement avant le placement du titre.  Cette hausse «optimiste» du prix de lancement forçait les acheteurs à confirmer qu’ils acceptaient bel et bien le nouveau prix, et à confirmer de nouveau qu’ils disposaient immédiatement de la somme requise.  D’après un des collaborateurs invités à se prévaloir de l’offre, Scott Aranian, l’attitude moins que réactive de E-Trade a failli provoquer de profonds déchirements dans la communauté des développeurs de Red Hat, si ce n’est qu’en raison de la «démographie» de ce groupe particulier.

Ceci dit, alors que Red Hat impressionnait les courtiers de Wall Street, et décevaient certains des cerveaux derrière sa version de Linux, se tenait à San Jose (Californie) la foire LinuxWorldExpo.  Le fabricant canadien Corel en a profité pour y aller d’une annonce importante, soit la sortie plus tard cette année de sa propre version de Linux.  Corel prétend avoir grandement simplifié le processus d’installation de Linux, facilité l’utilisation et accru la compatibilité avec divers logiciels.  La version Linux Corel offrira une configuration réseau semblable à Windows, une gestion «intuitive» des fichiers avec fureteur Web intégré, ainsi qu’une foule de fonctionnalités destinées à rapprocher Linux de l’utilisateur grand public.  La version Linux Corel sera disponible en téléchargement sur le Web (gratuit) et en magasin (prix à déterminer).

Linux menace-t-il Windows NT? Linus Torvalds, auteur initial du noyau Linux, avait été jusqu’à présent assez prudent dans ses prédictions.  Mais dans une longue entrevue accordée au netmag Upside la semaine dernière, Torvalds estime que oui, Linux dépassera NT, et espère que d’ici trois ans il constituera une alternative valable pour les utilisateurs non technophiles (l’expression est de lui).  S’il n’en tient qu’à la collaboration des grands fabricants, Linux est promis à un avenir brillant.  Déjà IBM, Dell, Silicon Graphics, Motorola et bon nombre d’autres sociétés ont pris le virage Linux. 

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 Netscape à 25 %, RealAudio à 30 %
La part de marché du fureteur Netscape Navigator serait maintenant d’environ 25 %, MS Explorer recueillerait la faveur de 70 % des utilisateurs, les fureteurs «marginaux» se partageant le reste de la clientèle.  C’est en gros ce que confirment certains rapports récents, dont celui diffusé par la société StatMarket qui se base sur la consultation faite par 31 millions d’utilisateurs de 114 000 sites.  Concernant les logiciels auxiliaires multimédia, RealAudio qui jouissait d’une situation dominante il y a deux ou trois ans serait maintenant installé sur environ 30 % des ordinateurs branchés à Internet.  Toujours selon StatMarket, il a été déclassé par LiveAudio, présent sur 80 % des systèmes, AVI (74 %), QuickTime (70 %), Beatnik (36 %) et MediaPlayer (35 %).  Le taux d’installation de Shockwave Flash serait de 62,4 %, Adobe Acrobat de 30 % et Cosmo de 13 %.

Revenons aux plate-formes de fureteurs et à un rapport de WebSideStory/HitBox qui confirme la domination de MS Explorer.  Un blip sur le radar statistique : les données révèlent que l’utilisation de Netscape chute durant les fins de semaines.  On pourrait s’expliquer ce glissement hebdomadaire de Netscape par une plus grande pénétration du fureteur Microsoft sur les systèmes utilisés au foyer (pré-installé par les revendeurs sur bon nombre de systèmes), et présumément davantage utilisés les fins de semaine, conjuguée à une utilisation plus répandue de Netscape en milieu de travail.

Mais si la très forte popularité d’Explorer (hausse de 25 points en quelques mois) aurait de quoi réjouir Microsoft, ces données tombent au moment où s’achève le procès intenté par le ministère américain de la Justice contre la société de Redmond qui prétend que cette dernière jouit d’un monopole.  L’ironie n’a pas échappé à Denis Delbecq qui écrit, dans Le Monde, «Voilà qui n'arrange pas les affaires de Microsoft.  L'étude de WebSideStory apporte de l'eau au moulin du département américain de la justice, qui poursuit Microsoft pour abus de position dominante [...] Le juge Jackson doit désormais s'atteler à la lecture des près de 1500 pages qu'il a reçues mardi 10 août.  Il dispose de quelques semaines avant d'entendre, le 21 septembre prochain, les conclusions définitives des deux parties en présence.»

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 Lettre ouverte à Microsoft
Le Web Standards Project (WSP) adressait vendredi dernier une lettre ouverte à la firme Microsoft l’enjoignant de respecter pleinement, dans sa prochaine version du fureteur Explorer, les normes du Consortium W3C relatives au code normalisé HTML 4.0, aux feuilles de style en cascade (CSS - Cascading Style Sheets), au modèle objet de document (DOM - Document Object Model) et au langage de balisage extensible (XML - Extensible Markup Language).

Le W3C est l’organisme de normalisation des techniques utilisées sur le Web, alors que le WSP est un groupe informel de développeurs de sites ayant pris fait et cause pour le respect, par les fabricants de logiciels, des normes promulguées par le W3C.  Ce non respect des normes, ou encore l’utilisation de codes exclusifs par Netscape ou Microsoft Explorer, force bon nombre de concepteurs de sites à proposer des versions soi-disant optimisées pour l’un et pour l’autre.  Cette optimisation des sites pour différents fureteurs ajouterait, selon le WSP, environ 25 % au temps et au budget consacré à la construction d’un site, en plus de décourager l’ajout de contenu enrichis encadrés par l’utilisation de normes reconnues. 

Évidemment, il y a aussi tout l’aspect de la fragmentation du médium.  La semaine dernière, nous vous parlions de Robert Cailliau, co-inventeur du Web, qui affirmait que le danger du Net, aujourd'hui, vient de la multiplication des standards, parce que ce sont des entreprises et non les milieux académiques qui développent la plupart des innovations.  Même son de cloche d’un autre inventeur du Web, Tim Berners-Lee, qui en avril dernier lançait une mise en garde contre le fractionnement technologique amené par la multiplication des plate-formes, les applications dites «propriétaires» (réservées à un produit spécifique), et le non respect des normes de base qui ont conféré au Web son statut universel.  Ce fractionnement technologique pourrait constituer un sérieux frein à l’échange mondial de données affirmait Berners-Lee.

Reste à voir comment sera accueillie par Microsoft la demande du WSP.  Chez Netscape, on s’est déjà engagé à respecter les normes du W3C dans la version 5 de Navigator, mais cette version se fait toujours attendre.

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 Israël, Gaza et la piraterie
La piraterie de logiciels et la contrefaçon de matériel constituent un problème de taille pour les fabricants, entraînant chaque année des pertes de l’ordre de centaines de millions de dollars.  La semaine dernière, trois articles sur ce problème ont retenu notre attention.

On lisait dans Wired, sous la plume de Tania Hershman, que l’État d’Israël figure sur une liste de 16 pays contrevenant à la propriété intellectuelle commerciale que maintient le bureau du représentant au Commerce des États-Unis.  L’étape suivante consistera en l’étude de sanctions commerciales.  On estime que 48 % des logiciels en utilisation en Israël sont piratés (pertes estimées à 63 millions de dollars); même dans les bureaux gouvernementaux, on évoque des situations de surcharge de licences (nombre de licences d’utilisation de logiciels inférieur au nombre de copies utilisées); on fait état de la saisie de plusieurs milliers de souris Microsoft Intellimouse contrefaites; au terminus d’autocar de Tel Aviv, des cassettes et disques compacts piratés d’artistes israéliens et autres sont en vente libre.  D’après Keith Kupferschmidt, conseiller en matière de propriété intellectuelle de la Software and Information Industries Association, Israël serait aussi un important exportateur de produits piratés.  Le nouveau ministre de la Justice, Yossi Beilin, a promis de se pencher sur le dossier.

À quelques jets de pierre de là, la bande de Gaza.  Cette fois c’était le Christian Science Monitor (CSM) qui traitait de piraterie et de contrefaçon dans la zone sous autorité palestinienne.  Des disques compacts de la bande sonore du film «Titanic» jusqu’à l’encyclopédie Grolier sur cédérom, en passant par les logiciels IBM et Microsoft, on est à l’ère du prix unique : 3,50 $ US.  Les officiels américains et israéliens affirment que tous ces produits sont contrefaits dans la zone.  Faux, rétorquent les marchands, qui disent recevoir chaque semaine des livraisons par véhicules pleins de produits piratés en provenance d’Israël.  «Pas de problème à importer» déclare un marchand, «aucune loi ne régit ces produits».  Dans les milieux policiers, la blague qui court est que les larrons israéliens et palestiniens ont depuis longtemps mis en oeuvre leur propre accord de paix.

Dans un autre article, le CSM aborde la question économique et politique du problème de la contrefaçon en Israël.  Si le laxisme des autorités israéliennes en matière de lutte au piratage déplaît au plus haut point au gouvernement américain, il y a des raisons.  C’est que les États-Unis accordent annuellement en aide officielle au développement 1,2 milliard de dollars à l’État hébreu.  D’autres formes d’aide bilatérale (dont l’aide militaire) atteignent 1,8 milliard.  C’est donc trois milliards par année en aide économique américaine, et avec une population de 5,7 millions pour Israël, le plus haut ratio d’aide per capita de tous les pays.  L’irritant, c’est que la contrefaçon et la piraterie affectent principalement des produits d’entreprises américaines.  Si aucun progrès n’est enregistré d’ici décembre, moment auquel les officiels du ministère américain du Commerce procéderont à une nouvelle inspection, le gouvernement américain envisagera des sanctions économiques de 170 millions de dollars en vertu des règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Et voilà comment les disques compacts de Madonna, le système d’exploitation Windows et vos logiciels favoris en viennent à faire l’objet de discussions aux négociations sur l’accord de paix et aux comités sectoriels de l’OMC.

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 Nazie nostalgie
La nature transfrontalière du commerce électronique fait problème en Allemagne.  Le ministère allemand de la Justice dit enquêter sur des plaintes selon lesquelles les citoyens allemands contourneraient l’interdiction de diffusion de certains livres en les commandant en ligne de distributeurs américains comme Amazon.Com et Branes & Noble. 

En vertu de la loi allemande, il est interdit (peine maximale de cinq ans) d’exposer en public ou de vendre des ouvrages faisant la promotion de l’idéologie nazie.  La société Bertelsmann, propriétaire à 40 % de barnesandnoble.com dit avoir informé ses partenaires américains des dispositions de la loi allemande, bien que ceux-ci aient fait remarquer que de telles dispositions allaient à l’encontre des lois américaines sur la liberté de presse et d’expression.  Le patron de Bertelsmann, Thomas Middelhoff, a déclaré à la télévision allemande que l’industrie devait s’auto-réglementer. 

Christian Arns, porte-parole du ministère allemand de la Justice, a dit qu’il n’y avait pas de recours possibles contre les cyberlibraires américains, mais que les citoyens allemands étaient passibles de poursuite pour possession de ces livres à des fins autres que leur utilisation personnelle.  Ce seuil serait fixé à deux exemplaires d’un livre interdit.

L’histoire n’est pas sans rappeler le conflit que nous vous rapportions en novembre 1996 opposant le fabricant de logiciel Corel et l’État allemand.  Corel avait été forcé de retirer du marché allemand son logiciel de graphisme Corel Draw car il contenait dans sa banque d'images de 24 000 illustrations quatre symboles associés au nazisme (trois illustrations d'Adolf Hitler et une croix gammée) et contrevenait ainsi aux lois germaniques.  La plainte reçue par le procureur d'État de Munich avait entraîné en octobre de cette année-là la tenue d'une enquête sur l'utilisation du logiciel pour concevoir et imprimer les cartes d'affaires d'un groupe néo-nazi.

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 Réalisme boursier
C’est presque devenu un oxymoron.  Si Red Hat et quelques rares autres s’en tirent bien, il en va différemment pour bon nombre de titres qui ne tiennent pas l’eau bien longtemps malgré les recommandations enthousiastes d’analystes de tout acabit.

Le professeur Ezra Zuckerman Sivan et quatre de ses étudiants (finissants au programme MBA) du Graduate School of Business de l’Université Stanford ont voulu comprendre pourquoi certains titres retenaient l’attention des analystes financiers et sur quoi les oracles boursiers se fondaient pour les recommander à leurs clients.  Leurs constatations ont fait l’objet d’un rapport d’étude dont nous avons obtenu copie, «Internet Valuations: Surveying the Landscape». 

Les auteurs précisent qu’il ne s’agissait pas pour eux de déterminer la manière idéale dont la valeur des indices boursiers devraient être établie, mais bien de tenter de comprendre la dynamique qui anime les marchés.  Ils ont donc identifié les acteurs, leurs rôles, les processus auxquels ils participent, l’opinion que s’en fait le milieu boursier, et la spécificité du créneau des titres Internet.  Deux groupes ont été consultés aux fins de l’étude, les analystes boursiers, et les dirigeants d’entreprises et leurs agents de liaison avec les investisseurs.  Ces deux groupes exercent une grande influence sur la valorisation (en langage comptable) des sociétés de la nouvelle économie, et bien que motivés par leurs propres intérêts, ils se doivent aussi de tenir compte de ceux de leurs clients, actionnaires, salariés sans pour autant négliger le grand public.

Les deux groupes de répondants ne s’entendent pas sur la validité et l’à-propos des mesures actuelles de valorisation des titres Internet comme le nombre d’utilisateurs uniques, le ratio capitalisation/recettes, et autres.  On estime qu’elles sont en constante évolution, plusieurs les jugent à toutes fins pratiques inutiles, mais reconnaissent les utiliser pour simplifier la présentation d’une société auprès des investisseurs et établir des comparaisons avec les concurrents, plutôt que d’établir avec sérieux la valeur d’une entreprise.

Par voie de conséquence, les analystes et dirigeants de sociétés utilisent de nouvelles unités de mesure plus difficiles à évaluer.  On parle alors, pour vanter les mérites d’une entreprise Internet cotée en bourse, de «positionnement relatif», des questions afférentes au «contexte global», de «reconnaissance de marque».  On a aussi recours à la manipulation médiatique (spin), à défaut de disposer d’arguments plus probants.

La situation se complique pour les sociétés «hybrides», bien implantées depuis longtemps dans l’économie traditionnelle mais fermement engagées dans la nouvelle économie.  Il devient difficile pour les analystes de justifier (à tout le moins d’expliquer) la valorisation en croissance géométrique des sociétés «pur Internet» alors que des sociétés bien établies et aux rendements antérieurs exemplaires ne bénéficient plus de la cote d’amour des conseillers boursiers. 

Les analystes consultés aux fins de l’étude expliquent l’hypervalorisation par la loi de l’offre et de la demande.  On croit que le potentiel d’Internet est sans limite et que l’avenir justifiera ce que l’on croit être présentement une frénésie boursière.  On s’interroge par contre, faute de données solides sur lesquelles se baser, sur l’effet réel que peut avoir le phénomène des spéculateurs à jour (day traders) et des investisseurs particuliers qui transigent en ligne.  Et comme ce boursicotage au quotidien est très sensible à la publication de nouvelles dans les médias, les sociétés Internet inondent de communiqués de presse les journalistes, jusqu’à quatre fois plus que les entreprises de l’économie traditionnelle.

L’équipe du professeur Zuckerman entend poursuivre ses recherches, et donne en fin de document certaines des pistes qu’elle entend emprunter : comparaison des résultats de cette étude avec d’autres industries naissantes; suivi de l’évolution des paramètres de valorisation; mesure de l’effet à court et long terme du boursicotage au détail; étude plus poussée de l’évolution des sociétés hybrides.

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 En bref...
L’hacktiviste Kevin Mitnick, reconnu coupable de crimes informatiques ayant entraîné des pertes de millions de dollars à des entreprises, a été condamné à une peine de trois ans et dix mois d’emprisonnement.  Compte tenu du temps que Mitnick a déjà passé sous les verrous depuis son arrestation, il pourrait profiter d’une libération conditionnelle en début d’année prochaine.  Il a en outre été condamné à verser à ses victimes la somme symbolique de 4 125 $ en guise de dédommagement.  Mais l’hacktiviste de 36 ans, le seul hacker à jamais être inscrit sur la liste des dix criminels les plus recherchés aux États-Unis, devra faire preuve d’imagination pour dédommager ses victimes (Motorola, Novell, Nokia, Sun Microsystems et la University of Southern California - les procureurs n’ayant pu prouver hors de tout doute l’intrusion dans le système de l’armée de l’air américaine).  Durant son incarcération et sa période de libération conditionnelle, il lui est interdit par ordre du magistrat d’avoir accès à toute forme de connexion Internet, d’ordinateur, de logiciel, de téléphone cellulaire.  Il lui est aussi interdit de travailler à titre d’expert-conseil pour des entreprises, de manipuler des codes, des données ou du matériel téléphonique modifié.

Il y avait un bon moment que l’on avait pas vu un site aux collaborateurs anonymes.  En voici un, pssst!..., pas trop méchant, et qui fait parfois sourire.  De l’aveu des anonymes, il est s’inspire de la formule Memepool et se décrit comme un «webabillard» de réalisation collective.  En gros, des collaborateurs rédigent de très courts billets qui sont affichés sur le site.  Un classement est établi (billets du jour, auteurs, catégories, chronologie) ce qui permet un peu de se concentrer dans cet amas d’opinions.  Pas trop méchant, mais parfois on écorche.  «C'est trop facile de déplorer le fait que “Netscape voit sa part de marché continuer à diminuer comme peau de chagrin” comme Multimédium le faisait hier.  La situation est inévitable si des sites comme Mégagiciel ne font pas leur travail en offrant des alternatives à Internet Explorer (comme l'épatant iCab, pour le Mac)».  Ou encore «petite faille, gros scoop? souhaitons que moncourrier.com se corrigera rapidement!». 

Internet et lecture font bon ménage.  C’est ce qui ressort de deux études menées en 1995 et en 1999 par le service de presse Scripps Howard et l’Université de l’Ohio.  Lors de la première étude, il y a quatre ans, on estimait que 7 % des Américains utilisaient Internet régulièrement (quatre fois ou plus par semaine).  C’est maintenant 34 % de la population qui fait une utilisation régulière d’Internet, ce qui n’est pas sans avoir des répercussions sur le «budget temps» accordé aux autres médias.  Les chercheurs ont constaté que, pour la population générale, la lecture régulière des quotidiens était passée de 59 à 54 %, que la fidélité aux bulletins de nouvelles locales à la télévision avait chuté de 70 à 59 %, et de 68 à 60 % pour les bulletins des grandes chaînes de télévision.  En revanche, 58 % des gros utilisateurs d’Internet disent lire régulièrement les journaux, alors que ce pourcentage n’est que de 52 % chez les non utilisateurs.  Chez les jeunes, l’écart serait encore plus grand : plus un jeune adulte utilise Internet, plus il est susceptible de lire les journaux.  Même phénomène pour les magazines hebdomadaires d’actualité que 29 % des utilisateurs d’Internet disent lire, alors que ces imprimés ne recueillent la faveur que de 24 % de la population générale.

Un an déjà, bonne fête iMac! C’est en effet le 15 août de l’an dernier qu’était lancé l’iMac, l’ordinateur personnel qui a redoré le blason de Apple, et ce n’est pas peu dire.  Deux millions d’unités vendues, augmentation de 100 % de la part de marché de Apple (maintenant à 11,2 %), rehaussement du titre en bourse de Apple, et des profits pour couronner le tout.  La réaction à l’arrivée de l’iMac n’a pas été unanime, mais tous s’entendent cependant pour dire que l’élément le plus marquant aura été sur le plan du design et de la couleur.  On attend toujours les détails relatifs à la seconde génération iMac qui devrait faire son arrivée en septembre.  Derechef, bonne fête iMac!

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 Beau détour
Cette semaine, un copieux menu d’articles et de photographies qui s’approche, malgré que la formule soit contestée, de l’art au service d’une cause.  Beau détour, donc, sur le site de David Bacon, et bon voyage.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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