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Les Chroniques de Cybérie

Le 22 novembre 1996
© Les Éditions Cybérie



Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Participation enthousiaste au sondage/enquête des Chroniques.  Sept jours après le lancement, plus de 400 répondants.  L'exercice vise à mieux connaître ceux et celles qui nous lisent, mais servira aussi à orienter les projets des Éditions Cybérie en matière de développement de nouveaux contenus.  Nous encourageons donc ceux et celles qui ne l'ont pas encore fait de se faire entendre dans le cadre de cette enquête qui se poursuit jusqu'au 15 décembre.

LE LIBERTEL DE MONTRÉAL S'ÉTEINT
Fermeture du Libertel de Montréal, annoncée jeudi soir dernier à la presse, puis vendredi à ses membres et au grand public.  Inauguré le 1er août dernier après une longue gestation et de nombreux délais, le projet s'inscrivait dans le grand courant Freenet d'accès communautaire aux inforoutes et de création de collectivités virtuelles, la communautique.  En juin 1995, le Fonds de l'autoroute de l'information annonçait un soutien financier sur trois ans à hauteur de 616 000 $.  La ministre québécoise des Communications, Madame Louise Beaudoin, misait énormément sur le Libertel de Montréal, déclarant à l'occasion de l'inauguration du réseau en août dernier : « c'est un service que la population s'offre à elle-même».

Alors, qu'est-ce qui a cloché?  Selon le communiqué de presse émis par le président du Libertel, André Laurendeau, c'est la faiblesse de l'inscription au service, et donc des recettes qui en découlent, ainsi que le retard dans le versement des engagements publics et la conjoncture qui ont contraint les dirigeants à en décider ainsi : «L'ouverture tardive du Libertel s'est faite dans un contexte où le marché, la technologie et l'offre de services avaient évolué radicalement depuis 1994 [NDLR : date de lancement du projet], et où les coûts reliés à la phase de l'implantation et le manque de liquidités ne permettaient ni la poursuite du projet dans sa forme initiale, ni sa transformation substantielle.»

Le bilan : déception amère pour la centaine de bénévoles et les 80 organismes membres; douche froide pour les partenaires (Bell, Tandem, Desjardins); premier échec de taille d'un projet appuyé par le FAI qui voit sombrer 350 000 $ des fonds déjà investis dans le Libertel, quatre mois après son lancement.  Côté positif difficile à jauger, les premiers pas sur l'inforoute par 80 organismes et 1 500 abonnés qui devront néanmoins se trouver une autre bretelle d'accès à l'inforoute.

ÉDUCATION
Bonne nouvelle, en revanche, dans le secteur de l'éducation.  Un projet de valorisation de la réussite scolaire qui tombe à point.  Le Rapport final de la Commission des États généraux sur l'éducation 1995-1996 signalait, en octobre dernier, le taux effarant de décrochage scolaire : 38,6 % des garçons et 27,1 % des filles quittent l'école secondaire sans diplôme.  Allô prof est un service d'aide aux travaux scolaires en trois volets : un service téléphonique permettant aux jeunes et aux parents d'avoir accès aux conseils d'enseignants, une émission diffusée quatre fois la semaine sur les ondes de Télé-Québec et, depuis tout récemment, un site Web.  Et quelles sont les questions le plus fréquemment soulevées dans les consultations téléphoniques?  Eh bien, 60 % des jeunes soumettent aux conseillers pédagogiques des problèmes portants sur les mathématiques, 30 % sur le français et 10 % sur d'autres sujets.  Constat sérieux sur la préparation de nos jeunes aux études scientifiques et littéraires.  Allô prof est un projet unique et ambitieux, rendu possible grâce à la concertation d'un grand nombre d'intervenants qui ont su établir un esprit de concertation rarement vu dans de telles initiatives.  Un site aussi fortement suggéré aux parents qui y trouveront des trucs et des astuces pour aider leurs jeunes dans leurs travaux scolaires.

Toujours dans le domaine de l'éducation, passablement perturbé ces temps-ci, à lire dans l'excellent bulletin édu@media une entrevue avec Seymour Papert, à l'occasion de la publication de son plus récent ouvrage «The Connected Family : Bridging the Digital Generation Gap», entrevue réalisée par David S. Bennahum et traduite par Bernard Mataigne.  Ceux et celles qui se souviennent des bon vieux Apple ][ du début des années quatre-vingt ont peut-être encore en mémoire biologique le langage LOGO qui servait à faciliter l'appropriation de l'informatique par les jeunes enfants.  Issu du MIT, Papert tient un discours réconciliateur, voire rassembleur : «Je crois que les ordinateurs ont un effet plus important en maths et en science.  Mais, en bout de course, cela permet de nouvelles idées et de grandes possibilités.  Par exemple, pouvoir publier modifie votre rapport à l'écriture.  L'édition électronique, les publications sur le W3, vous permettent d'entrevoir ce que sera la littérature du futur.  Une plus grande utilisation par les enfants de la littérature comme modèle de ce qu'ils vont créer, écrire et s'exprimer - cela les aide à formuler leurs idées et à exprimer leur sensibilité.  Tout cela est un peu au-delà des blocages actuels mais est tout aussi important».  Lecture recommandée.

FORUM QUÉBÉCOIS DE L'INTERNET
C'est en février prochain, les 25, 26 et 27, que se tiendra le Forum québécois de l'Internet, trois journées de cours, de conférences et de présentations de produits à l'intention des décideurs et des professionnels des secteurs privé et public.  À retenir les conférences attendues de Christian Huitema sur l'avenir de l'Internet, de Jim Sterne sur les répercussions du phénomène intranet, et de Vince Emery sur la façon d'éviter les pièges dans l'élaboration de projets inter/intranet.

RISQ - POURSUITE DES ÉCHANGES
À la suite de sa grande enquête visant à tracer le profil des utilisateurs et utilisatrices de l'Internet au Québec, le RISQ tenait en début de mois une table ronde dont nous vous parlions la semaine dernière.  En vue de favoriser la poursuite des échanges et de donner une voix aux participants qui, faute de temps, n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer, on a ouvert un forum.  Déjà, on y aborde quelques-uns des grands thèmes de l'heure : universalité de l'accès, langue, convivialité des applications, etc.  Excellente initiative du RISQ à laquelle nous vous invitons à participer.

TENDANCES INFO
Difficile de suivre tout ce qui se passe dans le domaine de la technologie, et ce n'est pas près de s'arrêter.  Comment faire?  Inscrire en tête de liste de vos signets information le site Netsurf d'Emily Turrettini.  Compendium des ressources d'information disponibles sur Internet, classées en trois sections : TechNews, la meilleure presse online pour suivre les actualités du Net; YourNews, la presse personnalisée; et SiteSeeing, les bonnes adresses pour trouver les nouveaux sites.  Ce qui distingue ce site, c'est la pertinence des ressources proposées et l'actualisation fréquente des trois listes.  Un incontournable pour ceux et celles qui se veulent bien informés, un point de départ d'exploration des meilleurs sites infos sur le Web.  De plus, ne manquez pas la page personnelle d'Emily Turrettini, tremplin pour plonger dans une autre perspective du Web.

Aussi, l'excellent numéro du 19/25 novembre du AJR NewsLink de l'American Journalism Review.  On y invite la presse traditionnelle à faire une relecture des principes qu'elle a tenus pour acquis depuis longtemps, et à relever le défi du nouvel environnement médiatique.  Selon l'auteur du dossier, J.D. Lasica, il est temps que les journalistes cessent de jouer le rôle d'arbitre (quatrième pouvoir) et adoptent un schème qui fasse des consommateurs d'information de véritables partenaires dans l'élaboration d'un processus nouveau.

TENDANCES TECHNO
La guerre des fureteurs se poursuit alors qu'on constate un rattrapage de Microsoft Explorer sur son concurrent Netscape Navigator.  Tendance lente mais constante chez WebTrends, comme l'illustre le graphique, où la clientèle qui fréquente le site Web de cette société utilise Netscape Navigator dans une proportion de 73,21 %, alors que 23,69 % utilisent MS Explorer.  Par contre, le marché britannique se comporte très différemment.  Selon la firme de recherche INTECO, c'est maintenant 38 % de la clientèle britannique qui utiliserait MS Explorer, alors que Netscape ne conserverait que 48 % du parc fureteur, réduisant ainsi l'écart entre les deux fabricants à 10 %.

Autre tendance forte, l'utilisation du langage de programmation Java dans un nombre croissant d'applications Web.  Dans un récent sondage mené par le périodique Infoworld auprès de 176 responsables de sites, 38,5 % des répondants ont dit déjà utiliser Java pour mettre au point des applications, alors qu'un peu plus de la moitié ont répondu ne pas utiliser ce langage (curieusement, 12,5 % ont dit ignorer s'ils utilisaient ou non Java).  Par contre, 40 % de ceux qui ne l'utilisent pas disent envisager le faire d'ici les 12 prochains mois.  Ces résultats ne signifient cependant pas que Java soit perçu comme la solution parfaite car 23 % des répondants y trouvent des lacunes sur le plan de la sécurité et 18 % en déplorent la lenteur.  L'avantage de Java est carrément son exploitation transparente sur n'importe quelle plate-forme, caractéristique soulignée par 62 % des répondants.

TENDANCES PUBLICITÉ
Selon ActivMedia, une firme de recherche qui vient de publier un rapport de recherche exhaustif traitant de la publicité sur Internet, il est faux de croire que, comme le prétendaient certaines études, les dix plus importants sites Web s'accaparent deux tiers des revenus de publicité sur le Web.  Selon ActivMedia, ce serait plutôt le tiers des recettes publicitaires qui vont vers des sites comme Yahoo!, Netscape et Lycos.  Jeanne Dietsch, analyste chez ActivMedia, prétend que les similitudes en surface entre la télévision et les nouveaux médias peuvent être fort trompeuses, et la confusion qu'elles entraînent pourrait s'avérer coûteuses pour les entreprises qui ne sauront y voir clair.

Toujours est-il qu'on se dirige vers une normalisation des bandes annonce sur les sites Web.  L'agence de placement Anderson & Lembke (A&L) vient de déposer une proposition de réduction à cinq formats hauteur/largeur des bandes annonce, pour économiser du temps aux concepteurs et de l'argent aux clients annonceurs.  Pourquoi cette proposition?  Selon A&L (responsable du placement des bandes annonce Microsoft, The Wall Street Journal, Match.com, Global Village et 3Com), certaines campagnes sont présentées sur 75 sites à la fois, ce qui exige de préparer jusqu'à 180 versions de formats différents des bandes annonces.  C'est trop, selon A&L, et c'est trop cher à gérer.

TENDANCES TRAVAIL
En Californie, c'est maintenant plus de la moitié de la main-d'oeuvre qui est «branchée», c'est-à-dire qui travaille avec un ordinateur ou dans un contexte d'échange de données avec clients ou collègues.  Nous vous parlions, dans une chronique précédente, à l'occasion des présidentielles américaines, du profil de cet électorat assez particulier tel que décrit dans le San Jose Mercury News.

Voici maintenant une autre vision des travailleurs branchés, de ceux et celles qui travaillent en première ligne de la révolution numérique, dans l'industrie du Web et de l'Internet.  Portrait peu reluisant que dépeint Lisa Schmeiser dans un article intitulé «How the Web Industry is Working its Way out of a Golden Age», paru dans le numéro de novembre de Computer-Mediated Communication Magazine.  Bon nombre travaillent plus de 60 heures par semaine, se battent contre la montre, et ne jouissent pas des mêmes avantages que les salariés ordinaires.  Un des problèmes, selon Schmeiser, est que la distinction entre le travail et les activités personnelles est très mince pour les travailleurs des nouvelles technologies.  Par exemple, on travaille à gérer un site Web le jour; le soir, on travaille à son site personnel.  Une analyse intéressante des travailleurs du Web et de leurs motivations.

Dans la main-d'oeuvre générale, bien des employeurs s'interrogent sur l'utilisation qui est faite par leur personnel, durant les heures de travail, du branchement à l'Internet.  Courrier électronique personnel, consultation ludique du Web, comment délimiter la frontière entre le personnel et le professionnel.  En outre, puisque le Web est un outil d'information et d'ouverture sur le monde, les employeurs ne devraient-ils pas miser sur le rehaussement du quotient informationnel et de la culture générale de leur personnel.  Forrester Research a interviewé des travailleurs branchés concernant leur utilisation de l'Internet en milieu de travail.  En gros, 21 % du temps de travail rémunéré passé en ligne serait lié à des questions personnelles.  Je vois d'ici les Ghyslain Dufour et Jean Coutu dire «Ah ah! On s'en doutait!».  Mais voici de quoi donner des armes à Gérald Larose et Clément Godbout : au foyer, ces mêmes personnes passent 26 % de leur temps en ligne à des activités liées à leur travail.  Juste retour des choses, non?  On trouve ces considérations intéressantes dans un article de Newsday sous la plume de Matthew McAllester.

TENDANCE ANTÉRIEURE
En 1968, le monde découvrait dans l'univers de Stanley Kubrik et du film «2001 : Odyssée de l'espace» le sympathique et tout-puissant ordinateur HAL.  Sympathique, il avait comme tout le monde son point de ras-le-bol.  Tout-puissant?  C'est la question à laquelle ont tenté de répondre 17 grands experts, dans un livre intitulé «HAL's Legacy: 2001's Computer as Dream and Reality» dont la parution au début de 1997 coïncidera avec la «naissance» de HAL selon le récit de Kubrik.  À la lumière des données multiples, les co-auteurs évaluent la puissance informatique actuellement disponible et les facultés dont Kubrik avait doté HAL.  Le site Web du MIT Press, éditeur du livre, présente de larges extraits, voire le texte intégral de certains chapitres de l'ouvrage. Retenons l'opinion de Marvin Minsky du MIT : «Les machines de nos jours sont expertes dans des domaines très spécialisés, mais se révèlent inutiles là où les humains excellent.  C'est un merveilleux paradoxe.»

EN TERMINANT...
Pour clore cette édition largement dominée par les tendances, je vous propose un site qui vous offrira de quoi vous évader un peu.  C'est Mysterious Places offert par le photographe Cliff Wassman.  Vous l'aurez compris, on vous invite en des lieux mystérieux, des sanctuaires de civilisations anciennes comme l'île de Pâques, Chichen Itza et Stonehenge.  Wassman va au-delà des images et présente une foule de renseignements sur ces endroits mystico/magiques.  Mais le grand mérite du site réside dans la qualité des photographies de ces lieux, photographies prises avec des appareils grands format 4X5 ou 8X10, plutôt qu'avec des pellicules 35mm.  Un différence qui se voit, qui se palpe presque, un site éclatant de couleur.

12/18
Il y a 12 mois dans la Chronique du 24 novembre 1995, place à Alfred Hitchcock, le maître du suspense, et à Lynn Courtemanche, artiste-peintre.

Et, il y a 18 mois, dans la Chronique du 23 juin 1995, la Société Saint-Jean Baptiste à Montréal, le Centre René Lévesque à Charleroi en Belgique, la Fédération culturelle canadienne française à Ottawa, les 100 Ans de cinéma au Québec, et Éditel, le bulletin littéraire de Pierre-François Gagnon, devenu un incontournable dans le milieu de l'édition électronique.

Bonne semaine à tous et à toutes,

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca


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Production : Les Éditions Cybérie

URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/961122.html