Salutations à tous les Cybériens
et
Cybériennes!
Cette Chronique n'est optimisée ni
pour
Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour
ses lecteurs et lectrices.
Cette semaine...
Dépôt du rapport sur la Somalie
CDA : Réactions diverses
Because something is happening here...
Lenteurs du réseau et bande passante
À vos moteurs
Infusion cérébrale
Droit commercial sur Internet
Beau détour
12/18
Relâche
Dépôt du rapport sur la
Somalie
Après des mois de délais, de bloquage
systématique de la part des autorités, de
recherche de documents disparus et autres aléas,
la commission d'enquête sur le comportement des
Forces canadiennes en Somalie a finalement
déposé son rapport. L'institution
militaire essuie un dur coup. Selon la
commission, la chaîne de commandement est
infestée de «menteurs» et de
«carriéristes» et, à moins de
procéder à des
réaménagements radicaux, les forces
armées risquent de se retrouver de nouveau au
centre de controverses embarrassantes. Un dossier
sur l'affaire somalienne, celui du journal Le Devoir.
CDA :
Réactions diverses
L'annonce de la décision de la Cour suprême des États-Unis d'invalider le Communications Decency Act, après une saga juridique longue de plusieurs mois, a entraîné diverses réactions.
Le plus haut tribunal des États-Unis a
estimé que le CDA, une loi visant
essentiellement à réprimer certains
contenus sur l'Internet, était trop vague dans
sa formulation et portait atteinte au Premier
amendement de la Constitution américaine
garantissant la liberté d'expression.
Citons le juge John Paul Stevens : «Dans une
société démocratique, la
sauvegarde de la liberté d'expression prime sur
tout avantage théorique mais non prouvé
d'imposer une censure».
Toutefois, la Cour suprême
reconnaît qu'une
formulation plus pointue pourrait passer la rampe, ce
sur quoi comptent bien des organismes comme le Family
Research Council qui
entend reprendre ses activités de lobbying
auprès des élus américains pour
qu'ils élaborent un nouveau projet de loi.
Déjà, le jour même de la
publication du jugement, le président Clinton
promettait de reprendre le combat
et de convoquer parents, enseignants,
bibliothécaires et chefs d'industrie pour
trouver une solution au problème de la
pornographie sur Internet.
Because something
is happening here...
Quelques suites à l'affaire de
l'Office de la
langue française du Québec (OLF) et de
l'avis envoyé à un détaillant de
logiciels et de matériel informatique de
Montréal, et
du détournement de débat qui selon nous
devrait se centrer sur la spécificité du
médium et non sur l'application de la Charte.
Question langue, Internet et Québec,
selon un article de David Jones, professeur d'informatique à
l'Université
McMaster et président de l'Electronic Frontier
Canada, le
gouvernement du Québec ferait mieux de veiller
à un plus grand accès des
Québécois et Québécoises
à l'Internet plutôt que de vouloir imposer
la Charte de la langue sur le Web. Selon lui, le
taux de branchement au Québec serait
inférieur de moitié à celui de la
moyenne nationale.
De nouveau, il faut rétablir certains
faits. Selon l'étude
ScienceTech
menée par Jean-Guy Rens (maintenant
disponible sur le Web) et dont nous vous parlions
récemment, le taux de branchement à
l'Internet au Québec est de 9,3 % (256 000
ménages branchés). La moyenne
nationale dont parle M. Jones serait-elle de
18,6 %? Bien sûr que non, elle
était en 1996 de 7,4 % selon Statistique
Canada; admettons toutefois que le taux de
branchement progresse rapidement et serait selon nous
d'environ 12 % au plus. Là où
il y a différence, selon ScienceTech, c'est dans
la ventilation selon la langue d'usage des
ménages québécois. Les
ménages anglophones sont branchés
à 16,2 %, les ménages francophones
à 7,9 %. Voilà pour les faits.
Ailleurs dans la presse en ligne, André
Bélanger
mélange CDA et OLF et exprime un ras-le-bol de
la «liberté d'expression» qu'il
qualifie de «mots creux». Il se dit
désolé pour ceux et celles qui combattent
aussi toute forme d'intervention étatique quelle
qu'elle soit, dont la Charte sur la langue
française, et ajoute plus loin «[...] je
fais partie d'un peuple qui s'est donné cet
outil pour protéger sa langue.» Autrement
dit, dans cette vision limitée on ne pourrait
d'une part défendre le droit à
l'autoréglementation du médium et d'autre
part tenir au rayonnement de sa langue.
Bélanger ou Jones, même
commentaire de ma
part :
Because something is happening here
And you don't know what it is, do you, Mister Jones?
Bob Dylan, Ballad Of A Thin Man (Highway 61Revisited), 1965.
Mais recentrons le débat sur la
spécificité du médium.
Étendre l'emprise d'une réglementation
comme la Charte de la langue française à
l'Internet revient à mettre ce dernier dans le
même lot que les autres médiums de
diffusion. À terme, les
conséquences pourraient être
désastreuses.
Bien que les publicitaires tentent de nous
convaincre
que le Web et la télévision sont du
même crû en calquant de la
télé des modèles qu'ils voudraient
imposer au Web, on sait qu'il n'en est rien. S'il
en était ainsi, devrait-on craindre de se voir
imposer, par des gouvernements soucieux de taxer tout
ce qui bouge, un système de permis ou de
licences pour pouvoir diffuser de l'information sur le
Web?
Rappelons les motifs
invoqués
en juin 1996 par un tribunal de Philadelphie qui
déboutait pour une première fois le CDA
et l'ingérence des pouvoirs publics sur
l'Internet. Les trois juges du tribunal
concluaient que l'Internet, à titre de forme la
plus étendue de libre expression de masse jamais
vue, méritait au plus haut degré
d'être protégé des
ingérences gouvernementales.
Citons aussi le juriste Pierre Trudel du Centre de recherche en droit public :
«Pourquoi les lois existantes ne pourraient-elles
pas s'appliquer? Premièrement,
l'environnement-réseau (qui est celui du
commerce électronique) ne peut pas être
simplement ramené aux environnements
"classiques" que constituent les médias tels que
nous les connaissons. La seule mise en hypertexte
contribue à en faire un lieu infiniment plus
complexe, caractérisé par le
virtuel. Il n'en faut pas plus pour qu'on en
déduise qu'il y a de ce fait un lieu nouveau
dans lequel se déroulent des
événements, des faits et des actes
juridiques. Mais ce lieu est virtuel et avec lui,
sans doute en partie, la normativité qui
l'accompagne.»
Revenons maintenant à l'affaire de la
Charte de
la langue française avec une proposition
adaptée, spécifique au
médium. Nous proposons que l'OLF et le
détaillant présumé fautif
demandent au Cybertribunal (projet
pilote
développé à titre
expérimental par le Centre de recherche en droit
public de l'Université de Montréal) de
faire oeuvre de médiation et
d'interprétation dans l'affaire qui les
oppose. Nous aurons au moins l'avantage de
régler ici, avec des moyens et dans un esprit
conscient de la spécificité du
médium, et avec l'aide des meilleurs cerveaux
juridiques du Québec, une situation qui a
déjà trop emprunté aux
schèmes traditionnels. Relèvera-t-on le
défi?
Lenteurs du
réseau et bande passante
Quand on dit que l'Internet est un réseau de
réseaux, c'est qu'il n'y a pas d'infrastructure
de connexion unique, mais bien une interconnexion entre
différentes «dorsales», des
réseaux centraux qui servent de point de
connexion à des réseaux régionaux
et qui, reliés à d'autres réseaux
nationaux tissent la toile de l'Internet. (Voir
l'exemple de la carte des dorsales de la toile
européenne).
Mais comme toute cette chaîne de relais
est
fonction du maillon le plus faible, on parlera
plutôt ici du plus lent, la performance
d'ensemble du réseau se trouve affectée
par des écarts importants de débit entre
les dorsales.
Pour la première fois, une étude
indépendante a été menée du
20 avril au
20 mai 1997 sur le rendement de 29 dorsales
américaines et canadiennes par la
société Keynote Systems et le mensuel
Boardwatch
Magazine. En bref, le banc d'essai consistait à
mesurer avec un lien T1 d'un débit de 1,54 Mbps
le temps d'accès et de transfert de 50 ko de
données directement à partir des sites
Web des exploitants de dorsales (voir les
détails techniques sur la méthodologie de l'enquête).
Grande
gagnante, la dorsale du service en ligne CompuServe avec un temps
de 1,5 secondes; moyenne de transfert pour les
29 dorsales,
près de 10 secondes; au dernier rang, Bell
Canada avec 26,7 secondes.
Selon Jack Rickard de Boardwatch
Magazine, ces
résultats orienteront bien des décisions
d'entreprises sur leur choix d'un fournisseur de
connectivité, mais il y a aussi des incidences
pour le marché grand public. Avec la
plupart des dorsales, et ce dans les conditions locales
optimales, la limite maximum réelle de transfert
est atteinte avec un modem 56 Kbps. Il serait donc
pour l'instant inutile de payer davantage pour une
connexion RNIS ou modem câble, plutôt qu'un
accès commuté ordinaire avec la nouvelle
technologie X2
des modems à 56 Kbps, car de toute
manière l'infrastructure des dorsales ne suit
pas.
Nouvelle à prendre avec un peu de
réalisme, l'annonce par le consortium CANARIE du
projet de CA*net II
que
l'on
dit être «le premier réseau Internet de
la "prochaine génération" au
monde». Malgré l'engouement d'une
certaine presse techno pour les promesses
d'applications multimédia impossibles à
exploiter sur les réseaux actuels en raison du
manque de bande passante, disons que la belle aventure
n'est pas pour demain.
La première version du projet de
60 millions de
dollars ne sera disponible qu'aux chercheurs des
universités et laboratoires de recherche, un
peu comme l'était l'Internet à ses
débuts. Selon John McLellan, premier
dirigeant de Bell Canada cité dans le Ottawa
Citizen, on prévoit d'ici deux ans élargir
le service à la grande industrie et aux
institutions, puis dans quatre ou cinq ans aux
particuliers.
À vos
moteurs
Le répertoire/moteur de recherche Carrefour.Net de la
société Socom
Technologies a fait l'objet d'une
acquisition par Médialinx Interactif qui
gère le service d'accès Sympatico
de Bell, principal
fournisseur d'accès au Canada avec 240 000
abonnés. On se souviendra qu'en
février dernier,
Carrefour.Net avait conclu une entente de jumelage de
service avec le moteur AltaVista de la
société Digital. À
défaut de pouvoir miser sur la vitesse de
connexion, Médialinx Interactif et Bell
entendent ainsi enrichir l'éventail de services
offerts sur le site Sympatico.
Chez AltaVista,
nouvelle fonctionnalité qui permet de
sélectionner la langue des documents issus d'une
recherche par mots clés. Le menu de
recherche comporte maintenant une interface de choix de
27 langues, mais cette fonctionnalité n'est
toutefois pas encore disponible sur l'interface
d'interrogation en français d'AltaVista. AltaVista demeure un des moteurs
les plus consultés avec 31 millions
d'accès par jour.
Parlant d'interfaces d'interrogation en
français
de moteurs de recherche américains, après
infoseek
A> qui
nous présentait la sienne il y a quelques mois,
voilà que c'est au tour d'Excite de nous proposer son
édition française.
La concurrence continue donc de plus belle
dans ce
secteur qui évolue à grande
vitesse. Pas surprenant quand on prend
connaissance d'un sondage de la firme Price Waterhouse,
mené auprès de 1 010 répondants,
sur le partage de leur temps en ligne entre diverses
activités. La recherche et la consultation
de contenus occupe 43 % du budget temps, viennent
ensuite le courrier électronique (34 %),
les jeux (9 %), la lecture de journaux et revues
(5 %), le bavardage sur les canaux IRC (4 %).
Infusion
cérébrale
Nous avons souligné depuis quelque temps la
pénurie de main-d'oeuvre
spécialisée qui frappe l'industrie du
logiciel et de la haute technologie en Amérique
du Nord. Pour pallier à cette
pénurie, le ministère canadien de
l'Immigration et de la Citoyenneté et d'autres
ministères fédéraux, de concert
avec des organismes du secteur privé dont le
Conseil des ressources humaines du
logiciel, ont lancé en mai
dernier un projet pilote destiné à simplifier
l'admission au pays de travailleurs dont les
compétences sont recherchées dans le
secteur du logiciel. Le projet pilote vise
uniquement les travailleurs temporaires et ne
s'applique pas aux personnes qui cherchent à
obtenir le droit d'établissement pour demeurer
en permanence au Canada. Il ne comporte aucun
objectif quantitatif et aucune limite; le nombre de
travailleurs qualifiés admis sera
déterminé par le nombre d'offres d'emploi
que l'industrie présentera à des
travailleurs étrangers au cours du projet.
Selon certains chiffres avancés
récemment
par la presse, c'est 25 000 postes à pourvoir
dans le secteur technologique, que l'industrie ne
parvient pas à combler. La situation est
telle qu'elle donne lieu à des comportements
inédits entre entreprises concurrentes.
Jeudi dernier, la société Gandalf
Technologies d'Ottawa qui
éprouve présentement des
d
ifficultés financières a reçu la visite
d'huissiers pour cause de
non paiement de loyer. Alors que les
employés attendaient à l'extérieur
de l'immeuble l'issue des pourparlers entre
créanciers et débiteurs, une
préposée au recrutement de la
société JDS
Fitel, qui a ses bureaux non
loin de ceux de Gandalf, est venue discrètement
tâter le terrain à la recherche de
transfuges. Serait-ce que la faim justifie les
moyens?
Droit commercial
sur Internet
La dimension commerciale de l'Internet commence
à être une affaire de gros sous et les
acteurs, tant fournisseurs qu'acheteurs de services,
ont intérêt à se protéger
sur le plan commercial. La société
Jurifax vient de lancer cinq
modèles de
contrats en
français, conçus spécifiquement
pour les activités entourant les sites Web, soit
la conception d'un site, son hébergement, sa
maintenance, sa promotion et la diffusion de bandeaux
publicitaires. On peut télécharger
ces modèles (format Word 6.0 ou 7.0 pour
Windows) depuis le site de Jurifax moyennant la somme
de 50 $ par modèle.
Nous nous sommes procuré en premier
lieu le
modèle de contrat de
publicité, un document qui,
une fois imprimé, tient sur une quinzaine de
pages, et l'avons trouvé fort complet tant dans
son contenu (rédigé par des juristes
reconnus), ses spécifications techniques
détaillées et son guide
d'interprétation. Il s'agit
évidemment d'un modèle duquel on peut
retirer des clauses qui ne seraient pas pertinentes
à telle ou telle situation, ou modifier
certaines autres dans le cadre de campagnes
précises. Compte tenu de la qualité
du document, le prix de 50 $ est plus que
raisonnable et peut à terme vous éviter
des erreurs beaucoup plus coûteuses.
Beau
détour
À Arles, du 6 juillet au 17 août, c'est
l'Édition 1997 des Rencontres internationales de
la Photographie, structurées cette année
autour de trois thèmes que nous explique le
directeur artistique des Rencontres de 1997, Christian
Caujolle : «éthique,
esthétique, politique, trois termes qui sonnent
comme des slogans d'aujourd'hui mais qui se sont
articulés en Grèce il y a des
siècles pour fonder à la fois une
philosophie et un système d'organisation de la
cité appelé démocratie.» Une
foule de renseignements déjà disponibles
sur le site de Photographie.
com
où vous pourrez suivre au jour le jour les
activités des Rencontres. En
avant-première, trois expositions : Le Devoir de mémoire,
Les
formes de l'engagement, et Les tentations du pouvoir.
12/18
Il y a 12 mois, dans la Chronique du 5
juillet 1996, nous vous avons présenté
le site du Centre de la sécurité des
télécommunications du Canada, qui
contient une section étoffée sur la
Sécurité des technologies de
l'information (STI), dont une introduction à la
STI sur l'Internet.
Il y a 18 mois, dans la Chronique du 2 février
1996, plusieurs sites pour ceux et
celles qui voudraient se replonger dans les
idées de Marshall McLuhan et un texte de Derrick
DeKerckhove, le directeur du McLuhan Program in Culture
and Technology, intitulé «Le virtuel :
Imaginaire technologique», question de mieux
circonscrire le médium qu'est l'Internet.
Relâche
L'équipe des Chroniques fera relâche pour
les deux prochaines semaines afin de prendre un repos
bien mérité. La prochaine chronique
sera donc diffusée le 25 juillet. Merci
à tous et toutes pour votre
fidélité et vos témoignages
constants d'appréciation de notre travail. |