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Les Chroniques de Cybérie

Le 4 avril 1997.
© Les Éditions Cybérie

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

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Cette semaine

CRÉATION D'UN CHAPITRE CANADIEN DE L'ISOC
C'est par le détour du programme de la conférence RISQ'97 (voir plus bas) que nous avons appris la création imminente d'un chapitre canadien de l'Internet Society.  Bernard Turcotte, directeur des projets spéciaux au consortium Canarie traitera de la question dans le cadre de la conférence le jeudi 15 mai prochain.  Les chapitres de l'ISOC -- on en compte présentement 17 -- sont des organismes locaux ou nationaux dont le but est de promouvoir les objectifs de l'organisme, en assurant une présence locale et une diffusion de l'information dans la langue du pays.

Un nom de domaine (site inactif) a pourtant déjà été accordé en février 1996 à un organisme prétendant représenter un chapitre québécois de l'ISOC, mais l'adresse donnée pointe vers l'Association des Internautes du Québec qui a vu le jour en juin dernier à la conférence INET'96, à l'initiative de Marc Blanchet, ingénieur informaticien et membre de l'Internet Engineering Task Force, organisme affilié à l'ISOC.  On croyait l'AIQ échouée au cours de l'été, mais le 17 octobre 1996, un comité de l'AIQ présentait un mémoire au Secrétariat de la Commission de la culture sur les enjeux du développement de l'inforoute québécoise.  On peut lire dans ce document : «L'association a déjà obtenu un statut de chapitre provisoire de l'Internet Society, l'organisme mondial assurant les orientations d'Internet.  Dès que l'incorporation de l'association sera conclue, elle demandera le statut officiel de chapitre, devenant ainsi l'antenne québécoise de l'Internet Society».  En outre, on apprend sur le site de l'AIQ que l'Inspecteur des institutions financières a accepté, le 18 février 1997, la constitution en société de l'AIQ.

La question se pose donc à savoir s'il y aura un chapitre canadien et un chapitre québécois de l'Internet, et si cette dualité nuira ou profitera aux utilisateurs et utilisatrices du réseau.  Tout ce qu'on peut dire pour l'instant c'est que, d'un côté comme de l'autre, on semble tenir la presse à l'écart des développements.

MYGALE PHÉNIX
Heureux dénouement des choses pour le service d'hébergement Web Mygale et ses 6 000 abonnés pour qui l'absence du cyberespace ne fut pas trop longue.  Comme nous en informe le communiqué, «Mygale a signé un accord d'hébergement avec Havas On Line.  Cet accord garantit une situation au moins identique à celle d'avant, tant en terme de connectivité (via ISDNet) qu'en terme d'indépendance».  Mygale renaît donc de ses cendres, nul besoin de modifier nos signets pour retrouver certains de nos sites préférés, bravo à HOL pour cette décision éclairée.

SECTES
L'affaire du suicide collectif de 39 membres de la secte de la Heaven's Gate (site miroir), à Rancho Santa Fe en Californie, a secoué les médias pendant quelques jours en raison d'un lien direct à l'Internet.  Comme le rapportait le quotidien USA Today, à la chaîne spécialisée Fox News Channel, pas moins de 20 journalistes scrutaient, jeudi dernier, Web, forums de discussion, et canaux d'échanges IRC à la recherche de filons sur la secte.

Même les métainformations des pages du site ont été examinées.  Les métainformations sont des mots clés insérées dans le code HTML d'une page.  Ils n'apparaissent pas directement à l'écran, mais sont lus par les robots d'indexage des moteurs de recherche.  On peut les consulter en activant la fonction d'affichage de la source du document (View, Source).  Pour le site Heaven's Gate, on trouvait sous l'inscription «meta name="keywords"», répétés six fois, les mots ufo, space alien, extraterrestrial, millenium, misinformation, freedom, second coming, angels, end times, Jesus, God.  Ainsi, toute recherche lancée sur un moteur avec un ou plusieurs de ces mots clés amènerait éventuellement comme résultat le site Heaven's Gate.

L'affaire Heaven's Gate aura relancé le grand débat sur les sectes, l'occasion de vous rappeler deux sources : le site Nouveau phénomène religieux de Jacques Noël, et l'heureux retour du site mygalien de Mickael Tussier d'information sur les sectes.

DÉBATS SUR LA CHARTE
Le 3 mars en France, la Commission Beaussant proposait, après cinq mois de travail, sa Charte de l'Internet, document cadre qui vise «à faire prendre aux acteurs de l'Internet des engagements précis et concrets pour empêcher, dans toute la mesure du possible, le développement de contenus manifestement illégaux sur le réseau».  Depuis le 24 mars, et pour deux mois, se déroule un débat public, en ligne, sur le contenu des propositions d'autoréglementation contenues dans la Charte.  De nombreux groupes s'expriment, dont l'Association des utilisateurs de l'Internet (AUI), l'organisme de défense des cyberdroits Citadel EFF, le chapitre français de l'Internet Society (ISOC) et l'Association française des professionnels de l'Internet.

Réactions prudentes de l'ISOC France, de l'AFPI et de Citadel EFF.  L'AUI est plus claire, disant que si, sur le fond, l'idée d'une charte est bonne, il n'en demeure pas moins que les principales objections soulevées par l'AUI lors des débats précédents restent justifiées.  La Charte de l'Internet a toujours vocation à engager potentiellement tout utilisateur d'Internet, et non seulement les acteurs actifs; le système de transfert de responsabilisation en cascade, par simple voie contractuelle, persiste donc; la confusion entre les notions de «contenu illégal», «contenu illicite» et «contenu sensible» demeure; le «Conseil de l'Internet» tel que proposé demeure un organisme de censure, émettant des avis et les faisant exécuter par les fournisseurs Internet; de plus, les dénonciations parvenant à cet organisme, de même que les avis qu'il émet, sont secrets et confidentiels.

En plus du débat public, deux listes de diffusion sont ouvertes à tous, une qui traitera du système d'autorégulation dans son ensemble, et une seconde qui examinera plus précisément le rôle d'un éventuel organisme chargé de gérer le système d'autorégulation.  Détails sur le site de Citadel EFF.

CRYPTOGRAPHIE : L'OCDE SE PRONONCE
L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) publiait, jeudi dernier, la Recommandation du Conseil relative aux Lignes directrices régissant la politique de cryptographie.  Débats et négociations entre les pays membres depuis un an.  Résultat : recul de la position défendue par les États-Unis à l'égard d'une infrastructure obligatoire de clés publiques.  L'Organisation laisse, en cette matière, champ libre aux gouvernements des pays membres, mais sert une mise en garde sur les abus possibles des systèmes de clés publiques.

C'est un système en vertu duquel les utilisateurs pourraient se servir de dispositifs de chiffrement (comme le logiciel PGP) pour assurer la confidentialité de leurs communications.  En revanche, une copie de la clé de chiffrement devrait être confiée à un organisme tiers.  Les autorités pourraient alors, dans le cadre d'une enquête, demander à cet organisme tiers de leur livrer la clé de chiffrement de l'utilisateur.  On comprend la réticence d'une bonne partie de la population des réseaux, ce qui a donné lieu à la Campagne de la clé d'or dont nous avons largement traité dans nos chroniques précédentes, et pour laquelle nous avons proposé des bandeaux en français.

L'OCDE reconnaît l'importance de la crytographie pour le commerce en ligne, et propose une approche volontaire, et axée sur les forces du marché pour le développement de produits.  L'Organisation énonce même une solide défense du droit à la vie privé, précisant que «les personnes ou entités qui possèdent, contrôlent, consultent, utilisent ou stockent des données peuvent avoir la responsabilité de préserver la confidentialité et l'intégrité de ces données, et peuvent donc avoir la responsabilité d'utiliser des méthodes cryptographiques appropriées».

UN JOURNALISTE PARLE AUX JOURNALISTES
Une des premières adaptations réussies au Web par un imprimé francophone a certainement été celle de l'Hebdo en septembre 1995, depuis rebaptisé Webdo, et dont un des artisans était Bruno Giussani.  Giussani a quitté l'Hebdo/Webdo en février, et signe maintenant la chronique EuroBytes dans les pages et sur le Web du New York Times.  Le digerati suisse publiait aussi en février Internet, le nouvel outil où il traite des défis du journalisme à l'heure du multimédia.  Publié de concert avec le Centre romand de formation des journalistes (CRFJ) et maintenant disponible sur le site de Giussani, l'ouvrage s'adresse principalement à ceux et celles qui pratiquent le journalisme, mais «la progressive disparition de la séparation entre producteur et consommateur d'information» lui confère un intérêt certain pour tous.  On y trouve des textes de Giussani, une entrevue avec Nicholas Negroponte et un texte de Claude Monnier.  On peut obtenir la version imprimée, que nous avons eu le plaisir de lire, en s'adressant au CRFJ.  Elle est enrichie de la liste des médias en ligne du site du Webdo.  Un site personnel riche en information, lecture obligatoire.

LES RÉSEAUX DE PAR LE MONDE
Citant comme source le Chicago Tribune, le quotidien torontois Globe and Mail, dans sa section Social Studies, brossait un tableau du nombre de réseaux branchés à l'Internet par pays.  Au premier rang, bien sûr, arrivent les États-Unis avec 28 470 réseaux.  Suivent par ordre d'importance, le Canada (4 795), la France (2 003), l'Australie (1 875), le Japon (1 847), l'Allemagne (1 750) et le Royaume-Uni (1 436).  Cette étude a été compilée par la maison de placement Morgan & Stanley & Co.  Par contre, une autre perspective se présente à nous si on établit le rapport population/réseaux.  En s'appuyant sur les données démographiques du CIA World Fact Book, on constate qu'aux États-Unis, il y a un réseau pour 936 personnes.  Le Canada arrive en deuxième place avec un rapport de 1/6 000, suivi du Japon (1/7 000), de l'Australie (1/10 000), de la France (1/29 000), du Royaume-Uni (1/41 000) et de l'Allemagne (1/47 000).

MOTEURS DE RECHERCHE
Il existe maintenant bon nombre de moteurs de recherche, soit généraux, soit consacrés à la partie francophone du Web.  Une belle découverte à vous proposer, NetScan, un moteur de recherche de contenus francophones sur Web, qui allie simplicité et efficacité.  De plus, l'interface graphique de lettres blanches sur fond noir avec hyperliens de couleur constitue une nouveauté dans la présentation des résultats que nous avons, à l'usage, trouvé fort agréable.  NetScan n'a peut-être pas la puissance d'AltaVista, d'Excite, d'infoseek ou de HotBot.  On peut lui reprocher de ne pas offrir plus de détails sur les pages trouvées (date, taille de fichier, etc.).  Mais pour les contenus francophones, du point de vue de l'usager généraliste, NetScan se révèle tout à fait à la hauteur des autres produits du genre et sera peaufiné sous peu.  À inscrire aux signets.

Parlant de moteurs dont le mode d'emploi est en français, on sait qu'AltaVista a été le premier produit américain à exporter vers la francophonie sa technologie de recherche.  Nouvel arrivé sur ce marché depuis quelques semaines, infoseek France qui permet maintenant une recherche par présélection géographique.

Par contre, comme on l'apprenait grâce à la liste de diffusion de l'excellent Webmaster's Guide to Search Engines, on constate un retard d'environ une semaine du serveur européen AltaVista sur le serveur américain dans la mise à jour de la base de données.  Un site inscrit directement chez AltaVista US apparaîtra en moins de 24 heures, mais il est impossible d'inscrire un site directement chez AltaVista Europe qui doit attendre ses mises à jour du cousin américain.

CYBERDÉMOGRAPHIE
La troisième enquête du RISQ sur le profil de la clientèle québécoise des réseaux est maintenant terminée, et c'est 7 710 questionnaires qui ont été remplis en ligne.  Après l'exercice de validation habituel dans ce genre d'enquête, un certain nombre de questionnaires seront rejetés, mais ce sera donc plus de 7 000 réponses à l'enquête, une hausse sensible de l'échantillon.  Des résultats partiels sont déjà en ligne, l'ensemble des résultats sera diffusé dès le 1er mai 1997.

BRANCHEMENT DES ÉCOLES : STATISTIQUES
Selon une étude réalisée pour la société GRICS par Nathalie Mathé, 40 % des écoles primaires, 50 % des écoles secondaires et 61 % des centres d'éducation des adultes offrent, ou offriront d'ici le 31 mai 1997, un accès Internet à leurs élèves.  Par contre, la ventilation par région mérite d'être examinée.  On constate un retard effarant de l'Abitibi et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, alors que Montréal-Centre et l'Estrie atteignent des niveaux enviables.

LES ADONETS
Aux États-Unis, sondage sur les adolescents, qui pourrait bien recouper le profil des ados d'ailleurs.  Selon la société Cheskin+Masten ImageNet, les ados passent trois fois plus de temps à se divertir sur le Web qu'à faire des recherches pour des travaux scolaires.  Dans l'ordre de popularité pour les ados des divers services disponibles sur Internet, les canaux d'échange IRC arrivent au second rang, suivis du courrier électronique et des jeux.  La recherche à des fins de travaux ou projets scolaires arrive au septième rang.  Résultats tout de même rassurants : interrogés sur ce qui leur est indispensable, 49 % ont cité leurs amis; l'Internet n'a recueilli que 5 %.

C'EST DANS LES CHANSONS...
Nous vous avions signalé en décembre 1995 l'exceptionnel travail de Danielle Tremblay et Yves Laneville avec leur site La Chanson du Québec et ses cousines, et nous tenons à vous souligner la nouvelle adresse et une nouvelle présentation graphique.  Véritable référence sur la chanson d'expression française du Québec et d'ailleurs, le site est très riche en dossiers et informations diverses.  Évidemment, la pièce maîtresse demeure «Le développement historique et le fonctionnement de l'industrie de la chanson québécoise», recherche et texte de Danielle Tremblay qui retrace le parcours de la chanson au Québec de 1917 à 1995.  Un excellent site, superbe illustration du courant Web indépendant au Québec.

PERSPECTIVES D'UN AUTRE TEMPS
Claude Guillemot est un être pluriel, adepte de nombreuses disciplines.  Il nous propose Archéologie du futur, aperçu imaginatif de ce que les archéologues des temps à venir trouveront en guise d'artefacts pour interpréter notre civilisation.  Ruines et fragments de notre quotidien, cueillis dans trois zones concentriques et interprétés parfois avec humour, voyage passionnant dans un autre temps auquel nous convie Guillemot.  Le site Web est une version simplifiée d'un cédérom fruit de trois années de travail pour l'auteur qui, fait surprenant quand on constate la qualité du produit, se cherche toujours un éditeur/diffuseur.  Considérant la richesse pédagogique et le potentiel de tremplin de réflexion que constitue Archéologie du futur, il est étonnant qu'aucune société de diffusion multimédia n'ait encore saisi l'occasion d'ajouter ce titre à son catalogue.  Voilà, le mot est passé.

PERSPECTIVES SUR UN CERTAIN PRÉSENT
Tsiganes et Gens du voyage est un site tout simple d'Yvon Massardier qui s'explique : «Mon propos n'est pas de raconter, de leur vie, ce qui ne m'appartient pas, simplement témoigner et dire que ces hommes, ces femmes ne sont ni meilleurs ni pires que nous».  On voit donc que l'auteur vise à abolir les préjugés entretenus de longue date envers ces gens pour qui le voyage est un état d'esprit.  Serait-on à ce point jaloux de leur liberté?  On aimerait ce site davantage illustré, mais la lecture est agréable.

AGENDA
Le lundi 7 avril 1997 à 19 h 30, Pierre-Léonard Harvey, directeur de la recherche sur les communautés virtuelles et l'usage du multimédia (COVIM) à l'UQAM et auteur de l'ouvrage «Cyberespace et communautique», prononcera une conférence publique à l'auditorium du pavillon Lucien-Brault de l'Université du Québec à Hull.  Le thème de cette conférence et invitation à la réflexion, «Internet : angoisse et passion».  Une entrevue avec Pierre Harvey, diffusée le printemps dernier à l'émission Demain la veille (Radio-Canada) est disponible en RealAudio.

«Penser le virtuel», c'est le thème d'un important colloque qui se tiendra du 9 au 11 avril à la Salle Marie-Gérin-Lajoie du Pavillon de design de l'UQAM, rue Sanguinet à Montréal.  Beaucoup de questions seront abordées, à savoir quel est le degré de l'emprise de l'État numérique, de la dépendance envers les intelligences cybernétiques?  Comment avoir recours à des technologies distribuées de manière libératrice?  Quelles transformations peuvent surgir de ces processus?  Une liste impressionnante de conférenciers, dont Pierre Lévy (Paris 8), Pierre Drouilly (UQAM), Derrick de Kerckhove (Programme McLuhan, Université de Toronto), et, de nouveau, Pierre Harvey (UQAM).

Puis, les 14 et 15 mai, ce sera au tour de la population de Québec d'accueillir la Conférence RISQ'97 qui se tiendra à la Salle Multimédia du Pavillon Alphonse-Desjardins de l'Université Laval.  Il y sera question, entre autres, de l'état du réseau au Québec.

BEAU DÉTOUR
C'est dans le souterrain de New York que nous convie la National Geographic Society.  New York Underground où se superposent les galeries des égouts et du métro, les câbles, les canalisations.  Un point de vue inusité d'un monde inconnu, jusqu'à 240 mètres sous terre.

12/18
Il y a 12 mois, dans la Chronique du 5 avril 1996, il a été question de la Bandwith Conservation Society à l'intention des producteurs de sites qui veulent optimiser leurs fichiers et conserver la bande passante, de la Lettre de l'Internet juridique pour ceux et celles qui veulent suivre l'évolution de la réglementation, et du Char à cerf-volant pour les amateurs de vent et de voile.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 3 novembre 1995, la Fondation québécoise en environnement qui déclare : «Si les activités humaines sont à la source des problèmes environnementaux, elles sont aussi à l'origine de leur solution.»

Bonne semaine à tous et à toutes,

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca

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Production : Les Éditions Cybérie

URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/970404.html