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Les Chroniques
de Cybérie
Cette semaine

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 4 juillet 1997.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...
Dépôt du rapport sur la Somalie
CDA : Réactions diverses
Because something is happening here...
Lenteurs du réseau et bande passante
À vos moteurs
Infusion cérébrale
Droit commercial sur Internet
Beau détour
12/18
Relâche

Dépôt du rapport sur la Somalie
Après des mois de délais, de bloquage systématique de la part des autorités, de recherche de documents disparus et autres aléas, la commission d'enquête sur le comportement des Forces canadiennes en Somalie a finalement déposé son rapport.  L'institution militaire essuie un dur coup.  Selon la commission, la chaîne de commandement est infestée de «menteurs» et de «carriéristes» et, à moins de procéder à des réaménagements radicaux, les forces armées risquent de se retrouver de nouveau au centre de controverses embarrassantes.  Un dossier sur l'affaire somalienne, celui du journal Le  Devoir. Haut de la page


CDA : Réactions diverses
L'annonce de la décision de la Cour suprême des États-Unis d'invalider le Communications Decency Act, après une saga juridique longue de plusieurs mois, a entraîné diverses réactions.

Le plus haut tribunal des États-Unis a estimé que le CDA, une loi visant essentiellement à réprimer certains contenus sur l'Internet, était trop vague dans sa formulation et portait atteinte au Premier amendement de la Constitution américaine garantissant la liberté d'expression.  Citons le juge John Paul Stevens : «Dans une société démocratique, la sauvegarde de la liberté d'expression prime sur tout avantage théorique mais non prouvé d'imposer une censure».

Toutefois, la Cour suprême reconnaît qu'une formulation plus pointue pourrait passer la rampe, ce sur quoi comptent bien des organismes comme le Family Research Council qui entend reprendre ses activités de lobbying auprès des élus américains pour qu'ils élaborent un nouveau projet de loi.

Déjà, le jour même de la publication du jugement, le président Clinton promettait de reprendre le combat et de convoquer parents, enseignants, bibliothécaires et chefs d'industrie pour trouver une solution au problème de la pornographie sur Internet. Haut de la page


Because something is happening here...
Quelques suites à l'affaire de l'Office de la langue française du Québec (OLF) et de l'avis envoyé à un détaillant de logiciels et de matériel informatique de Montréal, et du détournement de débat qui selon nous devrait se centrer sur la spécificité du médium et non sur l'application de la Charte.

Question langue, Internet et Québec, selon un article de David Jones, professeur d'informatique à l'Université McMaster et président de l'Electronic Frontier Canada, le gouvernement du Québec ferait mieux de veiller à un plus grand accès des Québécois et Québécoises à l'Internet plutôt que de vouloir imposer la Charte de la langue sur le Web.  Selon lui, le taux de branchement au Québec serait inférieur de moitié à celui de la moyenne nationale.

De nouveau, il faut rétablir certains faits.  Selon l'étude ScienceTech menée par Jean-Guy Rens (maintenant disponible sur le Web) et dont nous vous parlions récemment, le taux de branchement à l'Internet au Québec est de 9,3 % (256 000 ménages branchés).  La moyenne nationale dont parle M. Jones serait-elle de 18,6 %?  Bien sûr que non, elle était en 1996 de 7,4 % selon Statistique Canada; admettons toutefois que le taux de branchement progresse rapidement et serait selon nous d'environ 12 % au plus.  Là où il y a différence, selon ScienceTech, c'est dans la ventilation selon la langue d'usage des ménages québécois.  Les ménages anglophones sont branchés à 16,2 %, les ménages francophones à 7,9 %.  Voilà pour les faits.

Ailleurs dans la presse en ligne, André Bélanger mélange CDA et OLF et exprime un ras-le-bol de la «liberté d'expression» qu'il qualifie de «mots creux».  Il se dit désolé pour ceux et celles qui combattent aussi toute forme d'intervention étatique quelle qu'elle soit, dont la Charte sur la langue française, et ajoute plus loin «[...] je fais partie d'un peuple qui s'est donné cet outil pour protéger sa langue.» Autrement dit, dans cette vision limitée on ne pourrait d'une part défendre le droit à l'autoréglementation du médium et d'autre part tenir au rayonnement de sa langue.

Bélanger ou Jones, même commentaire de ma part :

Because something is happening here
And you don't know what it is, do you, Mister Jones?

Bob Dylan, Ballad Of A Thin Man (Highway 61Revisited), 1965.

Mais recentrons le débat sur la spécificité du médium.  Étendre l'emprise d'une réglementation comme la Charte de la langue française à l'Internet revient à mettre ce dernier dans le même lot que les autres médiums de diffusion.  À terme, les conséquences pourraient être désastreuses.

Bien que les publicitaires tentent de nous convaincre que le Web et la télévision sont du même crû en calquant de la télé des modèles qu'ils voudraient imposer au Web, on sait qu'il n'en est rien.  S'il en était ainsi, devrait-on craindre de se voir imposer, par des gouvernements soucieux de taxer tout ce qui bouge, un système de permis ou de licences pour pouvoir diffuser de l'information sur le Web?

Rappelons les motifs invoqués en juin 1996 par un tribunal de Philadelphie qui déboutait pour une première fois le CDA et l'ingérence des pouvoirs publics sur l'Internet.  Les trois juges du tribunal concluaient que l'Internet, à titre de forme la plus étendue de libre expression de masse jamais vue, méritait au plus haut degré d'être protégé des ingérences gouvernementales.

Citons aussi le juriste Pierre Trudel du Centre de recherche en droit public : «Pourquoi les lois existantes ne pourraient-elles pas s'appliquer?  Premièrement, l'environnement-réseau (qui est celui du commerce électronique) ne peut pas être simplement ramené aux environnements "classiques" que constituent les médias tels que nous les connaissons.  La seule mise en hypertexte contribue à en faire un lieu infiniment plus complexe, caractérisé par le virtuel.  Il n'en faut pas plus pour qu'on en déduise qu'il y a de ce fait un lieu nouveau dans lequel se déroulent des événements, des faits et des actes juridiques.  Mais ce lieu est virtuel et avec lui, sans doute en partie, la normativité qui l'accompagne.» 

Revenons maintenant à l'affaire de la Charte de la langue française avec une proposition adaptée, spécifique au médium.  Nous proposons que l'OLF et le détaillant présumé fautif demandent au Cybertribunal (projet pilote développé à titre expérimental par le Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal) de faire oeuvre de médiation et d'interprétation dans l'affaire qui les oppose.  Nous aurons au moins l'avantage de régler ici, avec des moyens et dans un esprit conscient de la spécificité du médium, et avec l'aide des meilleurs cerveaux juridiques du Québec, une situation qui a déjà trop emprunté aux schèmes traditionnels.  Relèvera-t-on le défi? Haut de la page


Lenteurs du réseau et bande passante
Quand on dit que l'Internet est un réseau de réseaux, c'est qu'il n'y a pas d'infrastructure de connexion unique, mais bien une interconnexion entre différentes «dorsales», des réseaux centraux qui servent de point de connexion à des réseaux régionaux et qui, reliés à d'autres réseaux nationaux tissent la toile de l'Internet.  (Voir l'exemple de la carte des dorsales de la toile européenne).

Mais comme toute cette chaîne de relais est fonction du maillon le plus faible, on parlera plutôt ici du plus lent, la performance d'ensemble du réseau se trouve affectée par des écarts importants de débit entre les dorsales.

Pour la première fois, une étude indépendante a été menée du 20 avril au 20 mai 1997 sur le rendement de 29 dorsales américaines et canadiennes par la société Keynote Systems et le mensuel Boardwatch Magazine.  En bref, le banc d'essai consistait à mesurer avec un lien T1 d'un débit de 1,54 Mbps le temps d'accès et de transfert de 50 ko de données directement à partir des sites Web des exploitants de dorsales (voir les détails techniques sur la méthodologie de l'enquête).  Grande gagnante, la dorsale du service en ligne CompuServe avec un temps de 1,5 secondes; moyenne de transfert pour les 29 dorsales, près de 10 secondes; au dernier rang, Bell Canada avec 26,7 secondes.

Selon Jack Rickard de Boardwatch Magazine, ces résultats orienteront bien des décisions d'entreprises sur leur choix d'un fournisseur de connectivité, mais il y a aussi des incidences pour le marché grand public.  Avec la plupart des dorsales, et ce dans les conditions locales optimales, la limite maximum réelle de transfert est atteinte avec un modem 56 Kbps.  Il serait donc pour l'instant inutile de payer davantage pour une connexion RNIS ou modem câble, plutôt qu'un accès commuté ordinaire avec la nouvelle technologie X2 des modems à 56 Kbps, car de toute manière l'infrastructure des dorsales ne suit pas.

Nouvelle à prendre avec un peu de réalisme, l'annonce par le consortium CANARIE du projet de CA*net II que l'on dit être «le premier réseau Internet de la "prochaine génération" au monde».  Malgré l'engouement d'une certaine presse techno pour les promesses d'applications multimédia impossibles à exploiter sur les réseaux actuels en raison du manque de bande passante, disons que la belle aventure n'est pas pour demain.

La première version du projet de 60 millions de dollars ne sera disponible qu'aux chercheurs des universités et laboratoires de recherche, un peu comme l'était l'Internet à ses débuts.  Selon John McLellan, premier dirigeant de Bell Canada cité dans le Ottawa Citizen, on prévoit d'ici deux ans élargir le service à la grande industrie et aux institutions, puis dans quatre ou cinq ans aux particuliers. Haut de la page


À vos moteurs
Le répertoire/moteur de recherche Carrefour.Net de la société Socom Technologies a fait l'objet d'une acquisition par Médialinx Interactif qui gère le service d'accès Sympatico de Bell, principal fournisseur d'accès au Canada avec 240 000 abonnés.  On se souviendra qu'en février dernier, Carrefour.Net avait conclu une entente de jumelage de service avec le moteur AltaVista de la société Digital.  À défaut de pouvoir miser sur la vitesse de connexion, Médialinx Interactif et Bell entendent ainsi enrichir l'éventail de services offerts sur le site Sympatico.

Chez AltaVista, nouvelle fonctionnalité qui permet de sélectionner la langue des documents issus d'une recherche par mots clés.  Le menu de recherche comporte maintenant une interface de choix de 27 langues, mais cette fonctionnalité n'est toutefois pas encore disponible sur l'interface d'interrogation en français d'AltaVista.  AltaVista demeure un des moteurs les plus consultés avec 31 millions d'accès par jour.

Parlant d'interfaces d'interrogation en français de moteurs de recherche américains, après infoseek qui nous présentait la sienne il y a quelques mois, voilà que c'est au tour d'Excite de nous proposer son édition française.

La concurrence continue donc de plus belle dans ce secteur qui évolue à grande vitesse.  Pas surprenant quand on prend connaissance d'un sondage de la firme Price Waterhouse, mené auprès de 1 010 répondants, sur le partage de leur temps en ligne entre diverses activités.  La recherche et la consultation de contenus occupe 43 % du budget temps, viennent ensuite le courrier électronique (34 %), les jeux (9 %), la lecture de journaux et revues (5 %), le bavardage sur les canaux IRC (4 %). Haut de la page


Infusion cérébrale
Nous avons souligné depuis quelque temps la pénurie de main-d'oeuvre spécialisée qui frappe l'industrie du logiciel et de la haute technologie en Amérique du Nord.  Pour pallier à cette pénurie, le ministère canadien de l'Immigration et de la Citoyenneté et d'autres ministères fédéraux, de concert avec des organismes du secteur privé dont le Conseil des ressources humaines du logiciel, ont lancé en mai dernier un projet pilote destiné à simplifier l'admission au pays de travailleurs dont les compétences sont recherchées dans le secteur du logiciel.  Le projet pilote vise uniquement les travailleurs temporaires et ne s'applique pas aux personnes qui cherchent à obtenir le droit d'établissement pour demeurer en permanence au Canada.  Il ne comporte aucun objectif quantitatif et aucune limite; le nombre de travailleurs qualifiés admis sera déterminé par le nombre d'offres d'emploi que l'industrie présentera à des travailleurs étrangers au cours du projet.

Selon certains chiffres avancés récemment par la presse, c'est 25 000 postes à pourvoir dans le secteur technologique, que l'industrie ne parvient pas à combler.  La situation est telle qu'elle donne lieu à des comportements inédits entre entreprises concurrentes.  Jeudi dernier, la société Gandalf Technologies d'Ottawa qui éprouve présentement des d ifficultés financières a reçu la visite d'huissiers pour cause de non paiement de loyer.  Alors que les employés attendaient à l'extérieur de l'immeuble l'issue des pourparlers entre créanciers et débiteurs, une préposée au recrutement de la société JDS Fitel, qui a ses bureaux non loin de ceux de Gandalf, est venue discrètement tâter le terrain à la recherche de transfuges.  Serait-ce que la faim justifie les moyens? Haut de la page


Droit commercial sur Internet
La dimension commerciale de l'Internet commence à être une affaire de gros sous et les acteurs, tant fournisseurs qu'acheteurs de services, ont intérêt à se protéger sur le plan commercial.  La société Jurifax vient de lancer cinq modèles de contrats en français, conçus spécifiquement pour les activités entourant les sites Web, soit la conception d'un site, son hébergement, sa maintenance, sa promotion et la diffusion de bandeaux publicitaires.  On peut télécharger ces modèles (format Word 6.0 ou 7.0 pour Windows) depuis le site de Jurifax moyennant la somme de 50 $ par modèle.

Nous nous sommes procuré en premier lieu le modèle de contrat de publicité, un document qui, une fois imprimé, tient sur une quinzaine de pages, et l'avons trouvé fort complet tant dans son contenu (rédigé par des juristes reconnus), ses spécifications techniques détaillées et son guide d'interprétation.  Il s'agit évidemment d'un modèle duquel on peut retirer des clauses qui ne seraient pas pertinentes à telle ou telle situation, ou modifier certaines autres dans le cadre de campagnes précises.  Compte tenu de la qualité du document, le prix de 50 $ est plus que raisonnable et peut à terme vous éviter des erreurs beaucoup plus coûteuses. Haut de la page


Beau détour
À Arles, du 6 juillet au 17 août, c'est l'Édition 1997 des Rencontres internationales de la Photographie, structurées cette année autour de trois thèmes que nous explique le directeur artistique des Rencontres de 1997, Christian Caujolle : «éthique, esthétique, politique, trois termes qui sonnent comme des slogans d'aujourd'hui mais qui se sont articulés en Grèce il y a des siècles pour fonder à la fois une philosophie et un système d'organisation de la cité appelé démocratie.» Une foule de renseignements déjà disponibles sur le site de Photographie. com où vous pourrez suivre au jour le jour les activités des Rencontres.  En avant-première, trois expositions : Le Devoir de mémoire, Les formes de l'engagement, et Les tentations du pouvoir. Haut de la page


12/18
Il y a 12 mois, dans la Chronique du 5 juillet 1996, nous vous avons présenté le site du Centre de la sécurité des télécommunications du Canada, qui contient une section étoffée sur la Sécurité des technologies de l'information (STI), dont une introduction à la STI sur l'Internet.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 2 février 1996, plusieurs sites pour ceux et celles qui voudraient se replonger dans les idées de Marshall McLuhan et un texte de Derrick DeKerckhove, le directeur du McLuhan Program in Culture and Technology, intitulé «Le virtuel : Imaginaire technologique», question de mieux circonscrire le médium qu'est l'Internet. Haut de la page


Relâche
L'équipe des Chroniques fera relâche pour les deux prochaines semaines afin de prendre un repos bien mérité.  La prochaine chronique sera donc diffusée le 25 juillet.  Merci à tous et toutes pour votre fidélité et vos témoignages constants d'appréciation de notre travail.

Bonne semaine à tous et à toutes... et bonnes vacances,
Jean-Pierre Cloutier
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