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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 29 août 1997

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 29 août 1997.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...
Rentrée politique au Québec : La saison promet
Jospin : Discours charnière sur la société de l'information
Auto-censure du contenu sur le Web
Cyberthécaires de la datashère
Silence, on regarde
Bref suivi : Ergonomie
Lectures rapides
Beau détour
12/18
Enquête du RISQ

Rentrée politique au Québec : La saison promet
Samedi dernier, le Ottawa Citizen lance le bal en faisant état d'un livre à paraître où on apprend qu'un député fédéral libéral a, peu après le référendum de 1995 sur l'indépendance, commandé à un psychiatre un profil de la psyché du premier ministre québécois Lucien Bouchard.  Le rapport aurait été transmis au bureau du premier ministre canadien, Jean Chrétien, mais ce dernier a nié en avoir pris connaissance.  Le lendemain, le Ottawa Citizen titrait que, toujours selon ledit profil psychologique, la flatterie était la clé essentielle pour obtenir quoi que ce soit de M. Bouchard.

Le problème est que le psychiatre n'a jamais rencontré ni consulté M. Bouchard, que toute son analyse repose sur des textes et des coupures de presse.  C'est gros.

Des éditorialistes anglophones ont déploré la chose.  Le principal intéressé s'est dit offusqué.  Une certaine classe politique canadienne a réagi en qualifiant la tactique de retour au maccarthysme, et en commentant que de telles manoeuvres illustraient bien le manque de stratégie politique sérieuse pour faire face à la démarche indépendantiste du Québec et sauvegarder l'unité nationale.

Cela nous rappelle, rien de moins, des tactiques semblables utilisées par la CIA qui avait procédé ainsi avec l'ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide pour le discréditer aux yeux des parlementaires américains et de la communauté internationale en 1993.

Curieux de voir qu'en fin de compte, ce jeudi 28 août, l'affaire est devenue une question de manchettes dans le cirque médiatique.  Observez bien le même texte du journaliste Gilles Gherson de la chaîne Southam Newspapers.  Dans le Montreal Gazette, on titre «Premier brillant, ambitious» (Le premier ministre un homme brillant et ambitieux), alors que dans le Ottawa Citizen on opte pour un «Born angry» (Né en colère).  Même texte.  Même journaliste.

Puis, le ton monte dans l'échange soutenu de correspondance entre Québec et Ottawa sur les modalités d'un nouveau référendum, dont la récente lettre du ministre fédéral des Affaires intergouvernementales Stéphane Dion est un bel exemple.  «Les démocraties se montrent plus exigeantes envers les règles de séparation que les règles d union parce que les risques d injustice sont bien plus grands en cas de séparation» écrit M. Dion, faisant allusion à Terre-Neuve, la plus récente province acceptée dans la Confédération en 1949.  Le référendum à deux tours de 1948 donnait une courte majorité de 52 % aux partisans de l'union à la Confédération.

Sur le front de l'Internet, le climat n'est pas plus sain.  Brève réponse à notre courrier à Lawrence Nyveen du Netsurfer Digest qui qualifiait le gouvernement québécois de farfelu (wacky).  Nyveen, dans sa réponse ayant pour sujet «Quebec Bashing» reconnaît qu'il est subjectif, que Netsurfer Digest s'en fait une marque de commerce, et que l'article dont il est l'auteur ne contient aucune inexactitude.  Le résidant de Pointe-Claire nous a promis une réponse plus étoffée à son retour de vacances.

On apprend aussi que le responsable du site relativement sobre «Canada IS a real country» est un fonctionnaire fédéral qui fait l'objet d'une enquête interne de son ministère.  Pour leur part, d'autres continuent de donner dans l'infâme, comme «The Seditious Bastard Body Count», «Welcome to Quebec», et «Quebec is Dying». Haut de la page


Jospin : Discours charnière sur la société de l'information
Depuis son élection, le premier ministre français Lionel Jospin avait été peu loquace sur la manière avec laquelle la France entendait combler ce que d'aucuns appellent un «retard» sur l'évolution des nouvelles technologies et d'une société de l'information.  Il a choisi pour tribune la 18e Université d'été de la communication ( 25 au 29 août à Hourtin-Gironde), ayant pour thème «Et le politique?», pour livrer un important discours sur les orientations de son gouvernement à cet égard.

Pour les organisateurs de l'événement, «la société de l'information s'installe bien au delà des échéances électorales : elle a été singulièrement absente des débats et réflexions politiques de la dernière campagne.»  Que nos amis français se consolent, elle a été tout aussi absente du discours ici lors de notre propre campagne électorale de juin dernier.

Le premier ministre français a cependant déclaré que l'émergence d'une société de l'information représente en effet un défi politique et constitue, à ce titre, une préoccupation essentielle pour son gouvernement.  Concernant le Minitel, M. Jospin estime que sa «simplicité d'emploi et la sécurité qu'il procure aux transactions ont offert un exemple de ce que le public attend des nouveaux réseaux comme Internet», mais qu'il est «limité technologiquement, et risque de constituer progressivement un frein au développement des applications nouvelles et prometteuses des technologies de l'information».  C'est pourquoi il dit souhaiter que «France Télécom propose des solutions incitatives afin de favoriser la migration progressive du très vaste patrimoine de services du Minitel vers Internet, pour laquelle l'administration devra montrer l'exemple».

Lecture critique du discours de M. Jospin, celle de Hervé Le Crosnier de l'Université de Caen, diffusée sur la liste du Monde diplomatique, qui souligne les points forts et les failles de l'exposé du Premier ministre.  Pour Le Crosnier, «des orientations ne suffisent pas à définir une politique : le diable se cache toujours dans les détails.  Aussi reste-t-il une place à prendre dans le débat pour les associations, tant les associations d'internautes que de celles qui défendent des intérêts citoyens mais restent encore en dehors de l'univers, somme toute assez restreint, de l'Internet.»

Par ailleurs, l'Association des utilisateurs d'Internet répondra présente à cette invitation au débat lancée par le premier ministre français.  Par voie de communiqué diffusé aux abonnés de sa liste d'information (et qui sera, si ce n'est déjà fait, disponible sur le site de l'AUI), l'Association «note avec un immense plaisir la volonté affirmée par Lionel Jospin de ne pas prendre de décision à la place des acteurs eux-mêmes.  Tout autant qu'une garantie de démocratie, c'est bien comprendre le fonctionnement du réseau que de prendre cette orientation.  C'est respecter la nature d'Internet que de vouloir remettre son avenir entre les mains de ses véritables maîtres : les internautes eux-mêmes.»

Les propos confiants de M. Jospin arrivaient lundi dernier au même moment où les résultats d'un sondage CSA/La Vie indiquaient que les Françaises et les Français étaient plutôt confiants dans la nouvelle société de l'information, même si 52 % d'entre eux craignent que ce soient d'abord «des pouvoirs financiers» qui se mettent en place à la faveur de cette révolution, devant des pouvoirs scientifiques (31 %), politiques (31 %) ou industriels (27 %).  Néanmoins, 59 % estiment que le développement des moyens d'information modernes (télévisions locales, Internet, échanges en réseau) forcera les personnalités politiques à «être plus proches des citoyens».  La télévision reste à 75 % la principale source d'information et de réflexion politique (88 % chez les sympathisants du Front National), arrivent ensuite la presse écrite (63 %), la radio (52 %) et les médias électroniques dont l'Internet (5 %).  Ce dernier résultat semble bien faible, mais si on considère le faible taux de branchement en France, on doit conclure que les médias électroniques et le réseau sont de très importantes sources d'information pour les branchés. Haut de la page


Auto-censure du contenu sur le Web
Lors d'une rencontre de haut niveau tenue le mois dernier à la Maison Blanche, les dirigeants de Netscape et Microsoft ont annoncé leur intention d'adopter un système de certification de contenus sur le Web, le Platform for Internet Content Selection (PICS).  C'est une infrastructure d'étiquetage électronique de contenus Internet qui permettrait, par insertion de métadonnées dans un code HTML, ainsi que sur un accès gopher, FTP ou IRC, un classement des contenus par catégories (actualités, arts et culture, santé, sciences, etc.), donc une plus grande sélectivité automatique, mais aussi un blocage plus efficace de certains contenus, un peu à la manière des logiciels filtres.  L'attribution de la cote pourrait être autogérée par les diffuseurs, un peu comme si le producteur d'un film lui attribuait lui-même une cote 13 ans et plus ou autre, ou éventuellement confiée à un organisme tiers (encore un intermédiaire).

PICS, nouvelle frénésie.  Un sénateur américain n'a pas tardé à déposer un projet de loi qui rendrait criminel l'attribution incorrecte d'une cote pour déjouer la norme.  Quatre des plus importants moteurs de recherche ont manifesté leur intention de collaborer à la mise en place du PICS.

Mais les implications du système PICS pour la liberté d'expression sont troublantes.  L'American Civil Liberties Union (ACLU) a publié au début du mois un livre blanc de quinze pages sur le sujet, intitulé Fahrenheit 451.2: Is Cyberspace Burning?, faisant allusion au roman de science-fiction de Ray Bradbury dans lequel un État totalitaire censurait les écrits par le feu (la température de combustion du papier est de 451 degrés Fahrenheit).  Les auteurs du rapport contestent cet appel à ce qu'ils qualifient d'auto-censure et remettent en question son applicabilité.

Quelle cote attribuer aux tableaux de Rubens, aux textes de D.H. Lawrence, aux conversations des forums Web?  Si le système de cote de contenus pourrait avantager les grands diffuseurs qui auraient les ressources humaines, techniques et financières à y consacrer, qu'en serait-il des petits diffuseurs et des particuliers?  De plus, l'étiquetage risque d'homogénéiser le contenu et d'exclure les espaces Web qui ne seraient pas cotés.  PICS : autre bataille en perspective, et l'ACLU promet de la mener jusqu'au bout, comme ce fut le cas pour le Communications Decency Act. Haut de la page


Cyberthécaires de la datashère
Dans son numéro 5.8, le mensuel Wired consacre un court texte à Hal Varian, nouveau doyen de la Berkeley's School of Information Management and Systems de l'Université de Californie et, à ce titre, responsable du programme de bibliothéconomie.  Il reproche à la bibliothéconomie, comme profession, d'avoir eu une vision trop étroite de son rôle qui s'articule surtout autour des bibliothèques plutôt que de l'information comme concept général, et de ne pas suffisamment embrasser les nouvelles technologies.

On peut s'interroger à maints égards sur la déclaration de Varian si on se rappelle que la American Library Association est l'un des premiers organismes à prendre la défense de la libre circulation de l'information sur Internet et à se mobiliser contre le Communications Decency Act.  En outre, nombreux sont les organismes regroupant des bibliothécaires, comme la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec qui aident leurs membres à maîtriser les nouvelles technologies.

Certes, la profession connaîtra des mutations.  Varian entrevoit un alignement du secteur public sur le secteur corporatif où la gestion de l'information fait maintenant partie de l'arsenal concurrentiel.  Mais les véritables professionnels que sont les bibliothécaires seront-ils assez nombreux pour répondre à l'appel?  Le National Center for Educational Statistics annonce que le nombre de nouveaux diplômés en bibliothéconomie aux États-Unis est passé de 8 037 en 1975-1976 à 4 845 l'an dernier. Haut de la page


Silence, on regarde
Même si on n'aime pas plus qu'il faut le cinéma, comment ne pas parler de la 21e édition du Festival des films du monde de Montréal, qui se poursuit jusqu'au 2 septembre et qu'on trouve aussi présent sur le Web avec son site officiel.

De plus, le site cinéma Écran Noir offre une couverture quotidienne et étendue du FFM.  On y trouve une foule de renseignements sur le FFM, ainsi qu'un sondage sur le film favori des visiteurs de cet espace qui peuvent également échanger opinions et points de vue dans le cadre d'un forum.  Pas très achalandé ce forum, les amateurs doivent tous être en salle de projection jusqu'au 2 septembre.

Pour sa part, Alain Dubeau dans l'espace de Hors Champ nous livre des commentaires peu enthousiastes sur la cuvée 1997 du FFM duquel il dit que «simultanément fascinante et irritante, parfois même embarrassante, la compétition officielle n'a pas de quoi emballer à prime abord.» Ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait pas d'incontournables perles, dont «un film de la République Tchèque (Un message pas très clair sur la fin du monde, de Juraj Jakubisko), un petit pays dont la cinématographie dynamique laisse, d'histoire récente, d'indélébiles traces sur l'auditoire».

Montréal, Cannes, Deauville, Venise, sans oublier Québec du 28 août au 3 septembre et l'Abitibi-Témiscamingue dont le Festival international du cinéma se tiendra du 25 au 30 octobre prochains.  Tant de festivals, mais ça, c'est pour les films qui se font, car certains autres ne se font pas.  On parle ici de «15 février 1839» du réalisateur québécois Pierre Falardeau.  Le film qui raconte les dernières heures du patriote Marie-Thomas Chevalier De Lorimier et de quatre autres de ses compagnons d'armes ne plaît pas aux organismes subventionnaires (comme Téléfilm Canada) sans lesquels il ne semble pas y avoir de salut pour les réalisateurs indépendants de nature.  Par contre, et presque à l'insu du réalisateur, la résistance s'organise et une pétition en ligne est ouverte à ceux et celles qui veulent, un jour, voir ce film tourné et diffusé.  La pétition sera acheminée à Téléfilm Canada.

Pendant ce temps, le Bureau de la statistique du Québec (BSQ) nous apprenait en juin que le premier trimestre de l'année avait vu s'établir un record de projections au Québec.  Mais un record pour qui?  On aurait enregistré 5,04 millions d entrées au cours de cette période, comparativement à 4,97 au même trimestre de 1996.  «Toutefois, dans le cas des films présentés en français, on observe une baisse de l assistance de 1,0 %, celle-ci passant de 3,01 à 2,98 millions de spectateurs, tandis que l assistance aux projections dans une langue autre que le français est en hausse de 5,1 %, passant de 1,96 à 2,06 millions de spectateurs» peut-on lire dans le bilan du BSQ.  En outre «ventilée selon la langue de projection des films, la hausse des recettes est de 1,5 % pour les projections en français, tandis qu elle est de 13,3 % pour celles dans une langue autre que le français». Haut de la page


Bref suivi : Ergonomie
À la suite de nos propos de la semaine dernière sur l'ergonomie et les séances de travail effectuées sur ordinateurs, on nous souligne des renseignements complémentaires dans un «dossier» de PC World Online, accompagné d'exercices de prévention en RealVideo.  Le dossier est composé de nombreux textes sur le sujet de l'ergonomie et du travail sur ordinateur. Haut de la page


Lectures rapides
Le journaliste Francis Pisani prêche pour une vision plus globale des technologies de l'information dans un texte paru cette semaine dans le journal Le Devoir.  Propos éclairants : «L'informatique doit toujours être abordée à ces trois niveaux qui en déterminent l'évolution : la technologie, le monde des affaires et l'impact social.  Chacun d'entre nous doit apprendre à suivre le sujet sous ces trois angles à la fois.  Et les médias doivent cesser de les enfermer dans telle ou telle rubrique spécialisée.  C'est un peu comme essayer de suivre la conquête de l'ouest dans la rubrique "transports en commun".»

Cinquième dans la série de Portraits d'internautes remarquables que nous livre le journal Le Monde.  Cette semaine, Liz Stirling, princesse du Lizbekistan, un royaume virtuel sur Internet dont la devise est « Liberté, Égalité, Virtualité».  Drôle de cyberterritoire voué à la fantaisie où «il y a des secteurs très encombrés : le ministre des Relations sexuelles est en conflit permanent avec son collègue des Préférences sexuelles, qui lui-même a du mal à défendre ses prérogatives face à la ministre du Physical Matchmaking, entremetteuse en chef pour tout le royaume...».  Remarquablement divertissant.

À l'occasion de la rentrée scolaire, le journal VOIR propose une section spéciale dans laquelle on trouvera la trousse informatique du parfait étudiant, les ressources scolaires sur le Net, l'essai de certains correcteurs orthographiques au moyen d'un test concocté par Marie-Éva de Villers, l'accès Internet à l'école et la formation à distance.

Connected échappe à la description traditionnelle des cybermédias.  Parlons d'une collection impressionnante de textes de Alan McCluskey et d'une section fort intéressante sur le concept de l'«intelligence émotive».  Un site très riche, très bien structuré par ce britannique transplanté en Suisse. Haut de la page


Beau détour
«À la découverte du frère Jérôme», un site consacré à cet artiste québécois, Aimé (Ulric) Paradis (1902-1994), qui a exercé et exerce toujours une influence importante tant sur la création artistique que sur l'enseignement de l'art au Québec.  Un très beau site signé Roger Cardinal. Haut de la page


12/18
Il y a 12 mois, dans la Chronique du 30 août 1996, il a été question du Congrès mondial contre l exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, qui s'est tenu à Stockholm l'an dernier à pareille date.  Aussi, un site sur la contre-culture des années soixante, et un autre signé Louis Fournier, Parlons pipes et tabac.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 29 mars 1996, nous vous avons présenté Solliloque, «à la manière d'un périodique littéraire en marge des grands courants», le site de Benetton où vous pourrez visionner toutes les publicités qui ont suscité de si nombreuses réactions, et celui consacré au Plateau Mont-Royal à Montréal, quartier connu simplement comme Le Plateau.

Enquête du RISQ
La quatrième enquête du RISQ (Réseau interordinateurs scientifiques du Québec) se tiendra du 1er au 30  septembre.  Elle s'adresse uniquement aux internautes québécois.  Il vous faudra une dizaine de minutes pour répondre aux quelque 25 questions.

Sur ce, bonne semaine à tous et à toutes,
Écrire à Jean-Pierre Cloutier
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